IV - Premiers doutes (5)

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« Si tu veux, on se prend un truc à la cafet. J’en ai vu une tout à l’heure.

— Ouais ! On fera ça.

  • Vous allez bien ? On a entendu des cris depuis presque une heure, quelqu’un s’est fait mal ? Demande Monsieur Morris.

— AH ! Parce qu’en plus, personne n’est venu vous avertir ? Quelle solidarité, j’hallucine. M’emportais-je.

— Calmez vous monsieur Péruwelz. Je sais que la journée est compliquée avec cette histoire d’inscription de votre sœur, mais, ce n’est pas une raison de s’emporter ainsi. Me répond le directeur.

— Monsieur Morris. On espérait que vous veniez, vous ou Madame Cresson, c’est très grave ce qui s’est passé. Explique Mathilde.

— On vous écoute mademoiselle Dreford » répond Madame Cresson

« Il s’est passé des choses étranges aujourd'hui, hormis cette histoire d’inscription, un élève est tombé dans les escaliers et se trouve à l’infirmerie. On ignore ce qu’il s’est passé mais toutes ses affaires sont éparpillées au rez-de-chaussée. Ben s'est énervé car on a conduit Mélanie à l’infirmerie avec Elsa, et personne n’a daigné ramasser ».

La direction est surprise, je les entends discuter. Mathilde est vraiment courageuse, moi la situation me terrifie et me met hors de moi, mais elle, arrive à garder la tête froide. La jeune fille assise à mes côtés se relève et m’incite à faire de même.

« Merci mademoiselle Dreford de nous avoir avertis, vous pouvez aller déjeuner. On s’occupe du reste. Remercie le directeur.

— Je souhaiterais vous aider pour ramasser les affaires de Mélanie, avec Mathilde. Si tu veux bien ?

— Avec plaisir ! Répond celle-ci fière de faire une bonne action.

— Bien ! Suivez nous alors jeunes gens » coupe monsieur Morris.

 Je me lève et remets mon sac sur mes épaules, nous pénétrons à nouveau dans le bâtiment accompagnés de la direction. La scène effroyable est toujours là, les deux adolescents se tétanisent en voyant le costume sombre du directeur et la tenue Yin Yang de son accompagnatrice.

« Pour la dernière fois, lâche moi, crétin

— Jamais ! Tu devras écouter mes prédictions d’abord, joli garçon.

— MESSIEURS AHNILD ET RIKNOV, DEBOUT !

— Mais Monsieur Morris ! Léo n’a pas été gentil avec moi. Il ne veut pas m’écouter, alors qu’il sait que je connais tout de lui.

—Il est taré ce gars, c’est pas possible. Je demande une mesure d’éloignement contre lui ».

 La réplique de Léo fait rire les spectateurs y compris la direction. Celle-ci va sévir, je le sens. Vu qu’ils prennent toute la place à faire leur combat de catch, je ne peux pas voir s’il y a des affaires de Mélanie qui traînent. Heureusement, c’est de courte durée.

« DEHORS ! Riknov chez le directeur, Ahnild aussi. Sinon avertissement.

— Madame Cresson, je…

— SILENCE ! RIKNOV dehors. SUR LE CHAMP. »

La directrice est agacée, elle veut qu'on récupére les effets de notre camarade. Damien se lève triste et écrase l’entre-jambes de Léo avec son genou involontairement. Je l’entends gémir de douleur et se relever avec difficulté. Pas de trace de la Connasse Glaciale et de son amie, elles ont bien joué leur coup ces deux-là.

« Dépêchez vous. Nous avons d’autres choses à faire » demande le directeur.

Léo ramasse son sac et part dans la cour suivi de près par Damien, qui ne se gênerait pas pour lui sauter dessus dehors. Je me demande quel est son problème. Une fois la voie libre, la direction s’échappe à son tour nous laissant Mathilde et moi seuls dans la salle. Les autres élèves ayant pris le pas.

« Je rêve ou ils nous ont laissés seuls ? S’exclame Mathilde surprise.

— La direction ne doit pas s’abaisser à la tâche d’aider à ramasser les affaires d’une adolescente blessée. Quelles pourritures.

— Ne t’en prends pas à eux. Ils doivent s’occuper du cas de Léo et de son copain. Me rappelle Mathilde.

— Tu le connais depuis combien de temps Léo ? Et la fille mystérieuse qui s’évapore à chaque fois ?

— Depuis ce matin, on s’est croisés dans le métro, c’est dingue. Hein ?

— Ouais comme tout ce qui se passe ici. Une sœur qui réapparaît, une élève qui tombe sans raison, une rentrée retardée. Youhou ! Trop belle la vie ».

 Agenouillé, j’attrape chaque affaire de Mélanie et la range dans le sac, je me résous à ne pas le fouiller. Peu importe le secret qu’elle renferme, je n’y toucherais pas. Mathilde m’aide, elle se lève, attrape un effet et le remet à sa place. La tâche en devient presque automatisée.

« Dis Mathilde, ils ne t’ont pas trop embêtée au sujet de ton retard ?

— Hmm ! J’aimerais ne pas en parler, j’ai déjà Alvarez sur le dos qui me flique comme si j’avais volé les bijoux de la couronne d’Angleterre.

— Elle a l’air assez sévère, ouais. »

Finalement, je crois que chaque pensionnaire se rappelle à vie sa première journée à l’Épi Noir. Ce lieu marque les cœurs et les corps, il faudrait qu’on se dépêche car l’envie de manger me reprend. En témoigne mon ventre qui joue sa complainte.

« Eh bah ! Pour quelqu’un qui avait perdu son appétit, l’envie de manger est toujours là. Se moque de moi ma camarade.

— Roh ça va ! Madame Remontrance, finissons de ranger ses affaires et emmenons-les lui à l’infirmerie. Après on ira à la cantine, j’ai besoin d’un repas consistant.

— Bien mister.

Mathilde se lève à nouveau pendant que je regarde le sac. Un feutre dépasse de la poche trouée, je le remets à l’intérieur et ma main se heurte à du plastique. En la ressortant, je lâche ma trouvaille, ma comparse me rejoint et s’agenouille à son tour.

« Ben ! Tout va bien ?

— Oui, je crois. Regarde ce que j’ai trouvé dans le sac de Mélanie.

— Tu as fouillé son sac ? On ne fouille JAMAIS le sac d’une fille. Tu as de la chance qu’elle n’en sache rien ».

 Le poids de la culpabilité me frappe le coeur, je m’étais juré de ne jamais fouiller son sac, mais qu’ais-je fait. Si Mélanie s’en aperçoit, je vais finir grillé comme du barbecue, il faut que Mathilde ne dise mot de mon péché, surtout que ça en fait d’elle ma complice, maintenant.

« Mathilde. Je t’en conjure, n’en parle à personne et surtout pas à Mélanie.

— Tu veux que je me salisse les mains pour toi ? Haha ! Okay, Mélanie n’en saura rien. Après tout, je ne la connais même pas.

— Merci. Tu me sauves la vie, là. Fis-je rassuré.

— Alors qu’est-ce que tu as trouvé, monsieur l’inspecteur ?» dit-elle curieuse, les yeux brillants.

 Je pointe du doigt des papiers étalés par terre, la jeune fille au regard d’azur les regarde attentivement. En les étalant, ma surprise est grande, parmi des tickets de caisse sans grande importance, deux captent mon attention.

« Regarde c’est une carte d’identité qui doit sûrement appartenir à Mélanie. » m’exclamais-je

— C’est marrant, ce n’est pas son nom qui est inscrit mais celui d’une certaine Dana. Dana Priskiell, Porskiel, je n’arrive pas à le lire.

— Étrange ! Tu sais à quoi ça me fait penser ?

— Non. A quoi ?

— A la réunion dans la cour du matin, avec ce quiproquo sur le nom de cette élève passe-partout.

— Ah oui pas bête. Tu crois que c’est lié à ta sœur disparue ?

 Les mots me heurtent l’âme, ma sœur disparue ? Comment Mathilde peut être au courant de cette histoire, je réfléchis, elle a du l’entendre de ma bouche. En ce moment, cette idiote n’arrive pas à garder un secret, bientôt toute l’école saura que ma cicatrice est le vestige d’un crime.

« C’est une hypothèse intéressante. Bref, on ne tirera rien de cette carte. Fis-je en examinant le reste des indices ».

Le second papier est identique au premier, une carte d’identité avec un autre nom commençant par L mais illisible également. Une question se pose : Pourquoi Mélanie possède deux cartes d’identités avec des noms différents ? J’espère que Mathilde a une idée.

« On sait déjà que son prénom commence par un L, quant au nom, tu arrives à le lire ?

— Il me faudrait une loupe et des appareils de la police scientifique pour réussir. Se moque Mathilde.

— Une idée de la raison poussant Mélanie à avoir deux cartes d’identité sur elle ? Qui possède plusieurs identités ?

— Les criminels » lance soudainement ma nouvelle amie.

 Je suis sous le choc, Mélanie une criminelle à l’instar des mafieux qui produisent des faux-billets ? Non. Irréaliste. Pourtant elle n’a pas été honnête sur ses liens antérieurs avec Barbara et Damien. Cette prétendue histoire de les avoir rencontrés à huit heures du matin sonne faux. Et je n’ai aucun témoin pour prouver ses dires.

« Tu crois vraiment que Mélanie, la même qui a fait sa chute spectaculaire serait en réalité une faux-monnayeuse ? Ça n'a pas de sens.

— Alors tu expliques comment ces cartes d’identité ? Elles sont authentiques, et ce n’est pas le nom de Mélanie qui apparaît dessus. Non, c’est celui d’une Dana et de Mademoiselle L dont on ne connaît pas le nom de famille. Ce qu’on va faire, c’est que tu vas ranger les cartes et tu poseras tes questions à la concernée.

— On pourrait aussi les prendre en photo. Ah ! Je n’aime pas ça, douter de Mélanie, elle qui me fait confiance.

— Pas tellement à ce que je vois. Désolée d’être brusque mais elle cache quelque chose. Si on se trompe, elle pourra nous éclairer sur la présence de ces cartes en sa possession.

— Mais bordel Mélanie, pourquoi tu as des fausses identités sur toi, tu veux finir en taule ? M’exclamais-je avant de me tourner vers Mathilde. T’as raison, prends les photos ».

Mathilde sortit son téléphone et prit en photo tout ce que l’on a trouvé, avant que je ne le range. Je constate qu’il est treize heures trente et Elsa n’est toujours pas revenue nous avertir du réveil de la blessée. Est-ce que je peux me regarder dans une glace après l’avoir trahie ? Suis-je pardonnable ?

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