CHAPITRE 23 : Fabrication d'une presque iota.

11 minutes de lecture

Le souverain généralissime maître des vastes plaines de l’est et des plateaux arides de Naburr attendait ses ambassades.
Il siégeait dans la salle des audiences sur un trône de bois précieux rehaussé d’or et serti de nacre. Des coussins de soie étaient savamment disposés pour que son attente soit confortable.
La salle était grande et haute, construite de panneaux d’ébène d’un noir profond, et de palissandre d’un brun violacé. Le plancher de teck clair contrastait avec le plafond et la forêt de colonnes de cèdre rouge odorant. Les nombreuses tentures de brocard aux broderies de fils d’or masquaient les baies ouvertes sur le lac.
À ses pieds, deux belles esclaves nues, de ces beautés comme on en trouve dans les tributs sauvages de l’Hyperborée. Elles étaient parées de somptueux bijoux rehaussant les couleurs de leurs nombreux tatouages. Toutes deux étaient en laisse et leurs chaînes dorées étaient fixées aux accoudoirs. Elles étaient allongées lascivement sur des peaux de tigre blanc des montagnes du Kouff. Dressées comme des chiennes, elles étaient attentives au moindre signe de leur divin maître.
Immobiles de chaque côté du trône, deux énormes molosses aux crocs puissants, au poil ras et luisant, ainsi que deux colosses aux lourdes armures d’écailles brunies, aux longues épées en pal, aux grands boucliers de fer, figés comme des statues, montaient une garde vigilante.

  • Distrait moi Sabirr. Devrais-je longtemps attendre l'arrivée de ces ambassadeurs ?
  • Si fait. Ô vénéré maître, fils du ciel et de la terre. Les guetteur n’ont pas encore entendu les trompes, ni vu les signaux de fumée qui annoncent leur arrivée.
  • Ha ! Que d’ennui... et mes petites esclaves qui ont sucé tout mon foutre, je suis las Sabirr… J’aurai bien torturé un prisonnier ou deux, mais j’ai peur de ne pas avoir le temps, et tu sais que j’aime que cela dure longtemps, je n'en jouis qu’à cette condition. As-tu des nouvelles de nos espions auprès d’Honorius ? Que fait ce sale petit rat ? Quel coup tordu monte-t-il encore contre moi. Et dire que je lui dois presque mon trône. »
  • Presque, vous avez dit presque, grand roi, et là est toute la différence. Votre frère aurait dû vous attendre à cette bataille du Plateau de La Lune. Et ce jour-là, il a perdu l’espoir de la couronne et la vie. Vous avez su traiter avec Honorius. Il est des batailles que l’on gagne en ne les livrant pas, avez-vous dit, et vous aviez raison, Votre Altesse.
  • À boire ! J'ai soif ! Du vin blanc de Turinge.
    Aussitôt une esclave en pagne de linon transparent sortit de derrière une des tentures de taffetas, elle portait sur un plateau précieux une carafe et une corne à boire en cristal ciselée de motifs floraux incrustés de lapis lazulis.
    Une des deux esclaves nues se leva et remplit la corne, elle en but une gorgée, et comme il n’était pas empoisonné, elle tendit avec respect la boisson fraîche à son maître qui la vida d’un trait.
  • Grand Roi, le prêtre de Cybèle Ishtar* est arrivé. Annonça un héraut d’armes.
  • Introduisez-le immédiatement, j’attends cet oiseau-là depuis trop longtemps. Et il m’a promis un spectacle dont il a le secret. Si mes espions ont bien fait leur travail, il m’apporte une pièce essentielle à l’élaboration de mon plan. Regarde et écoute bien, vilain Sabirr.

Les portes de la salle s’ouvrirent largement et une silhouette drapée d’une toge brune s’avança. Derrière lui, deux esclaves nues sous un léger voile de tulle de soie le suivaient.
Il s’inclina à trois pas du trône tandis que ses esclaves restaient immobiles.

  • Salut, ô roi. Tu es béni entre tous les souverains de l’univers, toi qui es la lumière des steppes, la source des déserts, le sel de la terre. Ma Déesse par ma bouche t’apporte d’agréables nouvelles. J’ai les plans de la ville d’Aquilata. Quel mortel peut échapper aux dessins d’une divinité quand elle veut sa perte ? En vérité, je te le dis, maître du levant, mon infernale déesse veut la fin de cet homme que l’on nomme Honorius, et, à défaut d’une armée, je t’offre l’allégeance de mes disciples qui est totale. C’est là un de mes présents, regarde. Voici deux sœurs, deux jumelles.
  • Ont-elles des noms ?
  • Des noms ? Grands dieux non ! Elles ne sont que la nourriture de ma divinité. Mes chevaux, mes chiens, ont des noms, mais ça non ! Donnes-tu un nom au poulet que tu manges ? Il fit glisser sur leurs voiles, découvrant les jeunes filles.

Il dit à l’une :

  • Toi, étrangle ta sœur, et toi, laisses toi faire.

Ce qui fut fait en silence, la victime tomba à terre, inconsciente mais toujours vivante.
Il retira de sa manche un stylet.
Deux gardes se placèrent devant leur roi pour le protéger, deux autres firent un pas en avant la main sur la poignée de leurs glaives et commençaient à les dégainer.
Subarnipal fit signe à ses soldats de laisser faire.
Le prêtre tendit le poignard à la jeune esclave :

  • Maintenant ouvre-lui le ventre et mange-lui le foie et le cœur, après tu te couperas la langue et tu t’égorgeras.

Elle s’agenouilla à califourchon au-dessus du corps qui respirait faiblement, elle planta la lame à une profondeur d’un doigt à partir du pubis pour remonter.
Sa victime ouvrit des yeux écarquillés de douleur et hurla.

  • Ne nous importune plus par tes cris, déchet ! Souffre en silence, et garde les yeux ouverts ! Vois comme ta sœur te découpe avec amour. Dit sèchement le prêtre.

Alors la sacrifiée se tut, seules quelques larmes, et ses poings serrés manifestaient encore le dernier reste d’une conscience perdue. Son regard se perdait dans celui de son double.

  • Et toi, moins que rien, éventre-la jusqu’au plexus. Applique-toi, très, très lentement, et ne plante pas la lame profondément, tu ne dois pas encore tuer cette chose… Bien, maintenant, tu n’as plus besoin du couteau lèche le, et rends-le-moi, tu finiras ta besogne avec tes mains et tes dents.

Elle le lui rendit avec respect, il le rangea dans sa manche.
La victime immobile était toujours vivante. Sa poitrine se soulevait par saccades. À chaque fois, les lèvres de la longue plaie rectiligne baillaient, libérant des flots de sang qui coulaient le long de ses flancs et sur les cuisses de sa bouchère.

  • Maintenant continue !
  • Attends ! Intervint le roi. Rends-lui le stylet et demande-lui de découper les seins de sa sœur, mes chiens ont faim.
    Il lui rendit l’arme, et elle commença l’ablation, tailladant les chairs.
    Voyant que le stylet n’était pas l’outil idéal, Subarnipal intervint de nouveau.
  • Qu’on apporte des cuisines des coutelas, un hachoir et une planche à découper, je ne veux pas qu’on abîme le plancher avec de la nourriture pour chiens.
  • Tu as entendu rebut, Arrête ! Ordonna le prêtre.
  • Dis-moi grand prêtre, ressentent-elles la douleur ?
  • Oui, mais beaucoup plus amoindrie, et je crois que je peux agir dessus en l’atténuant, ou en l’exacerbant.
  • Sont-elles lucides ? Savent-elles ce qui les attend ?
  • Oui, mais elles ne peuvent que m’obéir. Tout en elles m’appartient et c’est le cas de tous mes esclaves et de tous mes disciples. Et ils sont des milliers que j’ai placés partout.
  • Et si je leur donne un ordre, peuvent-elles l’exécuter ?
  • Uniquement, si je vous les cède.
  • Fais-le, je veux essayer.
  • Faites ce que votre nouveau maître demande.
  • Et s’est tout ?
  • Oui, commande et tu jugeras.

Les instruments de cuisine arrivèrent.

  • On va bien voir... Qu’on donne un couteau à l’étripée. Puis regardant la suppliciée.
  • Bien, à genoux, et tranche toi les seins.

Le roi se leva de son trône, il portait une grande robe de soie bleu foncé, il s’approcha de la fille qui s’était déjà coupé un mamelon.

  • Peuvent-elles parler ?
  • Oui, uniquement, si tu leur en donnes l’ordre, mais elles ne peuvent que répéter ce que tu leur dis de dire.
  • Je comprends.

Il s’adressa à la fille qui avait encore son sein dans une main.

  • Appelle Achille et donne-lui ta mamelle. Après, tu te couperas l’autre et tu appelleras Hector, et tu feras de même.
  • Achille ! Gémit-elle.
    Un des deux chiens arriva, elle lui présenta la viande qu’il goba, il aurait bien dévoré l’esclave, mais son maître lui intima l’ordre de ce coucher.
  • Tu la mangeras plus tard !

Elle se découpa l’autre mamelon.

  • Hector !

Elle recommença. L’autre chien fut tout aussi prompt.
Le roi renvoya les deux molosses à leurs places près du trône.
Couverte de sang, elle attendait toujours à genoux.

  • Cette petite démonstration me fait bander, je ne sais pas pourquoi, mais la douleur des autres me met en joie. Tu vas me sucer et mon foutre sera la dernière chose que tu avaleras !

Il releva sa robe et en recouvrit l’esclave qui entreprit de le satisfaire.
Il était debout, jambes légèrement écartées et on ne voyait plus la petite chose qui usait de sa bouche et de sa langue. C’était un colosse et son vêtement qui était ample la dissimulait entièrement.
Pendant qu’elle lui donnait du plaisir, il s’adressa au prêtre.

  • Et avec les hommes cela marche ?
  • Oui, comme avec les femmes, mais dans les deux cas, il faut des ordres simples. Mais il ne faut s’attendre à aucune initiative, donc pas de bons soldats, juste quelques tueurs bornés. C’est pour cela que j’ai dressé essentiellement des esclaves de plaisir, ils peuvent plus facilement exécuter mes ordres, car ils vivent près de leurs cibles, et durant l’acte sexuel, leurs victimes sont sans défense… Tout comme toi maintenant… Mais n’ai crainte, tu ne risques rien.
  • Je n’en doute pas. Répondit-il, esquissant une légère moue, signe qu’il venait de jouir.
  • Sors de là-dessous. Reprit-il.
  • Esclaves ! Venez me nettoyer et me changer. Je suis couvert de sang. Ça, va, j’ai compris la démonstration. Arrache-toi le cœur, et donne-le à ta sœur, et fait vite, on ne va pas y passer la nuit.

L’esclave à genoux au milieu d’une large flaque de sang, de ses mains nues s’écarta les côtes, et saisit son cœur avant de le sortir palpitant hors de sa poitrine, elle s’écroula enfin morte. Son cœur dans ses mains crispées Subarnipal la repoussa du pied avec dédain.

  • Ta démonstration a le mérite d’être claire, quoique salissante. Donne-moi la survivante, je saurais m’en amuser en temps utile.
  • Il en sera fait selon ta volonté, grand roi. Toi, tu appartiens maintenant à cet homme, fait toujours ce qu’il te commande.
  • Prends le hachoir, et découpe ta sœur en morceaux, tu les donneras aux chiens, ils aiment la chair d’esclave. Il se tourna vers le prêtre et poursuivit ses questions. Combien dure cet état chez tes victimes ? Est ce qu’elles se souviennent ? Tu commences à m’intéresser, grand prêtre. Je ne regrette ni la montagne d’or que je t’ai donné, ni les promesses que je t’ai faites.
  • Votre Altesse est trop bonne. Cet état, comme tu l’as deviné, ne dure qu’une journée, et ne peut se répéter que trois fois. Après l’esprit s’évade, et l’individu n’est plus qu’une coquille vide. Mais par divers traitements, on peut leur assigner des taches simples et répétitives…
  • Comme ramer par exemple ?
  • Oui votre grandeur, ou on peut les utiliser pour porter ou tirer des charges, il faut les entraver, sinon ils déambulent sans but. Ce ne sont plus que des bêtes de somme. Pour en revenir à ta question, elles se souviennent si tu le désir, elles oublient de même, et dans ce cas, même sous la pire des tortures elles ne peuvent rien avouer.
  • Et je suppose que ta présence n’est pas indispensable au déclenchement de la métamorphose.
  • C’est un plaisir de traiter avec toi grand roi, ta présence d’esprit et ton intelligence illumine ton royaume, en effet, ma présence n’est pas nécessaire au déclenchement de la soumission. Quand tu prendras la ville d’Aquilata, ne détruis pas mon temple, il est essentiel au processus de dressage. La déesse dont je suis l’humble serviteur ne supporterait pas de geste sacrilège, son courroux serait incommensurable.

Des servantes s’affairaient autour du roi, elles l’avaient dénudé et l’épongeaient à grandes eaux, deux d’entre elles frottaient le parquet et dans un coin, l’esclave qui avait éventré sa sœur s’appliquait consciencieusement.

Elle finissait d’arracher le foie, et d’éviscérer le cadavre, elle avait fait un tas des organes qu’elle avait posé sur un des plateaux d’argent qu’on lui avait donné.
Maintenant, à grand coup de hachoir, elle démembrait le corps de sa sœur. D’abord les mains, puis les pieds, les coups tombaient sur les articulations, elle tenait la poignée à deux mains pour frapper avec plus de force.

Subarnipal regardait la soumise et dit :

  • Au fait, tu ne m’as pas dit quand son conditionnement s’achève, ni comment la dominer à nouveau.
  • Le charme a commencé quand nous sommes entrés au palais, il prendra donc fin... Demain dans l'après-midi. Pour redevenir maître de son esprit, il suffit de réciter une prière que je t’apprendrai.
  • Une dernière chose prêtre, combien de temps pour soumettre un millier d'hommes ?
  • Cela dépend de leur volonté, en général, il faut une quinzaine de jours, mais le passage par le temple est obligatoire.
  • Tu peux te retirer, un serviteur va te conduire à tes appartements. Tu verras ta chambre est somptueuse.

Il jeta un regard à l’esclave qui finissait de découper sa sœur.

  • Reprends ton cadeau et fait la laver, elle poisse le sang et pue la mort. Je te garde comme hôte, nous avons encore bien des choses à voir. À plus tard, prêtre.

Le religieux après un dernier salut, se retira, précédé d'un serviteur et suivi de son esclave nue et sanguinolente.
Les portes se refermèrent sur eux presque en silence.

  • Eh bien, qu'en penses-tu mon bon Sabirr ?
  • Je pense que cet oiseau de mauvais augure me fait peur et qu’il serait mieux en cage.
  • Tu es bien sage, mon fou, un roi peut-il revenir sur sa parole ?
  • On promet selon ses espérances et l’on tient selon ses craintes. Tu es roi et ne crains personne…
  • Ce qu’il y a de bien avec toi cher Sabirr, c’est que tu dis si bien ce que je pense. Peut-être es tu trop sage pour être fou. Ne veux-tu pas devenir un de mes ministres ?
  • Pour finir embroché comme votre grand chambellan ? Non-sire, je ne suis qu’un fou, et serai bien plus fol encore si je changeais de ministère. Et vous m’avez déjà tant gratifié, qu’être auprès de votre majesté est le plus grand des privilèges.
  • Votre Altesse, les chiens sont prêts pour la chasse. Intervint un héraut d’armes.

Maintenant nettoyé et rhabillé, le roi demanda les auspices pour la vénerie.
Subarnipal voulait partir à la chasse, alors il avait réuni les courtisans qui l'accompagneraient, mais pour le succès de l'expédition, il fallait du sang avant de sortir.

On fit venir un enfant de dix ou douze ans et on lui scia la gorge, son sang gicla sur le sol, alors les aruspices se penchèrent, examinèrent les flaques. Oui la chasse serait bonne.

« Il faudrait que je fasse poser du carrelage » pensa Subarnipal.

**********************

Ishtar* : (Déesse, apparentée à Astarté dont il est fait mention dans la Bible des Salamandrins. La prostitution sacrée était pratiquée dans les sanctuaires de cette déesse de la Fécondité.)

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire sergent ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0