chapitre 26 : LE RETOUR DU PRODIGE PARTIE 1

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La scène se déroule dans un bâtiment qui semble abandonné de l’extérieur. Il est situé dans une zone déserte. Les propriétaires ont choisi ce lieu stratégique afin de mener à bien leurs activités, souhaitant rester discrets. Le bâtiment compte trois étages. Au dernier niveau, des salles d’archive ont remplacés les anciens bureaux et dortoirs. C’est dans une de ses salles que se trouve actuellement Shawn Weaver. Le jeune homme tente de se faire le plus petit possible.

L’étudiant ne semble pas au meilleur de sa forme. Des gouttes de sueur dégoulinent le long de son visage. Il essaye de calmer les palpitations de son cœur et sa respiration devient laborieuse. Aux aguets, Shawn reste l’oreille collée à la porte, totalement silencieux et immobile. Il tente de se ressaisir, voulant avoir une chance de sortir vivant de cet enfer. Il donnerait tout pour que son pouvoir lui offre la capacité de devenir invisible. Cela pourrait lui permettre de sortir du traquenard dans lequel il se trouve, comme si de rien était.

Malheureusement ce n’est pas aussi simple. Les évènements se déroulent rarement comme il le souhaiterait. Il grimace, ressentant une vive douleur à l’avant-bras gauche. Shawn lève son membre où une large entaille est visible. Il s’empresse de déchirer le bas de son t-shirt et de se faire un garrot. Il n’a aucune envie qu’on puisse le suivre à la trace avec des traces de sang. Il vit un véritable cauchemar. Shawn va devoir se prendre en main et vite réfléchir à un plan s’il veut s’en sortir.

Soudain, il entend à travers la porte des bruits de pas qui se rapprochent. Il ne pourrait dire combien de personnes sont présentes, mais il est sûr qu’il y’en a au moins 3. Shawn retient sa respiration lorsqu’ils passent sans s’arrêter devant sa cachette d’infortune. Il sait qu’il ne pourra pas rester indéfiniment dans la salle où il a trouvé refuge. Ils vont fouiller chaque pièce, de fond en comble et ils finiront à un moment ou à un autre par lui tomber dessus. Impossible de l’empêcher mais il peut au moins profiter de l’effet de surprise. S’il agit rapidement et efficacement, il a peut-être une chance de retrouver celle qui fait battre son cœur comme personne. Rien d’autre n’a d’importance à ses yeux.

Shawn compte mentalement jusqu'à trois avant d’ouvrir la porte à la volée. Il se précipite dans le couloir et découvre trois agents du CAS, à environ une dizaine de mètres sur sa gauche. Avant même qu’ils n’aient eu le temps de réagir, le fugitif est déjà passé à l’action. Le bras tendu dans leur direction, trois boules de feu percutent ses cibles. Les trois hommes s’écroulent en arrière, en poussant des cris de douleur. Shawn maitrise de mieux en mieux son pouvoir. Les projectiles n’enflamment pas les agents comme des torches humaines, s’évaporant dans l’air dès qu’ils les percutent.

Ne demandant pas son reste, Shawn reprend sa course. Il visualise au fond du couloir, une porte avec une pancarte qui indique : « escalier de service ». Il donne un grand coup de coude afin d’ouvrir la porte et de gravir les marches qui le mèneront au dernier étage. Il ouvre une autre porte et traverse un long couloir qui mène à une baie vitrée. Shawn se permet un sourire en se rendant compte que la sortie est tout proche.

Mais l’espoir meurt aussi rapidement qu’il est né lorsqu’il entend le bruit d’un revolver auquel on a retiré le cran de sureté. Shawn ferme les yeux, s’en voulant de ne pas avoir assuré ses arrières, totalement concentré sur la baie vitrée. Il se retourne lentement pour faire face à son nouvel adversaire, prêt à en découdre.

Il écarquille les yeux en reconnaissant la personne. Il ne s’attendait pas à le croiser dans un tel lieu. Mais les situations de la semaine se mettent à s’imbriquer dans sa tête et tout devient clair. Il s’en veut d’avoir été si candide, cela va lui coûter cher. Il ne peut s’empêcher de dire sur un ton méprisant.

- Alors, c’est ainsi que les choses vont se dérouler !

Quinze secondes plus tard, une détonation retentit. Une grande partie de la baie vitrée explose en mille morceaux sous le poids du corps de Shawn. Ce dernier fait une chute de plusieurs étages, s’approchant dangereusement du sol.

Une semaine plus tôt, quartier ouest de Brooklyn, New York. Il s’agit d’un coin connu pour être mal famé où dès qu’il commence à faire nuit, il n’est pas conseillé de s’y aventurer. Le maire a lancé quelques mesures afin d’améliorer la sécurité de ses concitoyens et des touristes. Mais il reste encore de nombreuses actions à mettre en place, à cause de délinquants en tout genre.

C’est dans ce quartier que se situe un bar du nom de Hellfire, il s’agit d’un petit établissement sans prétention, qui se trouve au sous-sol d’un immeuble. On y accède par un petit escalier à coté du bâtiment. Une petite pancarte portant le nom du bar posé au-dessus de l’escalier est la seule indication qui prouve l’existence de cet endroit. Peu de personnes le connaissent et les habitués se demandent comment le gérant fait pour ne pas mettre la clef sous la porte.

Un homme descend l’escalier et pousse la porte d’entrée. Il porte un long manteau noir qui lui arrive jusqu’aux chevilles. Le bar est désert, aucun client aux environs, un jukebox collé dans un coin diffuse des musiques culte des années 70 et 80. L’endroit est assez sombre malgré les quelques lumières au niveau du plafond, certaines ampoules devraient être changées. Le bar compte une dizaine de tables réparties dans toute la salle. Tout le mobilier est en bois, donnant un coté un peu vieillot, qui a son charme. Cela rappelle les établissements d’une autre époque où la convivialité primée sur la rentabilité.

Le barman qui est aussi le gérant, se trouve derrière le comptoir. Il est en train de nettoyer quelques verres tout en sifflotant une mélodie. Le nouvel arrivant se laisse tomber en poussant un soupir sur un tabouret. Le propriétaire des lieux le salue d’un signe de tête, connaissant très bien la personne qui se trouve en face de lui. Il s’agit de l’ex agent du C.A.S, Constantine, le bras droit de l’ancien dirigeant de l’organisation.

Ce dernier a disparu de la circulation après la débâcle de la fuite des femmes enceintes. Il n’a pas arrêté de voyager, ne laissant à personne l’occasion de le retrouver. Il a souvent changé de nom, utilisant des alias afin de louer ses services en temps que mercenaire ou chasseur de prime. Il est passé près de la mort à de nombreuses reprises, mais cela ne l’a jamais arrêté. Agissant comme une vraie tête brulée. Il n’a jamais fondé de famille. Il a toujours été très solitaire, ne se liant d’affection avec personne.

Il lui a fallu beaucoup de temps pour se relever psychologiquement de la mort de son supérieur, qu’il considérait comme un père de substitution. Il a finalement décidé de revenir aux Etats unis, ne voulant plus fuir. Constantine a décroché une licence de détective privé et depuis, il travaille à son compte. Ce qui lui permet d’assurer un train de vie agréable. Physiquement, il est toujours en aussi bonne forme, le poids des âges ne se fait pas trop sentir. Il reste svelte, très peu de cheveux blancs sur le crane et le regard toujours aussi alerte. Le barman a une cinquantaine d’année, les cheveux rasés. Il s’agit d’un ancien motard, qui partait en virée avec ses amis sur une Harley Davidson.

Les deux hommes se connaissent depuis près d’un an, Constantine vient de temps en temps prendre quelques verres. Au départ, il n’était pas du genre bavard, restant dans un coin sombre, seul, ne parlant à personne. Mais le barman du nom de Dany Bride, a fini par l’apprivoiser et depuis Constantine vient discuter, sans pour autant parler de lui. Le barman ignore tout de sa vie, mais il respecte cela, ne lui posant aucune question.

Constantine jette un coup d’œil circulaire à la salle avant de dire :

- Eh bien Danny ! Ce n’est pas ce soir que tu feras salle comble.

- Toujours le mot pour rire ! Tu prends comme d’habitude ?

- Non, cette fois je vais prendre un verre de vin.

- Holà, tu fêtes quoi ? Tu as attrapé un gros gibier ?

- Si seulement ! Juste un stupide repris de justice qui pensait pouvoir se réfugier au Mexique.

- Encore un qui a trop vu de films !

- Je ne te le fais pas dire. Je n’ai même pas ressenti une montée d’adrénaline. Tout fout le camp, crois-moi !

Le barman dépose un verre de vin rouge sur le comptoir. Constantine se penche et hume le parfum qui s’en dégage.

- C’est du bon, j’espère. Pas de la camelote de super marché !

- Tu oses m’insulter en plus, tu me prends pour qui ! s’insurge le barman.

- On n’est jamais trop méfiant !

- Tu devrais peut-être trouver un nouveau bar ricane Dany.

Le détective sourit d’un air amusé. Il s’apprête à porter le verre à ses lèvres, savourant à l’avance ce doux nectar. Lorsque la porte du bar s’ouvre et que trois hommes fassent irruption. Ils sont tous habillés en costume, le regard sévère et se dirigent en silence vers lui. Le barman sent que la situation va tourner au vinaigre. Les nouveaux arrivants ne ressemblent pas à des clients potentiels et d’après leurs attitudes, ils semblent avoir d’autres desseins.

Constantine n’a même pas besoin de se retourner, il les avait déjà repérés. Ils le suivent depuis plus de deux heures, il en a eu assez d’essayer de les semer et a donc décidé d’aller prendre un verre bien mérité dans son bar habituel. Si affrontement il doit y avoir, ce sera sur un terrain qu’il connait. Constantine ne se retourne pas, les observant comme si de rien n’était, à travers les reflets des verres posés sur l’étagère derrière Danny. Deux hommes se positionnent de chaque coté de Constantine et le troisième se place derrière lui.

C’est ce dernier qui semble être le responsable et qui prend la parole sur un ton autoritaire.

- Suivez-nous maintenant, sans discuter !

Constantine pousse un long soupir, avant de poser lentement son verre sur le comptoir.

- C’est une proposition intéressante et si gentiment proposé. Mais je peux savoir pourquoi j’accepterai ?

- Nous, vous expliquerons tout en route.

Constantine regarde Dany qui ne semble pas inquiet outre mesure, malgré l’ambiance électrique. Le barman en a vu d’autres durant son parcours de motard. Il continue à tout ranger, ne voulant pas se mêler de cette affaire. Il sait que Constantine n’aura pas besoin d’assistance. Il ne l’a jamais vu à l’œuvre mais il a toujours su qu’il pouvait être dangereux. Cela se voit dans son regard, on peut y lire une détermination et une force intérieure.

- Dis-moi Danny ! Tu l’as entendu dire s’il te plait ? Parce que moi non dit le détective, sur un ton nonchalant, faisant tranquillement circuler son index, sur le bord du verre.

Le barman se contente de secouer négativement la tête, en lui faisant comprendre d’un regard qu’il préférait qu’il le laisse en dehors de cette histoire. Il n’a pas envie que son établissement soit détérioré à cause d’un règlement de compte. Il a déjà des difficultés à payer les factures alors ce n’est pas le moment de rajouter des frais supplémentaires.

Les trois individus commencent à s’impatienter, Constantine jubile intérieurement de les mettre dans cet état. C’est tellement facile ! Ces derniers devraient apprendre à cacher leurs émotions sous un masque d’impassibilité. On devine trop facilement leur prochaine action. Il se dit que de nos jours, on recrute vraiment n’importe qui.

- Je crois que vous ne vous rendez pas compte de la situation. Nous avons le droit d’utiliser la force, si nécessaire grogne le responsable du trio.

- Erreur, je crois que c’est plutôt vous, qui ne vous en rendez pas compte. Je vais t’expliquer trois choses. Premièrement je n’aime pas ta tête, deuxièmement, je n’aime pas le ton que tu utilise et troisièmement je n’aime pas ta tête dit Constantine, en souriant, se moquant ouvertement des agents.

Comme l’ancien agent du CAS l’avait prévu, un des hommes perd son sang-froid et décide d’utiliser la force pour lui faire entendre raison. Trop prévisible soupire Constantine, blasé intérieurement !

- Ça suffit, on a assez perdu de temps ! dit l’homme en face de lui.

Avant qu’il ne fasse un geste en direction du détective, ce dernier est déjà passé à l’action. D’un mouvement rapide, il lui balance son verre en pleine face, le projectile explose sur son visage. Le vin rouge se mêle au sang dû aux coupures sur le visage de l’agent qui n’a rien vu venir. Ce dernier recule en portant la main à son visage, tout en criant.

Constantine ne perd pas de temps, ne laissant pas ses adversaires réagir. Il frappe l’homme sur sa gauche, du plat de sa main droite au niveau de la trachée. L’homme écarquille les yeux, n’arrivant plus à respirer et se retrouve plier en deux sous la douleur. Constantine est un professionnel, cette attaque ne va pas tuer son opposant, mais il va lui falloir un moment pour récupérer et être à nouveau opérationnel. Le troisième a tout juste le temps de porter la main à sa veste que Constantine lui bloque le bras, avant de lui saisir l’arrière de sa tête avec sa main valide et de la cogner d’un geste violent contre le comptoir. L’homme pousse un grognement de douleur avant de s’écrouler au sol, inconscient.

Le barman se contente de secouer la tête pour faire comprendre sa désapprobation. En réponse, Constantine hausse les épaules. Il n’a rien demandé à personne, il n’a fait que se défendre. Le détective se rapproche de la dernière personne valide, celle qui a reçu le verre en pleine face. Ce dernier s’essuie le visage en sang avec un mouchoir et recule en voyant son agresseur s’approcher de lui.

- Alors, on dirait qu’on a perdu toute son arrogance, maintenant ! s’exclame Constantine, jubilant.

- Cela ne devait pas se dérouler ainsi crache l’agent, commençant à paniquer.

- Ah oui, sans rire ! La prochaine fois, renseignes toi un minimum sur ta cible. Cela t’évitera des mauvaises surprises. Il faut plus que trois hommes pour m’avoir.

La personne se permet de relever la tête et malgré la douleur vive qu’il ressent, arrive à sourire d’un air supérieur, empli de dédain.

- Qui a dit que nous n’étions que trois !

Constantine entend soudain des bruits venant de derrière lui. Le détective se tourne lentement et voit huit hommes, tous armés de revolver, le menaçant. Il se demande d’où est ce qu’ils sortent, il ne les a pas entendus entrer. Il se demande s’il n’est pas en train de perdre la main et de vieillir Ce type de détail n’aurait pas dû échapper à sa vigilance. Il pousse un long soupir avant de lever les mains en l’air. Il n’est pas un surhomme et sait quand il faut s’avouer vaincu.

- Ok, les gars c’est bon, vous avez gagné. Je veux bien faire un tour avec vous !

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