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À chaque battement de cœur, la douleur irradie dans tout mon corps, jusqu'au bout des ongles.

À chaque battement de cœur.

Battement de cœur.

Mon cœur bat.

Je suis vivante.

Il faut que j'ouvre les yeux. Quand j'aurai ouvert les yeux ça ira mieux.

Toujours ce voile rouge.

Peggy est arrêtée au milieu de la rue. Une voiture qui arrivait en face nous a percuté. Au volant, une femme en sang, inconscientes. Morte ?

J'ai perdu connaissance.

Depuis combien de temps. Quelques secondes sans doute.

Je ne peux pas rester ici. Péguy ne repartira pas.

J'ouvre la portière, je décroche la ceinture et je me laisse glisser sur le sol.

Chaque geste me demande un effort surhumain. 

Et la douleur. 

Rester debout. Si je tombe, je ne me relèverais pas. 

Il faut que je me cache.

La porte cochère. Marcher jusqu'à la porte cochère. Sans tomber. On dirait que je ne saigne plus.

Encore trois pas. Deux. Un.

La porte est verrouillée. Je voudrais taper, crier mais je suis trop faible. Rester debout.

Je m'écroule. Je n'irais pas plus loin. Je vais mourir ici. Je saigne à nouveau.

Des dizaines de mouches s'agglutinent sur mes blessures. Des mouches ? Les poubelles.

Le bâtiment est construit en retrait des autres formant un renforcement. Dans l'angle, les poubelles s'accumulent. De grands containers et des sacs en vrac. Une montagne de sacs. Les camions chargés du ramassage ont rejoint la horde, eux aussi.

Je vais me cacher dans les poubelles.

Il faut que je me relève.

A quatre pattes.

A genoux.

Je suis debout.

Pliée en deux par la douleur. Prenant appui contre le mur je me traine jusqu'au premier bac. Je soulève le couvercle, libérant une nuée de mouches.

Dans un ultime effort je me laisse tomber dedans. Sous mon poids, les ordures se tassent. Le couvercle se referme comme celui d'un cercueil. L'obscurité m'enveloppe.

Le silence. Brouillé par le bourdonnement des mouches. Et autre chose. En dessous. Tout au fond du container. Ça s'agite, ça couine, ça gratte : des rats ! L'odeur du sang les excite.

La petite voix me dit : Tu vas mourir. Et je la crois.

Je vais mourir dans cette poubelle et les rats vont me manger. 

S'ils ont la patiente d'attendre que je meure avant de commencer leur festin.

Hugo s’est allongé près de moi et me susurre à l’oreille : Ne t’inquiète pas, c’est pas si terrible la mort, c’est qu’un mauvais moment à passer.

-Papa, j'ai peur.

Terriblement peur...

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