Chapitre 10 : Gossip.

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Au réveil, Michael trouva une place vide à côté de lui. Il se leva et soupira en découvrant le post-it accroché à sa porte : « Merci. E. ». Il se gratta la tête, soucieux et se rendit dans la salle de bain en baillant. Les cernes qu’il contemplait dans le miroir attestèrent de son manque de sommeil. Il n’était pas non plus prêt mentalement à se rendre en cours. Son cœur s’emballait à chaque fois qu’il imaginait sa prochaine rencontre avec Eglantine, et comment allait-il le raconter aux autres ?


***

La cour de Saint-Clair se remplissait de plus en plus d’élèves et de nombreux chuchotements. En ce bon matin, une rumeur grandissait en soin sein : Michael Challen et Eglantine Akitorishi auraient été surpris en train de s’enlacer à une heure tardive dans les couloirs de l’internat. Une dispute, semblerait-il, qui se serait fini en réconciliation… dans la chambre de Michael.

Pas de chance pour les deux Richess, c’est un voisin qui aurait vendu la mèche.


  • C’est pas vrai ?!
  • Non, ce n’est pas possible…
  • Ils ont vraiment… ?
  • Je te jure que je les ai vus !

La nouvelle se répandit dans l’école en moins d’une demi-heure. L’excitation était à son comble. Des élèves courraient les uns vers les autres pour se raconter l’histoire palpitante. C’était le scoop de tous les temps et chacun y ajoutait son grain de sel. C’est ainsi que de bouche à oreille, Michael et Eglantine s’étaient retrouvés à passer une nuit torride ensemble.

Bien évidement, Marry Stein avait été l’une des premières mise au courant. Elle était dans le réfectoire, assise les jambes croisées et lisant le journal du matin lorsqu’une de ses « copines » lui annonça la nouvelle. Le garçon très serviable qui lui versait du café en sursauta.


  • Ils ont fait quoi ?! s’exclama-t-elle, en refermant d’un coup son journal.
  • Ils ont… couchés ensemble, répéta son amie, très sérieusement.
  • Ah ! C’est une plaisanterie, j’espère ?!
  • Un voisin de chambre les auraient surpris, je ne sais pas si c’est une source fiable, mais…
  • Est-ce que tu peux te taire deux minutes ?!

Marry Stein, la blonde sexy ou boucle d’or, avait généralement connaissance de ce genre de rumeur avant tout le monde, car elle possédait un énorme réseau « d’amis ». Elle ne supportait pas être prise au dépourvu. C’est pourquoi ses petites fées lui apportaient tous les matins les nouvelles du jour tandis que ses admirateurs étaient à ses petits soins. Il n’y avait jamais de quoi faire un scandale, justes quelques histoires dont elle pouvait tirer profit. Et Dieu sait ce qu’elle était douée pour ça. C’était la première fois qu’elle était aussi choquée, son petit monde ne savait plus quoi faire, principalement, la jeune fille dont elle venait de clouer le bec. Marry affichait une mine contrariée, puis diabolique lorsqu’elle regarda sa servante.


  • Tu vas me rendre un service Nelly, dit-elle en lui affichant un sourire malicieux.
  • Ou…Oui ? répondit-elle un peu effrayé.
  • Une telle nouvelle, ce serait dommage que personne ne soit au courant, n’est-ce pas ?
  • C’est une histoire assez croustillante, mais… tu penses que c’est vraiment arrivé ? Qu’ils l’ont fait ?
  • La question n’est pas là, si tout le monde le croit alors c’est tout comme ! Alors dépêche-toi !

Voyant la fille s’exécuter, Marry chantonna. C’était tellement parfait ! Les garçons autour se jetaient des regards inquiets. Heureusement que sa beauté les rendaient aveugles à sa mesquinerie et que son pouvoir dans l’école lui avait permis de se trouver de gentils « amis » qui l’écoutaient au pied de la lettre. Maintenant qu’elle avait ordonné qu’on la colporte, elle était convaincue que tout le monde croirait en cette histoire. Imaginer Eglantine désemparée par cette rumeur, surtout si elle était fausse, c’était un vrai bonheur. Elle souriait toute seule rien qu’en s’imaginant la scène. La petite Eglantine, si pure et frêle, serait maintenant vue comme un tout autre genre de femme. Elle aurait la réputation d’une fille facile qui bafoue les règles et avec un Richess, en plus. C’était totalement contraire.


  • Ahahahah ! Quelle bonne journée ! rit-elle aux éclats.
  • Ma…rry ? Est-ce que je peux te poser une question ?
  • Hum, qu’est-ce qu’il y a Joffrey ? répondit-elle sèchement, revenant à la réalité.
  • Je me demandais… Pourquoi en parler si c’est faux ? Est-ce qu’ils t’ont fait quelque chose ?
  • Quelle bête question ! Tu ne trouves pas qu’on manque un peu d’animation ces temps-ci. Bon, c’est vrai que c’était déjà un sacré scoop que nous les Richess nous retrouvons dans la même classe, mais là, ça frôle l’hystérie. Si je n’étais pas là pour en parler, personne ne le ferait ! Et qu’est-ce qu’on s’ennuierait !
  • Mais c’est un peu…
  • Joffrey, sois-tu arrêtes de poser des questions et tu t’en vas, soit tu me sers un nouveau café, celui-ci est froid. Alors ?
  • Un sucre ? demanda-t-il d’un sourire crispé.
  • Comme d’habitude, merci.

Elle ne supportait pas qu’on la contredise. Du ressentiment ? Personne ne savait si c’était le cas. En tout cas, elle semblait prendre un malin plaisir à tourner au ridicule les autres Richess, et principalement, Eglantine. Il y avait tellement de choses qu’elle ne supportait pas chez elle, mais elle ne semblait pas s’étendre en explications.


***


Il était presque huit heures et demie, tout le monde était déjà en classe attendant que les cours commencent. Tout le monde sauf les deux héros du jour.

De notre côté, on n’avait pas encore abordé le sujet, même s’il était évident qu’on se posait des questions.


  • Et si quelqu’un crevait l’abcès ? commença Chuck. Qu’est-ce que vous en pensez-vous ?
  • Tu veux dire… à propos de Michael ? répondis-je.
  • Qui d’autre ? fit-il en levant un sourcil.
  • Je ne pense pas que ce soit vrai, dit Katherina. Vous savez les rumeurs, ça va tellement vite. Nous ne pouvons pas savoir avant qu’ils nous aient raconté.
  • S’il le veut bien… On l’a beaucoup ennuyé hier après tout, ajoutais-je.
  • Justement, peut-être qu'après cet épisode entre eux à la gym les a attendris et qu’ils ont…
  • T’es vraiment un crevard Chuck ! s’exclama Alicia, qui semblait tout à coup enfin prêter attention au sujet.
  • Je te demande pardon ?!
  • Qu’est-ce que ça peut faire, que ce soit vrai ou non ? continua-t-elle en s’énervant. Michael est notre ami, et je ne pense pas qu’il soit au courant que toute l’école… sache. Si c’est vrai, c’est violer son intimité. Si c’est faux, c’est encore plus honteux de l’embarrasser comme ça !
  • D’accord, je suis désolé, Alicia.
  • Quoi qu’il arrive, il faut qu’on le soutienne !
  • Je suis d’accord, répondis-je.
  • Moi aussi, ajouta Katherina.
  • Vous… n’êtes vraiment pas curieux ?
  • … T’es vraiment un vicieux toi… constata Katherina.
  • Ok, ok, je me tais, finit Chuck.

Du peu que je la connaissais, j’avais compris qu’Alicia prenait toujours la défense des autres. C’était une fille sans jugement, qui ne supportait pas les injustices. Elle avait sans doute fait exprès de le crier fort dans l’espoir que les gens doutent et ne crie pas trop vite au loup. Elle attirait toujours l’attention et en particulier celle de Blear Makes. Il était évident que cette dernière n’appréciait pas notre blonde préférée. Elle lui lançait toujours des regards, non méprisants, mais glaciale. Cette fois-ci, l’attention qu’elle lui portait ressemblait à une pointe d’intérêt. Ça ne dura qu’une seconde, juste avant que les deux ne se lancent des éclairs.

Dans l’autre classe, Elliot s’inquiétait de ne pas voir son ami arrivé et Marry s’impatientait de plus en plus. Elle regardait sa montre en or toutes les minutes, à la manière de quelqu’un qui attend son bus en retard. Bien qu’elle n’eût sûrement jamais dû prendre de transports en commun de sa vie.

Enfin, la porte s'ouvrit et Eglantine apparut.


Il était rare qu'elle arrive si tard, mais elle dû faire une exception pour appeler le service d’entretien. Ces derniers avaient bien voulu se déplacer en urgence, seulement parce qu’il s’agissait d’Eglantine Akitorishi. Elle s’était alors dépêchée pour être à l’heure. Au moment où elle posa un pied dans la classe, tout le monde la dévisagea. Elle ressentit un profond malaise et ne comprit pas pourquoi ils semblaient rire dans son dos.


  • Bonjour, Eglantine, comment vas-tu ?
  • B..bien monsieur ! Très bien, se convainquit-elle
  • Tu m’étonnes, souffla Marry.

Des gloussements se firent entendre un peu plus fort tandis qu’elle prenait place. Elle se retourna et comprit qu’il y avait un problème lorsqu’elle vit Elliot la regarder avec peine.


  • Est-ce que vous pouvez être un peu plus calme, s’il vous plait ?! s’agaca le professeur.
  • Bonjour ! Excusez-moi du retard monsieur !

Michael venait d’arriver, à bout de souffle. Sans doute, avait-il couru pour être à l’heure, mais il était déjà trop tard.


  • Bon sang, tout le monde est indiscipliné aujourd’hui ! Allez dépêche-toi, va t’asseoir… Désolé, mais la seule place restante est à côté d'Eglantine. C’est ça d'être en retard.

Michael s’exécuta et fut surpris d’entendre des éclats de rire au fond de la classe. Il n’avait aucune idée de pourquoi ils riaient, mais étrangement, il le prenait personnellement. Il s’assit et sortit rapidement son cahier. Toujours essoufflé, il jeta un rapide coup d’œil vers Eglantine et la salua discrètement. Rougissant, elle fit pareil, tandis que le fond de la classe riait encore. Cette fois Michael les entendit :

- Tu as vu comme il lui a dit salut ?

- Tu crois qu’ils ont fait exprès d’arriver séparément ?


Le professeur, à bout de nerf, claqua sa règle contre le bureau et menaça le prochain qui parlerait de quatre heures de colle. Les élèves enfin silencieux comme des tombes, le cours pu enfin commencer. Malgré tout, la malaise persistait.


***


Face à leur comportement, le professeur avait décidé de les punir en ne leur accordant pas la récréation de dix heures. Autant dire qu'au temps de midi, la classe fut déserte en un rien de temps.

Sur le chemin du réfectoire, Elliot profita de ce moment de calme pour questionner Michael.


  • Ça va Mick ? Tu… es bien silencieux ?
  • Hum… je ne suis pas sûr. À vrai dire, j’ai l’impression qu’on me cache quelque chose, répondit-il très soucieux.
  • Ah oui ? fit Elliot d’un ton qu’il trouva très suspect.
  • … Tu sais quelque chose ? Si c’est le cas dis-moi, parce que j’ai l’impression qu’on me dévisage depuis ce matin et c’est très désagréable, continua-t-il en fronçant les sourcils.
  • Et toi… tu ne sais vraiment pas ? Écoute, ce n’est pas très drôle ce que je vais te dire, mais...
  • Mais ? insista-t-il en essayant de garder bonne figure.
  • Ok, je vais le dire cash. Tout le monde croit que toi et Eglantine… vous avez couché ensemble.

Ils entraient dans le réfectoire à ce moment précis. Michael s’arrêta, choqué. Il regarda Elliot, les pupilles tremblantes. Le roux, lui, il ne bronchait pas, regardant les expressions de son ami. Encore une fois, Michael sentait la lourdeur des regards sur lui. Il comprit alors que tout le monde croyait ce qu’Elliot venait de lui dire.

  • Donc, c’est faux ? en déduit Elliot.
  • Mais bien sûr que c’est faux ! s’exclama Michael, en perdant son sang-froid.
  • Ne t’énerve pas, ça leur ferait trop plaisir. Viens, répondit-il, en l’agrippant par le bras.

Elliot le traîna jusqu’à la table où nous étions assis. Lorsqu’il s’installa on vit à sa tête que Michael était complétement déboussolé par la nouvelle. Ce n’était pas dans son tempérament de s’énerver, mais il lui était impossible de rester calme face à une telle rumeur.


  • Est… ce que c’est vrai ? Que tout le monde croit qu’on… ?
  • Oui, répondit sérieusement Elliot.
  • Ce n’est pas vrai… Comment c’est possible… Je…
  • Calme-toi, Michael, commença Alicia.
  • Comment pourrai-je ?!
  • Oh ! Je te dis de te calmer, alors tu te calmes ! lui cria-t-elle.
  • Alicia à raison Michael, tu devrais plutôt nous expliquer ce qu’il s’est passé, proposais-je.
  • Ce qu’il s’est passé… oui…

Lorsque Michael nous raconta toute l’histoire avec la porte, les guêpes et leur nuit ensemble, tout semblait plus clair. Il va sans dire que nous étions un peu déçus de la tournure des événements, mais nous étions tout de même rassurées que notre ami soit innocent.


  • Et il ne s’est vraiment rien passé entre vous ? demanda Chuck.
  • Il vient de t’expliquer que non, répondit Katherina à sa place.
  • … Non, rien du tout, dit-il en détournant le regard, repensant au baiser.
  • Vraiment ? insista-t-il.
  • Laisse le tranquille Chuck ! l’engueula Alicia.
  • Il ne s’est rien passé, insista-t-il à son tour.
  • Mais d’ailleurs, ou est-ce qu’elle est Eglantine ?
  • Je ne sais pas, je ne l’ai pas vu du repas, répondit Katerina.

***


Eglantine avait filé en douce dans les toilettes. Elle s’était enfermée dans une cabine et décida de ne pas en sortir jusqu’à la reprise des cours. Elle avait baissé la lunette des WC et s’était assise dessus attendant que le temps passe. Elle mourait de faim alors elle sortit la seule chose de comestible dans son sac : une pomme.

Ce n’était pas la première fois qu’elle venait se cacher dans les toilettes. Elle y venait presque à chaque fois qu’elle était trop mal à l’aise, préférant affronter les mauvaises odeurs que d’affronter la réalité.

Cependant, cette fois, elle ne put y échapper. Elle entendit des filles rentrer dans la pièce et se fit silencieuse.


  • Je suis vraiment choquée par cette histoire, dit la première.
  • Un peu trop… Tu n’aurais pas un petit faible pour Michael toi ? la taquina la deuxième.
  • Arrête un peu… Bon, c’est vrai qu’il est trop craquant !
  • Tu crois que c’est vrai ? Qu’ils ont couché ensemble, Eglantine et Michael ? demanda la troisième.
  • Je préfère croire que c’est faux.
  • Ouais, sinon t’auras plus aucune chance ahahah
  • Tais-toi !
  • Quelle belle actrice quand même…
  • Qu’est-ce que tu veux dire ?
  • Elle joue les mignonnes, mais en faite c’est juste une dépravée.

Eglantine n’en crut pas ses oreilles, elle resta bouche bée sur sa cuvette. Tout devint alors clair dans son esprit. Elle passa ses mains tremblantes dans ses cheveux. Elle n’entendait même plus les méchancetés que ces filles profanaient à son égard. Comment allait-elle pouvoir affronter les autres, maintenant qu’elle savait ce qu’on disait dans son dos ? Elle savait qu’elle ne le supporterait pas, elle était trop faible pour ça. Elle avait toujours eu peur de ce que les gens pouvaient penser d’elle. Elle posa sa main contre son torse, sa respiration devint plus forte. Elle envisagea de rentrer à l’internat, mais les grilles étaient toujours fermées. Elle ne pouvait pas non plus rester cachée et manquer les cours, ses parents l’aurait gravement punie. Ça aurait pu fonctionner, si cette rumeur ne concernait pas un autre Richess. S’il y avait un risque qu’ils apprennent qu’elle avait passé la nuit avec Michael Challen, la sentence aurait été d’autant plus sévère. Elle était totalement bloquée et perdue. Elle plaqua ses mains sur sa bouche pour qu’on ne l’entende pas suffoquer. Des larmes coulaient de chaque côté de ses joues.

Elle était désemparée.

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