Épopée: Chapitre VI

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VI. Hospitalité royale :

Le dîner était parfait. Installé dans la salle à manger privée de Trodrïn, celle où il recevait ses intendants et conseillers, le groupe pu savourer quelques spécialités nordiennes comme un assortiment de venaison cuites dans du miel et ce qu'Orm identifia comme étant un épais potage de pois et de lards. Cependant, alors que tous semblaient apprécier le repas, le monarque et Jambar restaient silencieux. Ce dernier, n'ayant pour l'instant pas touché à son assiette, rompit le silence de la dégustation.

— Mes amis, maintenant que nous arrivons au commencement de notre périple, je me dois de clarifier certains points avec vous.

Ils posèrent leurs couverts pour écouter, l'air grave. Jambar poursuivit.

— Je ne vous ai encore pas clairement exprimé mes motivations et...même si la plupart d'entre vous se contente de la récompense aussi bien pécuniaire qu'honorifique que vous offrira cette quête, je tiens à vous en parler.

Sa mine sembla s'assombrir sous son écharpe.

— Vous n'êtes pas sans savoir que depuis la construction de la Muraille, les activités du Seigneurs Noir ont très peu baissées comparé à son apparition il y a presque 300 ans, si l'on en juge par les récits historiques. Malgré cela, le Royaume du Nord, voyant que les sbires de notre ennemi se faisaient plus rares sur la frontière, décida de coloniser les abords de la Muraille...

— Je n'avais jamais entendu parler d'un tel projet ! s'exclama Anton.

— Aucun des trois autres Royaumes n'était au courant, dit Trodrïn. Ce projet faisait partie des lubies de mon défunt père, Ergrïn, son esprit était obnubilé par une possible conquête des terres de l'ancienne Tragentopolis. Son échec a sans doute précipité sa fin...

« — Il y a de cela vingt ans, enchaîna Jambar, le seul village construit au-delà de la Muraille, baptisé Neo-Nordgrad, fêta les quinze ans de sa construction. Les réjouissances furent interrompues lorsque des créatures de cauchemar firent irruption, personne ne les avaient remarqué, elles se mouvaient telle des ombres. En quelques minutes on eut dit que la fin des temps était arrivée, tout n'était que cris de terreur, les monstres avaient incendié le village et ceux qui tentaient de s'enfuir étaient pris en chasse par ces abominations. Comme vous vous en doutez, c'était mon village qui brûlait. Je n'avais alors pas plus d'une quinzaine d'années, caché au fond du puits, j'écoutais horrifié le chaos se déchaîner au-dessus de ma tête. Je restais ainsi tétanisé jusqu'à ce qu'un silence de mort s'installe. Hésitant et trempé, je gravis la paroi du puits. Arrivé à la surface, je contemplais plein de terreur les restes calcinés de ce qui avait été encore quelques heures plus tôt, mon foyer. Hagard, je m'avançais au milieu des décombres et des squelettes, noircis par le feu. C'est là que la peur m'étreignit la poitrine, me coupant la respiration, mon esprit refusait d'y croire, mes vêtements noyés d'eau froide semblèrent s'alourdir. Il était là, à quelques mètres, aussi réel que la Mort elle-même. Mon effroi atteignit son paroxysme quand je me rendis compte qu'Il me fixait. Jamais je n'oublierais un tel regard, semblable à deux lances chauffées à blanc me transperçant le crâne. Il s'approcha, chacun de ses pas raisonnant comme le tonnerre. Je restais là, à contempler ma fin. Plus près, toujours plus près jusqu'à ce qu'Il soit à quelques centimètres de moi ! La peur m'empêchait de perdre connaissance. Il pencha Son visage en face du mien, mais je ne voyais plus que Ses yeux...Alors que je sentais que mon heure était venue, il n'y eut rien. Mais Il me parla. Il me dit que si je restais en vie, c'était uniquement grâce à Son bon plaisir car je devais accomplir quelque chose pour lui, Il voulait que tous les Royaumes sachent qu'il régnerait sur les Terres Bannies jusqu'à ce qu'il ait accompli Sa tâche. Il m'a ensuite dit de partir et de répandre son message. Je courut aussi vite que mes jambes me le permirent vers la Muraille. Déjà une patrouille arrivait dans ma direction. Je risquai un bref regard derrière moi, mais Il avait disparu. Personne ne crut à mon histoire, tous pensèrent que j'avais perdu l'esprit dans l'incendie de Neo-Nordgrad, je décidai alors de fuir. Abandonnant mon nom de famille, je vécus comme un paria, accomplissant divers emplois guère honorables, il se trouve que j'étais doué pour ce genre de choses...Malgré tout, le remord me rongeait, je voulais que mes talents servent une plus noble cause. C'est comme cela que j'entrai au service du roi Trodrïn. »

— Tu oublis de préciser de quelle manière nous nous sommes rencontrés, dit Trodrïn, moqueur. Mais je dois dire que je n'ai jamais eu de meilleur allié que toi Jambar.

— Je vous remercie sire, l'homme à la capuche inclina la tête.

Anton paraissait soucieux, il demanda :

— En somme, tu cherches donc uniquement à venger ton village.

— Tout serait tellement plus simple si ça n'était que ça... répondit Jambar en soupirant. Mais cela va bien plus loin que mes simples désirs. En effet, les éclaireurs de la Muraille nous rapportent que d'étranges phénomènes commencent à secouer les Terres Bannies. Des ombres arpentent le sol, le ciel se voile de plus en plus et les sceaux de protection et de détection magique s'affolent.

— Tu veux dire que... commença Elio.

— Oui, le Seigneur des Ténèbres prépare quelque chose, quelque chose d'énorme.

— Tu as dit tout à l'heure qu'il avait une "tâche" à accomplir, quelle est-elle ?

— Je n'en sais rien mais cela a certainement un lien avec ce récent regain d'activité, c'est ce que nous devons découvrir et empêcher.

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