Chapitre 10

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 Maxime a raison : j’ai l’air maline avec ma « promesse d’embauche » et ce téléphone qui ne "téléphone" pas, autour duquel j’organise ma vie…

Lui, n’a pas l’intention d’attendre qu’il sonne sans rien faire...

 Il m’a donné rendez vous à la sortie de son travail, mais loin de la boulangerie : sur le banc, devant la mairie de quartier. Il est déjà là quand j’arrive.

 - Tu as fini tôt ?

 - Oui, assied toi. Regarde, il va bientôt sortir…

 - Qui ?…

 - Le voila. Le gars, là-bas avec l’imper et la sacoche en bandoulière…

 - C’est qui ?

 - Y’en a des comme lui dans tous les bâtiment administratifs. Une espèce d’ambassadeur du    nouveau pouvoir. Ou un contrôleur, un conseiller, je ne sais pas. Il ne parle même pas français…, peut être russe ou polonais...

Il va marcher jusqu’à la boulangerie. Il va acheter une baguette et continuer jusqu’à l’arrêt de bus en mangeant son pain. Il va monter dans le 63 de 16h30 et descendre à l’arrêt de la gare. Il loge à l’hôtel en face. Chambre 221…

 - Tu le connais bien…

 - C’est sa sacoche qui m’intéresse… Il a un ordinateur dedans. Je vais le lui voler. J’ai besoin de toi…

Je vais faire ça dans le bus… En douceur, sans violence. Il faut juste que tu fasses diversion…

 - Comment ?

 - Tu t’assieds en face de lui… Tu ouvre un boutons de ton chemisier… Ça suffira… Je le connais bien, comme tu dis...

 - Tu ne veux pas que j’enlève mon soutien gorges aussi ?!

 - Si t…

 - N’y pense même pas !

 - Je plaisante… On fera ça demain… viens, je te montre où tu prendras le bus…

 Je suis dans le bus. Dans le fond, comme prévu, car prés du chauffeur il y a une caméra de surveillance... Normalement, il monte au prochain arrêt. J’ai posé mon sac sur la place en face de la mienne, pour que personne ne la prenne.

Il est là…, Max aussi...

Je défais un second bouton…

Quand il monte, j’enlève mon sac en souriant, comme une invitation à s’asseoir et je plonge le nez dans mon bouquin.

 Ça marche. Il s’assied en face de moi. Je ne lève pas le nez mais je sens son regard plongé dans mon décolleté. À l’arrêt suivant une femme monte, ni trop vieille, ni trop enceinte, mais il se lève pour lui laisser sa place. Il s’installe debout dans l’allée juste à coté de moi… La vue est meilleure…Il n’en perd pas une miette le salaud ! Bientôt, je vais sentir sa bave couler entre mes seins, si ça continue. Ça oblige Max à se déplacer.

 A l’arrêt suivant Max descend. Il abandonne ? Trop risqué ?… Pourtant le gars est ferré, hypnotisé. Qu’est ce que ce serait si j’avais enlevé mon soutif !!

Comme prévu, J’attends deux arrêts pour descendre à mon tour. En passant, je lui écrase consciencieusement le pied en m’excusant poliment…

Je ne reprends pas le bus, j’ai besoin de marcher.

 - Jeune fille, accepteriez vous de boire un verre avec moi ?

Un accent russe ! Je me retourne en sursautant.

C’est Max ! Il éclate de rire, content de son coup !

 - Allez, on rentre ! J’ai hâte de craquer mon nouveau jouet !

Il a réussi ! Je n’ai rien vu !

 - Tu n’étais pas obligée de défaire deux boutons…

 - Tu es jaloux ?

 - Non, mais…

- Si ! Tu es jaloux ! C’était TON idée, je te rappelle !

Craquer l'ordinateur, ne fut pas un problème pour Max… 

Pirater le wifi de la borne Taxi en bas de l'immeuble non plus. 

En quelques semaines, il est devenu le "prince" du Dark web. 

Les documents qu'il a trouvé dans l'ordi lui ont ouvert bien des portes. Sans être des preuves formelles du soutien logistique, ils établissent au minimum un intérêt très poussé de la Russie pour les putschistes.

Max est déjà entré en guerre… 

Il passe ses journées à la boulangerie et ses nuits à comploter sur le web.

Certains soirs, il s'absente, prétextant du travail à la boulangerie mais je sais qu'il a déjà des contacts et rencontre des gens en secret...

 - Ne t’inquiète pas, Je ne prends aucun risque...

 - J'ai confiance en toi, mais je m’inquiète quand même… Je peux t'accompagner ?

 - Non, il faut quelqu'un pour tenir compagnie à tata..

Je le déteste quand il me parle comme ça. Je sais bien qu’il veux juste me protéger et je respecte sa décision mais la situation est insupportable. Je ne sers à rien…

 Camille et Lucas me manquent. Si seulement j’avais un téléphone… Mais je me rends compte que je ne connais même pas leurs numéros : tout était enregistré sur mon téléphone… J’ai perdu la moitié de ma vie en le jetant !!

Je leur ai écrit une lettre, avec l’adresse de Marthe mais je n’ai pas de réponse… J’espère qu’ils sont en sécurité.

 Je zone toujours en ville… Juste pour avoir l'impression de faire quelque chose. Et parce que je ne supporte plus d’entendre Marthe radoter les souvenirs de la vie qu’elle n’a pas eu... 

 Et j'ai croisé Hugo… 

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