Chapitre 20

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Pas cette fois.

Le feu que crache le canon de son arme.

Le claquement sec des détonations.

Les étoiles sur le pare-brise.

Et la douleur fulgurante qui me déchire la poitrine.

La douceur poisseuse du sang qui coule.

Cette brulure glaciale qui me consume.

Je m'affaisse sur le volant. 

Quelque chose…

                       Embrayage.

                              …en moi…

                                           Première.

                                                   …ne veut pas…

                                                                 Accélérateur.

                                                                               …mourir ici.

Peggy fait un bond en avant. Percute Marc qui s'est avancé. Sa tête s'encastre dans ce qu'il reste de pare-brise. Il s'agite. Voudrait crier. Mais les morceaux de verre dans sa gorge transforment ses cris en un gargouillis baveux. Quand le choc contre le portail compresse ses poumons il me crache au visage un geyser de sang. Son corps glisse, comme aspiré par le sol et je lui roule dessus en franchissant les battant qui n'ont pas résistés. Seule sa mâchoire reste accrochée. Macabre sourire.

Le second soldat qui essaye de s’accrocher à Péguy est écrasé contre le pilier du porche et le troisième se jette en arrière dans le poste de garde en tirant. Je ne suis pas touchée, ou la douleur n’est plus une information nécessaire.

A gauche.

Accélérer.

Percuter le garde qui tire dans ma direction.

Défoncer la barrière.

Maitriser la trajectoire. A gauche encore.

A cet instant la vraie Péguy arrive, conduite par la vrais Annabelle.

Nous sommes face à face une seconde.

Elle a la bouche ouverte. Figée par la surprise et l’incompréhension.

Elle ne me ressemble pas du tout.

Il fallait être fou pour imaginer une seconde que je pourrais faire illusion et pourtant, ça a marché. Il m’aurait juste fallu une seconde de plus. Juste une seconde.

D'un coup de volant brutal qui m'arrache un cri de douleur je l'évite.

N'y va pas Annabelle, n'y va pas ! Ils vont croire que je reviens. Ils vont te tirer dessus ! Ils vont te tuer toi aussi.

Mais elle continue sa route. Et déjà le bruit des rafales… Désolé Annabelle, cette histoire ne te concernait pas, mais tu m’offre de précieuses minutes de répit.

Fuir

Toujours tout droit.

Tenir le volant malgré la douleur.

Toujours tout droit malgré ce voile rouge qui m'aveugle.

Je roule en sens interdit.

J'ai abandonné les autres. 

Je suis en train de me vider de mon sang, goutte à goutte la vie m’abandonne.

Et je pense que je roule en sens interdit ! 

Mais la voie est libre. 

Paris est désert.

Je revois ces troupeaux de voitures retournés à l'état sauvage fonçant à toute allure, dans un grondement assourdissant vers l'horizon, soulevant un nuage de poussière qu'on aperçoit à des kilomètres à la ronde.

Peggy fait des écarts, elle tressaille. Elle veut les rejoindre. Elle sent la liberté au bout de leur route.

Va, Péguy, va ! Je te rends ta liberté. Tu l'as bien mérité.

File les rejoindre et roule vers le soleil couchant sans jamais t'arrêter.

Emmène-moi avec toi s'il te plait.

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