chapitre 11

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C'est une patrouille comme il y en a de plus en plus en ville: deux soldats français en armes, ou des policiers, ça dépend. Un troisième en uniforme de combat mais sans aucune insigne qui marche deux pas derrière. Il les accompagne, mais semble les surveiller. Quand il parle français c'est avec un fort accent…

Et toujours un civil, avec un gilet jaune, ou juste un brassard jaune…

  Lui, je le connais… cette démarche… cette voix…il m'a reconnue aussi : il me regarde et marche vers moi. Mais il me faut encore une seconde pour reconnaître Hugo !

Trop tard, je ne peux pas esquiver la rencontre !

Il s'avance vers moi, rayonnant, bras ouverts.

Je vais briser son petit cœur de collabo et ça va forcément mal se passer. Je n'ai pas le temps, ni l'envie de faire dans la dentelle.

Je tourne la tête quand il veut m'embrasser et son baisser atterri sur ma joue. Il ne s’attendait pas à ça !

Son regard devient noir.

 - Hugo, entre nous c’est fini, il y a quelqu'un d'autre dans ma vie…

Sa mâchoire se crispe. Je suis en train de l'humilier devant ses "camarades de jeu" qui sont restés en retrait et observent la scène…

 - Tu es à moi Léa! J’étais le premier! il a la voix qui tremble de rage.

 - Je n'ai qu'un mot à dire et on t'embarque ! Et ce qu'il se passe dans les geôles en ce moment, c'est pas très beau…surtout pour une fille !

Je regrette de ne pas avoir un pistolet. Je le regarde sans rien dire. Je ne sais pas s'il ressent ma peur mais je suis terrorisée !

Le chef de patrouille s'adresse à lui :

 - Tout va bien Hugo ?

En les prenant par surprise et en courant très vite, je peux atteindre le coin de la rue avant qu’ils ne réagissent et après … advienne que pourra…

Il se retourne vers eux.

Il faut que je démarre maintenant !

 -Tout va bien…c'est bon…je la connais…

 -Alors on y va. On est pas au cirque !

Je m'écarte, les jambes en coton…Je n'aurais jamais pu courir !

Il me fixe dans les yeux en tendant l’index vers moi, sans rien dire, les dents serrées.

Ils s’éloignent. Hugo les rejoint en marchant en marche arrière pour ne pas baisser les yeux. Il passe son pouce sous sa gorge d’un geste menaçant et se retourne enfin.

  Je reste un long moment immobile sans savoir quoi faire puis je rentre à la maison.

Max est déjà là.

  Je lui raconte le contrôle, sans parler de ma relation avec Hugo… Malgré tout, je ne le hais peut être pas autant que ne le je voudrais. C’est mon premier amour. Si cette guerre qui ne dit pas son nom n'avait pas éclatée, nous serions toujours ensemble. Nous aurions fêté notre bac ensemble, nous aurions passés les vacances ensemble, nous aurions couché ensemble. Que se serait-il passé si je l'avais retrouvé dans d'autres circonstances, si nous n'avions pas eu à choisir un camp? J'ai honte de douter de moi, alors je me tais.

De toute façon, Max ne m’écoute pas…

- Il ne faut plus que tu sortes. C’est la guerre dehors!

On va bientôt passer à l’action. Ça va être notre premier sabotage.

- Qui ça, "on"?

- Peut importe, moins tu en sauras…

- Je n’en suis pas…

- Non… il faut que je fasse mes preuves d’abord. Après, je pourrais te "présenter" au groupe.

- Et tu le feras ?

- Je te le promet ! Soit patiente…

Je le crois.

  J’ai continué à sortir… En prenant un pistolet avec moi… même si la vie semble continuer comme avant j’ai réalisé que nous étions en guerre. Si c’est la guerre, autant être armée.

J’évite les patrouilles.

  Les militaires sont sur les dents.

Max pense qu’il faut que nous trouvions une autre planque. Nous allons finir par nous faire dénoncer par un voisin méfiant.

  Le téléphone a sonné trois jours plus tard. Nous étions toujours chez Marthe ...

C'était dimanche pendant qu’elle était à la messe. Nous faisions toujours l'amour le dimanche pendant qu'elle était à la messe.

Le samedi aussi, pendant qu'elle était au marché. C'était peut être un samedi, parce que le téléphone a sonné pendant que nous faisions l'amour…

A la deuxième sonnerie, je décroche.

Numéro caché.

 - Le 15 septembre, à 17h00, gare de Lyon, à Paris. Sous l’horloge. Avec le téléphone.

 Si vous n’êtes pas là il n'y aura pas d'autre rendez-vous.

Une voix d'homme, inconnue… puis plus rien.

Max me fixe le regard interrogateur .

 - Je suis embauchée...

 - Tu commences quand ?...

 - Dans 10 jours...

 - On a le temps de finir, alors !

Il m'attire tout contre lui et à cet instant, je ne désire rien d'autre!

Bientôt, je vais tuer un homme, mais je ne le sais pas encore.

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