Suis-moi et je serai à toi.

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Une fois bien installés dans nos fauteuils, il reposa son regard glacial sur moi avant de reprendre la parole.

-Au vu de ta conduite, j'ai compris que tu étais différent de ton ami, qui selon Éric, a accepté rapidement la situation. Tu as l'air d'être... disons, terre à terre. Tu m'as accusé à deux reprises de t'avoir drogué parce que tu cherches une explication logique à tous ces événements et que tu refuses de croire à ce qui est pourtant sous tes yeux. Je vais essayer de t'expliquer ce qui t'arrive. Comme je te l'ai dit hier, je m'appelle John Dubois et que tu le veuilles ou non, je suis un vampire.

Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel et je le vis alors se renfrogner. Il fallait vraiment que je fasse attention à mes réactions ! Après tout, je ne savais pas comment il pouvait réagir si je le mettais trop en colère ! Et vu comment il était baraqué, il valait mieux faire attention, cela serait mieux pour moi, je tenais tout de même à ma vie !

-Je vois que tu ne me crois toujours pas malgré la morsure... J'ai pourtant deux-cent-quarante-trois ans et j'ai été transformé lorsque j'en avais trente-sept durant une situation... particulière que je t'expliquerai plus tard. Ce n'est pas important pour le moment mais ce qui s'est passé m'a fait réaliser l'importance qu'avait la famille et depuis, j'essaie de veiller sur la mienne, sur les membres qui en font partie, comme je le peux. C'est de cette manière que j'ai rencontré Éric sur un champ de bataille, il y a cent ans, et que je l'ai transformé afin de lui sauver la vie. Depuis, nous sommes de proches amis en plus d'être de la même famille.

Cent ans ? S’il s’agit de la France, cela correspond à la Première Guerre mondiale, réalisai-je. Il se fout vraiment de moi... Je l'entendis soupirer avant de reprendre :

-Je possède plusieurs maisons à travers le pays, et je suis venu dans cette ville pour affaires, je m'occupe de la vente d'œuvres d'art. Il y a quelques jours, Éric m'a contacté pour me prévenir qu'il avait trouvé son calice, qui se trouve être ton ami, Sébastian. J'étais invité à venir le rencontrer hier, tard dans la nuit, sans doute une fois que tu aurais été parti. N'ayant rien d'autre de prévu pour ma soirée, je me suis décidé à partir plus tôt afin de visiter le coin, de voir où il vivait, de passer le temps, tout simplement. C'est là, alors que je traversais un parc qui n’était pas très loin de l'appartement de Sébastian, que j'ai senti ton délicieux parfum que seul moi, ton vampire, peux sentir. Chaque vampire a un humain qui lui est destiné et que l'on nomme un « calice » parce qu'en devenant le compagnon de son vampire, l'humain devient également sa source de vie et il a ainsi le devoir de le nourrir. Toi comme ton ami, c'est ce que vous êtes.

Il marqua une légère pause, le temps de détailler mon visage. Essaie-t-il de lire mes expressions ? me demandai-je, légèrement angoissé. Lucas, ça va aller. Reste calme, impassible, ne montre rien.

-Le calice est un humain destiné à un vampire. Il ne peut pas devenir lui-même vampire, mais il devient à la place, un calice, c'est-à-dire un entre-deux, entre vampire et humain. Une fois transformé, rien ne changera vraiment pour lui, la différence sera qu'il ne vieillira plus et vivra aussi longtemps que le vampire auquel il est lié. S'il est mordu par un autre vampire que le sien, alors il reste humain jusqu'à ce qu'il rencontre son destiné qui le changera. Un vampire n'a qu'un seul calice dans sa très longue vie et généralement, il le rencontre durant le premier siècle après sa transformation. Cependant, pour moi, cela a été beaucoup plus long... termina-t-il en détournant son regard du mien.

Ok... Ça s'annonçait mal, il était complètement cinglé... Peut-être qu'en lui laissant penser que je le croyais, j'arriverais à l'amadouer pour m'enfuir !

-D'accord... Est-ce que les vampires sont comme dans les livres ou les films ? demandai-je, faisant semblant d'être curieux.

Je vis son regard surpris. J'avais peut-être été trop rapide à lui faire croire qu'il avait réussi à me convaincre. Lucas, ok, tu n'es pas acteur mais essaie d'être plus crédible...

-Sur certains points, oui. Nous vivons effectivement très longtemps, nous nous nourrissons de sang et nous sommes transformés par un autre vampire. Mais nous ne dormons pas dans des cercueils, n'importe quelle arme qui nous transperce le cœur peut nous tuer comme pour les humains, pas besoin d'un pieu, et la lumière du soleil ne peut pas nous faire de mal, nous vivons juste à l'envers de vous puisque nous dormons le jour et vivons la nuit. Les ténèbres nous vont bien, notre instinct vampirique nous conduit à aimer particulièrement la discrétion. Si des histoires sont racontées sur nous, cela est seulement dû à certains de mes congénères qui se sont amusés à parler de notre existence afin de laisser une trace dans ce monde, c'est tout. Et puis, certains humains sont nos amis, tu en rencontreras bientôt.

Le silence se fit, et je n'osais pas parler. Il me fixait et son regard glacial me faisait froid dans le dos.

-Lucas, je sais que tu fais semblant et que tu ne me crois pas. Je t'ai pourtant montré mes canines, je t'ai mordu, et tu ne me crois toujours pas.

C'était une affirmation, mais comment pouvait-il le savoir ? Mon visage était si lisible que ça ?! Mon cœur commença à s'emballer.

-Avant tout, sache que tout à l'heure, j'ai perdu le contrôle. Le lien est vraiment fort parce qu'il est apparu tard dans ma vie, et je suis bien plus vieux que la plupart des vampires qui rencontrent leur calice, c'est pour cette raison que la situation est... délicate, bien plus que dans le cas de Sébastian et Éric. Je ne sais pas jusqu'où cette attirance peut aller tant que le lien n'est pas créé. Je ne pourrai sans doute pas résister très longtemps.

Résister à quoi ? Je ne comprenais pas grand-chose à ce qu'il me disait ! Il soupira et reprit :

-Bien, j'ai dit ce que j'avais à dire. Maintenant, je pense qu'une démonstration s'impose.

Une démonstration ? Je le vis se lever et mes mains se crispèrent sur les accoudoirs du fauteuil. Qu'est-ce qu'il allait encore me faire ?

-Lève-toi.

Sa voix, et cette sensation qui s'emparait de moi... Je ne pouvais plus contrôler mon corps, mais je me sentais si bien, je ne ressentais plus de peur, seulement du bien-être, comme si je me trouvais désormais à ma place, et je ne pus que lui obéir.

-Approche.

Je comblai la distance qui nous séparait, ne pouvant faire autrement. Une fois arrivé à quelques centimètres de son corps, je me stoppai, plus figé qu'une statue. Il leva alors sa main et me caressa la joue tendrement avant de passer ses doigts dans mes cheveux.

-Lucas, tu crois toujours que je t'ai drogué ? Pourtant, tu n'as rien bu ni rien mangé depuis que tu es ici, et il y a quelques minutes, tu te sentais dans ton état normal. Alors, comment peux-tu expliquer ta soudaine obéissance, toi qui sais aussi te montrer désinvolte avec moi, hum ?

Je n'en avais aucune idée, je ne savais plus quoi penser. Je n'arrivais pas à reprendre le contrôle de mon corps. Comment était-ce possible ?

-Regarde bien.

Ne pouvant détourner le regard de son visage, je vis ses beaux yeux verts devenir dorés avant qu'il n'entrouvre la bouche. Ses canines s'allongèrent sous mes yeux, si près de moi que je doutais de plus en plus qu’il s’agisse d’une hallucination ou d’une illusion d'optique.

-Ceci est réel. Je suis un vampire et tu es mon calice. Le lien se créera, que tu le veuilles ou non. Je vais te laisser un peu de temps pour t'y faire, mais que tu sois d'accord ou pas, je finirai par procéder aux deux étapes qui enclencheront le lien et le scelleront pour toujours.

Deux étapes qui enclencheront le lien et le scelleront pour toujours ? De quoi est-ce qu'il pouvait bien parler ? Je ne pouvais même pas le lui demander, car j'étais dans l'incapacité de prendre la parole. Si mes élèves me voyaient comme ça, ils en profiteraient sans doute pour faire des photos et les mettre sur internet....

Cet homme retira sa main de mes cheveux et s'éloigna légèrement de moi, me sortant de mes pensées.

-Passons à la démonstration. Je vais te faire accomplir une chose que tu ne ferais certainement pas dans ton état normal. Puis je relâcherai mon contrôle mental sur toi avant de te le réimposer pour que tu n'aies plus de doutes sur moi, sur nous, puisque tu as l'air d'être particulièrement têtu.

Il me regarda, l'air déterminé. Qu'allait-il faire ?

-Déshabille-toi.

Quoi ? Et sans que je ne puisse m'interposer contre son ordre, me retrouvant complètement à sa merci, j'entrepris de retirer le pull qu'il m'avait prêté...

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