La porte des mondes

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On rencontre tout genre de spécimens pendant les colonnies de vacances, mais des cas comme Maxens, Jacob, Ariane et Vladimir sont assez rares. Vous voulez qu'is fassent quelques choses? Interdisez le leur! Succès garanti! Ils ne se connaissaient pas avant mais leur complicité dépasse la simple amitié mais c'est ainsi.

Fidèles à eux mêmes, le club des quatre décide une soirée de pleine lune d'aller à nouveau au lac qui leur est interdit dès lors qu'a sonné le couvre feu. Menés par Maxens, une belle tête brune décoiffée munie d'un cerveau bien plein, ils se dirigent en cachette vers les lieux interdits malgré le froid plus prononcé, chose bizarre en cette soirée d'été. Mais qu'importe! Aucun défi ne les surpasse se disent-ils! Qu'est-ce qu'ils risquent? Un rhume?

C'est ainsi qu'ils s'enfoncent dans la forêt, à la recherche du lac, aux milieux des hululements et du bruissement des feuilles des arbres se frottant les unes aux autres. Derrière Maxens se trouve Jacob au teint caramel avec une touffe bouclée pour cheveux, le plus prudent de ses camarades pour ne pas dire froussard; Après lui vient Ariane plutôt fluette du haut de ses 1m54 mais sans aucun doute la plus teigneuse; et pour fermer la marche, un jeune homme très silencieux mais non moins intelligent du nom de Vladimir, le plus grand de taille de tous ses compagnons, avec un teint blanc comme craie pour des cheveux chatains coupés courts comme à l'armée.

Ainsi en rang, ils se dirigent vers le lac. Mais un problème se pose: le lac n'est pas là. Du moins, ils ont beau marcher et encore marcher mais rien. Il est pourtant évident qu'ils ont marché plus qu'à l'accoutumé mais rien.

- Dis tu t'es pas perdu? demande Ariane

- N'importe quoi! Je ne me perd jamais, réplique Maxens.

- Je pense qu'il serait mieux de rentrer, propose Jacob.

- Non mais ça va pas? Tous ces risques pour rie...

- Jacob a raison.

Maxens est interrompu par Vladimir qui sous ses traits impassibles en général, peine à dissimuler son anxiété. Il reste néanmoins très posé lorsqu'il s'explique.

- Depuis qu'on est sorti, quelque chose ne va pas. On était clairement en dessous des 10 degrés en pleine nuit d'été. Et le plus inquiétant est que Maxens ne se perd jamais.

- Voilà!

- Sauf qu'on est passé à six reprises devant le même arbre, continue précipitamment Vladimir.

- Pardon? demandent les autres à l'unisson.

C'est sur ces mots que Vladimir conclut avant de se retourner posément pour se diriger vers la colonnie, lentement suivi par les autres qui lui emboitèrent le pas non sans échanger un regard anxieux. Mais ça n'allait pas être aussi facile que ça...

Au lieu de retrouver leurs dortoirs soudainement bien aimés, les jeunes tombent sur une maison blanche avec 02 étages. Elle n'est pas délabrée. Bien au contraire, elle a l'air neuve mais inhabitée. Tous ces détails auraient intéressés les jeunes si la maison n'avait pas été pile où étaient supposés être les dortoirs.

Qu'est-ce qu'elle faisait là cette maison?

Ils s'échangent d'abord un regard inquiet puis le visage d'Ariane s'éclaire peu à peu.

- On voulait de l'aventure! Je crois qu'on est servis! Ah quoi? Faites pas ces têtes on dirait des mioches sur le point de chialer!

Les garçons se regardent alors tour à tour et finissent par rigoler.

- Ecoutez les mecs! Cette nuit est super chelou mais c'est comme ça que tous les grands aventuriers ont commencé!

- Dans les films d'horreurs? réplique Jacob.

- Haha non dans les films d'aventure. Regardez! Elle a quoi d'effrayante cette maison?

Les garçons regardent alors instinctivement le bâtiment d'un oeil scrutateur avant de s'échanger un regard. Ils sourient alors tour à tour au vu de leurs réactions mécaniques.

- Vous voyez! Peut-être qu'on va y trouver un mystère ou un trésor ou je sais pas moi! Mais ça vaut le coup!

Maxens est surpris. Que ferait-il sans cette folle qui était toujours là quand son leadership foutait le camp?

- Allez les gars! Vous avez entendu la petite?

- Hé! proteste Ariane.

- On entre? continue Maxens.

Mais sans réponse, ils avancent comme un seul homme dans la maison.

Arrivant au dernier étage, ils sont déjà déçus, tous sauf Vladimir.

Pas de trésor, pas de mystères, rien! Juste des portes numerotées qui n'en finissent pas d'être ouvertes sur des pièces vides. Jacob est déjà découragé lorsqu'ils arrivent au deuxième et dernier niveau. Mais là, il n'y a qu'une seule porte.

- C'est la porte numéro 5.

La voix de Vladimir surprend tout le monde.

- Qu'est ce que tu dis? s'étonne Maxens. Elle n'a pas de numéro celle-ci.

- Les portes d'en bas. Elles étaient toutes numérotées.

- Oui c'est vrai mais après le rez de chaussé je n'y prêtais plus attention.

- De 1 à 4 au rez de chaussée, continue Vladimir, et de 6 à 10 au premier. Il n'y a pas de doute. Celle-ci est la 5.

- Mais pourquoi mettre la cinq au dernier niveau? s'interroge Jacob.

- Comme si on le savait, rétorque Ariane. Vas-y Maxens ouvre nous celle-là qu'on dégage d'ici! Une perte de temps!

Maxens baisse alors nonchalamment la poignet sauf que la porte ne s'ouvre pas.

- Ca ne s'ouvre pas, dit Maxens à voix basse comme pour lui même.

Mais dans le silence de cette nuit glaciale, tout le monde l'entend, même Ariane qui engage déjà les escaliers avant de stopper net.

- Ca ne s'ouvre pas?

- Merde alors ça ne s'ouvre pas, déclare cette fois-ci Maxens à haute voix.

La petite clique se rassemble alors rapidement autour de Maxens. Il essaye de forcer un peu la poignet mais rien. Bousculer la porte, toujours rien.

- Vous savez quoi? Faut qu'on dégage d'ici, déclare Jacob soudain anxieux, très anxieux.

- Qu'est-ce qui t'arrive Jack? demande Ariane. Je t'ai pas encore vu comme ça.

- On doit dégager d'ici! repéte-t-il à la pointe de l'hystérie. Je sens... Je le sens c'est pas bon.

- Qui? Quoi?

- Vas-y laisse tomber Ari, la coupe Maxens. Il flippe c'est tout. Ca va lui passer.

Ariane est sérieusement inquiète mais Maxens n'en a cure. Il cherche des yeux quelques choses pour forcer la porte mais ne voit rien et décide alors d'enfoncer la porte à la seule force de son corps. Jacob se tient déjà la tête alors qu'Ariane tente de le calmer. Maxens fonce sur la porte une fois, puis deux fois mais rien. Pour la troisième fois, il prend bien son élan et fonce sur la porte sous fond du cri strident de Jacob qui ne dit qu'une chose "NON". La porte semble alors exploser d'un coup sans même s'ébranler et repousse les jeunes aussi loin que le permet le petit espace devant la porte. A peine ont-ils touché le sol qu'ils se lèvent et courent à toute vitesse. Le seul son émis est la voix pleine de panique de Maxens adressée à ses amis.

- ON DEGAGE!

Ils courent de toutes leurs forces, aussi loin que le permet leur capacité physique boostée par l'adrénaline. Ils courent encore et encore sans même regarder derrière, personne ne remarque d'ailleurs qu'Ariane trébuche à plusieurs reprises mais une chose bien plus importante leur a échappé lorsqu'ils tombent soudainement sur le bâtiment des dortoirs. Ils reprennent alors leurs souffles bruyamment alors que tout le monde sort de sa chambre pour regarder les ados qui, sans s'en rendre compte, ont été assez bruyant.

- Qu'est-ce que vous faites dehors à cette heure? demande sévèrement Madame Benson avec son léger accent anglais. Ce n'est pas possible! Vous êtes intenable! Au moins pour une fois, vous n'avez pas tous suivi la voie de la délinquance.

Les jeunes ne comprennent pas d'abord et ce n'est qu'en se regardant tour à tour qu'ils remarquent enfin le plus important. Jacob n'est pas là. Depuis quand? Ils n'en savent rien, même pas Vladimir qui est le plus observateur des quatre. Ils deviennent alors presque comme fous, balbutiant tous en même temps des phrases qui n'ont pas vraiment de consistence.

- Et maintenant ils sont fous, dit alors Mme Benson complètement dépassée. Ils sont devenus fous.

Elle se tient la tête, signe distinctif d'exaspération et décide d'aller vers les dortoirs.

- Espérons que leur petit camarade pourra y faire quelque chose!

Elle se dirige vers les dortoirs lorsqu'une porte s'ouvre de nouveau et sur qui ? Jacob, en pyjama, l'air fatigué. Non décidément les trois ados sont en plein délire. Le froid leur a congelé les neurones, c'est sûr et certain. Mais leur aventure est indéniable alors comment leur ami a attéri là? Vu le sprint qu'ils ont fait, impossible qu'il les ai doublé... Non décidément c'était trop pour une nuit. Ariane se laisse tomber à genoux sur le sol froid, anesthésiée par le choc, laissant ses deux amis titubant la bouche ouverte.

- Monsieur Jacob vous tombez bien! Venez me remettre en état ces épaves avant que je ne leur fasse part de leurs sanctions! Mes pauvres nerfs ont besoin de repos au moins cette nuit. Heureuse que vous au moins ayez choisi la droiture cette fois-ci.

Un sourire serein et fort chaleureux se dessine alors sur le visage de Jacob.

- Heureux également Mme Benson.

Ce visage, ce sourire, cette espression. Ce Jacob n'était pas le Jacob d'il y'a peu, ils en sont sûrs...

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