Chapitre 35

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Une fois tous les corps de la fosse commune déterrés, les médecins et étudiants en médecine que j’avais engagés pour tous les identifié mirent plusieurs semaines à le faire. Au final, il y a deux cent soixante-dix victimes, soit très peu comparer à tous ceux que ma mère avait pu tuer en trente ans. Mon père n’en faisait pas partie, mais les parents d’Océane oui. J’avais encore une chance de retrouver mon père vivant et je comptais bien continuer d’espérer. Entre temps, Juliette s’était complètement remise de son opération et avait réussi à supprimer intégralement les logiciels espions. Seul restait en suspens la question des informaticiens qui bloquaient les accès internet. Juliette avait cherché de fond en comble et il n’y avait aucun logiciel qui bloquait internet. Ça ne pouvait donc être que des humains.

— Majesté ? m’interpella le commanda Faure alors que j’étudiais la liste des victimes

— Commandant, que puis-je pour vous ?

— J’ai les informations que vous m’avez demandées concernant Stéphane et Marie Luisard.

— Je vous écoute.

— Marie Luisard a été maltraitée à mort. J’ai pu remarquer de nombreuses contusions dût à des coups avec des objets plutôt inhabituels. Ses doigts ont été coupés et elle a de nombreuses marques de brûlures sur tout le corps. Elle est finalement morte de noyade après de nombreux mois de torture. Elle n’était pas enterrée depuis bien longtemps, mais plus d’un an.

— Quelle horreur ! Et son mari ?

— Il n’a subi aucune torture physique. Je pencherais plutôt pour de la torture morale.

— Comme le fait de voir sa femme se faire torturer ?

— Par exemple. Il a fini par se poignarder lui-même avec une barre de fer qu’il a dû trouver dans le cachot. Il est mort après sa femme. Mais il avait écrit un message sur son avant-bras avec un caillou tranchant.

— Lequel ?

— Un cœur. Sauriez-vous à qui pourrait être adressé se message, par hasard ?

— Je sais très bien qui c’est. Parmi ses victimes, est-ce qu’il y aurait un diplomate mort depuis quelques semaines seulement ?

— En effet. Vous le connaissiez ?

— Il m’a appelé à l’aide alors que j’avais surpris sa conversation avec ma mère. Mais je n’ai pas pu l’aider.

— Vous n’auriez rien pu faire.

— Merci Commandant.

Le Commandant Fauster retourna travailler, je notai tout ce que je venais d’apprendre pour ne pas oublier avant d’envoyer un message à Océane.

« Est-ce que tu seras là demain à la veillée funèbre ? »

« Je ne savais même pas qu’il y en avait une. C’est pour quoi ? »

« La garde a retrouvé deux cent soixante-dix victimes de ma mère. Les familles ont déjà été convoquées. »

« Si tu as besoin de moi, je serais là. Ça te dérange si Nat’ vient avec moi ? »

« Pas du tout, au contraire. Merci Océane. »

La vérité c’est que seuls Océane et Nathan n’avaient pas été convoqués. Je voulais leur dire moi-même ce qui était arrivé à leurs parents, à cause de ma mère. Une fois mettre assurer qu’Océane et son frère seraient là, je récupérai mes affaires de natation dans ma chambre et partie faire quelques longueurs avant de commencer à préparer mon discours pour demain. Vers seize heures, Emma frappa à ma porte et portait un plateau avec elle.

— Tu avances ?

— C’est compliquer, mais oui. J’essaye de trouver les bons mots.

— Ce n’est jamais facile d’annoncer à une famille la mort d’un proche, alors de deux cent soixante-dix…

— En tout cas, j’avance, c’est déjà ça.

— Je t’ai apporté de quoi manger. Tu pourrais peut-être prendre une pause pour t’aérer l’esprit.

— Pourquoi pas. Il fait beau, je vais aller un peu dehors.

— Bonne idée, mais mange aussi ce que je t’ai apporté.

— Évidemment, merci Emma.

Je reposai mon stylo, récupérai le roman d’amour que j’étais actuellement en train de lire, attrapai la goûter préparé par Emma ainsi que mon téléphone et mes écouteurs avant d’aller m’installer au pied du grande chaîne, près de l’étang. Plus je lisais ces livres empruntés à Emma, plus je comprenais ce que je ressentais envers Océane. Comme les personnages de mes romans, je n’arrivais plus à la sortir de mes pensées.

Je m’inquiétais toujours pour elle, surtout depuis que je savais pour son petit ami violent, et je voulais tout faire pour l’aider et la protéger. Je me sentais même prêt à abandonner mon trône juste pour être avec elle, pour pouvoir la serrer dans mes bras, sentir son odeur et l’embrasser. Après une demi-heure de lecture, je retournai dans ma chambre finir mon discours. Sur le chemin, je me retins plus d’une fois d’envoyer un message à Océane, juste pour savoir comment elle allait, même si nous avions parlé rapidement ce matin.


Le jour tant attendu était enfin arrivé. Les familles convoquées arrivaient dans la Grande Salle au compte-goutte. Il y avait plus de cinq cents personnes assises sur les chaises mises à disposition ou autour du buffet. Comme je l’avais prévu, Océane et Nathan arrivèrent les derniers. Comme ils ne savaient pas pourquoi je les avais fait venir, ils ne s’étaient pas dépêchés.

— Merci d’être venu tous les deux, commençais-je.

— C’est normal Elena, ça ne doit pas être simple de devoir annoncer la mort de toutes ses personnes. Tu m’as dit de venir, je suis là.

— J’ai réservé des chaises au premier rang pour vous.

Océane s’éloigna, mais Nathan resta à côté de moi.

— Je sens qu’il y a une vraie raison à notre présence ici, Elena. Je ne serais pas venu sinon, reprit-il.

— En effet.

— Tu les as retrouvés n’est-ce pas ? Nos parents.

— Oui Nathan, je les ai retrouvés. Ils font tous les deux partie de cette liste de deux cent soixante-dix victimes.

— Donc ils sont bien morts. Tu pourrais éviter de le dire à Océane de la même façon que tu vas le dire à tout le monde ? Elle a toujours été proche des parents, surtout de maman et…

— Je comptais lui dire à part, ne t’inquiète pas. Je ne la laisserai pas tomber.

— Merci.

Il s’éloigna à son tour et Emma prit sa place.

— Tu es prête ?

— Non. Je n’ai pas envie d’annoncer à toutes ses personnes que leurs proches sont morts à cause de ma mère et encore moins à Océane. Mais c’est mon devoir.

— Tu peux le faire Elena.

— Merci.

Elle me serra affectueusement ans ses bras avant d’aller prendre place sur l’un des côtés de l’estrade. Je vis le commandant Fauster, chef de la garde, le conseiller des affaires internes ainsi que le représentant des médecins légistes s’installer sur l’estrade. Je compris que c’était à mon tour d’entrer en scène. Je m’avançai doucement et monta sur l’estrade, prenant place debout, devant un pupitre.

— Merci à tous d’être venu en ce jour funeste. Commençais-je pour avoir le silence. Comme vous le savez, le chef de la garde royale, ici présente à trouver il y a maintenant quelques jours deux cent soixante-dix cadavres. Nous les avons tous identifiés, sans exception. C’est pourquoi nous vous avions demandé de rédiger une liste de personnes disparues. Malheureusement, le nombre de disparu est beaucoup plus important que le nombre de victimes que nous avons découvert. Si vous êtes ici aujourd’hui, c’est parce que l’un ou même plusieurs de vos disparus font partie des victimes de ma mère, découvertes il y a peu. Si j’ai choisi de vous rencontrer au sein du château c’est uniquement pour que vous ne soyez pas seul quand vous entendrez le nom de vos proches. Un buffet est aussi mis à votre disposition, si vous le souhaitez. Avant de commencer à énumérer les noms des victimes, je voudrais vous souhaiter mes sincères condoléances. Je suis horrifié par les actes de ma mère, mais surtout pour ce qu’elle a fait subir à vos proches. Si vous le voulez bien, je vais commencer.


Avant de commencer, je regardai tour à tour Océane, Nathan, Emma et le reste des familles présent dans cette salle. J’énumérai ensuite les noms des victimes un par un, en laissant un moment de silence afin que les familles prennent conscience que leurs proches étaient morts, mais qu’ils avaient été retrouvés. Quand je terminai d’énoncer les deux cent soixante-huit noms, sauf ceux des parents d’Océane, toute la salle était plongée dans la tristesse. Des larmes, des cris, on n’entendait plus que ça. Océane, qui avait compris que je n’avais pas énoncé tous les noms, s’approcha doucement de moi.

— Les deux derniers noms, ce sont mes parents ? me demanda-t-elle alors que des larmes lui arrivait, elle que j’avais toujours vue forte, elle que je n’avais jamais vu pleurer.

— Oui. Tu veux bien t’asseoir s’il te plaît.

— Ils sont vraiment morts ? Tous les deux ?

Nathan s’approcha à son tour et passa ses bras autour des épaules de sa sœur. Il savait déjà et elle avait besoin de lui.

— Oui. Je suis désolé, Océane.

— Sais-tu comment ils sont morts ?

— Je le sais. Je l’ai demandé aux médecins légistes afin que tu puisses toi aussi le savoir.

— Vas-y.

Je lui racontai alors ce que m’avait dit le médecin légiste. Elle me regarda un instant, les larmes aux yeux, en silence. Elle finit par se retourner dans les bras de son frère, porta ses mains à son visage et pleura comme je ne l’avais jamais vu faire. Sa coquille venait de se briser.

— Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible.

Un silence pesant venait de s’installer dans la salle. Toutes les personnes présentes aujourd’hui étaient du village d’Océane. Ils avaient tous dû, un jour ou l’autre connaître Stéphane et Marie.

— Je suis désolé Océane. Avant qu’il n’en termine, ton père a inscrit un cœur sur son bras. Ils ont toujours pensé à vous.

Océane se retourna vers moi et s’effondra dans mes bras en larmes, oubliant que nous n’étions pas seules. Je ne cessai de lui répéter que j’étais désolée en la serrant dans mes bras. J’avais promis à son frère de ne pas la laisser tomber et ça me faisait mal de la voir ainsi.

— Océane ! lui dis-je en relevant sa tête, elle avait les yeux rougis par les larmes. Je sais que ce que ma mère leur a fait est horrible, je ne peux imaginer ce que tu ressens, mais il faut que tu sois forte maintenant. Pour toi et ton frère. C’est ce que ton père voulait. Tes parents t’aimaient, Océane, n’en doute jamais. Ils se sont sacrifiés pour vous protéger. Tu dois te relever et leur faire honneur. Montre-leur que tu es capable de surmonter leurs morts, pour aller de l’avant, pour grandir.

— Merci Elena. Merci de ne pas me l’avoir dit de la même façon que tout le monde.

— C’est normal.

— Merci. Termina-t-elle en m’embrassant sur la joue.

Je ne lui fis pas remarquer que nous n’étions pas seuls. Elle s’éloigna avec Nathan, Emma s’approcha de moi, me pris dans ses bras et je posai ma tête sur son épaule. Tout ceci avait été très dur pour moi et elle le savait. Je regardai toutes ces familles en deuil et je compris à quel point j’avais été très éloigné de ma mère. Eux ils pleurent leurs proches, moi j’ai souri. Ils sont tristes, j’étais heureuse. Je raccompagnai les familles une à une qui me remercièrent d’avoir retrouvé leurs disparus. Ce fut une éprouvante journée. Tellement éprouvante que je voulus lire un instant dans ma chambre, mais je m’endormis immédiatement. Emma ne me réveille même pas pour le dîner.

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