chapitre 27

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Chicago, lendemain matin, appartement de Sarah et de Jamie. Ce dernier vient de se réveiller et comme à son habitude, se balade en caleçon et torse nu dans l’appartement. Il revient de la cuisine, avec une barre de chocolat fourrée dans la bouche. Il a fait la fête la veille pour l’inauguration d’une nouvelle boite de nuit. Sarah et Shawn ne l’ont pas accompagné, prétextant avoir d’autres obligations. Le colocataire n’avait pas besoin d’en savoir plus, sachant ce que ses amis sous-entendaient. Il a préféré leur laisser l’appartement pour qu’ils puissent en profiter.

Ses deux amis sont rentrés depuis prés d’une semaine et sont inséparables. Passant leurs temps collés l’un contre l’autre. On sent beaucoup d’amour dans les regards qu’ils échangent. Jamie doit reconnaître qu’il est quelque peu jaloux. Il aimerait aussi connaître ce genre de relation, au moins une fois dans sa vie. Mais jusqu’à présent, il ne rencontre que des filles peu attentionnées ou totalement cinglées. Pas vraiment un bon début pour une relation durable.

Lorsqu’il passe devant la chambre de sa colocataire. La porte de celle-ci s’ouvre et Shawn en sort, habillé d’un jogging et d’un vieux t-shirt blanc. Shawn salue son amie d’un signe de la tête, avant de bailler, encore fatigué par une nuit trop courte.

- Ça me fait toujours bizarre de te voir ici le matin.

- Pareil pour moi. Tu sais que tu es très sexy dans cette tenue dit Shawn, avec un petit sourire moqueur au coin des lèvres.

- Je peux en dire autant pour toi, mon vieux dit Jamie, sarcastique.

Shawn pouffe de rire et acquiesce de la tête, accordant ce point à son camarade.

- Tu as déjà pris un petit déjeuner ? J’allais en préparer un et l’amener au lit de ma tendre et douce.

- Oh ! c’est si mignon, si …français dit Jamie après avoir cherché le mot exact.

- Tu aurais pu juste dire romantique.

- Ouais ! Si tu veux dit Jamie, aimant taquiner son ami.

- Tu as prévu quoi de beau pour aujourd’hui ?

- C’est marrant que tu en parles car justement je vais avoir besoin de toi.

- Ouh la ! J’ai peur. Qu’est-ce que tu vas encore m’inventer !

- Dis tout de suite que je n’ai que des plans pourris !

- Loin de moi cette idée dit Shawn, pour le taquiner.

La porte de la chambre s’ouvre à nouveau et Shawn s’écarte pour laisser le passage à Sarah. Cette dernière porte une magnifique nuisette blanche avec de la broderie en forme de papillon au niveau de la poitrine. En la voyant, Shawn a envie de lui sauter dessus et de la couvrir de baisers, mais il se retient. Ils ne peuvent pas passer toutes leurs vies dans la chambre. Quoique cela ne le dérange pas outre mesure, ils ont encore beaucoup à rattraper.

- On peut savoir pourquoi vous faites tout ce raffut, vous m’avez réveillé dit Sarah, en se frottant les yeux

- J’étais sur le point de demander à Shawn s’il pouvait m’accompagner cette après-midi dans une salle de sport.

Shawn grimace mais se retient de tout commentaire. Il ne souhaite pas décevoir son ami mais en même temps, il n’a aucune envie de passer l’après midi enfermé dans une salle, à transpirer comme un bœuf.

- Tu sais, je ne suis pas très sportif.

- Je sais que tu préfères pratiquer un autre type de sport mais j’ai besoin de toi sur ce coup là.

- Qu’est ce que tu prépares encore ?

- Comme si c’était dans mes habitudes de préparer des sales coups !

Shawn et Sarah se contentent de lui jeter un regard qui en veut dire long sur ce qu’ils pensent.

- Ok à ce que je vois la confiance règne, ça fait plaisir !

- Arrête un peu et dis-moi pourquoi tu as tout d’un coup envie d’aller faire de la musculation. Ce n’est pas vraiment ton truc non plus, à ce que je sache.

- Ok, j’avoue ! Cet endroit est réputé pour abriter les plus belles filles de la ville et je ne veux pas y aller seul. J’en ai marre de mon célibat et j’ai besoin d’un pote en soutien, ça passe toujours mieux.

- C’est donc pour la bonne cause (puis se tournant vers Shawn) tu devrais y aller, ça peut être sympa. Et puis tu me raconteras comment il s’en est sorti dit Sarah

- Ok ! Mais ne t’attends pas à ce que je touche à des haltères. Je te préviens ! La seule chose que je vais soulever, c’est ma pinte de bière au bar du club.

- T’es un vrai frère dit Jamie, un large sourire sur les lèvres.

Il leur fait un dernier signe de la tête avant de prendre congé et de retourner dans sa chambre en sifflotant. Il doit réfléchir à différents stratagèmes de séduction.

Sarah secoue la tête, en souriant, amusée de voir que Jamie ne changera jamais avec ses idées farfelues. Shawn se place derrière elle et l’enlace de ses bras avant de déposer un baiser doux dans son cou. Sarah frissonne de plaisir, se tourne vers lui et l’embrasse d’un long baiser sur les lèvres.

- J’aurai aimé rester à tes cotés dit le jeune français.

- Moi aussi ! Promis, on rattrapera le temps perdu ce soir.

- Tu sembles avoir quelques idées en tête dit Shawn, en souriant d’un air complice.

- Oh oui ! Des tas dit-elle, avant de se pencher vers son visage et de lui mordillait tendrement une oreille.

Cela en est trop pour le jeune homme. Il attrape sa petite amie par la taille, la soulève du sol et l’entraîne à sa suite dans la chambre, avant de refermer la porte d’un coup de pied.

- Je ne serai pas contre un petit avant goût ! s’exclame t’il.

- Coquin ! s’exclame t’elle en riant.

Deux heures plus tard, centre ville de Chicago. Un humvee de couleur noir se gare près de l’immeuble du C.A.S. Constantine en sort, escorté par trois hommes en costume. Le détective a tenté de leur tirer les vers du nez. Mais les agents sont restés muets comme des tombes durant tout le trajet. Il a passé la nuit, enfermé dans un dépôt sous bonne garde, avant d’être conduit à Chicago.

L’ancien bras droit n’a jamais remis les pieds dans cette ville depuis les évènements tragiques. Il a toujours tout fait pour éviter de retourner à Chicago, cela lui rappelle trop de douloureux souvenirs. Même s’il est doué pour ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Il existe quelques exceptions qui arrivent tout de même à l’atteindre. Malgré son entrainement très poussé pour devenir un soldat d’exception, il reste avant tout humain.

Le détective est escorté dans le bâtiment et suit les hommes vers un ascenseur. Constantine fait semblant d’avoir une démarche nonchalante, mais ce n’est qu’une illusion. Il enregistre chacune des informations et réfléchit à un plan au cas où il devrait s’enfuir. Il sait qu’il a affaire à des professionnels qui auront pensé à tout. Mais il n’abandonne pas pour autant, ce n’est pas son genre. Il a toujours aimé les missions qui semblent à premier abord impossible. Il existe une faille dans tout système et il compte bien trouver celle de cet endroit.

Lorsque l’ascenseur ouvre ses portes à l’étage désiré par son escorte. Il est étonné de voir autant de personnes travailler, surtout un dimanche. Personne ne fait attention à lui, tout le monde est concentré sur sa mission. Il ne voit personne qui baille aux corneilles ou qui prend une pause-café.

Constantine se demande où il a atterri, même s’il commence à avoir une petite idée, qui est loin de lui plaire. Ses hypothèses deviennent réalités lorsqu’on l’introduit dans le bureau du directeur. Malgré ses soupçons, Constantine a du mal à cacher sa surprise. Il n’arrive pas à croire qui il a en face de lui. Le détective se reprend rapidement, se force à sourire et secoue la tête, amusé par la situation malgré tout.

- Cross Junior, si je m’attendais à ça ! C’est Noël avant l’heure, on dirait !

De l’autre coté du bureau, Cross le regarde droit dans les yeux. Un semblant de sourire sur le bord des lèvres. Constantine voit beaucoup de haine dans les yeux de son ancien collègue. Il n’a jamais eu aucun problème pour savoir lire en lui. Ce qui a toujours eu le don d’énerver l’actuel directeur.

- On dirait que tu as développé un certain sens de l’humour durant toutes ces années.

- Que veux-tu ! Il faut bien survivre dit Constantine, avant de s’asseoir nonchalamment, en face de lui.

D’un signe de la tête, le directeur du CAS congédie ses hommes. Une fois seul avec son ancien partenaire, un long silence s’installe. Aucun des deux n’a envie de le rompre et préfère mener un combat psychologique. Le directeur finit par baisser les yeux, avant de prendre quelque chose dans un tiroir. Il s’agit d’une bouteille de Whisky qu’il dépose lourdement sur le bureau. Constantine se détend. Pendant un instant, il a cru que Cross allait sortir une arme. Ce dernier sourit, ayant deviné ses craintes.

- Je ne t’ai pas fait venir jusqu’ici pour te tuer. Même si l’envie ne manque pas. Tu as disparu sans donner de nouvelles et surtout sans tuer le docteur Diezel. Alors que tu l’avais promis sur la tombe de mon père.

- J’ai des raisons qui ne regardent que moi.

- Tu peux les garder, je m’en contrefiche. Cet enfoiré est mort et j’avoue que j’étais content d’être aux premières loges pour assister à sa déchéance.

Constantine ne montre aucune émotion à la nouvelle de la mort de l’ancien psychologue. Il se contente de hocher la tête. Cross est quelque peu déçu de ne pas le voir réagir, mais il reste silencieux.

- Ce n’est pas que ces retrouvailles ne me font pas chaud au cœur. Mais qu’est-ce que tu me veux ? Pourquoi m’avoir fait venir ici ? Tu aurais pu m’appeler plutôt que d’envoyer tes gorilles.

- La force est une arme persuasive.

- Tu as bien changé. Je ne te pensais pas capable de reprendre les rênes après ton père. Et surtout qu’on te laisse faire.

- Je te mentirais si je te disais que cela a été un jeu d’enfant. Mais comme on dit, ce qui importe c’est le résultat et rien d’autre.

- Je vois que tu as suivi des cours de leadership. Mais cela ne dit toujours pas en quoi ça me concerne. Je ne retravaillerai pas pour cette organisation et si tu penses que je deviendrai ton bras droit comme je l’ai été pour ton père. Tu te fourvoies énormément.

A ce moment, on frappe trois coups à la porte. La personne fait son entrée, après eu l’autorisation du directeur. Il s’agit de Peterson. Ce dernier salue le détective d’un signe de la tête avant de s’approcher du bureau de Cross.

- Vous m’avez demandé.

- Constantine, voici l’agent Peterson. C’est mon bras droit et il est dix fois plus fiable que toi. Je n’ai pas besoin de toi pour ce poste et même si tu me suppliais, jamais je ne te prendrais.

- Et bien, voila une chose de régler. Alors qu’est-ce que tu me veux ?

- Nous sommes à la recherche des 5 jeunes.

- Encore cette quête ! Ça n’en finira donc jamais ! soupire Constantine.

- Cela finira quand ils seront six pieds sous terre et pas avant répond Cross, sur un ton sec.

- Ils sont de retour à Chicago si je comprends bien dit Constantine, le regard sérieux.

- C’est normal, c’est ici que tout a commencé. C’est ici que tout finira.

- Je ne vois toujours pas ce que je viens faire là-dedans dit Constantine, peu intéressé par les plans de Cross.

Cross sourit avant de s’enfoncer davantage dans son siége en cuir. Constantine sait d’avance qu’il ne va pas aimer ce que le fils de son défunt patron va lui dire. Le sourire de ce dernier en dit long.

- J’ai besoin de tes talents de détective pour les retrouver. Tu travailleras en free-lance. Personne ne doit remonter jusqu’à moi. Peterson te servira d’intermédiaire pour te transmettre les ressources dont tu as besoin. Mets les moyens, contournes les lois mais je veux des résultats.

- Pourquoi ne pas avoir embauché un autre détective. Cela ne doit pas manquer dans cette bonne vieille ville.

- Je voulais le meilleur répond Cross, entre ses dents.

Le directeur fronce les sourcils, Constantine sait que cela doit lui couter d’admettre cette vérité. Il réfléchit quelques secondes, mais il sait au fond de lui qu’il n’a pas vraiment le choix. Il le doit pour son défunt mentor. Mais il se permet tout de même d’afficher un large sourire, savourant ce moment, sachant qu’il ne se représentera pas deux fois. Constantine se sent toujours responsable de la fuite des femmes enceintes. S’il avait été plus vigilant, rien de tout cela ne serait arrivé. Il sait que ça ne sert à rien de revenir sur le passé, il ne peut pas défaire ce qui a eu lieu. Mais même s’il ne peut pas modifier le passé, il peut au moins se racheter.

Il finit par acquiescer la tête en silence, avant de se lever pour prendre congé. Ne voulant pas rester une seconde de plus dans ce bureau.

- Peterson va te transmettre l’adresse de ton hôtel et les informations que nous avons récoltées jusqu’ici.

Constantine sort du bureau sans rien répondre. Il entend des bruits de pas derrière lui, qui se rapprochent rapidement. Il se retourne et voit Peterson, qui accélère le pas afin de le rattraper, une enveloppe sous le bras. Il la tend au détective, une fois arrivé à sa hauteur.

- Vous avez de quoi potasser, il y’a plus d’un an d’enquête.

- Ça fait un peu mince.

- Rien n’est jamais simple avec cette affaire. Vous le savez bien !

Constantine se contente de hocher la tête, se rappelant les déboires qu’il a connu dans le passé. Même s’il avait décidé de ne plus entendre parler de cette histoire, il doit avouer que l’adrénaline, le stress et les poursuites lui manquent. Il se sentait vivant avec un objectif à atteindre. Rien à voir avec les affaires inintéressantes qu’il gère aujourd’hui en tant que détective. Il en a plus qu’assez des histoires d’adultères et compagnie. Il a besoin d’un but dans sa vie et son ancien collègue vient de le lui en servir un sur un plateau d’argent.

- Vous trouverez à l’intérieur ma carte avec mon numéro de portable et celui de notre informaticien. Il vous fournira tout le matériel nécessaire, c’est un as, mais ne lui dites jamais.

- Promis dit Constantine, avec un petit sourire sur les lèvres.

- Je vous raccompagne.

Les deux hommes traversent le couloir et atteignent l’ascenseur. Pendant la descente, Peterson n’arrive pas à tenir en place. Il a tellement entendu parler du célèbre Constantine. Le fait d’avoir la chance de se retrouver face à lui, l’émeut beaucoup. Il aimerait tant pouvoir en apprendre plus sur ses méthodes. Il est sûr que ce dernier aurait beaucoup de préceptes à lui inculquer. Mais il n’ose pas, connaissant les rapports houleux qui existent entre Constantine et son supérieur. Il n’a aucune envie de se retrouver au milieu d’une guerre entre les deux. Mais il ne peut rester silencieux plus longtemps. Il finit par se tourner vers le détective, qui semble plongé dans ses pensées et lui dit :

- J’ai souvent entendu parler de vous.

- De la bouche de ton patron, cela ne devait pas être très flatteur.

- Vous étiez le meilleur et j’avoue que j’espérai un jour vous rencontrer. J’ai toujours voulu vous ressembler. Vous arriviez à tout prévoir et à tout anticiper. J’aimerai avoir votre esprit d’analyse.

- Si je peux te donner un conseil, n’essayes pas de me ressembler. Essaie d’être toi-même, ça demande du boulot, surtout sous les ordres d’un tel cinglé.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent devant la réception. Constantine se tourne vers Peterson et lui dit, d’une voix emplie de tristesse :

- Crois-moi, retrouves ta femme, tes enfants et passes le plus de temps possible avec eux. Ce boulot finira par te tuer, alors profites-en tant que tu peux.

Sur ces paroles, Constantine sort de l’ascenseur, le salue, sans se retourner, en levant la main tenant l’enveloppe. Peterson le regarde partir, avant que les portes de l’ascenseur ne se referment, en se demandant avec quel genre d’individu il va s’associer.

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