CHAPITRE 27 : Uglylegibier Jésus Ba-Marcon lac de Taciphrène.

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« Cette nuit il faut que je m’évade ou que je me tue, servir de gibier, être écorché vif s’en est top pour moi. » pensait Uglylegibier.
Il était attaché pieds et poings liés la tête dans un sac. Animal destiné à l’instruction des guerriers et des bourreaux finir comme trophée tel était sa destinée il faisait partie de la caste des gibiers de la sous classe des gladiateurs et du groupe des vélites.
Sur l’île de l’effroi où on l’avait lâché avec deux autres compagnons d’infortune pour les exercices du maître traqueur Jésus maître bourreau des hautes terres et son nouveau disciple.
Il avait été le dernier capturé pris dans le piège d’un filet alors qu’il tentait d’escalader le mur qui clôturait l’île.
Il n’avait aucune arme et il avait était savamment drogué. Sinon il aurait vendu sa peau bien plus chère, mais tout n’était pas encore joué, il espérait bien mordre avant hallali, il ne serait pas dit qu’Uglylegibier serait un agneau.
- Et le premier que vous avez pris qu’allez-vous en faire maître ?
- Il faut bien nourrir nos iotas et nous avons une commande du temple de Baal Amon les prêtres ont besoin de peau humaine pour la rédaction de leurs rouleaux sacrés. On a attrapé toute nos proies, par contre tu as trop abîmé la première il va falloir l’achever rapidement. Heureusement tu n’as pas touché à sa tête, cela fait partie des trophées. Quand tu en auras trente tu auras fini ton noviciat et tu seras alors apprenti de première classe, soixante de plus et tu seras aspirant bourreau. Tu sais cela peut être très rapide une petite révolte, une guerre ou une grosse commande pour un temple et tu as vite fait de monter les échelons et d’arrondir tes émoluments. Tu vois tout et bon dans le bonhomme, on va le saigner comme cela on aura de quoi boire et faire la cérémonie. Je vais te montrer tu as encore beaucoup à apprendre regarde bien. D’abord tu vas leur retirer le sac qu’ils ont sur la tête. Il faut qu’ils voient et qu’ils entendent. Cela fait partie du rituel, je préfère les écorcher quand ils ont la chair de poule. La terreur a ceci de bon qu’elle raffermie la peau et je trouve que cela fait un bon cuir ou plutôt un bon parchemin. Et j’aime faire mal, c’est pour moi un plaisir ineffable. Tu verras, c’est presque aussi bon que baiser. Dommage j’aurai du commander quelques femelles ça aurait été très amusant quelle joie voir leurs yeux affolés entendre leurs suppliques et leurs cris. Guetter cet instant ou la vie les quitte mais ce sera pour une autre fois.
- C’est fait maître et maintenant, que dois-je faire ?
- Bien, tu vois nous sommes au centre du cercle des mégalithes de pierres rouges. Sur chaque pierre levée il y a des anneaux scellés alors tu les attaches entre chaque monolithe bras et jambes bien écartés fait attention ils sont encore dangereux. Attends je vais t’aider nous ne serons pas trop de deux.
- Pourquoi ne pas demander de faire cela à nos esclaves ?
- Ne jamais faire confiance à ces êtres de basse extraction tu devrais le savoir apprenti. Tu dois considérer que nous sommes des artistes, tuer c’est très facile, vraiment très facile, nous devons tuer en temps voulu quitte à prolonger l’agonie et ça c’est tout un art. Le musicien joue de son instrument, nous c’est la chair humaine que l’on fait chanter
- Pourquoi m’avez-vous fait traquer Paponus maître, s’était un bon porteur.
- Sang de Baal ! Pour deux raisons, d’abord il commençait à être vieux et surtout je l’ai surpris en train de faire du feu, et tu sais que les esclaves n’ont pas le droit de faire cela. Quant aux iotas je ne t'en parle même pas.
Ne perd jamais de vue que dans nos régions les esclaves sont plus bas que les animaux. En plus il est de père et de mère serviles. Ce sont des bêtes de somme et seuls les hommes libres maîtrisent le feu. À la rigueur nos ilotes ont la permission de le conserver. Pour les iotas c'est pire ce sont des chiennes à qui nous limons les dents en pointes et que nous utilisons vraiment comme des bêtes.
Une fois leurs captifs solidement enchaînés ils s’arrêtèrent et contemplèrent leur œuvre avec satisfaction.
Ils firent un feu près du tophet* (Sanctuaire où l’on pratiquait des sacrifices humains) central à l’endroit où ils avaient monté leur campement.

Ba-Marcon avait nagé longuement au jugé dans la direction qui pour lui était celle de la berge.
Bien que Cimmérien il grelottait, l’eau du lac de Taciphrène était vraiment très froide surtout en cette saison de la débâcle des glaces du nord.
Au bout de ce qui lui sembla une éternité, il atteignit la rive.
Il resta là à nager, longeant la plage, cherchant un marécage, une forêt de joncs, un amas de troncs morts, un lieu où il pourrait se cacher.
Car quand le jour pointerait il serait visible et donc vulnérable.
Il trouva sa chance, une berge glaiseuse effondrée encombrée de troncs de bois morts, alors patiemment, avec son glaive il entreprit de se creuser une petite niche à fleur d’eau ou il pourrait se dissimuler.
À tâtons il accumula un grand nombre de débris autour de lui.
Pour l’instant juste survivre, se camoufler attendre et récupérer des forces.
Mais il pensait qu’il n’était pas qu’une âme chétive portant un cadavre, comme le disait si bien un philosophe fataliste.
Ba-Marcon n’était pas homme à rester à grelotter de froid ou de peur.
Aussi comme un ver blanc il sortit de sa gangue de glaise. Il était avant tout un prédateur et la nuit était pour lui comme pour tous ses congénères la meilleur des alliées, l’épée au poing il allait reconnaître les environs.
Couvert de boue et à demi nu, avec seulement le blanc des yeux pour éclairer ce visage ordinairement laiteux, il avait des airs de Golem* sa longue silhouette nerveuse se déplaçait par bonds silencieux.
Il arriva sur une sente. Il se maudit d’avoir abandonné ses bottes dans le lac. Il n’avait plus l’habitude de marcher nus pieds et cela l’irritait de s’être à ce point civilisé, cette révélation le mit plus en rogne que d’être seul en territoire hostile.
Il se cogna contre un haut mur.
« Que faire ? L’escalader ? Le longer ? S’en éloigner ? D’abord quel type de mur était ce ? Était-il là pour empêcher d’entrer ou de sortir ? »
À priori il était là pour empêcher de sortir, car de son côté point de fossé, point de stimuli, point de chausse-trappes, point non plus de cervi et les arbres poussaient trop près de la muraille.
Il la longea durant dix bonnes minutes, enfin il trouva ce qu’il cherchait... Un bel arbre dont les branches hautes passaient au-dessus de l’enceinte.
Il s’écorcha en l’escaladant, faillit tomber, se rattrapa de justesse, maudit tous les saints qu’il connaissait et enfin rampa sur une maîtresse branche.
Accroupi dos contre le tronc il commença vraiment à récupérer.
Il entrait en méditation, se laissant pénétrer de l’esprit des lieux, tous ses sens en alerte n’étaient que le prolongement des ramures. Il pouvait observer les alentours avec la même acuité que le harfang des neiges, et même par cette nuit noire c’était pour lui chose aisée, là sur sa droite à un stade la lueur d’un feu de camps.
Et cette odeur, une odeur de viande grillée qui lui rappela sa faim.
Tant pis il se promit de jouer le tout pour le tout, il irait vers cette lueur qui l’appelait comme la flamme de la chandelle convie le papillon à la danse macabre.

- Bien regarde bien comment on égorge une victime. Tu vois je pourrai prendre un couteau ou une lame fine, mais vois-tu j’ai une autre technique plus propre mais beaucoup plus douloureuse et tu peux faire durer le plaisir. Je prends ce fil en soie d'araignée du Moggave que j’ai attaché à deux poignées. Tu fais un seul tour autour du cou de ta proie et tu écartes les bras en tirant fort sans à coup et de façon continue.
Il s’interrompit et à l’oreille de sa victime il murmura :
- Que tous les malheurs tombent sur toi, que nous allons manger, je te couperai la tête, je ferai rôtir ta chair, ainsi une dernière fois tu me contenteras.
Disant cela il mettait en application le geste à la parole.
Seul un filet de sang goutta le long du fil tendu. Il s’arrêta.
- Tu vois il est mort et il ne sait même pas.
- Mais Saigneur Jésus il vit encore, je le vois bien. Seul quelques gouttes de sang sont tombées !
- À jeunot, par les couilles du Minotaure, regarde et prends-en de la graine.
Il saisit les cheveux du supplicier et tira la tête en arrière, alors au niveau du cou cela bailla comme une bouche que l’on aurait grande ouverte et à gros bouillon des flots de sang en jaillirent.
Le prisonnier tressaillit, s’agita, et s’affaissa mort retenu par ses liens tout ceci sans un cri peut être un grognement peut-être parce qu’on lui avait coupé la langue.
- Tu vois si j’avais voulu faire durer le supplice je n’aurai pas tiré sur ses cheveux. Alors il serait mort plus lentement son sang aurait rempli ses poumons et il serait mort étouffé noyé tout doucement. Regarde bien apprenti, sa tête ne tient plus que par les vertèbres que mon fil a largement entaillées. Tu peux t’amuser à lui faire faire un tour complet, pense que tu seras un maître bourreau quand tu pourras faire cela tout en le maintenant en vie. Bon maintenant il fait faim. Tu l’écorcheras je verrai si tu as bien retenu mes leçons.
Il se tut et siffla aussitôt une iota sortit de la pénombre.
Le bourreau fit un signe et elle alla prendre dans les bagages une petite hache pour finir de couper la tête.
Deux coups suffirent pour quelle tombe à ses pieds.
Il la ramassa, il fallait qu’il la prépare, qu’il la momifie pour son trophée, une de plus, une parmi les centaines qu’il possédait déjà. Il voulait en faire comme c’est la coutume dans son clan une pyramide que l’on érigerait sur le tertre de son tombeau, cela assoirait sa gloire posthume.
Cela lui garantirait un bonheur éternel, la possibilité d’être un grand tourmenteur au sein des enfers.
Mais tout d’abord il devait s’occuper du cadavre.
L’apprenti avec un fin couteau incisa la peau sur le profil et des deux côtés.
Il changea pour un fort coutelas, lequel lui servit à pratiquer une large et profonde coupure aux talons d’Achille. À cet endroit il passa sous la peau deux doigts de chacune de ses mains et dans un mouvement rapide sans hésitation remonta, retournant et décollant la peau du dos.
- C’est bien, tu peux arrêter, de toute façon c’est une peau d’esclave les prêtres n’en voudront pas, je voulais simplement vérifier tes capacités, les deux autres prisonniers sont des gladiateurs leurs peaux sont plus dignes à être utilisés par les prêtres.
- Bien maître, que dois-je faire de cette peau ?
- Ce que tu veux, pour les deux autres, c’est à vif qu’il faudra opérer, et ce sera demain au lever du soleil. Puis après une pause il reprit : Vous autres, venez-vous occuper de votre bouffe !
À ces mots quatre femelles s’approchèrent du corps.
Elles coupèrent les liens qui retenaient le supplicié, s’en emparèrent, le traînèrent auprès du feu, l’y jetèrent un instant puis elles lui grattèrent ce qui lui restait de peau, l’une d’elles lui enfonça un bâton dans le cul pour que rien ne s’en échappe.
L’apprenti prit une hache et coupa les quatre membres que l’on mit de côté pour plus tard les fumer.
On ouvrit par le ventre ce qui avait était un homme et les quatre femmes prirent les entrailles, les mirent à cuire pour en préparer une espèce de bouillon qu’elles se partagèrent bruyamment.
- Tu vois je ne donne à mes iotas que de la chair humaine, c’est pour moi une économie non négligeable. Comme moi tu seras fonctionnaire et au lieu que ta solde passe à les nourrir pense que tu as à ta disposition quantité de corps et en plus pas de fosses à creuser.
- Mais maître elles acceptent facilement d’être cannibales ?
- Bien sûr je les prends petites ; elles ne connaissent que cette viande et je suis certain qu’ils n’en veulent point d’autre. Je crois même que c'est dans leur nature. Regarde comme elles ont l’air contentes, dommage, elles ne peuvent rien te dire, je les ai fait piquer, tu sais on leur enfonce une aiguille dans le crâne et dans ce trou on vers une potion cela leur ôte la parole et cela les rend plus dociles. C’est assez que nos femmes jacassent, je ne vais pas en plus me faire cassé les oreilles par des riens du tout, de toute façon elles n’ont rien à dire juste à exécuter mes ordres. Imagine le temps gagné, pas de bavardage pas de sédition. Je te conseille d’en faire autant, en même temps cela te forme. Le nombre de langues médisantes que j’ai dut tranchées parce qu’elles avaient manquées de respect à notre grand roi, que les dieux le protègent en leurs saintes gardes ; je ne les compte plus. Tu vois nous formons une caste à part nous ne pouvons pas permettre que des bruits courent dans notre dos. La au moins pas de risque.
- Vos paroles sont sages, j’en ferais mon miel. Quand les piquez-vous ?
- Vers dix ans. Trop tôt ça les rend crétins. En cela je suis les très saints préceptes de notre divin Subarnipal grand Cakravartin. D’ailleurs tous les esclaves des mines n’ont-ils pas la langue tranchée ainsi que tous ses galériens qui en plus ont les yeux crevés. Depuis il y a beaucoup moins de révoltes serviles.
Leurs entretient prit fin quand Ba-Marcon surgissant de nulle part comme le diable marmoréen qu’il était hurlant à la nuit, l’épée à la main fit voler deux têtes dans l’obscurité.
Personne ne prit la peine de les chercher.
Elles allèrent rouler près d’une fourmilière pour laquelle se fut un don du ciel, bientôt il ne resterait rien de ces macabres collectionneurs de têtes.
Pas même leurs corps qui seraient dévorés par les iotas.
Quand quelques jours plus tard des soldats abordèrent l’îlot ils ne trouvèrent rien hormis quelques esclaves atteints d’indigestion et sans maître.
Et comment faire parler ces être muets et à moitié débiles, n’avaient-ils pas les serviteurs qu’ils méritaient.
Ba-Marcon ne s’était pas éternisé et avec ses nouveaux compagnons ils avaient fui bien vite prenant la horeia (barque) des bourreaux, ramant tout le restant de la nuit et se cachant tout le jour à couvert de berges touffues.
Ils avaient laissé les cannibales à leur festin.
Nicéphore qui était l’autre survivant connaissait bien la région il leur servirait de guide et d’un commun d’accord ils prirent la direction de l'Hyperborée, là où on ne les chercherait pas.
Et de là ils pourraient espérer gagner l’empire allié de Domina.

une autre version je crois que c'est la bonne.

« Cette nuit il faut que je m’évade ou que je me tue, servir de gibier, être écorché vif s’en est trop pour moi. » pensait Uglylegibier.
Il était attaché pieds et poings liés la tête dans un sac, animal destiné à l’instruction des guerriers de l’Ordre Rouge et des bourreaux, finir comme trophée tel était sa destinée, il faisait partie de la caste des Ilotes Gibiers Tueurs, de la sous classe des gladiateurs polyvalents, du groupe des coureurs.
On l’avait lâché sur l’île de l’effroi avec deux autres compagnons pour être le gibier d’une chasse à l’homme, exercice somme toute banale pour le maître traqueur Jésus maître bourreau des hautes terres et son nouveau disciple.
Après trois jours de traque il avait été le dernier capturé pris dans le piège d’un filet alors qu’il tentait d’escalader le mur qui clôturait l’île.
Il n’avait aucune arme, et avait été savamment drogué, sinon il aurait vendu sa peau bien plus chère, mais tout n’était pas encore joué, il espérait bien mordre avant hallali, il ne serait pas dit qu’Uglylegibier était un agneau.
« Et le premier que vous avez pris qu’allez-vous en faire maître ? »
« Il faut bien nourrir nos iotas, et nous avons une commande du temple de Baal Amon, les prêtres ont besoin de peau humaine pour la rédaction de leurs rouleaux sacrés. On a attrapé toute nos proies, par contre tu as trop abîmé la première, il va falloir l’achever rapidement. Heureusement tu n’as pas touché à sa tête, cela fait partie des trophées. Quand tu en auras trente tu auras fini ton noviciat et tu seras alors apprenti de première classe, soixante de plus et tu seras aspirant bourreau. Tu sais cela peut être très rapide une petite révolte, une guerre ou une grosse commande pour un temple, et tu as vite fait de monter les échelons et d’arrondir tes émoluments. Tu vois tout et bon dans le bonhomme, on va le saigner comme cela on aura de quoi boire et faire la cérémonie. Je vais te montrer tu as encore beaucoup à apprendre regarde bien. D’abord tu vas leur retirer le sac qu’ils ont sur la tête, il faut qu’ils voient et qu’ils entendent, cela fait partie du rituel, je préfère les écorcher quand ils ont la chair de poule, la terreur a ceci de bon qu’elle raffermie la peau, et je trouve que cela fait un bon cuir, ou plutôt un bon parchemin. Et j’aime faire mal c’est pour moi un plaisir ineffable, tu verras c’est presque aussi bon que baiser, dommage j’aurai du commander quelques femelles… ça aurait été très amusant, quelle joie, voir leurs yeux affolés, entendre leurs suppliques et leurs cris. Guetter cet instant ou la vie les quitte, mais ce sera pour une autre fois. »
« C’est fait maître et maintenant, que dois-je faire ? »
« Bien… tu vois nous sommes au centre du cercle des mégalithes de pierres rouges, sur chaque pierre levée il y a des anneaux scellés alors tu les attaches entre chaque monolithe, bras et jambes bien écartés, fait attention… ils sont encore dangereux. Attends je vais t’aider nous ne serons pas trop de deux. »
« Pourquoi ne pas demander de faire cela à nos esclaves ? »
« Ne jamais faire confiance à ces êtres de basse extraction, tu devrais le savoir apprenti. Tu dois considérer que nous sommes des artistes, tuer c’est très facile, vraiment très facile, nous devons tuer en temps voulu, quitte à prolonger l’agonie… et ça c’est tout un art. Le musicien joue de son instrument, nous… c’est la chair humaine que l’on fait chanter. »
« Pourquoi m’avez-vous fait traquer Paponus maître… s’était un bon porteur. »
« Sang de Baal ! Pour deux raisons, d’abord il commençait à ce faire vieux, et surtout je l’ai surpris en train de faire du feu, et tu sais que les esclaves n’ont pas le droit de faire cela. Quant aux iotas… je ne t'en parle même pas. Ne perd jamais de vue que dans nos régions les esclaves sont plus bas que les animaux. En plus il est de père et de mère serviles, ceux-là n’ont aucun droit au feu aucun droit aux outils, ils ne sont que des porteurs, ils ne connaissent que 200 mots tout au plus. Ce ne sont que des bêtes de somme, et seuls les hommes libres maîtrisent le feu. À la rigueur nos ilotes ont la permission de le faire et de le conserver. Pour les iotas c'est pire ce sont des chiennes à qui nous limons les dents en pointes et que nous utilisons vraiment comme des bêtes. »
Une fois leurs captifs solidement enchaînés ils s’arrêtèrent et contemplèrent leur œuvre avec satisfaction.
Ils firent un feu près du tophet (Sanctuaire où l’on pratiquait des sacrifices humains) central à l’endroit où ils avaient monté leur campement.

Ba-Marcon avait nagé longuement au jugé dans la direction qui pour lui était celle de la berge.
Bien que Cimmérien il grelottait, l’eau du lac de Taciphrène était vraiment très froide surtout en cette saison en pleine débâcle des glaces du nord.
Au bout de ce qui lui sembla une éternité, il atteignit la rive.
Il resta là à nager, longeant la plage, cherchant un marécage, une forêt de joncs, un amas de troncs morts, un lieu où il pourrait se cacher.
Car quand le jour pointerait, il serait visible et donc vulnérable.
Il trouva sa chance, une berge glaiseuse, effondrée, encombrée de troncs de bois morts, alors patiemment, avec son glaive il entreprit de se creuser une petite niche à fleur d’eau ou il pourrait se dissimuler.
À tâtons, il accumula un grand nombre de débris autour de lui.
Pour l’instant juste survivre… se camoufler, attendre et récupérer des forces.
Mais il pensait qu’il n’était pas qu’une âme chétive portant un cadavre, comme le disait si bien un philosophe fataliste.
Ba-Marcon n’était pas homme à rester grelottant de froid et de peur.
Aussi comme un ver blanc, il sortit de sa gangue de glaise, il était avant tout un prédateur, la nuit était pour lui comme pour tous ses congénères la meilleur des alliées, l’épée au poing il allait reconnaître les environs.
Couvert de boue, à demi nu, avec seulement le blanc des yeux pour éclairer ce visage ordinairement laiteux, il avait des airs de Golem, sa longue silhouette nerveuse se déplaçait par bonds silencieux.
Il arriva sur une sente, il se maudit d’avoir abandonné ses bottes dans le lac, il n’avait plus l’habitude de marcher nus pieds, cela l’irritait de s’être à ce point civilisé, cette révélation le mit plus en rogne, que d’être seul en territoire hostile.
Il se cogna contre un haut mur.
« Que faire ? L’escalader ? Le longer ? S’en éloigner ? D’abord quel type de mur était ce ? Était-il là pour empêcher d’entrer ou de sortir ? »
À priori il était là pour empêcher de sortir, car de son côté point de fossé, point de stimuli, point de chausse-trappes, point non plus de cervi et les arbres poussaient trop près de la muraille.
Il la longea durant dix bonnes minutes, enfin il trouva ce qu’il cherchait... Un bel arbre dont les branches hautes passaient au-dessus de l’enceinte.
Il s’écorcha en l’escaladant, faillit tomber, se rattrapa de justesse, maudit tous les saints qu’il connaissait et bien d’autres encore, enfin rampa sur une maîtresse branche.
Accroupi dos contre le tronc il commença vraiment à récupérer.
Il entrait en méditation, se laissant pénétrer de l’esprit des lieux, tous ses sens en alertes n’étaient que le prolongement des ramures, il pouvait observer les alentours avec la même acuité que le harfang des neiges, et même par cette nuit noire… c’était pour lui chose aisée, là sur sa droite à un stade la lueur d’un feu de camps.
Et cette odeur, une odeur de viande grillée qui lui rappela sa faim.
Tant pis il se promit de jouer le tout pour le tout, il irait vers cette lueur qui l’appelait comme la flamme de la chandelle convie le papillon à une danse macabre.
« Bien… regarde bien, comment on égorge une victime. Tu vois je pourrai prendre un couteau ou une lame fine, mais vois-tu j’ai une autre technique, plus propre mais beaucoup plus douloureuse, et tu peux faire durer le plaisir. Je prends ce fil en soie d'araignée du Moggave que j’ai attaché à deux poignées, tu fais un seul tour autour du cou de ta proie et tu écartes les bras en tirant fort sans à coup et de façon continue.
Il s’interrompit et à l’oreille de sa victime il murmura :
« Que tous les malheurs tombent sur toi, que nous allons manger, je te couperai la tête, je ferai rôtir ta chair, ainsi une dernière fois tu me contenteras. »
Disant cela il mettait en application le geste à la parole.
Seul un filet de sang goutta le long du fil tendu. Il s’arrêta.
« Tu vois il est mort, et il ne sait même pas. »
« Mais Saigneur Jésus il vit encore, je le vois bien. Seul quelques gouttes de sang sont tombées ! »
« À jeunot, par les couilles du Minotaure, regarde et prends-en de la graine. »
Il saisit les cheveux du supplicier et tira la tête en arrière, alors au niveau du cou, cela bailla comme une bouche que l’on aurait grande ouverte, et à gros bouillon des flots de sang en jaillirent.
Le prisonnier tressaillit, s’agita, et s’affaissa mort retenu par ses liens, tout ceci sans un cri, peut être un grognement, peut-être parce qu’on lui avait coupé la langue.
« Tu vois, si j’avais voulu faire durer le supplice, je n’aurais pas tiré sur ses cheveux. Alors il serait mort plus lentement son sang aurait rempli ses poumons, et il serait mort étouffé, noyé tout doucement. Regarde bien apprenti, sa tête ne tient plus que par les vertèbres que mon fil a largement entaillées. Tu peux t’amuser à lui faire faire un tour complet, pense que tu seras un maître bourreau quand tu pourras faire cela tout en le maintenant en vie. Bon maintenant il fait faim. Tu l’écorcheras, je verrai si tu as bien retenu mes leçons. »
Il se tut et siffla aussitôt une iota sortit de la pénombre.
Le bourreau fit un signe et elle alla prendre dans les bagages une petite hache pour finir de couper la tête.
Deux coups suffirent pour quelle tombe à ses pieds.
Il la ramassa, il fallait qu’il la prépare, qu’il la momifie pour son trophée, une de plus, une parmi les centaines qu’il possédait déjà, il voulait en faire comme c’est la coutume dans son clan une pyramide que l’on érigerait sur le tertre de son tombeau, cela assoirait sa gloire posthume.
Cela lui garantirait un bonheur éternel, la possibilité d’être un grand tourmenteur au sein des enfers.
Mais tout d’abord il devait s’occuper du cadavre.
L’apprenti avec un fin couteau incisa la peau sur le profil et des deux côtés.
Il changea pour un fort coutelas, lequel lui servit à pratiquer une large et profonde coupure aux talons d’Achille. À cet endroit il passa sous la peau deux doigts de chacune de ses mains et dans un mouvement rapide, sans hésitation il remonta, retournant et décollant la peau du dos.
« C’est bien, tu peux arrêter, de toute façon c’est une peau d’esclave les prêtres n’en voudront pas, je voulais simplement vérifier tes capacités, les deux autres prisonniers sont des gladiateurs leurs peaux sont plus dignes pour être utilisés par les prêtres. »
« Bien maître, que dois-je faire de cette peau ? »
« Ce que tu veux, pour les deux autres, c’est à vif qu’il faudra opérer, et ce sera demain au lever du soleil. » Puis après une pause il reprit : « Vous autres, venez-vous occuper de votre bouffe ! »
À ces mots quatre femelles s’approchèrent du corps.
Elles coupèrent les liens qui retenaient le supplicié, s’en emparèrent, le traînèrent auprès du feu, l’y jetèrent un instant, puis avec des pierres, elles lui grattèrent ce qui lui restait de peau, l’une d’elles lui enfonça un bâton dans le cul pour que rien ne s’en échappe.
L’apprenti prit une hache et coupa les quatre membres que l’on mit de côté pour plus tard les fumer.
On ouvrit par le ventre ce qui avait était un homme et les quatre femmes prirent les entrailles, les mirent à cuire pour en préparer une espèce de bouillon qu’elles se partagèrent bruyamment.
« Tu vois, je ne donne à mes iotas que de la chair humaine, c’est pour moi une économie non négligeable. Comme moi tu seras fonctionnaire et au lieu que ta solde passe à les nourrir… pense que tu as à ta disposition quantité de corps et en plus pas de fosses à creuser. »
« Mais maître elles acceptent facilement d’être cannibales ? »
« Bien sûr, je les prends petites ; elles ne connaissent que cette viande et je suis certain qu’elles n’en veulent point d’autre. Je crois même que c'est dans leur nature. Regarde comme elles ont l’air contentes, dommage, elles ne peuvent rien te dire, je les ai fait piquer, tu sais on leur enfonce une aiguille dans le crâne, et dans ce trou on vers une potion, cela leur ôte la parole et cela les rend plus dociles. C’est assez que nos femmes jacassent, je ne vais pas en plus me faire casser les oreilles par des riens du tout, de toute façon elles n’ont rien à dire, juste à exécuter mes ordres. Imagine le temps gagné, pas de bavardage pas de sédition. Je te conseille d’en faire autant, en même temps cela te forme. Le nombre de langues médisantes que j’ai dû trancher parce qu’elles avaient manqué de respect à notre grand roi, que les dieux le protègent en leurs saintes gardes… je ne les compte plus. Tu vois nous formons une caste à part, nous ne pouvons pas permettre que des bruits courent dans notre dos. Là au moins pas de risque. »
« Vos paroles sont sages, j’en ferais mon miel. Quand les piquez-vous ? »
« Vers dix ans. Trop tôt ça les rend crétins. En cela je suis les très saints préceptes de notre divin Subarnipal grand Cakravartin. D’ailleurs tous les esclaves des mines n’ont-ils pas la langue tranchée, ainsi que tous ses galériens qui en plus ont les yeux crevés. Depuis il y a beaucoup moins de révoltes serviles. »
Leurs entretient prit fin quand Ba-Marcon surgissant de nulle part comme le diable marmoréen qu’il était, hurlant à la nuit, l’épée à la main, fit voler deux têtes dans l’obscurité.
Personne ne prit la peine de les chercher.
Elles allèrent rouler près d’une fourmilière pour laquelle se fut un don du ciel, bientôt il ne resterait rien de ces macabres collectionneurs de têtes.
Pas même leurs corps qui seraient dévorés par les iotas.
Quand quelques jours plus tard des soldats abordèrent l’îlot, ils ne trouvèrent rien, hormis quelques esclaves atteints d’indigestion et sans maître.
Et comment faire parler ces être muets et à moitié débiles, n’avaient-ils pas les serviteurs qu’ils méritaient.
Ba-Marcon ne s’était pas éternisé et avec ses nouveaux compagnons, ils avaient fui bien vite prenant la horeia (barque) des bourreaux, ramant tout le restant de la nuit et se cachant tout le jour à couvert de berges touffues.
Ils avaient laissé les cannibales à leur festin.
Nicéphore qui était l’autre survivant connaissait bien la région, il leur servirait de guide et d’un commun d’accord, ils prirent la direction de l'Hyperborée, là où on ne les chercherait pas.
Et de là ils pourraient espérer gagner l’empire allié de Domina.

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Golem*: (sorte d’automate à forme humaine que de saints rabbins avaient le pouvoir d’animer)

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