Épopée: Chapitre XXV (Part II)

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XXV: Le tour du propriétaire (Part II)

L’exploration de Sol et Jambar porta rapidement ses fruits… dans de grandes corbeilles plus exactement.

— Ça ne me donne pas envie d’y toucher cela dit, fit Jambar qui observait une grappe de raisins avec méfiance.

Le mage et le commanditaire avaient visiblement déniché la salle à manger. De hauts arcs boutants garnis là encore de statues surmontaient une longue pièce plongée dans un clair-obscur fantomatique. La grande table était dressée pour une vingtaine de convives au moins. Dindes farcies, grands plats de légumes mijotés, un paon rôti trônait même au centre de la table. Seulement, personne ne mangeait et l’odeur enivrante de la nourriture fraichement servie dénotait fortement dans cette immense pièce vide plongée dans la pénombre.

Sol se pencha non loin d’une tapisserie blanche immaculée et saisit quelque chose dans un tas de poussière vert pâle : une fourchette, tombée non loin d’un plateau d’argent et de plusieurs autres couverts renversés au sol.

— L’une des statues devait porter ce plateau, déduisit le mage.

— Nous avons donc surpris le prince juste avant son dîner donc. Mais dîtes moi notre enquête avance à grands pas !

— Je vous en supplie ne vous y mettez pas vous aussi. Ce palais entier sent le mystère à plein nez. Ça ne vous a pas étonné que Milostivar soit entouré de statues plutôt que d’ombres ?

Jambar parut tout à fait indifférent sur ce point, il haussa les épaules et fit mine de continuer jusqu’à la pièce suivante.

— L’esthétique ? hasarda-t-il en s’éloignant.

Sol leva les yeux au ciel avant de se hâter à la suite du commanditaire qui disparaissait déjà derrière une tenture. Arrivé de l’autre côté, un nouveau couloir s’ouvrait devant eux. L’érudit en profita pour continuer de dérouler le fil de ses pensées.

— Bien sûr que non. Le prince est visiblement d’un intellect plus complexe que Neruda. Non, vous voyez bien, ici la ville est en parfait état contrairement aux ruines de Pentapolis. Le ménage est manifestement fait dans ce palais, la table est dressée et il a conservé l’apparence original de ses ancien sujets et de sa cour. Je suis d’avis qu’il veut continuer de régner comme si de rien n’était.

Jambar s’intéressait pour le moment plus au couloir devant eux qu’aux analyses de l’érudit. Il soupira.

— Je ne vois pas trop l’intérêt de régner sur une ville fantôme. Il a changé son propre peuple en statues après être tombé sous la coupe du Seigneur des Ténèbres et continue de chapeauté le tout… On dirait un spectacle de marionnettes morbide. Hormis le dégoût, Milostivar ne m’inspire aucune émotion.

L’employeur pressa le pas, clôturant la discussion. Sol resta choqué par la froideur soudaine de Jambar. L’homme encapuchonné n’était pas d’un naturel joyeux mais sa réaction allait bien au-delà. La haine vibrait dans sa voix étouffée.

Après de longues minutes à traverser cet interminable couloir dans un silence pesant, ils débouchèrent sur un large escalier en colimaçon s’élevant dans l’obscurité verdâtre. Sans mot dire, Jambar s’engouffra dans la monté, Sol juste derrière et il commencèrent leur ascension.

— Je crois que nous montons vers la coupole du palais, là d’où provient la lumière.

— Il fait de moins en moins sombre en effet, fit Sol toujours tendu.

Jambar jeta un coup d’œil sur le mage par-dessus son épaule. Il se décrispa quelque peu et son foulard se détendit alors qu’il parlait.

— Écoutez Sol, désolé d’être aussi nerveux. C’est juste que vous n’étiez pas prévu au programme. Aussi nous n’avons pas le même objectif.

Sol, leva un sourcil surpris. Ces mots faisaient étrangement écho à ceux de Orm au début de leur voyage.

— Je crois que venir à bout de ce que les Royaumes ont défini comme étant le Mal absolu, c’est un objectif commun à beaucoup de monde, moi y compris.

— Ce n’est pas ça, répondit Jambar dont les épaules s’affaissèrent encore. Pour moi, cette quête est une vengeance et aussi stupide ou égoïste que ce soit, c’est un fait. J’ai consacré une trop grande partie de ma vie à ce plan pour y voir surgir des éléments perturbateurs.

— Ce n’est pas très aimable, se renfrogna l’érudit.

— Sol… Vous avez amené une enfant avec vous. Emilia est peut-être forte, mais elle reste une jeune femme. Je veux dire… on ne pourra peut-être pas protéger tout le monde, vous comprenez ?

Le mage détourna le regard, ses lèvres se pincèrent et de profondes rides apparurent sur son front. À ça, il y avait déjà songé. Il s’était dit que partir dans une pareille aventure serait parfait pour son apprentie. Il plaçait de grands espoirs en elle.

— C’est elle qui m’a trouvé vous savez, dit-il l’esprit ailleurs. Je prenais la route de Centrallion quand j’ai vu une jeune fille se précipiter sur mon cheval, j’ai failli l’écraser. Mais mon destrier a fait une embardée soudaine et j’ai été propulsé au sol. La première fois qu’Emilia me faisait la démonstration de ses pouvoirs.

Sol releva la tête vers Jambar.

— Vous avez raison. J’ai été insouciant.

Le commanditaire posa une main sur son épaule, les plis de son foulard trahissaient un sourire en coin.

— Bon. On est tous dans la même galère, donc autant tous rester concentrés. D’accord ?

L’érudit hocha la tête, vaguement soulagé.

Ils arrivèrent bientôt en haut de l’escalier. Jambar avait vu juste, il s’agissait bien de la large coupole visible depuis l’entrée de la ville. Le dôme de pierre translucide scintillait dans la lumière verte occupant tout l’espace sans laisser aucune trace d’ombre. Au centre de la coupole, relié à l’imposante girouette en forme de soleil au-dessus, trônais un piédestal aux décoration plus qu’étranges. La pierre verte était recouverte de petits yeux aux paupières clauses enchâssés dans une sorte de goudron parcourant le piédestal, le tout prenait la forme d’une arborescence absurde de veines noirâtres. Sur cette structure répugnante trônait un gros globe iridescent aux multiples facettes.

— Je crois que nous avons trouvé la source de lumière de la ville, conclut Jambar. Sol ? Une expertise ?

L’érudit ne répondit pas. Sa bouche c’était tordue dans une expression très inquiétante, son visage avait affreusement blêmi si bien que la lueur verte lui donnait une teinte cadavérique. Son attention toute entière était portée sur le globe et son piédestal écœurant.

— Sol ? répéta Jambar, inquiet. Tout va bien ?

Le mage ferma brusquement les yeux et porta ses mains à ses tempes. Il prit une profonde aspiration, ses traits se détendirent, puis il rouvrit les yeux et tourna son regard vers Jambar.

— Une source d’énergie. Très vieille, gargouilla-t-il d’une voix enrouée.

— C’est proskunéen ? demanda l’employeur.

Sol hocha la tête mais ses épais sourcils froncés firent comprendre à Jambar que quelque chose clochait. Le magicien s’avança doucement en direction du piédestal, une main tendu vers le globe. Plus il avançait, plus son visage se creusait de dégoût. Quand il fut à moins d’un mètre de la sphère, sa main en touchant presque la surface, il s’arrêta et dit à Jambar sur un ton tremblant :

— Je ne sais pas ce qui se passera une fois que je l’aurais touché. Quoi qu’il arrive n’approchez surtout pas. Et… si cette chose réagit trop violement, courez aussi vite et loin d’ici que possible.

Jambar poussa un grognement d’approbation et dégaina deux dagues. Après une profonde inspiration, Sol posa sa main.

***

Emilia étouffait sous la surface du lac. Elle agita frénétiquement ses bras et ses jambes pour regagner la surface. Les dernières bulles d’air quittèrent ses poumons brûlants et sa vue commença à se brouiller. Le sang pulsait dans ses tempes, son cœur battait à en exploser, plus prêt, plus prêt, elle voyait le plafond de la caverne se rapprocher !

Ses muscles la lâchaient. Le manque d’air et l’effort les avaient vidé de leurs dernières forces. Sa gorge se contracta en cherchant une ultime once d’air en vain. Son esprit se brouillait au point que seul un faible point de lumière subsista dans le brouillard obscur de sa vision. Elle tendit inutilement la main vers cette dernière étincelle avant de sombrer totalement. L’eau lui emplit la gorge et le nez, la faisant couler à pique. Alors qu’elle coulait à pic, elle réussit à articuler une dernière pensée pour son maître, pour l’étrange groupe d’aventurier, pour leur quête.

— C’est comme ça que ça se termine ? songea-t-elle au bord de l’inconscience.

Les ténèbres l’entourèrent.

— Et bien mon enfant ! En voilà des manières !

Elle rouvrit les yeux, les rayons du soleil agressèrent sa rétine et une odeur de poussière et de fleur lui piqua le nez. Devant elle, un cheval se releva péniblement, pris de panique avant de sauter la barrière d’un champ et de s’y engouffrer au triple galop. La personne qui avait parlé était un homme entre deux âges, portant une longue robe de deux couleurs différente, une broche représentant un soleil et une lune enlacés piquée à son colle. Allonger dans la poussière du chemin, il s’assit et épousseta ses manches. Elle se précipita pour l’aider à se relever.

— Oh par tous les Dieux ! Je suis désolé Monsieur le magicien ! Je ne voulais pas vous faire mal. Mais le cheval c’est emballé et…

L’homme posa une main rassurante sur son épaule.

— Calme toi petite, lui dit-il. Il y a eu plus de peur que de mal, je vais bien. Mais dis-moi, comment as-tu fais pour arrêter mon cheval comme ça ?

Penaude, Emilia fit la moue et avoua.

— Moi aussi je sais faire de la magie Monsieur. Depuis toute petite mais…

Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. L’homme l’emmena gentiment s’asseoir avec lui sur la barrière du champ. Le cheval maintenant calmé, broutait sagement l’herbe quelques mètres plus loin.

— Tout va bien petite, raconte-moi tout.

La voix de l’homme était apaisante, Emilia sécha ses larmes et regarda le visage du mage à côté d’elle. Il lui fit un grand sourire.

— Je m’appelle Sol et toi ?

L’esprit de la jeune femme s’étiolait, emportée par ce doux souvenir.

***

— Et donc Monsieur vous êtes...?

— Oh je vous en prie Monseigneur, je ne saurais accepter tant d’égards envers ma simple personne. Appelez-moi Stroï.

Orm et Elio agitèrent nerveusement leur cuillère, faisant tinter leur tasses de porcelaine. Le barbare détailla la décoration de la pièce. Une large chambre des plus confortable, isolé du monde extérieur par d’épaisses tapisseries molletonnée couleur violet sombre et agencé avec un extrême bon goût en matière d’ameublement de luxe. Bois d’amarante ou d’ébène pour s’accorder aux tapisseries, un lit à baldaquin, quatre fauteuils confortables brodés de soie et un service de porcelaine bleue saphir.

Ils humèrent le liquide pourpre et fumant de leur tasse, du vin chaud, plutôt fort. Orm haussa les épaules et prit le risque de boire une gorgée.

— C’est sacrément bon ! Vous rajoutez un alcool dedans non ?

Elio, toujours dubitatif, attendit quelques seconde pour voir et but à son tour. La boisson avait un goût prononcé d’herbes et de cannelle se mêlant au vin. Une chaleur agréable lui monta à la tête.

Leur interlocuteur émit une série de cliquetis d’horloge et ses yeux aux paupières chromées papillonnèrent de satisfaction.

— En effet Messire, répondit-il à Orm. Il s’agit d’une liqueur typique de l’Empire. À base de divers sortes d’herbes et d’épices. À doses raisonnable c’est très bon pour la santé.

Sa voix, étrangement humaine, possédait toutefois un timbre grésillant, comme des billes de fer roulant sur du carrelage.

— Qu’êtes-vous au juste Stroï ? Si cette question ne vous incommode pas bien sûr, demanda Elio.

Nouveaux cliquetis. La tête oblongue de l’être de métal s’agita dans un “non“ amical.

— Pas le moins du monde Monseigneur. Je comprends que le caractère… artificiel de mon apparence puisse vous paraître incongru. Je suis le majordome de Sa Majesté Céleste le Prince Milostivar. Et accessoirement son confident en matière de décoration d’intérieur. Pour me récompenser de l’avoir servi aussi loyalement, mais également pour sauvegarder mes précieuses compétences, Sa Majesté Céleste m’a fait don de ce corps virtuellement immortel.

Les deux aventuriers sirotaient leur vin chaud, circonspects.

— Quand nous vous avons trouvé, dit Elio, vous avez d’abord cru qu’il s’agissait de lui. Pourquoi cela ? Depuis combien de temps attendez-vous ici ?

Plusieurs rouages et feuilles de métal chromées s’affaissèrent sur le visage de Stroï.

— Oh cela fait bien longtemps que je ne compte plus les jours. Voyez-vous avec un corps comme le mien, le temps est devenu quelque chose d’assez abstrait. Cela dit, je me souviens parfaitement de mon dernier échange avec Sa Majesté Céleste. Mon pauvre maître… l’avez-vous rencontré ?

Le chevalier pinça les lèvres, ne sachant quoi dire. Ce fut Orm qui prit les devant.

— Le prince est mort… Navré de vous l’apprendre.

Un claquement mécanique s’échappa du torse lustré de l’homme-machine. Ses épaule furent prises d’un sursaut de surprise et ses yeux brillants clignotèrent de façon incontrôlable.

— C’est impooOOOoosib-b-ble.

Sa voix déjà étrange pris soudain un accent éraillé et grésillant.

— C’est pour cela que nous étions étonné de vous trouver ici, continua Elio avec peine. Nous croyions que la ville était déserte.

— CoooOO-O-o-ooment ?

D’étranges spasmes parcourait le facies métallique de leur interlocuteur.

— L’invasion du Seigneur des Ténèbres ? Ça vous dit rien ? lâcha Orm avec son tact habituel.

Stroï plongea sa tête dans ses mains dans un tintement de casseroles.

— C’est donc ari-i-i-ivé… Oh mon pauvv-v-v-vre Maître…

Elio se sentait mal de mentir ainsi à l’automate mais ils avaient besoin de réponses.

— Stroï… Que s’est-il passé avant vous vous enfermiez ici ?

L’homme-machine resta dans sa position prostrée quelques secondes. Un déclic se fit ensuite entendre et deux voix synthétiques, la plus grave étant sans doute celle du Prince,sortirent de sa bouche en forme de fente :

— Maître ? Avez-vous reçu des nouvelles de vos parents ?

— Tragentopolis est tombée Stroï… Je suis peut-être le dernier représentant de la famille royale à cette heure.

La voix de Milostivar se réduisait en un souffle tremblant. Elle trahissait une grande fatigue.

— Que comptez-vous faire Maître ?

— L’Empire est fichu Stroï ! Le général Neruda fuit vers Pentapolis avec les restes décimés de notre armée. Je compte y envoyer les habitants avant que notre cité tombe à son tour. Si ma lignée doit s’éteindre, le peuple de l’Empire doit survivre. Je prie les Astres pour que Neruda fasse ensuite route vers les Royaumes du sud, peut-être y trouvera-t-il des alliés suffisamment puissants pour combattre notre ennemi.

— Mais Maître, vous ne comptez pas rester ici ? Le peuple a besoin de vous.

— Je refuse de fuir ! Aussi ai-je déjà envoyer les dernier civils, accompagnés d’un détachement, au-delà des portes. Seul toi, moi, ma garde personnelle et les gardiens demeurons encore dans le palais. J’ai élaboré un plan pour ralentir l’ennemi.

Le vacarme sourd d’un effondrement fit grésiller l’enregistrement. Un autre voix, essoufflée, s’adressa au Prince.

— Votre Majesté Céleste ! L’ennemi vient de détruire le portail nord ! Tous les civils n’ont pas encore évacué.

Milostivar soupira.

— Qu’il en soit ainsi. Capitaine, conduisez le plus d’habitants possible dans les tunnels. Dîtes leur de courir aussi vite que possible et veillez à ce qu’aucun enfant ne se retrouve seul. Quant à toi Stroï, enfermes-toi dans mon bureau et n’en bouge pas avant que je ne vienne te chercher, tu en sait trop sur mes recherches pour être capturé. Je vais convoqué les gardiens et me rendre au dôme… Mon plan doit fonctionner !

Le son s’arrêta brusquement et Stroï s’affaissa dans son fauteuil, mutique. Orm et Elio restèrent pensif un moment pour digérer ces nouvelles informations.

— Le “dôme“ en question, de quoi s’agit-il ? demanda le chevalier.

La tête de Stroï sursauta et l’homme artificiel sortit de son silence.

— Oh ! Vous l’avez certainement remarqué en arrivant. Il s’agit de la grande coupole surplombant ce palais.

— Là d’où vient la lumière ? ajouta Orm.

Stroï hocha la tête. Elio reposa son verre de vin chaud et se leva d’un bond.

— C’est dans cette direction que se sont rendu nos compagnons. Je vous conseille de nous accompagner Stroï, nous aurons besoin de vous.

Le colosse finit sa boisson d’un trait et emboîta le pas du jeune homme. Stroï cliqueta un moment sur son fauteuil avant de se décider à les suivre hors du boudoir.

***

Les doigts de Sol avaient à peine effleuré la surface du globe qu’il sentit sa magie irrémédiablement attirée par l’objet. Il serra les dents et ferma les yeux pour se concentré. Il réussit à calmé le flot magique qui assaillait son esprit et parvint à trouver l’équilibre. Une décharge parcourut son bras. En forçant un peu plus, il remonta petit à petit la signature magique de l’artefact. Des images défilèrent à toute vitesse devant ses yeux clos à mesure qu’il remontait toujours plus loin. Il vit Milostivar, fou de rage devant une rangée d’hommes en toge. Il vit l’énorme livre entre les mains du gardien, fuyant la ville. Il vit une décharge d’énergie colossale percer la paroi de la grotte et des dizaine de personnes courir en tous sens en pleine panique. Il vit finalement le Prince gisant dans une mare de sang à côté de l’orbe, une haute silhouette étrangement floue se pencha sur lui. Sol poussa plus loin, son crâne commençait à la faire souffrir comme s’il poussait contre un mur de pierre avec son front. La scène devint de plus en plus net à mesure qu’il s’approchait de la scène. Le Prince échangea quelque mots avec la silhouette. Sol poussa encore, il devait voire son visage.

— Bonjour, maître Sol.

Cette voix, aussi tranchante et froide que la hache d’un bourreau, transperça l’esprit du magicien comme un millier d’épines glaciales. Horrifié, il remarqua que la silhouette tournait la tête dans sa direction. Il voulut s’arracher à sa vision mais sans succès. Un crissement de verre brisé lui emplit les oreilles alors que l’image devant lui se fissura soudainement avant d’exploser en un feux d’artifice de débris brillants. On eut dit un vitrail en mille morceau. Sol leva les bras pour protéger son visage.

Ses bras ? Il lui fallut un moment pour réaliser qu’il se tenait entier dans un espace aux ténèbres infinies. Son cœur manqua un battement. Ses poils se hérissèrent, un frisson électrique parcourut sa colonne vertébrale et son sang tambourinait à ses oreilles. Tous ses sens lui hurlaient de prendre ses jambes à son coup sans que celles-ci ne puissent faire le moindre mouvement. Une présence écrasante l’entourait et le maintenait sur place comme un étau.

Une main sortie de nulle part se posa sur son épaule et une sensation horrible lui monta à la gorge presque immédiatement. Tétanisé, il ne réagit pas.

— La peur. Cette sublime sensation qui vous pousse à la soumission… Tel sera toujours votre nature, le fondement de votre création.

Sol ouvrit la bouche sans qu’aucun son ne puisse en sortir. La présence derrière lui se pencha à son oreille avec une lenteur affreuse.

— À bientôt, magicien.

Sol fut alors projeté en arrière trempé de sueur, les yeux fous. Jambar se précipita sur lui pour l’aider à se relever. L’érudit avait du mal à tenir debout et ses dents claquaient frénétiquement.

— Sol ! vous allez bien ? Qu’est-ce que vous avez vu ?

Blanc comme un linge, le magicien agrippa Jambar par le col et bégaya plus paniqué que jamais :

— Il faut qu’on retrouve les autres ! Je dois immédiatement faire un rapport à ma guilde. Nous ne sommes pas prêt pour affronter ça !

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