chapitre 1

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La scène se déroule à Chicago le 25 juillet, 24 ans plus tôt. Une femme ouvre les yeux dans un sursaut, paniquée, en se demandant où elle se trouve. Elle balaye la pièce et il lui faut quelques instants pour comprendre qu'elle se trouve dans une chambre d'hôpital. La nuit est tombée depuis plusieurs heures et une pluie cinglante s'abat sur la ville. Le tonnerre se fait entendre au loin.

La jeune femme a 25 ans, brune, les cheveux longs jusqu'aux épaules, des yeux noirs magnifiques et hypnotisants. Elle a un visage à la fois enfantin mais également ferme, qui prouve qu'elle sait ce qu'elle veut. Elle s'appelle Nathalie Dupré, il s'agit de la future mère de Shawn. Cette dernière se redresse dans le lit et grimace à cause de douleurs qu'elle ressent au niveau de son ventre.

Elle est enceinte de 6 mois et même si elle ignore tout sur les grossesses, elle sent que la sienne n’est pas normale. Elle n'en a parlé à personne, de peur d'être prise pour une folle mais elle le ressent au plus profond d'elle-même, sans pouvoir trouver des explications rationnelles.

Elle se concentre pour se rappeler ce qui lui est arrivée. Tout ce dont elle se souvient, c'est qu'elle était dans un centre commercial en train de faire des emplettes. Lorsqu'elle a ressenti une vague de chaleur indescriptible l'envahir et l'instant d'après, c'est le trou noir. Elle se doute qu'elle a dû perdre connaissance et elle espère que son bébé n'a subi aucun traumatisme dans la chute.

Nathalie ne se rappelle pas qu'on l'est transportée dans un hôpital. Elle se penche sur le coté à la recherche du bouton d'appel pour signaler à une infirmière qu’elle a repris connaissance. Elle souhaite également obtenir plus de renseignements sur son état. Mais la jeune fille remarque que ce dernier ne fonctionne pas. Elle a beau s'exciter en appuyant à plusieurs reprises dessus. Rien n’y fait, le bouton ne s'allume pas.

- Génial, c'est bien ma veine! s'exclame t'elle, avant de se lever.

Elle porte une chemise de nuit, mais ne peut s'empêcher de greloter en raison du froid qui règne dans la pièce. Elle se dirige vers une armoire prés de la porte et récupère ses vêtements suspendus par des cintres. Elle met sa montre à son poignée et découvre avec surprise qu'il est près de minuit. La jeune femme se rappelle s’être rendu au centre commercial dans les environs de 15h. Nathalie est très surprise d'être restée si longtemps inconsciente, cela ne lui était jamais arrivé par le passé. Elle enfile son gilet en laine avant d'ouvrir la porte pour se rendre au bureau des infirmières, désireuse d’obtenir des renseignements.

Sa chambre porte le numéro 45, elle se trouve au milieu d'un long couloir avec de nombreuses chambres de chaque côté. Le bureau des infirmières est le seul à être allumé et il est situé dans un angle à une distance d’une dizaine de mètres. Nathalie referme doucement sa porte et se dirige vers le bureau. Elle l'atteint presque lorsque soudain, elle entend des voix en provenir. Elle s'immobilise lorsqu'elle entend son nom dans la conversation, sentant au plus profond de ses tripes que quelque chose cloche.

Elle se colle au mur et jette un regard afin de savoir de quoi il retourne. Elle voit une infirmière d'une quarantaine d'année en discussion avec deux hommes en costume noir. On pourrait penser que les deux individus sont jumeaux. Tellement ils se ressemblent aussi bien d’un point de vue vestimentaire, qu’au niveau de leurs attitudes.

- Nous venons voir votre patiente, Nathalie Dupré dit le premier.

- Je suis désolé les visites ne sont plus permises après 20h.

- Ce document officiel devrait pouvoir nous permettre de passer outre cette restriction dit le deuxième, en sortant un document de sa veste.

L’infirmière fronce les sourcils, n'aimant pas être dérangée dans ses habitudes. Elle lit le document avant de le rendre à son propriétaire. Ce dernier affiche un sourire supérieur, sachant que l'infirmière n’a pas d’autres choix que de s’exécuter.

- Elle se trouve dans la chambre 45 dit l'infirmière en montrant le couloir à sa gauche.

Nathalie commence à paniquer, même si elle sait qu’elle n’a rien à se reprocher. Elle se glisse sans bruit, dans la première chambre près d'elle. A l'intérieur un homme âgé muni d’un respirateur, est profondément endormi. Il ne remarque pas la présence de l’intruse. Cette dernière entrebâille la porte et attend que les deux hommes aient atteint la chambre qu'elle occupait.

Nathalie se précipite hors de la chambre et traverse le bureau des infirmières sur la pointe des pieds. Sans se faire remarquer par l'infirmière de garde qui, la tête baissée rempli l’autorisation de sortie. La jeune fuyarde pousse la porte des escaliers et descend aussi vite que son état le lui permet. Elle se trouve actuellement au 5 éme étage. Au fond d'elle, Nathalie ne sait pas pourquoi elle fuit. Elle n'a même aucune raison de le faire.

Elle n'a commis aucun crime, ne faisant de mal à personne et pourtant elle a peur de ses deux hommes. Son instinct lui dit de prendre ses jambes à son cou et de fuir le plus loin possible. Mais elle doit reconnaître que depuis sa grossesse, son instinct réagit différemment et cela lui l’effraie. Elle craint de ne plus maîtriser ses émotions ou son sens du jugement.

Nathalie décide de passer par le sous-sol afin d’atteindre le parking. Elle ne peut pas rejoindre l’accueil car les patients ne sont pas censés se promener à une heure si tardive. Elle se ferait arrêter avant même d’avoir atteint la sortie. La jeune femme atteint le premier étage lorsqu’elle entend du bruit venant d’au-dessus d’elle. Il s’agit d’une porte qui s’ouvre à la volée, suivi par des bruits de pas précipités. Nathalie comprend qu’il s’agit des deux individus qui la recherchent activement. Sachant qu’elle ne pourra pas rejoindre à temps le sous sol, elle ouvre la porte du premier étage et s’engouffre à l’intérieur.

Elle avance aussi vite qu’elle le peut dans le couloir et découvre une porte fenêtre, avec un écriteau au dessus qui indique « sortie de secours ». Nathalie s’y précipite, ouvre la porte et se glisse à l’extérieur. Elle se trouve dans un escalier de service qui parcourt tous les étages et qui conduit à l’arrière de l’hôpital. Exactement ce que recherche la jeune femme afin de disparaître incognito. Nathalie se sent encore quelque peu vaseuse mais la pluie qui l’accueille finit de la réveiller. La jeune femme referme délicatement la porte fenêtre avant de dévaler l’escalier en prenant bien soin de ne pas perdre l’équilibre. Elle se tient fermement à la rampe afin de ne pas glisser en descendant les marches recouvertes de flasques d’eau.

Arrivée au réez de chaussée, Nathalie a à peine le temps de toucher le sol, que de puissants phares s’allument et l’éblouisse. La fugitive aveuglée, met sa main droite devant ses yeux pour se protéger, tout en sachant qu’elle est piégée. Les phares sont puissants, leurs halots entourent Nathalie, comme pour l’encercler. Après quelques secondes d’adaptation, elle voit que les lumières proviennent de deux voitures qui lui bloquent tout accès. Nathalie se sent faite comme un rat mais elle est décidée à ne pas se rendre. Une voix au fond d’elle lui dit de prendre ses jambes à son cou et de fuir le plus loin possible. Elle court aussi vite qu’elle le peut dans la direction opposée. Nathalie sait que c’est pure perte car ces dernières peuvent la rattraper en quelques secondes, mais elle veut croire en à sa chance. Elle entend les moteurs des voitures vrombir sans toutefois la prendre en chasse. Elle court sur une distance de 20m avant de remarquer une petite allée.

L’espoir renait en elle, mais ce dernier est de courte durée car un homme apparaît dans son champ de vision. L’individu est jeune, moins de trente ans, vêtu d’un costume noir. Il est svelte, les cheveux noirs coupés courts et une mèche lui tombe entre les deux yeux. Il est trempé jusqu’au os mais ne semble pas gêner outre mesure par ce désagrément. Il est très calme et semble inoffensif mais Nathalie sent que ce n’est qu’un leurre et que cette personne est tout le contraire.

Elle ne tente même pas de forcer le passage en bousculant le mystérieux individu. Elle sait qu’elle n’est pas de taille, surtout en étant enceinte.

- Qu’est ce que vous me voulez ? hurle-t-elle d’une voix tremblante

Même si l’individu garde le silence, elle continue à cracher ses questions, totalement hystérique. Nathalie se sent au bout du rouleau et sait qu’elle va craquer dans quelques instants si personne ne l’aide.

- Je n’ai rien fait de mal ! Laissez moi tranquille, je vous en supplie dit elle, sur un ton larmoyant.

Le mystérieux individu lève la tête et plonge ses yeux dans ceux de Nathalie avant de dire, d’une voix calme :

- Je suis navré, vraiment ! s’exclame t’il sur un ton triste et sincère.

L’instant d’après, un autre homme apparait derrière Nathalie et lui enfonce une aiguille dans le cou. La jeune femme n’a rien vu venir, ni n’a le temps de se débattre. Le tranquillisant contenu dans la seringue fait rapidement son effet. La jeune femme a à peine de pousser un hoquet de stupeur que ses yeux se révulsent et qu’elle s’écroule. Son agresseur la rattrape avant qu’elle ne touche le sol, ne voulant pas qu’elle se blesse dans sa chute.

Quelques secondes plus tard, une camionnette apparaît et s’arrête devant eux. La portière latérale s’ouvre et deux hommes en sortent afin d’aider leur collègue à faire entrer la captive à l’intérieur.

Le jeune homme mystérieux lève les yeux vers le ciel tumultueux avant de monter à l’avant de la camionnette. Le chauffeur démarre rapidement et en l’espace d’un instant, l’agression de Nathalie Dupré appartient au passé. Aucun témoin n’a assisté à la scène. Ces hommes sont des professionnels. Chacun de leur geste durant cette action est le fruit d’un travail et d’une organisation parfaite. Ses hommes font partie de l’agence du C.A.S.

A son réveil, Nathalie se retrouve allongée sur un lit. La jeune femme prend quelques instants pour reprendre ses esprits, elle finit par se relever et jette un regard circulaire sur son nouvel environnement.

Elle est enfermée dans une pièce d'environ 10m². Les murs sont capitonnés et les seuls objets qui composent sa chambre sont : un lit, un toilette et une bible posée à même le sol. Nathalie n'est pas une fervente croyante. Elle prend tout de même le temps d'ouvrir le livre, espérant y trouver une clef ou un message. Elle le repose, déçue, tout en se disant qu’elle regarde trop de séries télévisées.

Elle tente à coup d'épaule de forcer la porte, mais sans succès. Elle se croirait dans une chambre d'un hôpital psychiatrique. Elle pousse des cris, demandant de l'aide, mais le silence est total. A bout de force et découragée, elle s'assoit sur son lit et attend que ses kidnappeurs daignent se montrer.

Ce qu'elle ignore, c'est qu'une caméra est placée discrètement dans un coin au niveau du plafond. Cette dernière suit tous ses faits et gestes. Ces images sont suivies 24 heures sur 24 par des experts qui doivent analyser le comportement de la jeune prisonnière.

Au bout d'un certain temps, Nathalie perd totalement la notion du temps. La pièce n'a aucune fenêtre, elle n’a aucune idée de l’heure qu’il peut bien être. Elle se demande si son enfermement se compte en nombre d'heures ou de jours. Elle est perdue, personne ne répond à ses appels. Elle finit par comprendre que c’est inutile, qu’elle perd son temps. Quand elle s'endort, elle trouve toujours à son réveil un plateau avec de la nourriture. Elle comprend donc qu'on ne souhaite pas la voir morte, ni mourir de faim.

Elle ne voit jamais les personnes qui lui apportent la nourriture. Même quand elle fait semblant de dormir, au bout d'un moment elle n’arrive plus à lutter. Elle suspecte ses agresseurs d'envoyer du gaz inodore à travers la ventilation pour l'endormir. Nathalie commence à se demander si elle n'est pas en train de devenir folle, tout s'embrouille dans sa tête. Elle se demande si toute cette histoire aura une fin. Elle ne comprend pas ce qu’on peut lui vouloir et pourquoi ces hommes agissent ainsi. Il ne s’agit pas de kidnappeurs à la petite semelle, mais bien de professionnels organisés.

Nathalie est allongée depuis plusieurs heures, les yeux dans le vague, se laissant dépérir. Soudain, la jeune fille sursaute lorsque la porte de sa chambre s'ouvre en grand. Elle s'empresse de se relever, décidée à ne pas se laisser faire. Deux hommes habillés de façon identique entrent dans la pièce. Ils ne sont pas armés et ne semblent pas lui vouloir du mal. L’un d’eux lui montre la porte d’un mouvement de la main.

- Si vous voulez bien nous suivre. Vous n’avez rien à craindre, nous vous le promettons.

Nathalie n'est pas rassurée pour autant, mais acquiesce de la tête. Trop heureuse de pouvoir quitter cette chambre qui va finir par la rendre folle.

Elle sort de la pièce et suit les deux hommes à travers un long couloir. Elle peut voir qu’il existe d’autres chambres. La captive se demande si d'autres personnes subissent le même sort qu’elle. Nathalie ne tente pas de les questionner, sachant d'avance qu'ils ne lui répondront pas. Cela se voit à leurs visages fermés.

On l'a conduit dans une pièce où se trouve une douche. Les deux hommes sortent de la pièce afin de lui laisser un peu d'intimité. Nathalie prend une douche chaude avant d'enfiler des vêtements accrochés prés de la porte. Il s'agit d'un t-shirt blanc, d'un pull en laine rouge et d'un pantalon stretch. Elle est étonnée de découvrir que les vêtements qu'on lui a donnés sont à sa taille. Ses individus en savent beaucoup sur elle et cela n’a rien de rassurant.

Ensuite, les deux hommes la conduisent dans une pièce ovale, qui sert de salle de réunion. 5 femmes sont assises autour d’une longue table. Elles ont toutes l'air aussi apeurées et inquiètes qu’elle. Nathalie remarque, en s'asseyant prés d'une fille aux longs cheveux marron, qu'elles ont toute un point commun. Elles sont toutes enceintes.

Après s'être assuré que les gardes ne la regarde pas, Nathalie se penche vers sa voisine et lui demande sur un ton très bas, presque un murmure :

- Vous savez où est ce que nous sommes? Et qui sont ces personnes?

Sa voisine se contente de secouer négativement la tête. Elle semble en proie à une lutte intérieur afin de ne pas craquer et de ne pas éclater en sanglots. Même si Nathalie est très inquiète, elle ne peut s'empêcher de la prendre en sympathie. Elle aurait envie de la rassurer mais aucun mot ne lui vient à l’esprit. Ce serait lui mentir de lui dire que tout se passera bien.

Soudain les portes battantes à l'entrée s'ouvrent en grand. Le bruit fait sursauter tout le monde. Un homme fait son apparition, suivit par 2 autres personnes. L’homme est âgé d'une cinquantaine d'année, des cheveux grisonnants et courts ainsi qu’une barbe blanche bien taillé. Il est grand, svelte et le regard sévère. On sent tout de suite qu'avec cette personne, il ne faut pas jouer au plus malin. Il semble être sans scrupule. Il a des yeux bleus magnifique qui vous transpercent du regard. Comme si en vous fixant, il pouvait lire dans votre âme. Il est vêtu d'un costume noir très classe et se déplace comme un directeur d'entreprise, d'une démarche directe et maîtrisé.

Les deux personnes qui l'accompagnent sont le jeune homme qui a enlevé Nathalie et le docteur Diezel (alias le psychologue Myrick). Ces deux derniers jettent des coups d'oeil circulaire, comme s'ils analysaient et prenaient des notes sur les femmes captives. Nathalie déteste cela, elle a l'impression d'être un rat de laboratoire. Le premier homme n'est autre que le directeur du C.A.S de l'époque, son nom est Peter Cross.

Il s'arrête devant la table où sont assises les jeunes femmes enceintes et les regarde longuement. Il les fixe durement l'une après l'autre avant de frapper violement sur la table du plat de sa main. Certaines femmes poussent des hoquets de surprise et se recroquevillent de peur d'être violentées. Il se redresse, se tenant bien droit avant de s'adresser à elles, un regard supérieur sur le visage.

- Vous avez sans doute de nombreuses questions en tête. Mon nom est Peter Cross et je suis le tenancier de cet endroit et vous dans tout ça… Et bien, vous m'appartenez. Aussi longtemps que je le désire !

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