CHAPITRE 25 : Sur le lac, Yahnick Duc d'Orange, Saavati.

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Yahnick Duc d'Orange s'assit dans la barque aux côtés de Saavati en lui murmurant à l’oreille quelques paroles rassurantes, elle haussa des épaules se drapant dans sa longue cape.

  • Au lieu de dire des sottises Duc d'Orange, vous devriez vérifier nos saufs conduits et les accréditations.
  • C’est déjà fait elles sont là dans ma besace sur l‘épaule, les seaux n’ont pas été touchés les rouleaux sont intacts, mais je ne goûte guère l’idée de monter à bord de cette galère après tous les combats que nous avons dû mener contre cette engeance du mal, cet hérétique païen. Pourquoi demander notre venue ? Le seul lieu qui vaille avec lui et ceux de son espèce, c’est le champ clos.
  • Tiens ta langue, tu oublies où tu es et que les rameurs ont des oreilles. Et puis cesse de me faire du pied ou par les Saintes Écritures, je te jette par-dessus bord tout Duc et chevalier de la Sainte Trinité que tu es !
  • Comme vous le désirez nonce apostolique. Mais vous me tutoyez et c’est déjà un début. Vous le savez bien, j’ai toujours eu un faible pour les gens de robe. La réputation de cruauté de ce roi n’est plus à faire, je pensais qu’un peu de soutien… Enfin, vous voyez ce que je voulais dire. Dit-il en se raclant la gorge.
  • Non, je ne vois pas et laissez-moi prier. L’heure des Anges est passé depuis longtemps déjà et je n’ai pu réciter mes grâces.

Yahnick se renfrogna et s’écarta ostensiblement de la nonce.

Tant de semaines à chevaucher avec cette femme aussi froide que le marbre d'une église et qui se plaisait à demeurer lointaine, elle l’ignorait. Aucun sentiment d’amitié ne les unissait.

Il pensait aussi que le monde était décidément bien mal fait.

Car enfin, la création avait été fort généreuse avec Saavati, peut être beaucoup trop.

Mais elle lui avait donné en retour des pudeurs exagérées.

Ce sentiment aurait été normal, voire salutaire chez un laideron, d’ailleurs dame nature aurait dû en fournir à satiété à ces dernières afin qu’il n’en reste miettes aux belles femmes.

Il songeait à l’enchantement pour ses yeux si elle avait bien voulu se découvrir un tant soit peu.

Mais ses robes étaient si longues, si lourdes, que même un vent libertin n’eut pu les soulever, que mêmes le soleil qui comme on le sait est de nature indiscrète n’eut pu sur la moindre parcelle de sa peau d’ivoire y laisser la marque de son baiser de bronze.

C’est à peine si elle laissait voir une partie de son visage, car souvent, elle avait une écharpe qui cachait sa bouche gourmande, sensuelle et son long cou d’albâtre.

Pour finir, elle portait presque toujours des gants de soie.

Peut-être craignait elle la caresse sacrilège de la lumière, peut-être le soleil cet astre symbole de divinités impies lui était-il odieux.

Être le chef d’escorte de cette mission diplomatique montée dans l’urgence hasardeuse d’un conseil restreint ; avoir des objectifs si flous qu’ils permettaient une grande latitude de décisions aurait dû être un privilège un honneur.

(suite.)

Être reçu en audience privée par la Papesse, recevoir de sa bouche une tâche secrète…
Mais il pensait que cette hâte, que cette impossibilité à ne pouvoir choisir le diplomate qui l’accompagnerait rendrait encore plus difficile, plus délicat, voir aléatoire le résultat de cette ambassade.
Il aurait préféré et de loin être envoyé à Domina.
Et comment s’entendre avec un serpent qui ne songe qu’à vous mordre ?
Lui avoir adjoint Saavati cette jeune nonce hypocrite, bigote, principale adjointe de la branche Ultra Christique des Ecclésiastes, membre important de la sainte inquisition le mettait mal à l’aise.
À qu’il était loin le temps des grandes chevauchées avec Res Ser à la tête des armées.
C’était un païen comme l’était encore son père soit, mais quel homme, quel chef et puis il était de ceux pour qui le fait qu’il soit une sorte d'albinos n’était pas source de peur ou d’aversion.
Avec lui, ils avaient repris les provinces du nord, libéré l’île sainte de Salamac, réorganisé les armées des soldats de dieu, pourquoi était-il parti ?
Pourtant tout avait été prévu pour sa conversion et son union avec Salamandra.
Nul doute qu’il y avait de l’Ecclésiaste là dessous.
S’il n’avait pas été Duc, s’il n’avait pas fait partie de la chambre basse, il serait parti pour Domina.
D’accord c’était des idolâtres, mais au moins ils n’étaient pas bornés comme les grenouilles de bénitier qui occupaient maintenant les plus hautes fonctions du Royaume Christique de Salamandragor.
Depuis la naissance du fils de la papesse, tout aller de travers.
Pourtant il avait les stigmates, tous les stigmates.
Mais le haut conseil et Nicohélas Sacrésis en tête avait dit que s’était sacrilège, que jamais, il était né d’aîné mâle de la lignée des Papesses.
La religion interdisait l’infanticide et c’était aussi le fils de Ser Lupus le demi-frère de l’Empereur Dominien, sinon…
Et puis la Papesse était sacrée intouchable après tout c’était peut-être la volonté du très haut ?
Par contre il aurait bien culbuté Saavati toute religieuse, tout Nonce qu’elle était.Si l’essence divine était amour, il faudrait bien le démontrer, le prouver, tous ces gens du clergé qui n’avaient que ce mot à la bouche, mais qui pour une parole de travers vous déférez devant la Sainte Inquisition.
Là on ne parlait plus de caresses, mais des ardents baisés du fouet et du fer rouge.
Plus le temps passait, plus l’intolérance comme un nuage lugubre et sombre s’étendait sur son royaume.
Même lui devait afficher une piété de façade, il devait songer à protéger les siens ainsi que ses biens.
Déjà il avait député quelques bons amis auprès d’Honorius, il pensait à terme se dégager de la tutelle Salamandrine pour demander la protection de l’empire.
Cruelle époque songe a-t-il, en levant les yeux.
Puis il sourit en pensant à cette matinée où un hasard heureux avait voulu qu’il surprit Saavati au bain.
Il était sorti du lac à quelques brasses d'elle sans qu'elle s’aperçût de sa présence et comme il était nu, ne voulant pas effrayer la pucelle, il s’était tapi derrière un buisson ; il resta là attendant de pouvoir reprendre ses vêtements.
Qu'elle ne fut pas sa surprise quand il la vit se dévêtir.
Alors il profita sans vergogne du ravissant spectacle.
Elle s'était entièrement déshabillée et s'approchait de la rive d'un pas hésitant.
L'image réfléchie était celle d'une grande et belle femme au printemps de sa splendeur, une demoiselle dont chaque mouvement, chaque geste trahissaient charme et beauté.
Son long cou blanc pourtant robuste donnait de la grâce et de la dignité à son port.
Sa large poitrine ses seins sublimes, majestueusement sublimes, enfin libérés de leur carcan semblaient recouvrer la vie.
Et ses tétons ha ses tétons...
Ses épaules rondes avaient plus de la majesté de Junon que de la grâce légère de Juventas.
Ses formes sensuelles, sa taille mince, étaient des témoignages de son épanouissement.
Ses mains blanches, ses pieds admirables, ses chevilles fines eussent fait honneur à Diane.
La pâleur de sa peau, la douce langueur émanant de sa personne tranchaient pourtant avec une volonté farouche qu'elle laissait paraître sous le verni policé de son éducation.
Sans nul doute ils n'eussent pas déparé la vierge déesse de la chasse.
Par Crom dieu de ses ancêtres, à chaque fois qu'il voulait comparer la beauté de Saavati il ne pouvait s’empêcher de se rapporter à des images impies, nul doute que sa religion d'adoption n'était pas réellement ancrée en son âme.
Ba-Marcon qui était un critique difficile en matière de femme aurait pu trouver que les formes de Saavati exprimaient plus la force physique que la parfaite beauté féminine, que ses muscles étaient trop saillants, et que sa personne, en dépit de ses lignes voluptueuses, avait quelque chose de viril et du trop de sève de la combattante.
Son nez petit et fin, aux narines vibrantes semblait à l’affût d'une quelconque proie. Le trop d'assurance de son regard perçant avait l’acuité d'un oiseau de proie.
Sa bouche bien dessinée aux dents égales et blanches que ne parvenaient pas à cacher des lèvres sensuelles au carmin le plus exquis n'étaient que le fard d'un sourire carnassier. Son front volontaire, n'était à peine adouci par l'arcade admirablement dessinée de ses sourcils et de ses longs cils soyeux qui frangeaient ses grands yeux céruléens.
Sa peau diaphane respirait pourtant la santé, ses joues roses avaient la fraîcheur de la rosée quand ses traits graves, dédaigneux, presque durs, reprenaient cette expression qui leur était familière.
Et, la masse de ses longs cheveux noirs de jais inondait le cou, les épaules, les reins formant un cadre ensorcelant à cette image si aimable, si dangereuse et si séduisante que l'onde réfléchissait.
Ba-Marcon lui-même, si accoutumé aux chambres des dames qu'il fût, regardait, hypnotisé de derrière le buisson d'où il était tapi.
Enfin elle entra dans l'eau et sa chevelure s'étala autour d'elle comme un nénuphar, il vit aussi à la base de son cou le tatouage en forme de glaive qui révélait sa condition d'inquisitrice.
Il sortit de sa rêverie. Au loin de nombreuses petites lumières tremblotaient sans doute la galère.
Il trempa sa main d’un blanc laiteux dans l’eau sombre du lac et se rafraîchit la nuque.
Les rames en cadence s’enfonçaient dans le noir silence, seul le grincement des lacets de cuir qui maintenaient les avirons en place serraient le cœur de Ba-Marcon comme un mauvais présage, il faisait si sombre qu’un autre que lui n'aurait pas pu distinguer les visages des rameurs il eut l’impression que la mort ramait à ses côtés, que Loki le légendaire fondateur de sa dynastie se riait de lui.
De nouveau il reprit le chemin des songes.
Il se souvenait il y a longtemps sur les bords du fleuve Salamandre, il avait discuté à bâtons rompus avec Honorius, juste avant qu’ils ne reprennent pour la deuxième fois l’île sainte de Salam.
Honorius bien que déifié était le plus total athée qu’il connaissait.
Alors qu’ils étaient autour d’un feu de camp ils avaient parlé religion.
« Quoi ton dieu est le vrai dieu, l’unique la perfection ? »
« Oui. »
« Alors explique-moi. »
S’il est si parfait, ce qu’il fait doit être parfait ? »
« Hé oui, en principe oui. »
« Trouve tu notre monde parfait ? »
« Non. »
« Alors que penser d’un être parfait qui créait un monde imparfait ?
Explique-moi. »
« C’est qu’il veut comment dire... nous tenter, oui c'est cela il veut nous tenter. Dans un sens il nous laisse notre libre arbitre, ce n'est pas sa création qui est mauvaise, c'est nous qui la flétrissons. C'est l'homme et la femme qui ensembles ont quitté le paradis primordial pour s'émanciper de notre créateur. C'est ce qui est écrit en tout cas dans nos saints manuscrits. C'est nous qui avons quitter un monde parfait. »
« Donc ton Dieu si bon est injuste car enfin, il a puni tous les descendants de l’espèce humaine. Moi qui suis Maître de Justice quand je punis un criminel, je ne punis ni ses ascendants ni ses descendants. Ton Dieu vicieux créait le mal, car les animaux et les plantes n’avaient en rien fait le choix de l'espèce humaine, pourtant ils ont été plus durement punis, imagine la vie d’un poulet, donc ton dieu est démoniaque. »
« Mais non mon dieu est charité… »
« Ba-Marcon, parler de charité c’est parler de vanité, ton dieu est démoniaque et vaniteux. »
« Et les prodiges les miracles ? »
« Mes magiciens font mieux pour me divertir, les tours de ton dieu sont juste bons pour une foire de province. »
« Et la grande transmigration comment l’expliquer hormis par la volonté divine. »
« Là tu touches un prodige dont je pense connaître une partie de la solution c’est une équation à plusieurs inconnues mais tu ne pourrais pas comprendre même Ser n’a pu assimiler qu’une petite partie du secret et crois-moi c’est un lourd secret. Je ne te demande pas de me croire mais sache que d’une certaine façon tu as raison celui que tu appelles ton dieu nous a bien fait à son image. »
Et il avait ri, un rire presque sardonique.
« Sinon celui auquel tu crois doit être un poisson. »
« Un poisson ? »
« Oui réfléchis le déluge c’était bien pour punir l’homme ? »
« Oui. »
« Comment peut-on noyer un poisson ? S’il avait voulu punir l’homme il avait d’autres solutions. Soit le rendre stérile en moins de cent ans plus d’humains ou alors une bonne épidémie et le tour était joué. Ton Dieu est stupide et inconstant je n’en voudrais pour rien au monde, je préfère et de loin l’absence divine. »
« Sortez de vos rêves on arrive au navire. »
« Ah oui je pensais à notre mission. »
Saavati haussa les épaules pourquoi diable le grand inquisiteur lui avait-il assigné cette mission ?
Cette mission Trompeuse ce double jeu qu'on lui avait assigné... Duc était pourtant des plus insignifiants, quelques assassins et le tour était joué.
Elle, elle était là pour négocier une paix séparée, quitte à l’acheter avec certaines trahisons.
Elle ne voulait pas être entraînée dans le grand conflit qui s’annonçait.
Si son ambassade réussissait, qui sait, elle serait peut-être grande ministresse du culte, à son âge ce serait du jamais vu.
Que ces deux grands empires se fassent la guerre était heureuse chose car après tout n’étaient-ils pas tous deux impies ?
Ne croyaient-ils pas en des dieux multiples et infernaux, ne disait-on pas que certains d’entre eux adoraient des pierres.
Pourvu qu’ils s’épuisent l’un l’autre, alors l’Ecclésiaste raflerait la mise et la parole des Papesses vérité des vérités remplacerait les faux dieux de Laurasie.
Saavati aimait elle dieu ?
En tout cas elle voulait faire beaucoup pour lui et elle ne doutait pas de la suprématie de sa foi, et à ses yeux tous devaient se plier devant le dogme.
Devant l’ordre de son ordre.
Qu’importe si cette harmonie se payait au prix du sang, puisque dieu le voulait il en serait fait selon sa volonté.
Près du château arrière un escalier de coupée était descendu, ils le gravirent rapidement ; sur le pont une haie d’honneur les attendait.
Un officier chef du protocole s’avança :
« Vos armes seigneur Duc, elles vous seront rendues à votre départ. »
« Prenez en soin j’y tiens beaucoup elles m’ont étaient donnée par Honorius grand pourfendeur de ceux de votre espèce. »
Il reçut un coup de coude de Saavati.
« Quoi encore ! C’est la vérité elles ont été bénies par Salamandra après la bataille du pont de Salam-Al-Hec. »
Il évita le second coup de coude en souriant pour un peu il aurait bien claqué la croupe du Nonce mais elle n’avait aucun humour.
Quelques minutes plus tard ils étaient introduits auprès du roi Subarnipal. Après les salutations d’usage et les remises des accréditations ils en vinrent aux faits.
« Et bien que pensez-vous de ma proposition ? »
« Je pense roi que nous n’avons plus rien à nous dire, même si nos alliés Dominiens n’ont pas les mêmes valeurs ni les mêmes croyances, jamais nous ne reviendrons sur notre parole ! ce sont nos frères de toute éternité ils ont toujours été à nos côtés. Quant à l’île sainte de Salam elle nous appartient de plein droit par le sang versé. Nous vous l’avons repris par les armes et vous, vous nous proposez de nous donner un bien que nous possédons déjà. Il est beau votre marché, marché de dupes voilà ce que la Papesse par ma bouche vous déclare et jamais sur les saintes écritures jamais nous ne serons parjures. Partons Nonce je crois que nous n’avons que trop importuné notre hôte. Majesté voulez-vous bien nous laisser nous retirer. »
« Je vois que vous ne me laissez pas le choix. Gardes saisissez les ! »
« Saavati ! derrière moi et tachez de vous faire petite on se barre. »
De ses bottes il retira deux pugios (poignard) et commença à reculer vers la porte.
« Je savais qu’il ne fallait pas faire confiance à ces chiens. »
« Vivants, il me les faut vivants. Cria Subarnipal. »
Quatre gardes se ruèrent sur le couple, Ba-Marcon lança un de ses poignards qui se planta dans le front du premier arrivant, il lui prit son glaive et commença à ferrailler durement.
« Saavati prenez mon pugio et fuyez je les retiens le plus possible.
Par les couilles de dieu ! bordel de merde tirez-vous ! Allez à la porte elle n’est pas gardée et attendez-moi ! »
« Que dieu vous garde comte. »
« C’est ça ! c’est ça ! » Dit-il en repoussant les assauts furieux des gardes.
Ils étaient arrivés à l’entrée Ba-Marcon dos à la sortie protégeait la jeune femme.
Saavati réussit à l'entrebâiller, elle se faufila et elle referma les doubles battants sur Ba-Marcon qui dos à ceux-ci se défendait comme un lion.
Elle les bloqua avec le poignard.
« Bonne chance Duc que Dieu vous prenne en pitié. » Cria-t-elle en abandonnant lâchement son compagnon.
C’est vraiment une salope pensa le Duc qui tout en se battant cherchait une échappatoire à cette souricière.
S'il arrivait à une fenêtre il pourrait plonger.
Cette nuit sans lunes serait son salut, il se dirigea vers les grands candélabres qu’il renversa provoquant un début d’incendie, il bondit sur sa gauche avant de courir et de faire un roulé boulet sur sa droite qui l’amena devant une grande fenêtre.
Il s'empêtra dans les rideaux de soierie mais réussit à plonger au moment ou un garde lui enfonçait une dague dans le dos juste entre les deux omoplates.
Il tomba à pic dans le lac et s’enfonça dans les abysses.
Le poids de son costume et de ses armes l’entraînait inexorablement vers le fond vaseux.
Il eut la chance de pouvoir saisir une des chaînes d’ancrage.
Il remonta grâce à cette aide providentielle, les poumons en feu il se souvint avoir remercié dieu au moment où il reprenait sa respiration à la surface.
Il vit un garde tomber à l’eau juste devant, à deux brasses tout au plus, un garde qui n’eut pas sa chance.
Il s'accrocha d'une main à un gros maillon de la chaîne.
La coque était au-dessus de lui elle le cachait des regards pour un instant.
Sa lourde cotte de maille et la boucle dorsale de cuir de son baudrier lui avaient sauvé la vie.
Il se dévêtit et il eut toutes les peines du monde à retirer son haubert et son gambison .
La rive était bien loin mais c'était un bon nageur libre de ses mouvements et plus légers, il n’avait gardé qu’une tunique et l’épée qu’il avait pu s’attacher dans le dos, il entreprit de regagner la berge.
Il espérait malgré tout que Saavati ait eu assez de temps pour regagner la chaloupe, maintenant il entendait du vacarme sur la galère.
Toutes les lumières avaient été allumés et de nombreuses embarcations avaient été mises à l'eau.
Il nageait doucement pour ne pas faire d'écume pour ne pas être repéré.
Saavati avait réussi à regagner une embarcation, prétextant l'oubli de documents importants, elle avait demandé qu'on la raccompagne aux chevaux.
La barque s'était éloignée d'une cinquantaine de mètres quand l'alerte avait été donnée, mais elle avait réussi avec une rame à assommer un des deux rameurs et pousser l'autre à l'eau, malheureusement bien vite elle avait été rejointe par plusieurs embarcations qui l’abordèrent et la firent prisonnière.
À moitié assommée et sous bonne garde elle fut ramenée dans la vaste cabine qui servait de salle du trône, là les serviteurs s'affairaient à remettre de l'ordre.
« Par tous les dieux ! Bande d'incapables, je vous ferai tous écorchés vifs !
Vous avez été ridiculisés par une nonne et un nobliau ! Je vous demande de les prendre vivants et un sombre crétin plante un couteau dans le dos d’un de mes … Invités, et on n’est même pas sûr qu’il soit mort ! Que des cavaliers fouillent les berges s’il est vivant il ne faut pas qu'il s’échappe ! Par le sang des dieux qu'on attache cette salope, qu’on la fouille, qu’on la déloque ! J’ai dit ! Qu’on aille aussi me chercher le prêtre je le veux de suite séant devant moi ! »
Les deux gardes qui la maintenaient lui attachèrent les mains dans le dos avec son étole de soie écarlate.
Quand cela fut fait, il détacha et envoya auprès de la prisonnière ses deux esclaves femelles qui avec leurs ongles diablement effilés s’acharnèrent sur ses vêtements.
D’abord elles la décoiffèrent lui ôtant sa barrette pourpre, l’une d’elles prit le bonnet carré aux quatre cornes de l’ecclésiastique et se le mit.
Elles la couchèrent sur le ventre et tailladèrent en riant la riche aumusse, sa cape de fourrure à capuchon ne fut bientôt qu’un amas de charpie semblable à une dépouille d’animal qu’on aurait abandonné à côté d’elle.
La soutanelle subit le même sort.
Et comme elle criait, qu’elle hurlait, le roi ordonna qu’on la fasse taire.
On prit un des lambeaux de ses vêtements on la bâillonna.
Avec les longues lanières de tissu on lui attacha aussi ses pieds qui battaient l’air.
Elle pleurait de rage et de honte, s’était la première fois que son jeune corps était ainsi dénudé, c’est à peine si quand elle se lavait elle osait se regarder dans un miroir, à vingt ans elle était toujours vierge comme le voulait la règle de son sacerdoce et elle était atteinte d’une pudibonderie maladive.
C’était aussi la première fois de toute sa vie qu’elle était ainsi humiliée et devant tant de monde tant d’étrangers, ses pommettes étaient devenues rouge pivoine, la honte d’être ainsi dénudée la frappait de stupeur.
Elle qui était si prude était exhibée comme la dernière des putains.
Elle aurait préféré mourir sur le champ.
Qu’on la tue et vite qu’on en finisse.
Prise de syncope elle s’évanouit.
« Qu’on la ranime ! »
On lui jeta un seau d’eau.
Maintenant presque nue seulement vêtue de son scapulaire qui lui collait à la peau elle se tortillait dans tous les sens comme une anguille jeté sur la rive et qui désespérément recherche la rivière.
Elle se recroquevilla abasourdie.
Le monarque surpris des réactions hystériques de cette grande jeune femme dont les seins énormes avaient été libérés de leurs bandes demanda qu’on apporte des chaînes.
On la fit mettre à genoux.
Encadrait par deux gardes, ses yeux violets remplis d’éclairs et de larmes auraient foudroyé le roi si cela avait été en son pouvoir.
On lui retira le bâillon.
« Pourquoi ? C’est un acte de guerre. Un casus belli ! Vous êtes fou ! Vous vous êtes attaqué à des diplomates en mission. Quand on saura ça nos armées franchiront les frontières pour venger notre honneur. On vous savait dément ; mais vous venez de nous fournir la preuve que si le crime n’a pas de patrie il a au moins une couronne. Vous êtes un tyran stupide. Dieu me rendra raison. »
« Rabaisse ton caquet salope. Votre ambassade n’est qu’un leurre pour me faire assassiner mais j’ai mis à jour vos sombres dessins. Vous avouerez vous me donnerez le nom de vos complices, il n’y a pas que chez vous que l’on sache donner la question vous verrez vous allez être intarissable. »
« Sur ma vie et ma foi vous divaguez ! Quel conte me chantez-vous là ? Si nous devions vous tuer, nous n’aurions pas demandé à vous quitter immédiatement après notre entrevue. Ce n’est que folie et billevesée.
Vous vous êtes laissé abuser je représentais la sainte inquisition et je ne devais vous livrer que le seigneur Ba-Marcon, seigneur des forteresses de Cimmérie. Nous voulions normaliser nos rapports et vous allez réveiller une guerre sans âge. »
Subarnipal ne répondit pas, avait-il agit trop vite comme souvent à son habitude ?
Ne le surnommait ont pas le taureau furieux des steppes ?
Dans le tas de vêtements en guenilles rien pas la moindre note, aucune arme, aucun poison, rien.
Dans la grande cabine on remettait de l’ordre, le mort et les blessés avaient été évacués, le début d’incendie éteint.
Le Nonce toujours à genou était maintenant entravé par de lourdes chaînes et un large collier de fer.
On lui avait mis une cagoule de cuir épaisse qui n’était ouverte que pour son nez.
Les deux femelles qui avaient fini de la dénuder la taquinaient en lui pinçant tout le corps, le prêtre entra.
« Tu m’as fait mander, seigneur »
« Oui prêtre, j’ai un travail pour toi une femme à soumettre, combien de jours te faut-il pour en arriver à ce que tu m’as montré ?
« Ô grand roi je te l’ai déjà dit cela dépend et on ne compte pas en jours mais en semaines et cela dépend aussi de sa force de caractère. Répondit-il embarrassé. »
« Combien de semaines ? »
« Oui disons un mois, à partir du moment où sa volonté est cassée. »
« Bien, je suis sûr que tu vas adorer, je vais te donner un Nonce apostolique, mais peux-tu le faire parler rapidement et sans trop l’abîmer ? Vous tous dehors laissez-moi seul avec le prêtre et toi Sabirr as-tu des nouvelles du garde que j’ai envoyé à l’eau ? »
« À l’heure qu’il est-il doit dîner chez Neptune sire. »
« Dommage je ne pourrai pas l’écorcher. Allez tous dehors ! Mes deux petites chiennes vous vous restez là à côté de la prisonnière. Vois ! Prêtre j’ai moi aussi des espions très efficaces quoique trop biens payés, et que me disent-ils ? Lit ! » Il lui tendit une des lettres d’accréditation des Salamandrins.
« Grand roi, effectivement tu as des maîtres espions avoir subtilisé les lettres d’accréditation, les avoir remplacées par tes messages c’est du grand art. Qu’attends-tu de moi ? »
« Elle me maintient qu’elle n’en voulait pas à ma vie. Elle l’a juré sur sa foi, je pense que son acolyte devait être l’exécuteur, elle devait sans doute être une sorte de cheval de Troie. »
« Et bien fait parler son complice. »
« Très drôle ! Mais un de mes gardes l’a poignardé et il est tombé dans le lac ! »
« Et bien tu as ta réponse. Si tu es sûr de tes espions toutes tes questions sont dans le lac avec son compagnon. Et il va falloir qu’elle avoue, maintenant il faut qu’elle endosse votre… »
Il allait poursuivre mais il se tut prenant conscience de ce qu’il allait dire et à qui il s’adressait.
« Sabirr ! » Hurla-t-il. « Entre ! je sais que tu écoutes derrière la porte. Entre et donne-moi ton avis. »
« Par les dieux je vais vous dire le fond de ma pensée. Il n’est pas bon que celui qui fait tort se lamente et s’avise à se repentir. Il mérite grand blâme et eût certes mieux fait d’agir avec circonspection ou de ne rien faire. »
« Voilà qui est fort bien dit, et qui a le mérite d’être lumineux et sans détour cela ressemble fort à critique sévère. Plus je t’écoute plus je me dis que de nous deux le plus fous n’est pas celui qu’on croit, tu commences à m’alarmer mon bon Sabirr. »
« Vous savez bien mon roi qu’un fou, peut, parmi la folie des hommes avoir des éclairs de lucidité. »
« Et bien notre bouc émissaire sera agneau, ou plutôt brebis. » Il regardait la prisonnière et repris sur un ton badin. « Dans sa religion ne dit-on pas le seigneur est mon berger ? Et bien je serai son boucher. » Et il rit. « Et toi prêtre n’as-tu pas quelques drogues ou charmes pour qu’elle chante ce psaume que je veux ouïr et même lire ? »
« Cela sera plaisir d’instruire son interrogatoire et me vengera bien des temples qu’ils m’ont brûlés au nom de leur dieu unique. Quand dois-je œuvrer et où ? »
« Séance tenante, plus vite nous aurons ses aveux, plus promptement nous pourrons mander excuses et compensations aux Salamandrins. Que cette fatale erreur soit prémices à mes victoires futures. Que les gardes la saisissent. Qu’on la descende en cale. »
On la prit par les aisselles on la souleva les chaînes de ses chevilles traînaient sur le parquet, elle fut ainsi tirée le long des courtines et descendue dans la cale et jeté sur un plancher mal dégrossit.
Un argousin attendait près de divers outils de torture, il se prosterna aux pieds de son roi.
On apporta des fauteuils pour le roi et le grand prêtre, on alluma de nombreuses lampes et un brasero.
Le prêtre demanda qu’on lui apporte un de ses bagages qui contenait un grand nombre de fioles.
Saavati s'était recroquevillée, elle sentait confusément que son destin se jouait dans cette cale humide et sombre, qu’il lui échappait, elle avait quitté les ors et la lumière des cathédrales pour les fers et l’obscurité des geôles.
Qui viendrait la secourir ?
La prédiction du tard venu se réalisait elle ?
Le roi assis dans un fauteuil tendu de brocard vert prit la parole et d’une voix forte s’exclama :
« Qu’on lui retire sa cagoule qu’on la suspende à la poulie ! Mais où est Jésus mon bourreau ? »
« Il forme un apprenti, grand roi. » Répondit avec obséquiosité un argousin.
« Sais-tu où il est ? »
« Non votre grandeur. » Dit-il en baissant la tête.
Il mentait, il savait qu’il n’était pas loin, quelque part sur l’île de l’effroi, mais il n’en dit mot voulant se réserver le privilège de torturer, lui qui depuis tant d’années n’était bon qu’à appliquer les ordres du maître bourreau, pour une fois il pourrait faire ses preuves et devant son roi, une pareille chance il ne devait pas la laisser passer.
« Bien j’espère que tu sais t’y prendre, alors commence ton office. »
Alors avec tout le sérieux et la pompe qui convenait à un exécuteur des basses et hautes œuvres... il retira la cagoule de la prisonnière sans qu’elle ne proteste ni ne se débatte.
Elle était encore abasourdie subjuguée par la tournure des événements. Peut-être pensait elle que s’était un mauvais rêve dont elle se réveillerait bientôt. On fit passer un des maillons de la chaîne de ses poignets au travers d’un croc attaché à la poulie d’une potence.
On la hissa.
De fait elle pendait la pointe de ses pieds effleurant presque le plancher. Elle avait les bras tendus au-dessus de la tête et les fers meurtrissaient ses poignets. Elle dodelinait de la tête et se mordait les lèvres.
« Et bien chère enfant il est temps de te confesser, je ne vais pas te faire l’affront de t’expliquer le maniement des différents instruments de torture en qualité de Nonce je pense que tu en connais les tenants et surtout les aboutissants, alors comment deviez-vous me tuer et quand ? Répond avant que le bourreau ne commence ! »
« Puisque je vous jure sur nos saintes écritures que c’est faux. Nous voulions simplement signer des accords de paix et rouvrir les anciennes routes commerciales, c’est indigne que de penser que je puisse souiller ma charge avec un parjure, c’est indigne de vous de déshonorer mes fonctions et mes titres, vous pouvez me torturer, cela ne changera rien à la vérité. »
« On verra, mais tu étais prête à sacrifier un des tiens, ta robe n’est pas à une souillure prés. Bourreau tu peux commencer ton office. »
Le bourreau armé de gros ciseaux à tondre les moutons qu’on appelle des forces s’apprêtait à lui couper grossièrement ses cheveux. (Grands ciseaux utilisés autrefois pour tondre les moutons, les draps, couper les métaux, etc.)
Mais le roi fit signe d’épargner son abondante chevelure. Le tourmenteur alors lui fit une espèce de chignon puis lui jeta de l'alcool dans le dos et y mit le feu pour la brûler, tous les poils de son corps roussirent et se racornirent. Saavati hurla de douleur et de terreur, l’alcool qui lui avait coulé jusqu’en bas des reins s’était aussi enflammée et une forte odeur de corne brûlés envahie la cabine des supplices.
Il allait lui placer des morceaux de soufre sous les bras et autour du cou, pour les enflammer quand le prêtre intervint s’adressant en aparté auprès du roi :
« Vous ne vouliez pas trop la gâter ? »
« Tu as raison disons que nous n’allons pas trop l’abîmer. Comme tu vois prêtre ça sent la cochonne. Regardez cette salope se pisse dessus, je la croyais plus courageuse. »
« Oui grand roi la nonne a la même odeur qu’une truie et ce n’est pas ses croyances qui pourront lui venir en aide, ce n’est pas son faible dieu qui va la sortir de là. Je me demande quel effet cela lui fait d’être à cette place, ne fit-elle pas partie de l’inquisition ? »
« Dis-moi, ton élixir de soumission, puisque que l’on peut l’appeler ainsi, ne fait-il pas partie des vieux secrets des Empereurs du ciel ? »
« En partie oui, mais je n’ai percé qu’une petite partie de leurs mystérieuses formules. Mais regarde si tu m’en donne l’autorisation regarde la puissance de leurs anciens savoir. »
« Fait donc je suis friand de tes tours. Je te laisse faire, instruit l’interrogatoire à ta guise. »
« Ce ne sont pas des ruses ni des astuces grand roi. Tu vas voir elle va tout nous révéler. »
Il fit signe au bourreau de suspendre, puis d’une voix douce heureuse il interpella la jeune femme.
« Alors toujours rien à dire. »
De la tête elle fit signe que non pendant que ses épaules et son dos se couvraient de phlyctènes et de vésicules, elle marmonnait pour elle des prières demandant à son dieu de la soutenir dans cette terrible et injuste épreuve.
« Bourreau elle est encore vierge c’est un Nonce... comme une vestale alors rien de sexuel tu comprends, pour être tranquille tu vas lui coudre le sexe ! »
Son tourmenteur grogna, on venait de le priver d’une des privautés dont il pensait jouir durant leurs longs tête à tête à venir ; à pas lourds il se dirigea dans un coin et prit sur une sorte d’établi cinq longues aiguilles et une pelote de crin.
Elle croisa les jambes, serra les fesses, commença à tourner sur elle-même.
Elle fronça les sourcils, se mordit les lèvres jusqu’au sang son regard violet fixait le souverain maître des terres de l’est le grand Cakravartin.
Se souvenait elle de toutes les fois ou assise à la droite du grand inquisiteur elle avait été sa greffière.
Se souvenait elle du nombre de fois ou ses victimes l’avaient suppliée puis maudite entre deux râles ?
Se souvenait elle de ces cris ces pleures.
Elle se souvenait qu’elle y était indifférente, indifférente à toute cette douleur, à la douleur des autres.
Tout ce qu’elle se souvenait c’est que presque personne ne résistait à pareil traitement.
Maintenant elle avait passé le seuil de la douleur et de la peur, franchi les portes de l’angoisse pour un voyage qui lui paressait sans retour sans espoir.
Le bourreau alla chercher un chevron garni d’un grand nombre d’anneaux et de manilles, il lui attacha les chevilles le plus écartées possibles.
Elle sentit une vive douleur aux adducteurs suivit du pincement de ses grandes lèvres, il pressait, serrait sa vulve de sa main de boucher, cet endroit consacré à dieu que nul n’avait jamais vu ou touché avant ce jour était martyrisé.
La douleur aiguë de la première aiguille lui transperçant la peau la fit hurler.
Elle éprouva la sensation du fil épais et un peu gras qui glissait à travers ses chaires, les cinq aiguilles furent une à une ainsi plantées parallèles, elle s’évanouit quand il serra les liens pour les nouer.
Elle fut réanimée à grands seaux d’eau glacée.
Le bourreau lui attacha de lourds poids au corps et il l’éleva jusqu’au plafond.
Il lui frappa les bras et les jambes avec des verges jusqu’à ce que ses membres virent au rouge et même au violet, comme elle glapissait un peu trop fort au goût de tous il la descendit et sur l'ordre du prêtre on lui cousit la bouche avec le même crin de cheval.
Après cela, le bourreau l'adossa à une planche hérissée de pointes acérées, il la remonta une fois de plus jusqu'au plafond, les cloques dans son dos déjà emplies de pue éclatèrent, sa bouche se mit à mousser, à écumer, ses dents à claquer comme le bec d’une cigogne amoureuse malgré ses lèvres tremblantes et ses soupirs.
On la laissa suspendue pendant un quart d'heure jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse à nouveau.
Il la fouetta avec un fouet aux lanières tranchantes pour qu'elle saigne.
On l'abandonna ainsi pendu pour aller souper.
Quand ils revinrent le prêtre lui dit :
« Avoue, avoue, avoue à temps pour éviter d’horribles tourments. Tu dois avoir bien soif, nous allons t’abreuver. Bourreau je pense qu’il est temps prépare la. »
L’homme coupa les fils de sa bouche.
« O Messi ayez pitié de moi ! »
« C’est tout ce que tu as à dire ? »
Elle ne répondit pas, fit signe que non de la tête, des fils sanguinolents lui pendaient encore aux lèvres.
« Soit tu l’auras voulu, cela m’amuse de te voir souffrir, je suis curieux de savoir combien de temps tu vas résister au traitement qui t’est réservé. »
Le bourreau la décrocha l’allongea sur une table dont une des extrémités était plus haute, il prit un pot plein d’eau et une corne servant d’entonnoir qu’il lui enfonça dans la gorge, il commença à la faire boire.
Au début, elle l’accepta avec joie, car elle souffrait d’une soif écorchante, elle n’avait rien bu depuis le milieu de la journée.
Mais lorsqu’elle vit qu’il essayait de la forcer à boire encore et encore, elle remua la tête, recracha la corne.
Il lui écarta les dents avec une paire de pinces de fer et on recommença à l’abreuver.
Bientôt son ventre commença à gronder terriblement à la manière d’une baudruche trop gonflée, sont ventre enflé gargouillait tel une outre qu’on aurait secouée dans tous les sens.
Elle éprouva une migraine lancinante, une peine suffocante mêlée de larmes, sa tête penchait vers le sol, l’eau regorgeait de sa bouche, l’étranglait et arrêtait sa respiration.
Cela dura une bonne heure.
Sous elle, une grande flaque de pisse et d’eau s’était formée, son bourreau y pataugeait, quand on lui retira l’entonnoir l’eau jaillit de sa gorge à gros bouillon durant presque une minute.
Elle reprenait bruyamment sa respiration entre deux hoquets.
Le prêtre s’approcha, lui fit respirer une poudre et pour elle tout se brouilla, elle entendit juste avant de sombrer l’archigalle dire qu’elle était prête.
Quand elle se réveilla sous des trombes d’eau glacées on lui avait recousu la bouche et elle était seule avec son bourreau.
« J’ai pas le droit de te baiser alors tu vas déguster ma salope… »
Il lui appliqua des aiguilles sur les parties de son corps qu’elle avait encore tendres, après quelques minutes sa peau se couvrit d’une centaine de marques rouges, son sang en fines lignes dégoulina lentement tout le long de son corps gouttant à ses pieds.
Après quoi il la jeta dans une sorte de casier de métal où elle dû rester à genoux jusqu’au lendemain sans boire bouche cousue.
Elle avait de nouveau grande soif, tout son corps lui faisait mal, elle n’était que plaies, plaies qui ne pouvaient pas hurler, dans cet état presque comateux des pensées vrillaient son esprit fiévreux comme un triste refrain :
Comment puis-je souffrir autant alors que je suis une si faible femme, je n’ai d’autres ennemis que la peur et l’affliction, ma géhenne est un hommage à Marie Madeleine notre première Papesse.
Mais cette offrande était bien trop lourde pour ses épaules.
Au matin il reprit mais sans pousser les choses aussi loin que la veille...
Elle était prête à tout signer pourvu qu’on cesse de la tourmenter, pourvu qu’on lui découse les lèvres et qu’on lui donne à boire et à manger.
Elle s’humilia devant le bourreau, devant l’archigalle, devant le Cakravartin.
Le grand prêtre fut déçu de n’avoir pas à utiliser la totalité de son art de la persuasion et des potions qui était grand, il était déçu de la lâcheté de Saavati, néanmoins il obtint d’en prendre possession pour son élevage de victimes.
Il avait un holocauste à préparer en l’honneur de sa divinité quelque chose qui se voulait exceptionnel.
Pour finir de se moquer d’elle et lui ôter tout espoir on lui révéla une partie de ce qui l’attendait et comment il avait été dit à son escorte Salamandrine qu’elle et Ba-Marcon s’étaient noyés quand leur barque s’était retournée.
Cette triste nouvelle avait été reçu sans l’ombre d’un soupçon par les siens qui s’en étaient retournés dans leur royaume

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