CHAPITRE 21 : Une chienne dans un bateau.

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Loin entre l'aval et l'amont, loin sur le grand fleuve, celui qui baigne les remparts immémoriaux de Domina, le Saumon Rouge, un vieux knarr construit jadis en Hyperborée, remontait le fleuve à force de rames. Heureusement, la bienveillance d’Évole* soulageait la peine des rameurs, gonflant l’unique voile carrée en toile de laine et de lin tissée très serré.
Nul ne pouvait deviner la couleur, car tant de fois, elle avait été rapiécée.
Lucius, capitaine de cette vieille coque, avait le regard cruel des vieux pirates d’eau douce pour qui l’or était la seule maîtresse valable.
Il pensait à sa trahison à venir, au pactole qu’il se ferait sur le dos de ses complices et de ces lourdauds de légionnaires.

  • Chienne ! T’as fini salope ?
  • Oui maître, moi avoir écrasé champignons.
  • Alors putain, qu’attends-tu pour les mélanger au vin ? Tu veux du bâton ?
  • Si maître veut. C’est comme maître veut.
  • Con de Vénus, il faut tout te dire p’tite pute ! Et vous autres, marins d’eau douce, ne touchez pas à cette gourde ou vous finirez votre voyage dans la barque de Styxman* ! Et toi p’tite garce, tu as intérêt à filer droit, sinon tu finiras à Suburre au lupanar ou mieux je te vends comme iota*. Et vous, bande de larves… souquez ferme ! On n’est pas en avance. J’espère que ces cons de légionnaires vont nous attendre. De toute façon sans nous ces raclures resteront dans leur marais .

Masquite, un géant même pour les peuples du nord, étonnait par sa musculature puissante. Il était le pilote et le gubernator* de l'esquif. Toujours vigilant, il scrutait loin devant l'étrave pour déceler les dangers du fleuve.
Son regard bleu délavé était à l’affût de ces troncs flottants entre deux eaux qui n’étaient pas rares en cette saison. Il était d’autant plus vigilant que le Saumon rouge avait percuté il y a peu une bille de bois qui avait endommagé le flanc droit du bateau. Cela c’était passé avant les Gorges Hurlantes*. Le fleuve bien en amont de cet endroit se scindait en deux, un rocher Jovien en était la cause. Un bras allait vers les gorges, l’autre beaucoup plus important prenait le chemin des Chutes d’Évole*, hautes d’un quart de stade courant sur presque deux parasanges, elles étaient aussi impressionnantes que dangereuses, c’était un véritable mur d’eau qui tombait du haut des falaises grises et lisses de la rive gauche et quand Évole se décidait à souffler, c’était comme de la pluie qui tombait sur les embarcations même si elles croisaient à plus de deux parasanges des chutes.
Il fallait donc longer les chutes avant de pouvoir aborder les gorges, cela demandait beaucoup de vigilance, beaucoup de sang-froid et surtout beaucoup de chance. Aussi un ou deux hommes étaient postés à l'avant avec des gaffes, mais malgré leur vigilance, un accident pouvait arriver aussi vite qu'un roojas* au galop.
Les rameurs assis sur leurs coffres s’étaient remis à chanter se donnant de l’allant ils gardaient une cadence élevée pour échaper aux nombreux tourbillons du fleuve en cet endroit.
Lucius s’était dirigé vers la proue, il aimait voir l’étrave de son navire fendre l’eau. Il aimait par-dessus tout entendre l’écume des vagues cogner contre la coque.
Droit, presque cambré, il se prenait pour le grand commandant qu’il n’était pas.
Mais la lumière était belle, la matinée radieuse et dans le ciel quelque rares nuages couraient vers des horizons lointains et cela lui donna soif.
Chienne, la petite esclave à la silhouette androgyne, au torse presque plat, aux hanches fuyantes, aux petits seins hardis et ronds, toute nue, toute menue avec son collier de bronze, s’éreintait à actionner la pompe de carène.
Travail de servile Sisyphe, monotone corvée d’une presque enfant qui chantait tout bas l’esprit du fleuve.
Le knarr*, voguait paisiblement sur le divin fleuve couleur de plomb.
Elle remontait le faible courant qui léchait une étroite berge de saules blancs et de tilleuls qui ensembles s’ébrouaient dans la brise parfumée.
Il traversa un épais linceul de fleurs blanches qui sans se hâter descendait le flot.
Qui aurait su interpréter les signes aurait fait un sacrifice au Tibre, car tel était son nom, le même nom qu’un autre fleuve quelque part dans un autre univers, quelque part dans un autre temps.


***

Cela faisait moins de deux semaines, qu’ils avaient dépassé les terribles cataractes du profond défilé aux hautes falaises grises qu’on appelait les Gorges Hurlantes, c’était un lieu maudit toujours embrumé d’une vapeur glacée. Durant ce lent périple, l'impétuosité du courant n'avait point été l'unique cause du retard qu’avait accumulé le Saumon Rouge.
D'abord, il y avait eu cette querelle avec le principal leno* d'Aquilata* son ancien patron*. Lucius, accompagné de sa bande, avait dû de vive force reprendre son bien, c'est-à-dire Chienne, à ce proxénète indélicat.
Puis ce tronc qu’ils avaient percuté un peu avant le hameau de la Grande Cluse, qui était en aval des chutes. Il y avait eu aussi ce grand remue-ménage à l'auberge du fleuve où un inconnu après avoir joué des poings avait arrosé l'assemblée des spectateurs d'has*, c'était assez de cuivre et d'argent pour étancher la soif de tous les soiffards du coin. Cela avait débouché -littéralement parlant - d'une foule d'amphores et de tonneaux, provoquant une beuverie homérique. L'équipage du knarr, capitaine compris, avaient mis trois jours à s'en remettre. Même les charpentiers du cru avaient renâclé à entamer les réparations.
Sans compter, que la remise à l'eau du bateau avait été des plus chaotiques, ils avaient bien failli s’échouer à quelques misérables encablures du rivage, sur les pontons, les spécateurs hilares se moquaient des marins d’eau douce qu'ils étaient.
Enfin le knarr s’était présenté devant les gorges. Elles s’annonçaient toujours par leurs chant criard et leurs remous puissants. Alors ils avaient dû accoster sur une rive étroite. Les bateaux voulant entamer la remontée des rapides accostaient toujours sur la rive droite, la plus étroite mais la moins dangereuse. Il leur fallait s’amarrer à quelques antiques bites ou à de gros rochers rendus lisses par les générations de cordages qui s’y étaient frottés, ou encore à la poupe du navire précédent quand il n'y avait plus ces pierres salvatrices bordant la rive.

En prévision de cela les capitaines devaient s'équiper en baculs* et autres filins. Pour avoir la possibilité de se joindre à une des files, tous ces bouts sur les ponts étaient source de tracas.
Lucius et les siens, devaient comme les autres patienter plusieurs heures à l'approche des rapides, attendre que l’attroupement occasionné par les llaguts*, les barges et les autres bateaux de charge qui les précédaient se résorbent.
Il était possible d'acheter un passe-droit pour abréger l’attente, mais c'était toujours trop cher pour le peingre qu'était Lucius. Aussi dûrent-ils tous prendre leur mal en patience. Il semblait aux équipages, qu'ils faisaient une queue identique à celle de l’entrée du Circus Maximus, et l’on était trop heureux si l'on en était quitte pour une seule journée d'attente. c'était aussi le dernier endroit où l'on pourrait parler sans hurler.  
Dans l’escarpement rocheux, avait été creusé un étroit chemin glissant, patiné par une multitude de générations de haleuses dont la tâche était de remorquer les embarcations sur plus de quatre parasanges. Sur l’étroit sentier de halage, une ligne de vie était scellée dans la roche toujours ruisselante. Elle retenait prisonnière autant qu'elle sécurisait une cohorte de iotas* et d'iŭgum* de rebut. Toutes les prisonnières étaient en permanence enchaînées par le cou. En plus du collier de bronze, elles étaient forcées de porter des chaînes à leurs chevilles, ce qui les empêchait de se déplacer librement. Le bruit de ces bataillons de chaînes qui traînaient sur le sol était juste un rappel constant de leur état d'animaux de trait. Mais pour elles, cette pénibilité était la moindre des tortures. Par groupe, elles tiraient du matin au soir les embarcations devant remonter le fleuve.
C’était un de ces durs labeurs où l’on mourrait à la tâche. Quand cela arrivait, et ce, plusieurs fois par semaine, on déferrait le cadavre et on le poussait dans le courant où il était vite happé. Enfin libre sans même une prière, tourbillonnant sur lui-même, il s’en allait vers le néant.
L’espérance de vie pour une iota* ou une Iŭga* y était bien plus faible que dans les champs ou dans les attelages. Seules les mines de fer à cause de leur profondeur et les galères pouvaient s’enorgueillir d’être aussi voraces en vies humaines.

***

Lucius, Masquite et le vieux Aponius, descendirent à terre, ils voulaient choisir le nombre de haleuses ainsi que leur chef d’équipe.
Nue sous sa courte tunique, Chienne les suivait, sous la surveillance d’Aponius.
Elle savait ce qui l’attendait. Elle serait conduite sous l'un des vélums appuyés à un des murs de la cour du caravansérail qui bordait la commanderie.
Là, pour tout le temps que prendrait le halage du Saumon Rouge, jusqu’au bout de la passe, ce serait l’abattage... et d'autre passes à n'en plus finir, des litres de foutre, des centaines de toises de pines.
Chienne fut donc attachée par le cou à une des chaînes du mur des putains, elle attendrait parmi d'autres esclaves des deux sexes de recevoir la file des prétendants d'un moment. Lucius qui était pingre, voulait un minimum de haleuses, puisqu’en plus du tarif par tête, du droit de passage, il devait prendre à sa charge la nourriture des esclaves et du chef d’équipe, car telle était la règle. Aussi essayât il de mentir sur le tonnage et le tirant d’eau de son knarr. Mais ce fut chose vaine, les contremaitres, en avaient vu bien d’autres pour se laisser abuser par un marin d'eau douce, un faquin comme lui ne faisait pas le poids face à la Guilde des Fleuves. Lucius et Masquite ne purent même pas choisir les esclaves, qui sans attendre furent attelés à leur tâche. Tout ce qu’il put négocier afin de faire quelques économies sur le nombre de haleuses, ce fut que tout son équipage aida à la manoeuvre, soit en jouant de la gaffe, soit en tirant avec les esclaves l’embarcation. Pour faire avaler la pilule à ses hommes il devrait les abreuver de bonnes paroles, de menaces et surtout de quelques litres d'alcool.

***


Il leur avait fallu une autre bonne journée pour passer cette première difficulté.
Et comme si ce n’était pas assez difficile de tirer le Knarr à contre-courant… Il convenait de compter encore avec les bourrasques aussi violentes que soudaines. Evole était un dieu taquin qui aimait bien se jouer des humains et dans cette gorge, il s’en donnait à cœur joie.
C'est tout au plus s’ils avaient, en une journée, avancé d’un parasange*.
Force leur était de toucher terre et de demeurer sous une averse de vapeur froide, pulvérulente, pour être amarré tout au long des heures nocturnes. Avec de la chance, au travers de cette brume, ils parviendraient à appercevoir le halo de la lune Majore.
Avec la fin du jour, Lucius et son l’équipage, exception faite de quatre marins, qui avaient perdu à la courte paille, reprenaient le chemin de halage à la lumière des flambeaux. Ils passeraient la nuit au caravansérail de Cluse.
Sitôt que les dieux eurent fait se lever le soleil et que le jour eut pris vie, ils retournèrent au knarr.
Ils franchirent sans accident le Rapide des Culs en l’Air, puis le Défilé des Mille Tonnerres que dominaient des falaises de plus de 2 stades* et que l’on nomme les Gorges Hurlantes, car le vent s'y engouffre et rugit en permanence.
La seconde nuit les surprit en face des rapides des Eaux Blanches, le fleuve à peine remis de sa course échevelée faisait un coude à cet endroit et les hauts fonds étant nombreux, les courants ne pouvaient qu'engendrer un mur d'écume. Le Tibre avait encore des soubresauts terribles, des tourbillons gloutons, des soulèvements brusques et houleux aux franges écumantes. De là on entendait les mugissements se répercuter au loin par les échos des gorges. Durant toute la nuit, la file de bateaux serait au mouillage au fond d'une anse qui serait comme toujours très encombrée, jadis creusée par une légion d’esclaves, elle n'était plus assez large pour l'importance du trafic. Les navires seraient à peu près abrités, mais ceux-ci conserveraient une gîte continuelle. Ils tiraient sur leurs amarres donneraient à entendre des sons sinistres, les courants leurs imprimant les mêmes balancements qu’un navire pris dans la houle du grand large. Cela fatiguait les cordages et rendait les équipages inquiets.
Au matin du troisième jour, la queue leu leu, ils firent comme ils avaient fait hier, c'est à dire, tout juste un parasange.
Mais que d'émotions sur cette distance si péniblement conquise !
La montée des deux rapides situés en aval du village fortifié de Cluse-Haute avait exigé un plein carré de temps* et les efforts de trente iotas* et d'autant d'iŭgum*.
Au soir du quatrième jour, on dut remettre au sur-lendemain l'attaque du troisième rapide, de beaucoup, le plus violent.
Les haleuses avaient bien droit à un jour de repos avant l’effort le plus violent.
Le chenal, au surplus, était obstrué par une dizaine de grosses barques qui peinaient depuis l'aube.
Ils durent doubler les amarres, accoter aux rochers sur la rive gauche à quelques mètres de la tumultueuse coulée blanche.
Le bruit des eaux était assourdissant et ils étaient secoués aussi rudement que sur une mer en furie.
Au petit matin du cinquième jour, le passage fut libéré. Un stade à franchir, pas davantage et cela leur prit un demi-carré de temps qui parut un siècle.
Ils avançaient de façon imperceptible, pouce par pouce.
Les soixante esclaves tiraient en désespérées, rampaient cramponnées des mains et des pieds aux trop rares aspérités du sol.
Le Tibre, à l'amont des Gorges Hurlantes, se heurtait contre un barrage formé de débris d'avalanches.
De chaque rive, d'énormes escarpements rocheux avaient glissé dans le fleuve, déterminant moins un rapide qu'une véritable chute ; la dénivellation était d’au moins trois coudées Dominiennes*.
Il existait deux passages : le chenal de montée qui longeait la rive gauche et serpentait parmi les rochers ce qui permettaient de s'aider de la perche et de la gaffe.
Le chenal de descente était au milieu du fleuve, un glissoir entre deux rochers peints d'écarlate où l'eau se précipitait en vagues gigantesques.
Les grands lintres manœuvrés par cinquante rameurs, leur mât abattu, y défilaient avec la rapidité d'un char de course. C’était un spectacle impressionnant de les voir s'engager dans ce passage où la rencontre du moindre écueil les réduirait en miettes.
Les accidents étaient fréquents.
Le matin, même une lourde barge avait fait naufrage.
Elle avait réussi cependant à s’échouer deux stade plus bas sur les galets d'un îlot où elle gisait couchée sur le flanc, la coque rompue, les bouts pendants, les rames cassées.
Ce qu'on avait pu sauver de la cargaison était entassé pêle-mêle sous une tente de fortune. L'équipage, très philosophe, avait formé un cercle autour d'un feu, se réchauffant du mieux qu'ils pouvaient, faisant sécher leurs hardes étendues sur des rochers au soleil, ils pansaient leurs plaies qui heureusement n'étaient pas graves.
Des barques de sauvetage, peintes en rouge et battant pavillon impérial, croisaient en amont et en aval des rapides.
On les rencontrait aux approches de toutes les passes dangereuses du Tibre.
Cette flottille avait été organisée, il y a quelques années, par les soins de l'amiral Hométatus Britanus Salvatori.
Ce même soir, un peu avant la nuit, ils avaient abordé la Passe des Rocailles. Terrible seulement aux hautes eaux, bien qu'en ce moment, la vitesse du courant y était encore en moyenne de dix à quinze nœuds à l'heure.
Ils la franchirent sans accroc grâce à l'entrain des esclaves et au fouet du chef d’équipe qui, pendant cette rude journée, avait fait preuve d'une vigueur rare.
La nuit venue, ils fêtèrent leur sortie des gorges.
Chienne avait aussi bien travaillé enchaînant les passes, Aponius ne lui accordant que de rares pauses.
Quand la petite osait se plaindre, il lui répondait :

  • T'as qu'à tremper l'cul dans l'eau froide, on t'demande d'ouvrir les cuisses et de sucer des pines, c'est pas compliqué ...
    Cette fois, le fleuve avait été clément. Peut être, en remerciement, auraient ils du sacrifier au Dieu Fleuve et à Évole, oui peut-être ...

D’Évole* : le dieu des vents des grands canyons et des cascades.


Styxman* : connu aussi sous d’autres noms comme : Charon, le passeur d’âmes. C’est lui qui transporte les morts à leur destination finale.


Gubernator* : celui qui tient les rames du gouvernail.


Gorges Hurlantes* : le seul passage navigable pour remonter le Tibre, durant la mousson, il est impraticable, aussi durant cette période, on place les bateaux sur des rails et on les tire jusqu’à Caestrum-Heltary où le fleuve est navigable à nouveau, quelle que soit la saison. Il est prévu le creusement d’un canal entre la Grande Cluse et Caestrum-Heltary.


Chutes d’Évole* :


Aquilata* : deuxième cité de l’Empire Dominien tant par sa population et par sa position stratégique.


Patron* : chez les Dominiens, le patron est un protecteur, un employeur, souvent ses clients sont des affranchis ou les membres de sa famille au sens large.


Baculs* : pièce de harnachement des bêtes et des hommes pour le halage à laquelle s’attache la corde de traction.


Llagut* : il était utilisé pour le transport, propulsé à la voile, à la rame ou à la perche, ou halé par des animaux ou des hommes. De caractéristiques très différentes du llagut de mer, il pouvait transporter plus de 30 tonnes de produits agricoles ou de matériaux de construction entre les différents ports du fleuve. D'une longueur ne dépassant jamais 20 mètres, étroit, il était non ponté.


Coudée* : la coudée Dominienne est égale à peu près 50 cm.

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