IV - Premiers doutes (2)

7 minutes de lecture

 Qu’est-ce qui m’a pris ? Je deviens folle ou quoi ?

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » demandais-je à cette élève

  • Bah je ne sais pas trop, tu étais affalée sur ta table et l’instant d’après, tu as poussé un cri strident, on a de la chance que la classe d’à côté n’ait rien entendu.
  • Ouais, c’était bizarre, j’ai fait un genre de cauchemar. Bref ! Merci Ilory. J’imagine que c’est ton nom de famille.
  • Yep ! Toi c’est Dreford, la prof a l’air de bien t’aimer, elle t’a dans le collimateur. Reprenons donc depuis le début. Je m’appelle Maéva. Enchantée.
  • Mathilde. Merci Maéva de m’avoir protégée »

 Je fixe du regard ma sauveuse, un petit sourire illumine son visage, je souris aussi. Elle semble avoir mon âge et est plus petite que moi, je vais pouvoir la taquiner sur sa taille. La mienne me confondrait avec un garçon, je ne suis pas aussi immature qu’eux heureusement.

Maéva a une belle chevelure blonde cendrée, malgré sa frange qu’elle a coiffée à gauche, je peux voir ses yeux. Ils sont presque aussi clairs que les miens. Bleus cristallins pour ma part. Je retiens l’océan prisonnier si je veux être poétique.

Dans ses cheveux, je remarque la présence d’un serre-tête vert d’eau, très fashion, une fleur aux pétales violettes orne l’accessoire. Ses habits sont simples: t-shirt à manches longues bicolore, orange et noir, jean noir qui lui descend aux mollets et de basses converses azur. À son cou, un pendentif en forme de soleil doré brille et elle a des boucles d’oreilles en forme de trèfle orange.

Elle aime se maquiller, je devrais en faire autant des fois. Ses lèvres sont dorées à cause du rouge à lèvres, tout comme ses ongles qui sont orangés. Je vois aussi à son poignet droit un bracelet de nuance safran, les perles étoilées s’agitent.

« Tu es nouvelle ? » me demande Maéva

  • Ouais ! Je pense que le monde entier doit être au courant. Soupirais-je.
  • T’étais dans le groupe des trois retardataires ? Me taquine t-elle.
  • Oui ! J’imagine que ma réputation m’a précédée ».

 Nous rions toutes les deux et je la remercie encore pour m’avoir sauvé la vie devant la prof. Madame Alvarez fait signe de se taire et je regarde la feuille distribuée. Oh non. Je n’ai absolument rien écouté du résumé, vu que je faisais tout pour ne pas m’éclater le crâne contre mon bureau.

« Qu’est-ce qu’elle a dit la prof, au sujet du thème ? C’était quoi le résumé à connaître ?

  • J’avoue que je ne sais pas trop, je ne suis pas trop géopolitique ou truc du genre.
  • Tu as tort, c’est trop cool comme cours, sauf que j’ai eu super mal à la tête et je n’ai rien retenu ».

Mon amie, enfin Maéva me déçoit. Je ne peux même pas l’appeler ainsi, ça fait à peine dix minutes qu’on se connaît. J’angoisse, c’était quoi la date de création de l’UE, et les pères fondateurs. Mais pourquoi on parle de ça à la rentrée. Elle veut nous tuer Alvarez ou quoi ?

 [ Réfléchis Mathilde. Réfléchis. Ça doit pas être compliqué. T’adores ça la politique.]

Je ne me sens pas bien, les questions changent de place et inversement. Il se passe quoi aujourd'hui dans ma tête ? Tout est flou. Peut-être que je suis morte, et que l’autre tarée a pris ma vie.

Maintenant les chiffres, le neuf s’incline en bas et ressemble au 6, et puis quoi, mais qu’est-ce que ça veut dire, l’Espace Schengen déjà ? Roh là là, je dois me remettre à niveau, je ferais ça pendant la pause.

Oh ! Ça recommence à tanguer, arrête, fichu mur reste en place. NE BOUGE PAS. S’il te plaît. Il ne m’écoutera pas cet imbécile, et voilà, je repars dans la danse du décor. Ma migraine s’intensifie, je crois bien qu’elle va me faire exploser la tête.

« Il reste dix minutes »

DIX MINUTES ? Mais je n’ai même pas fait 1/4 de ce questionnaire de malheur, je ne vais jamais réussir. J’abandonne. Non Mathilde Dreford n’abandonne jamais, elle est persévérante, c’est ça qui la rend brillante.

OK ! Depuis quand je me parle à moi-même ? Je reprends confiance, qu’est-ce que ? NON ! Mais la CECA, ce n’est pas l’acronyme de la Communauté Économique des Crevettes Alcooliques. Quelle idiote !

Comment je vais faire pour réparer ça ? Où est-ce que j’ai mis mon effaceur. La main sur le front, je me sers de l’autre. AÏE ! Un bruit sourd s’entend, je crois que j’ai fait tomber ma trousse avec la règle en fer.

« MADEMOISELLE DREFORD ! Vous vous faites encore remarquer ? Vous voulez un mot sur votre carnet comme preuve de votre mauvais comportement ?»

  • J’ai fait tomber ma trousse. Excusez moi madame Alvarez » répondis-je angoissée.

Je me lève doucement et me déplace jusqu’au bureau de la prof, il fallait bien sur que cette maudite trousse se coince sous son bureau. En me baissant, je peux sentir les regards de certains élèves distraits, se concentrer sur mon postérieur. Je sens que je vais leur mettre des claques, à la fin du cours.

La trousse récupérée grâce à mes aptitudes de sportive, je peux me rasseoir. Sauf que j’ai déjà perdu cinq minutes à sécher sur la question 6 et 7, et que je ne pourrais pas remplir le paragraphe argumenté de la 8, sur la raison de l’euro-scepticisme.

Maéva à côté doit aussi ramer. Je ne vais pas tricher, ce n’est pas dans ma nature. Oh non ! La migraine me reprend, je passe la question 8 et m’essaie à la 9. Quelles sont les deux puissances qui s’affrontent à la création de l’UE. Elle est sadique cette prof, l’ordre chronologique n’est pas respecté.

Mes yeux me brûlent, je les ferme pour éviter de péter un plomb. Je porte une main à ma tête et me masse les yeux en me concentrant sur ma respiration. J’ai lu ça sur Internet, apparemment ça marche.

Un cri retentit et me sort de ma transe méditative, qui veut me rendre chèvre ? Que le coupable se lève et s’excuse.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH! QUI A OSÉ FAIRE ÇA! QUE LE COUPABLE SE MANIFESTE »

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

BEN

Classe du groupe JINX

 La classe est euphorique depuis l’annonce de Madame Clyze, moi y compris. Je vais enfin pouvoir continuer mes investigations au sein du pensionnat et approfondir mes connaissances de cet endroit, et du lac. Le mystère des lumières bleutées n’aura plus de secrets pour moi.

Midi vient de sonner. Le moment que j’attendais, sortant de la classe le premier, mes pas se figent devant la porte. Elle ne devrait pas trop tarder, ma nymphe au tempérament foudroyant. Qu’elle fasse vite, mon ventre commence à gargouiller.

Je souhaite en apprendre plus sur Mélanie, et surtout savoir ce qu’elle me cache. Elle connaît Damien et Barbara plus que je ne le pense, mais comment lui demander sans paraître intrusif, elle qui m’accusait de ne pas lui faire confiance. Cette fille m’intrigue autant que ce qu’il se passe ici.

Quoi qu’il en soit, j’irais après le repas au CDI et à la bibliothèque, si je dois trouver quelque chose, ce sera là-bas. En attendant, je navigue sur mon téléphone, des voix se forment derrière moi, la tonalité douce de l’une me fait penser à quelqu’un.

« Oh ! Bah ça va, trop cool ce cours »

  • Si tu t’étais retenu de te faire remarquer, il aurait été meilleur. Maintenant, lâche moi, je viens d’apercevoir Ben ».

« EH Ben ! »

La même voix m’appelle, je lève les yeux et reconnaît Elsa. Mon ouïe doit être correcte malgré ce qu’on nous rabâche comme conseils : ne pas mettre la musique trop fort avec le casque. Bref ! J’espère que Mélanie va apparaître sur le champ, car ma patience a des limites. Quand j’ai faim, j’ai faim.

« Salut Elsa. Alors c’était comment le cours ?

— Tranquille. Mélanie n’est pas avec toi ?

— Non je l’attends pour aller déjeuner. Et toi ta voisine ne te suis pas ?

— Ma voisine ? Ah oui la fille mystérieuse que personne ne connaît. C’est un fantôme. »

 Je me sens mal tout d’un coup, un fantôme, spectre qui revient me hanter. La prédiction du voyant doit être vraie, je dois connaître ma rédemption, avec les cours et l’annonce, j’avais totalement oublié ce mystère principal. Est-ce que Julia est dans mon école, oui ou non.

« Ben ? Ouh ! Ouh !

  • Hein ? Oui le cours était sympa, excuse moi Elsa, mais j’ai très faim. Je vais donc aller m…
  • VOTRE ATTENTION S’IL VOUS PLAÎT ! OYÉ ! OYÉ ! Chers pensionnaires de l’Épi Noir. L’Altesse Glaciale Barbara Castrella va faire son apparition ».

J’en reste sans voix, Géraldine en tant que crieuse publique, voire hurleuse, m’a littéralement perforé un tympan. Et moi qui pensais me bousiller les oreilles qu’avec ma musique. Une foule d’élèves suit la Givrée qui sort de la salle, je suis surpris que ce raffut n’ait pas ameuté la prof ou le directeur.

« Non mais je rêve » s’emporte Elsa

Le regard charnel du blondinet me scrute, je sens ses iris vertes remplies d’extase m’analyser en profondeur. BRRR ! J’en frissonne de dégoût, tout le monde est absorbé par cette scène ridicule, Barbara qui joue la princesse. Qu’elle aille pourrir dans un conte de fées. Vilaine sorcière au palais gelé.

« Veuillez accueillir avec le plus de respect possible, l’Altesse Glaciale, Barbara Castrella qui nous vient tout droit d’Helsinki. Jolie contrée suédoise ».

  • EUH ! Géraldine, Helsinki ça se trouve en F… » corrige une des fidèles.
  • On s’en fiche. Ferme là.

 Je secoue la tête, elles sont bien calées en géographie ces Givrées, Elsa en est morte de rire tout comme la plupart des élèves qui n’ont pas succombé à la folie. Certains conseillent même à Géraldine de devenir prof, celle-ci reprend sans se laisser démonter.

« Barbara Castrella est arrivée, inclinez vous face à elle. »

La concernée qui a pris une posture de reine lui lance un mauvais regard. Il ne faut jamais oublier le surnom donné qui la caractérise, sinon l’enfer va surgir des eaux glacées de Finlande. Bon, elle fiche quoi Mélanie, j’ai autre chose à faire que de voir ce spectacle affligeant.

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