2 - Tallulah

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La pluie était revenue. Inlassablement, elle frappait le village pendant quelques heures, tous les trois jours. Le temps pour la condensation de faire son travail, à la pluie de se former puis d'éclater. De ce côté-ci, elle permettait surtout de remplir les récupérateurs d'eau, et d'arroser les fleurs. De l'autre, elle irriguait les champs et remplissait le lac. Toutefois, Tallulah se hâta à rejoindre le confort de sa maison.

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A l'intérieur, elle retrouva avec joie son confort familier et s'installa lire la suite de son roman en cours. Elle avait eu la chance de sortir quelques jours auparavant et en avait profité pour embarquer avec elle un pêle-mêle de livres pour passer le temps. La nouvelle s'était répandue et plusieurs de ses voisins étaient déjà passés lui en emprunter. Le temps les tiendrait momentanément à distance, alors elle se plongea dans sa lecture.

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L'électricité était plus que limitée dans le village, et les réseaux inexistants. Aucune ligne pour le téléphone, les télévisions, Internet … Même si le wi-fi relevait du génie, il n'arrivait pas jusque dans la bouteille. Par conséquent, inutiles, les appareils avaient été sortis de la bouteille et vendus, leur conférant ainsi à tous une somme d'argent disponible, mais commune.

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Seuls quelques panneaux solaires et des éoliennes artisanales alimentaient les maisons, et pour le reste, le village était quasiment auto-suffisant. La venue de Cameron était pourtant toujours attendue, puisqu'elle permettait à l'un d'entre eux de sortir pour un moment. Un moment si court … Une joie instantanée, mais solitaire. Miraculeuse, mais éphémère. Une expérience unique, un bonheur coupable. Le parfum de la liberté, entravé.

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Tallulah releva la tête un peu plus tard dans la journée, alors que la pluie s'estompait enfin. La silhouette qui avait attiré son attention, de l'autre côté de sa fenêtre, se dirigeait à toute allure vers la maison de son voisin. Un sourire naquit sur ses lèvres. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que Cameron allait rejoindre Everett, à quelques maisons de là. Cela signifiait aussi que quelqu'un était sortit de cette prison de verre.

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Elle esquissa un sourire à cette idée. Sa dernière sortie lui avait fait du bien, comme à chaque fois. Sortir, respirer, s'enivrer, profiter. Une fois saoule de nouveautés, elle revenait, apaisée. Comme si elle avait excisé quelque chose en elle. Comme si elle aimait revenir dans sa prison, après un trop-plein de bousculades, de néons tape-à-l'oeil et de pollution mi-toxique mi-euphorique.

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Certains vivaient mal ces excursions, et ce pour deux raisons principales : la première, c'était de sortir, la seconde, de rentrer. Quelques habitants du village ne supportaient pas l'idée d'être seuls dans ce monde extérieur, en proie à de nouvelle stimulations qu'ils ne comprenaient pas toujours. Les autres voudraient rester à l'extérieur pour toujours, ne soutenant plus cette existence coincée dans une bouteille, à l'instar d'une prison.

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Tallulah n'était pas gênée par cette existence en pointillés, mais une pointe se formait dans son cœur à chaque fois qu'elle imaginait le futur de son fils. Ses pleurs dans la chambre d'à-côté la ramenèrent à la brutale réalité. Elle ferma les yeux, serrant les dents. Se dirigea enfin dans la pièce adjacente, réconforter son enfant.

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