Chapitre 12 : Élections.

11 minutes de lecture
  • Allez, pourquoi tu ne tentes pas ta chance ?
  • Elliot, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ne suis pas fait pour ça, répondit Michael.
  • Et pourquoi pas ?
  • Je n’ai aucune envie d’être délégué de classe, voilà pourquoi.
  • Tu serais un excellent délégué ! Tu es à l’écoute, patient, stratégique et puis t’es perspicace aussi !
  • Pas maintenant, pas après... s'arrêta-t-il un temps pour se plonger dans ses pensées. Bref, je n’ai plus envie de m’afficher.
  • Mick, être encore plus discret que discret, ça reviendrait à disparaître !
  • Je te remercie, répondit-il sèchement.
  • Ne le prends pas comme ça, il faut que tu t'affirmes ! Qui va prendre les rênes si ce n'est pas toi ? Ce sera encore Blear, et nous les « petits » Richess, on sera toujours sur le qui-vive !
  • Ahahah, mais ça c’est TON ambition Elliot, pas la mienne, rit-il nerveusement. Alors il s’agit de ça ? continua-t-il dans une expression de peine.
  • De quoi ? s’étonna-t-il.
  • Tu traînes avec moi depuis le début pour utiliser mes « capacités » ? demanda-t-il agacé en mimant des guillemets avec ses doigts.
  • Qu’est-ce que tu racont…
  • Si tu veux renverser Blear, fais le toi-même. Ah, mais tu ne peux pas, tu n’es visiblement pas assez intelligent pour le faire, puisque tu avais besoin de moi pour ton projet, finit-il en se levant et quittant la pièce.

Elliot resta ébahi, les deux mains en suspens, indiquant sa surprise. Il se mit alors à réfléchir intensément, à un tel point qu'il n'entendit même pas l’arrivée de Katerina. Cette dernière vu Michael sortir en trombe de la salle de classe.


  • Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda-t-elle en posant son index sur l’épaule d’Elliot pour lui signaler sa présence.
  • Oh c’est toi, tu m’as fait peur, sursauta-t-il.

Cette dernière ne répondit pas, attendant patiemment une explication. Il était toujours difficile de savoir ce que pensait Katerina. Son visage énigmatique cachait la plupart des émotions qui restaient alors enfouies profondément. Elle gardait toujours son calme et savait prendre du recul, le tout avec cette élégance qui la caractérisait. Elliot lisait pourtant de la confusion dans ses yeux.


  • Tu es inquiète, princesse ? lui demanda-t-il en jouant de son sourire.
  • Princ… ?! s'interloqua-t-elle, je t’interdis de m’appeler comme ça !
  • Mais c'est mignon, je suis sûr que tu apprécies ce petit surnom, répondit-il en se levant de son siège.
  • Pas du tout ! s’écria-t-elle en reculant d’un pas.
  • Si ce n'était pas le cas, ton visage ne serait pas aussi rouge, répondit-il en enfonçant un de ses doigts dans sa joue molle et rougie.

Katerina eut un sursaut en arrière et dégagea la main d’Elliot d’un geste vif et incontrôlé, ce qui le fit sursauter en retour. Son visage était devenu flamboyant et ses mains rejointes sur sa poitrine tremblaient à l'instar de ses pupilles qui fixaient le roux sans rien dire. Celui-ci semblait également déconcerté et passa sa main droite dans son cou signalant un regret immédiat.


- Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.

- Bien sûr. Oh, mais tu sais quoi ? J’allais te donner un bon conseil à propos de Michael, mais va te faire voir Elliot !

Elle tourna les talons et s’en alla à toute vitesse, sans manquer de claquer la porte derrière elle. La tête toujours haute, c'était vrai qu'elle laissait rarement ses émotions transparaitre. Du moins en général, car elle était particulièrement sensible aux taquineries d'Elliot.

Ce dernier la regarda partir et s’affala sur sa chaise. Frénétiquement, il remua sa tête entre ses deux mains, pour les glisser en arrière et ensuite caresser son échine. Il ressemblait maintenant à un fou, les cheveux en désordre et se mordillant la lèvre nerveusement. Il murmura : « J’ai encore tout fait foirer… ».

***


Monsieur Rubens nous rendit visite alors que notre professeure de maths écrivait une formule au tableau. Elle ne risposta pas à cette intrusion, comme si elle en avait été prévenu. Ainsi, elle laissa la parole à notre titulaire qui releva ses lunettes d'un geste du doigt.


  • Comme vous le savez, il est temps pour nous de procéder à l’élection des délégués de chaque classe.

Je me souvins tout à coup que plusieurs professeurs nous en avaient parlé au début de l'année. Les derniers événements m'avaient fait complétement oublier l'idée. Monsieur Rubens nous informa du déroulement des élections. Les délégués choisis devraient formuler un discours sur le temps de midi, du moins pour ceux qui souhaitaient devenir président des délégués. Je pensais tout de suite à Michael qui gérait peut-être l'autre classe.


  • Tu crois que Michael et Elliot vont se présenter ? demandais-je à Katherina assise à côté de moi.
  • Je ne pense pas, répondit-elle froidement en repensant à Elliot.
  • Qu'est-ce qui te fait dire ça ? m'étonnais-je en constatant sa mauvaise humeur.
  • Je crois qu'ils se sont disputés...

En voyant ma tête, elle se lança dans une brève explication que j'avais du mal à croire. Je ne pouvais les imaginer se disputer et je devinais à sa colère qu'il avait dû se passer quelque chose d’autre avec Elliot. Elle se tut lorsque le professeur nous rappela à l’ordre. Il laissa ensuite libre cours aux élèves de se présenter : "Ne soyez pas timide", dit-il. Cependant, bien que la plupart rissent à l'idée d'être délégué, personne n'osait prendre l’initiative.


  • Et toi Alicia ? Tu n'es pas tentée ? demanda Chuck d’un sourire narquois.
  • Sûrement pas, je tiens à mes siestes !
  • Ne va pas lui mettre des idées pareilles dans la tête, ce serait l’anarchie ! m'exclamai-je dans l'espoir d’arracher un sourire à Katerina.
  • Espèce de méchant, j’en serais capable, ou pas, grogna-t-elle d'une mine boudeuse, mais et toi Chuck ? ajouta-t-elle prise d'une révélation.
  • Moi ? Même si je le voulais, je n’ai aucune chance, dit-il résigné.
  • Bah pourquoi ?

Chuck fit un signe de tête désignant Blear à l’avant de la classe. Elle avait été élue présidente à deux reprises et ce rôle lui collait à la peau. Autant dire que personne n’envisageait le lui prendre.


  • Je dois dire que je suis étonné qu’elle ne se soit pas encore proposée, commença monsieur Rubens en se postant devant la reine. Blear ? Tu ne tentes pas ta chance cette année ?
  • Je suis flattée, dit-elle sérieusement, mais j’ai décidé de ne pas postuler comme déléguée cette année.
  • Encore heureux, souffla Alicia.
  • C’est bien dommage, je crois que tout le monde comptait sur ta présence cette année encore.
  • J'ai quelques projets familiaux conséquents auquel je dois participer qui m’empêcheront de faire mon travail correctement. Vous m’en voyez désolée, expliqua-t-elle d'un ton très noble.

À sa façon de parler, si adulte lorsqu'elle s’adressait à notre professeur, je pouvais comprendre pourquoi elle avait été élue les années précédentes. Il était étonnant d'entendre sa voix, alors qu’elle parlait si peu. Personne n'osait jamais l'aborder, ou ne prenait la peine d'essayer. Pourtant, cette nouvelle semblait décevoir l’ensemble de la classe. Qui pouvait bien remplir ce rôle aussi sérieusement et avec autant de dextérité qu’elle ne l’avait fait ? Personne ne voulait, c’était un travail trop conséquent.


  • Si Blear ne se propose pas cette année, alors j’imagine que je peux enfin tenter ma chance, annonça Chuck.
  • Chuck ? Tu aimerais être notre délégué ?
  • Délégué ? Non, j’aimerais être votre président, répondit-il de manière éloquente.
  • Ambitieux, souffla le professeur. Parfait ! Est-ce que quelqu'un y voit un inconvénient ?

J'admirais la classe de Chuck et je tombais autant sous le charme que le reste de la classe. Je ne savais pas d'où lui venait cette assurance - peut-être de son nom ? - mais il semblait être né avec. Il attendait sagement le verdict. Les midinettes de la classe qui l'adulaient en toute circonstance firent leur choix rapidement et les garçons qui l'enviaient ne pouvaient que se plier. La décision était prise, ou presque.

  • Je vois que c’est unanime, mais j’aimerais avoir l'avis de Blear, penses-tu qu’il fera un bon président ?

La question de notre titulaire installa un malaise dans la classe. Tout le monde se mit à regarder ailleurs, tandis qu'elle s'apprêtait à donner sa réponse, sondant Chuck de la tête aux pieds. Il restait fier.


  • Laisser ma place à Chuck Ibiss c'est... marqua-t-elle un temps de réflexion, un coup dur pour ma fierté. Cependant, Chuck a apporté de nombreuses fois son aide au conseil alors qu’il n’en faisait pas parti. Je sais qu’il a les qualités pour faire un bon président et que personne ne pourra rivaliser avec lui, puisque je ne fais pas partie de la course.
  • Alors c’est tout réfléchi ! Félicitation Chuck, te voici délégué de notre classe !

Tandis que tout le monde applaudissait, Chuck remercia Blear pour ses propos d’un signe de tête. Il rit presque à son manque de réaction et fut surpris lorsqu'Alicia l'assassina d'un énorme câlin.


  • Bravo Chuck, ou devrais-je dire patron ?
  • Patron ? Je crois que j’y prends déjà goût.
  • Attends de voir la concurrence, lui dis-je en lui faisant une tape sur l’épaule.
  • Tu n'as pas entendu ? Personne ne peut me battre, dit-il en réajustant son col fièrement.
  • Ça va les chevilles ? demanda Katerina.
  • On ne peut mieux !
  • Mais je me demande quand même qui ce sera dans la classe de Mick et Elliot ? réfléchit Alicia à voix haute.
  • Hum, j’ai ma petite idée, répondit-il avec un sourire en coin.

***

Marry Stein sortit triomphante de la classe, accompagnée par ses deux acolytes préférées. Celles-ci annonçaient sur leur passage qu’elle faisait maintenant partie de la compétition pour devenir présidente des délégués.

Ils se regroupèrent devant la salle de lecture et d’étude, où se déroulerait le vote final. Quelques autres de ses petites marionnettes arrivèrent et s'empressèrent d'énoncer le nom des autres délégués.


  • Est-ce qu'on connait déjà le délégué de l'autre classe des Richess ? demanda l’une d’entre elles.
  • Ça ne peut être que Blear, répondit Marry comme s'il s'agissait d'une évidence.
  • Tu n’es pas inquiète ?
  • Bien sûr que non ! J’ai confiance en moi, et dans le pire des cas, si elle gagne, je serais sa seconde, fit-elle en arborant son fidèle sourire diabolique.
  • Tu n'as pas peur d’être la deuxième ? s’étonna une fille.
  • Je vise toujours la première place, mais imaginer un à quoi ressemblerait le conseil de classe composé de deux filles aussi intelligentes qu’elle et moi. Sans compter que nous sommes toutes les deux magnifiques, s'esclaffa-t-elle.
  • Mais si elle commande ce serait…
  • Une occasion en or pour me rapprocher d’elle, répondit-elle sournoisement.

Soudain, la blonde mesquine et tout son groupe furent interpellés par l'un des leurs qui courait à toute vitesse dans sa direction. Il eut peine à freiner devant Marry qui ne bougea pas d’un poil. Il prit alors une profonde inspiration, essayant de calmer son essoufflement qui se mêlait à une expression de peur.


  • Le délégué des 3F…
  • Quoi ? se crispa Marry en entendant « le ».
  • C’est, c'est, bégaya-t-il hésitant, c’est Chuck, dit-il enfin.
  • CHUCK ?! s’écria-t-elle, c’est une plaisanterie ?! Mais qu'est-ce que je vais faire ?
  • Marry calme-toi…
  • Comment pourrais…
  • Ils arrivent, dit une fille.

La bande et Chuck apparurent sous leurs yeux. Marry n'arriva pas à cacher sa colère lorsqu’elle nous regarda passer. D’autres élèves suivaient et s’engouffrèrent dans la salle. Nous allions finalement savoir qui nous représenterait cette année.


***

Chacun des concurrents s’étaient présenté dans un discours improvisé, ou révisé pour certains. Aucun des arguments proposés ne rivalisait avec la seule présence de Chuck et Marry. Ils s’étaient tous deux défendus à la perfection, dans des idées presque similaires. À voir lequel des deux était honnête ? La question à nos yeux n’était de toute façon pas de savoir ce qu’ils voulaient faire pour l’école, mais bien de choisir qui régnerait. Si Chuck était énormément apprécié, notamment par les filles, Marry avait un réseau solide. Mais une crainte subsistait, tous deux égocentriques, n’allaient-ils pas perdre le contrôle ?

Nos professeurs s’étaient réparti les papiers de vote afin de procéder plus rapidement au comptage, tandis que les concernés attendaient sagement sur le côté. Marry semblait légèrement nerveuse et Chuck restait calme.

En attendant, nous faisions des prévisions. Dans notre groupe, on avait tous voté pour notre ami. Beaucoup pariaient sur Marry et cette idée m'apparaissait amère.


Un de nos professeurs se leva pour demander le calme et annonça le nombre de votes pour chaque délégué. Les premiers en avaient très peu, alors que nous étions presque deux cents élèves. Sans surprise, ça se jouait entre eux deux.


  • A onze votes près, c’est avec 86 votes que Chuck Ibiss devient notre président ! annonça alors le professeur en question.

Un tonnerre d’applaudissement en l'honneur de Chuck résonna dans la salle. Il se tenait fier les remerciant d'une courbette.


  • Est-ce que tu souhaites dire un mot ? demanda le professeur.
  • Bien sûr ! s’exclama-t-il rayonnant de bonheur. Merci à tous ceux qui ont voté pour moi, je tâcherais de remplir mon rôle à la perfection.
  • J’ajoute que Marry étant seconde, elle prendra la place de sous-présidente. Il s’agit également d’un rôle très important, félicitations à vous deux. Maintenant, je vous invite à retourner à vos activités.

Marry et tout son groupe sortirent les premiers, suivis de la masse d’élèves qui comptait bien profiter du reste de leur temps de midi.

Nous nous empressâmes de féliciter Chuck. Il n'y avait pas besoin de mots pour comprendre à quel point il était heureux. L'ambiance qui suivit fut plutôt particulière entre la bonne humeur d'une partie de notre groupe et la distance entre Michael et Elliot.


  • Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda discrétement Chuck au roux.
  • Rien, répondit-il d'un ton glacial.

***


En soirée, Marry et toutes ses filles se retrouvaient dans sa chambre. Elle avait fait changer le lit de l’école par un King Size surplombé de voiles transparents. Il était recouvert de nombreux oreillers en soie, tout comme ses draps qui valait une fortune. Elle avait le goût du luxe, pimpante dans son pyjama émeraude et dentelé.


  • Qu’est-ce que tu vas faire ? dit l’une de ses copines.
  • À quel propos ?
  • Chuck ? répondit-elle simplement.
  • Ah ne me parle pas de lui ! Il ne mérite pas que l’on prononce son nom dans mon sanctuaire, dit-elle énervée.
  • Alors tu vas te retirer ? demanda une autre.
  • Me retirer ?? s’outra-t-elle.
  • Tu disais que tu voulais être la seconde de Blear, mais pour Ch... pour lui, je veux dire, c’est différent non ?

Elle pencha sa tête sur le côté tout en croisant les bras et s'appuya contre sa commode. Elle n’y avait pas encore pensé, ou plutôt elle n’avait pas abandonné. Elle voyait du doute dans les yeux de ses suiveuses. Son statut l'obligeait à les rassurer, autrement son pouvoir serait remis en doute.


  • Qui penses-tu que je sois ? Plutôt mourir que de me retirer ! Au contraire, je serais présente à chaque réunion. Je ne le laisserais certainement pas amadouer cette brochette d'ignorants pour qu’il arrive à ses fins. Non certainement pas, dit-elle en faisant les cent pas dans la chambre.
  • Et comment tu vas t’y prendre ?
  • Comment ? Tu en poses des questions intéressantes dis-moi, releva-t-elle en fixant diablement la fille. Je vais lui faire vivre un enfer, répondit-elle emprise d'un regard sombre.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 10 versions.

Vous aimez lire Redlyone. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0