Chapitre 8

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« Il n'y a pas de bons ni de méchants. Simplement des gens qui pensent que les autres sont les méchants. Et vous êtes au milieu. »

Nous ne sommes plus au milieux. Nous avons basculé dans un camps. Je ne sais pas si c'est le bon, mais nous sommes dans le même et c'est l'essentiel.

Le jour s'est levé et nous sommes toujours dans les bras l'un de l'autre, lorsqu'on toque à la porte.

Max bondit. En 3 secondes il est habillé. Il reste immobile. Je me suis enroulée dans les draps. Nous nous regardons. Debout, immobiles. Plus un bruit. Nous restons longtemps comme ça, sans bouger. Rien. Nous avons peut être rêvé.

Nous descendons.

Les volets sont fermés, nous n'avons aucun point de vue sur l’extérieur. Doucement max tourne la clé dans le verrou, puis la poignée de la porte d’entrée qu'il entrouvre. .

Personne. En baissant les yeux, je vois le sac à dos sur le perron.

Je l'attrape et Max referme la porte.

Le petit déj est livré ! Du pain d'hier. C'était Camille . Elle n'a pas attendu.

Il y a un mot dans le sac.

« Je me doutais que vous seriez là. Mais je ne serais sans doute pas la seule à y penser. Papy vous laisse sa voiture. Elle est garée devant la maison prête à partir : les clés sont dessus et le plein est fait. Il dit que l’Espagne, c'est le mieux. Tu sais où habite son frère. Il dit aussi que tu peux rentrer tant que personne ne s'est aperçu que tu étais partie.

Mamie dit que ce serait plus prudent.

Je prendrais soin de Lucas mais prends soin de toi.

Je t'aime.

Camille »

Non, je ne rentrerai pas. Je joue avec le feu. Je me brûlerai peut être. Mais je ne reviendrai pas en arrière.

Maxime a choisit son camp depuis longtemps. Il essaye encore un peu de me convaincre de rentrer et de ne pas le suivre dans cette aventure, sans y croire vraiment, juste pour pouvoir dire qu'il a essayé. Je l'embrasse pour le faire taire.

 Nous avons pris la voiture le soir même.

Nous ne nous sommes pas réfugiés en Espagne. Nous avons choisit de retourner en ville.

Passer inaperçu ne fut pas un problème...

Le chaos règne en maître dans ville.

Des patrouilles d'hommes en arme sillonnent les rues. De temps à autres, une détonation retentit : quelque part, un fuyard est abattu…

On dit que l'accès au stade est interdit.

On dit que des centaines de prisonniers sont parqués là bas.

On dit que des familles entières ont disparu.

On dit que, la nuit, des pelles mécanique creusent des fosses dans les jardins publics pour qu'y soient enterrés les disparus .

En fait, on ne dit rien. Tout le monde se méfie de tout le monde et préfére se taire.

Mais l'information circule, impalpable et insidieuse…

Nous avons trouvé refuge chez la tante de Maxime. Marthe, une vieille fille de 87 ans

Elle perd un peu la boule…. Ses souvenirs de la guerre et ceux de mai 68 se mélangent dans sa tête mais son canapé lit suffit à notre confort. Elle est toute heureuse d'avoir de la compagnie, mais elle sera quand même soulagée de nous voir partir !

Maxime a retrouvé un ancien camarade, boulanger, comme lui. Il travaille dans sa boutique. Sans être déclaré, mais au moins, il y a du pain à la maison tous les jours malgré la pénurie...

Il s'est laissé pousser la barbe pour être moins reconnaissable. Il a cassé le nez d'un gendarme. Il est sûrement recherché…

Moi, papy et mamie n'ont certainement pas signalé ma "disparition " , alors je me sens plus en sécurité…

Pendant que Max travaille, je zone en ville.

Je suis arrivée jusqu'au commissariat central. Il ne reste que des ruines calcinées gardées par un cordon de militaires.

L'hôpital sud aussi a brûlé. Un lâche attentat selon la version officielle, un bombardement selon la rumeur publique…

Souvent, je me demande ce que sont devenus mes copines de classe. Je regrette de ne pas avoir gardé mon téléphone, après tout, plein de gens, dans la rue s’en servent… ce n’est pas encore interdit. Il y a juste internet qui est censuré : pas de Snapchat, Facebook et autre...mais j’aurais juste pu appeler pour avoir des nouvelles. J’aurais pu appeler papa aussi, mais il a du jeter son téléphone.

Il s'est laissé pousser la barbe pour être moins reconnaissable. Il a cassé le nez d'un gendarme. Il est sûrement recherché.

Il y a forcément, quelque part, des gens qui refusent d'accepter cette situation sans réagir, mais où ?

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