Chapitre 24

6 minutes de lecture

Mes journées se ressemblaient sans cesse, c’était ennuyant à mourir. Tout ce que je voulais, c’était un peu d’action et il suffisait de demander. Alors que je travailler sur un énième document comptable, un soldat frappa à ma porte.


— Veuillez m’excusez de vous déranger, Votre Majesté, mais une femme demande à vous voir.

— Qui est-ce ?

— Elle dit s’appeler Valentine Bart. Elle est assistante sociale.

— Que peut bien me vouloir une assistance sociale ?

— Elle dit venir aux nouvelles. Savoir comment vous allez depuis la dernière fois.

— Donc elle me connait ? Installez là dans la Grande Salle, j’arrive.

— À vos ordres, Votre Majesté.


Quand le soldat quitta ma chambre, je me regardais dans le miroir, ajustais ma couronne et ma robe avant de rejoindre cette femme. Elle était plus petite que moi, les cheveux châtains et les yeux bleus. Elle était vêtue d’un ensemble noir et d’une chemise blanche. Elle me salua en me voyant entrer.


— C’est un honneur, Votre Majesté. Je suis rassurée de vous voir en bonne santé.

— Et vous êtes ? la questionnais-je sur la défensive.

— Vous ne vous souvenez pas de moi ? J’ai tout fait pour que vous ne retourniez pas auprès de votre mère. Malheureusement, je n’ai pas réussi.


Je l’avais enfin reconnue. La femme qui m’avait soutenue à l’hôpital après ma tentative de suicide. Celle qui m’avait protégé de ma mère le jour où elle était revenue me chercher.


— Pourquoi être revenue maintenant ?

— J’ai appris votre couronnement. Je n’ai jamais cessé de penser à vous. À ce que j’aurais pu faire de plus pour vous aider.

— Vous n’auriez rien pu faire.

— Et j’en suis navrée. J’étais jeune à l’époque. Je n’ai pas osé me mettre votre mère à dos. J’avais peur…

— Je sais. Vous aviez peur d’elle, comme tout le monde.

— Je suis aujourd’hui voire comment vous aller. Si vous avez besoin de discuter avec quelqu’un, je suis là.

— Pourquoi pas. Si je peux souffler un peu.


J’invitais l’assistance sociale de mon enfance à m’accompagner faire un tour dans les jardins. Le chant des oiseaux, le bruissement du vent dans les feuilles étaient apaisants. Depuis que j’étais au pouvoir, je ne prenais que peu de temps pour moi, ayant beaucoup de travail. Il n’y avait qu’en présence d’Océane ou grâce à Emma que j’arrivais à décrocher de mon bureau.


— Quelque chose semble vous tracasser, commença-t-elle.

— Si je vous dis que je suis déjà fatiguée de tout ça, vous me croyez ?

— Bien sûr. Ce n’est déjà pas simple d’être Impératrice, encore moins quand on doit réparer toutes les erreurs de sa mère.

— C’est ça qui me fatigue le plus. Il y a tellement de choses à faire. Et puis… non, ce n’est rien.

— Vous pouvez tout me dire. Je vous ai connu quand vous étiez au plus bas, n’oubliez pas.

— Merci d’avoir été présente, à ce moment-là, d’ailleurs. J’ai cru qu’elle m’accorderait enfin un peu d’importance si je tentais de me suicider. Mais je me suis rendu compte que quoi que je fasse, je ne serais jamais assez bien pour elle.

— Comment ça s’est passé après votre retour au château ?

— Rien n’a changé. Enfin si, j’ai eu droit à une servante que pour moi, Emma. Elle est aujourd’hui devenue ma meilleure amie.

— C’est important d’avoir des amis. En avez-vous d’autres ?

— Oui, Océane. Elle… elle compte beaucoup pour moi.


Je continuais à discuter avec elle une bonne partie de la matinée. Elle me laissa ses coordonnées si j’avais à nouveau besoin de lui parler. Ayant d’autres familles à voir cette après-midi, elle ne resta pas manger malgré ma proposition. Peu de temps avant l’heure de repas, je retrouvais Juliette dans son bureau.


— Est-ce que je te dérange ?

— Pas du tout, entre.

— Tu en es où dans tes recherches ?

— C’est compliqué, mais ça avance.

— Fais ce que tu peux, ne t’inquiète pas.

— Comme tu es là, j’aimerais te parler de quelque chose, entre amies.

— Tu peux tout me dire.


J’attrapais une chaise et m’assis à côté d’elle. Elle ferma l’ordinateur et se tourna vers moi, hésitant à me parler. Pour la rassurer, j’attrapais ses mains dans les miennes, comme Océane aimait le faire avec moi.


— J’aimerais que tu n’en parles pas à ma sœur.

— Je te le promets.

— Je ne lui ai pas dit, ni à ma mère, mais mes médicaments font de moins en moins effet. Selon mon médecin, le seul moyen de me sauver serait de m’opérer. Mais c’est risqué et ça coute cher.

— Et tu veux que je t’aide ?

— J’ai honte de te demander ça, Elena, mais je n’ai pas le choix. Ma mère ne pourra jamais payer l’intervention ni le traitement qui suivra. Je ne veux pas être un poids pour ma famille, plus que je ne le suis déjà. Si j’en parlais à Emma, elle prendrait un deuxième travail pour couvrir les frais médicaux. Mais je vois bien tout ce qu’elle fait déjà ici, pour toi. Je ne peux pas lui demander de sacrifier encore une fois pour moi.

— Quelle est cette opération ?

— Tout ce qu’on m’a dit, c’est que c’était une opération à cœur ouverte, mais qu’il n’y avait aucun chirurgien en Eryenne capable de la pratiquer. Je suis terriblement désolée de te demander ça Elena, mais sans toi, je suis perdue.

— Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout. Je ne sais pas comment, mais je vais m’en occuper, sans en parler à Emma. Préviens ton médecin d’accord ?

— Merci Elena, merci. Je ne sais pas comment te remercier.

— Continue de travailler pour moi, trouve la solution au problème d’internet et ce sera déjà très bien. Je ne connais personne d’autre que toi pour ce poste. Je compte sur toi.

— C’est promis.


Je déposais un baisé sur le front de Juliette, comme sa sœur l’avait tant de fois fait avec moi et la laissait reprendre son travail. Je me rendis à la bibliothèque essayer de trouver des réponses à mes questions, en vain. Je ne trouvais que peu d’information, mais parvint à trouver deux noms grâce à internet. Juliette n’avait pas résolu le problème, mais j’avais tous de même accès à plus d’informations. Pourtant, ses deux chirurgiens se trouvaient dans l’un des royaumes voisins et je ne parvenais à en trouver le nom. Ce n’est qu’après avoir discuté avec le général du palais que je pus obtenir des renseignements. Ils étaient au Royaume de Thérénia, au sud-Est de l’Empire. Il me donna même une adresse pour leur envoyer une lettre. Je retournais alors dans ma chambre. Une fois installé à mon bureau avec un paquet de feuilles et des stylos, je commençais à écrire. Je ne parvins à finaliser ma lettre qu’après plusieurs essais.


« Bonjour Docteurs,

Je m’adresse à vous, car j’ai besoin de votre aide. La sœur d’une amie est atteinte d’une malformation cardiaque et aujourd’hui ses médicaments n’ont presque plus aucun effet. Son médecin affirme que la seule solution est l’opération à cœur ouvert. N’ayant dans l’Empire d’Eryenne, aucun chirurgien capable de pratiquer cette opération, je voudrais savoir si vous, vous seriez capable de la faire. Cette demande m’a été faite personnellement, sans en informer sa famille, mais peu importe, je suis prête à tout pour l’aider.

Votre prix sera mien, ainsi que toutes les conditions que vous ajouterez. Si vous le souhaitez, une voiture impériale viendra vous chercher dans votre royaume et vous emmènera directement au château de l’Empire, où se trouve la patiente.

Pourquoi n’ai-je aucun chirurgien capable de pratiquer cette opération ? Ma mère, l’Impératrice-dictatrice de cet Empire, qui est tombé depuis peu, semble avoir interdit ce métier pour une raison que j’ignore encore. Il me manque malheureusement encore beaucoup d’informations.

Avec tout mon respect, l’Impératrice Elena De Stinley. »


Une fois la lettre écrite, j’envoyai un messager, accompagné de trois gardes et d’un chauffeur, porter cette lettre le plus rapidement possible aux deux chirurgiens de Thérénia. Ne sachant combien de temps durant le trajet entre les deux lieux, je ne m’attendais pas à recevoir une réponse dans la semaine.

Annotations

Vous aimez lire Le studio d'Anaïs ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0