Ambiance climatique

Une minute de lecture

Après une matinée de travail bien chargée, l’équipe se retrouve au self pour le déjeuner, un moment de partage apprécié par tous. Je suis assise en bout de table, on entend à l’autre bout qu’une question agite les esprits : la soirée des Césars. Eléonore (qui ne s’appelle pas Eléonore) donnera son opinion suivi d’un « je ne vois pas où est le problème ? ».
Une tournure qui me sidère. Je lui réponds par une référence à Hitler. Cette position a l’avantage de relancer le débat autour de la table. Après Hitler, je ne sais pas pourquoi, la parole se libère… un débat qui restera néanmoins sur le plan du ressenti de chacun plus que de l’argumentaire.
Les jours passent, la polémique a pris place dans un coin de ma tête.
Mi-mars coup de théâtre : le coronavirus fait son entrée, l’heure n’est plus à penser à Polanski ni à aucune polémique ! Nous devons nous mobiliser pour organiser le télétravail, protéger les personnes que la maladie expose encore davantage au virus et nous protéger également. La solidarité qui s’installe à ce moment-là est effective. Je me dis : tiens l’intelligence collective s’exprime dans l’adversité. Bonne nouvelle dans ce contexte anxiogène.
Revirement de situation le 16 avril, une directive laconique de la Direction tombe : le télétravail est terminé, le directeur rapatrie l’ensemble de ses troupes sur le terrain dès le lundi 20 avril. Dans l’équipe, on s’indigne de cette position arbitraire, contraire aux recommandations gouvernementales. Les craintes exprimées sont nombreuses tant pour les patients que nous-mêmes. Je ne me sens pas l’âme d’un bon soldat.
Malgré un exercice éthique concerté autour de cette question, Eléonore accède sans critique à cette décision. Indignation et colère.
Le même jour, une de mes collaboratrices m’annonce une nouvelle tragique concernant un proche. Indignation, colère et désespoir…
Le lendemain, le Directeur rétablira le télétravail jusqu'au 11 mai.

L’homme et l’œuvre est né sous ce climat émotionnel. Les mots se sont alignés seuls sur le papier. Soulagement de l’avoir écrit.

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