DUEL

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  • Tout ce temps passé ensemble toi et moi. Et si on parlait un peu de nous ?
  • Je suis pressé, je n’ai vraiment pas beaucoup de temps pour bavarder.
  • Eh bien, je t’accompagne, on parlera en chemin… Crois-tu aux rencontres fortuites ?
  • Tu sais très bien que je ne laisse jamais rien au hasard. Ce qui est écrit, advient… Ton lendemain est écrit bien avant que tu t’éveilles. Je perpétue tes joies, tes désirs, tes rêves. Si tu es fière, sûre de toi, insouciante du lendemain. Il faut bien le dire, c’est grâce à moi…
  • L’esprit masculin par excellence !!! une certitude sans borne de ta bonne étoile ? Tu veux me faire croire qu’entre nous, c’est ainsi pour la vie. Tu ne fais jamais que des promesses sur mon compte et tu spécules sur mon avenir. Tu te prends pour un bookmaker du destin ou quoi ?
  • Tu doutes encore de mes intentions ? Mon vœu le plus cher, c’est ton bonheur !
  • « Il est toujours urgent de se faire plaisir ». Tu n’as plus que ces mots à la bouche. Pourtant, le plaisir s’accommode bien peu de l’urgence et encore moins de la répétition à laquelle tu le condamnes…
  • Voilà que tu dénigres le plaisir !
  • Non, je dénigre ce que tu en fais : un irrésistible besoin. A ton petit jeu, on finit toujours par pleurer sur soi-même. Ça t’amuse ? Sais-tu où vont les désirs lorsqu’ils ne s’évanouissent pas ?
  • Je connais ta vie dans ses moindres détails, je connais la moindre de tes habitudes, et tu veux me donner des leçons ?
  • Dis plutôt que tu épies tous mes faits et gestes. Tu deviens exactement celui que je voulais ne jamais rencontrer…
  • Que reproches-tu au juste à notre relation ?
  • D’être convenue, arrangée et magistralement orchestrée. Tu es parfait pour améliorer l’Ordinaire mais ton bonheur n’est pas à la hauteur de la partition. Tiens, si tu étais un art de vivre, tu serais un « ready-made » !
  • Tu sais mieux que personne, combien de destins se brisent à cet instant même, combien prient pour échapper à l’inéluctable. Ignores-tu la chance que tu as de jouir simplement de la vie ?
  • Après le plaisir, tu brandis la peur ? Tu me parles de la mort, toi qui t’obstines méticuleusement jour après jour, à me faire croire à l’éternité ?
  • Oui, mon œuvre est infinie… Y aurait-il meilleur dessein que d’ajouter des jours aux jours, identiques à eux-mêmes ?
  • Tu te répètes sans arrêt, c’est bien ce que je te reproche. Et puis, ne vaudrait-il pas mieux vivre au regard d’une existence improbable que d’une existence condamnée d’avance ?
  • Rien ne dit que ton existence soit improbable. Je ne me base que sur des faits réels, moi !
  • J’aimerais te lire ces quelques mots
  • Tu me fatigues avec tes références littéraires.
  • « A propos du caractère tout à fait étonnant de l’apparition de la vie, aujourd’hui encore, beaucoup pensent, que l’avènement du premier être vivant est un avènement aussi invraisemblable, aussi rare que, disons, un poème de Shakespeare composé par un singe dactylographe ». C’est d’Edgar Morin.
  • Franchement, c’est quoi cette histoire de singe savant ?
  • Combien de temps, à ton avis, faudrait-il à un singe qui tape au hasard sur le clavier d’une machine à écrire, pour produire un exemplaire d’une pièce de théâtre de Shakespeare ?
  • Pourquoi ? Des mathématiciens se sont vraiment torturés l’esprit sur cette question ? C’est absurde et je ne vois vraiment pas où tu veux en venir avec cette histoire de singe.
  • Imagines-tu l’incroyable probabilité de notre naissance et plus encore de nos rencontres ? Je trouve ça incroyablement excitant d’imaginer ce qui serait possible.
  • Je t’apporte toutes les preuves de ce qui est possible chaque jour. Que te faut-il de plus ?
  • M’affranchir de ton étreinte, retrouver le goût de la solitude, l’envie d’improviser, le temps d’inventer… J’avoue que j’ai même eu l’idée de rompre avec toi.
  • Avec toute l’affection que je te porte…
  • Je vais te faire un aveu. Aujourd’hui, j’ai rencontré un ami, un ami … cher.
  • A mon insu ? Existe-t-il vraiment cet ami, ailleurs que dans tes rêves ? « Il faut rêver les choses pour qu’elles arrivent » dis-tu ? Mais tu oublies que je suis le seul à prendre tes rêves pour la réalité.
  • J’ai une photo, regarde
  • « Esprit espiègle dans un corps sculpté, découvrez Yass ». Je tombe de Charybde en Scylla. Un humoriste ? Mais tu es la fille la plus sérieuse que je connaisse… au monde !
  • Il y a parfois des hasards heureux qui se réalisent quand tu as le dos tourné. On adore jouer sur les mots pour te mettre K.O.
  • Et de quoi riez-vous à mes dépens ?
  • De ton désir de possession, ton besoin d’exclusivité, ton manque de spontanéité, ton absurdité des fois… Je t’appelle affectueusement « Mon quotidien » mais sous tes airs sérieux, tu es devenu si présomptueux. Tu es à « mourir de rire » parfois… Désolée, je ne peux plus garder mon sérieux. Je n’y peux rien du tout…
  • Dérisoire !
  • Non, dérision
  • Pourquoi ferais-tu davantage confiance à cet amuseur de rue, cet illustre inconnu aux allures d’Apollon ?
  • Parce que nous sommes devenus amis, parce que contrairement à ce que tu dis, la confiance n’exige aucune preuve.
  • J’avais pour toi bien d’autres ambitions.
  • Je me moque de tes ambitions et je me passerai aussi de ton approbation.
  • Sais-tu que je détiens 90 % des actions de ta vie ?
  • Et sais-tu ce que je peux faire avec les 10 % restant ?

Le Quotidien en musique :

https://youtu.be/OMplizlzOJc

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