Une cuisson du feu de Dieu

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Contexte

J'étais chez son père un soir d'hiver. On aurait pu imaginer qu'il était gelé. En effet, le padré était énervé. En cause ? Ma simple existence ! Sans compter l'absence de son unique fille, alors en cuisine.

Pourquoi me faisait-il la gueule ? Je vous le dis en un comme en mille, il me savait la tête entre les jambes de sa fille ! Sa propre fille chérie, sa fille adorée, une gouine ! Imaginez la honte pour un homme de son gabarit. Un Mâle honnête et viril qui a travaillé toute sa vie pour que sa femme n'ait pas à mettre les mains dans le cambouis. Enfin, ne lui en voulez pas. C'était l'époque, sans équivoque.

Moi, il m'amusait. Il me fuyait, croyait que ça m'impactait. Que nenni ! J'en ai tellement ri qu'il m'a semblé le voir en pâtir. Le silence nous honorait de sa présence, alors qu'une délicieuse odeur émanait de ladite cuisine où la tendre aimée s'était enfermée.

Elle avait pour projet de nous préparer deux escalopes non pas flambées, simplement dorées, à l'aide d'une pointe de beurre et d'un brin de chaleur.

Le repas du papa fut rapidement servi. Si vite ?...

Ce qui en suivit, je m'en étais douté sans ambiguïté.

La viande était fumante, appétissante, plein de mots en -ante. Elle était de plus dorée sur les côtés, ce qui faisait la fierté de ma douce alors affalée sur mes doux genoux. D'un même geste, le père et moi-même coupèrent la chair, mâchèrent la première fourchette. Et...

  • Alors ? C'est bon ?

Je m'empressai de recracher discrètement la bouchée dans le pot de fleurs récemment acheté, voyant l'autre goûteur résister avec honneur.

  • Excellent, ma chérie.

Sous mes yeux effarés, il prit une seconde bouchée, ou boucherie, comme vous l'entendez. En effet, la viande était crue. Je peux encore voir le boucher finir de trancher ma platée. Le feu n'avait pas été mis d'une main de morte, et avait oublié dans sa hardiesse de finaliser la cuisson de l'intérieur. Le plat était sublime en extérieur, mais totalement immangeable dans sa grande pudeur, même pour l'affamée insatiable que j'étais.

La détentrice de mon amour, de son amour, finit par se douter du mauvais tour. Un simple regard lui fit saisir, non pas la viande, mais sa raison, que le plat était foiré dans sa presque entièreté !

  • Ce n'est pas grave, ma chérie.

La pauvre était inconsolable. Nous dûmes nous unir pour raffermir son esprit. Je lui confiai avec grand soin notre intérêt commun et m'orientai vers les fourneaux, bien décidée à maîtriser les braseros.

Il n'y a pas de déroulé de la recette, car elle était seule devant le four. Hélas...

Conséquences

  • Découper les escalopes avant de les remettre à cuire (pour éviter de cramer l'extérieur)
  • Un début de connivence entre l'Homme et la brouteuse
  • Un visage rouge de honte, une tentative (ratée) de garder son sérieux et une clémence non méritée

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