*** Le 27 juillet 2022 - 16h00 *** (05) Des informations inquiétantes.

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Nous étions impatientes d'aller écouter les dernières nouvelles de la journée. De ce fait, nous nous sommes dépêchées de tout ranger. Nous avons chargé le lave-vaisselle et enclenché son programme de nettoyage, puis nous sommes sorties de la pièce à la queue leu leu.

Quelques secondes plus tard, nous nous installâmes enfin dans le divan. J'avais le cœur battant à tout rompre au moment où maman s'empara de la télécommande et appuya sur le bouton.

Peut-être que tout ceci n'était finalement qu'un cauchemar... Peut-être que tous les problèmes s'étaient résolus dans la journée... Peut-être... Malheureusement, ce n'était pas le cas. Les problèmes étaient toujours là et avec eux, les terribles conséquences.

D'après le présentateur tiré à quatre épingles qui parlait à l'écran, d'autres météorites, plus petites, étaient encore tombées du ciel, aujourd'hui, occasionnant des éboulements et des incendies sans précédents. Les services de secours se trouvaient complètement surchargés et ne pouvaient pas répondre à toutes les demandes. Pour cette raison, des quartiers entiers épargnés jusqu'à présent finissaient par partir en fumée. Il ajouta que les forces de l'ordre se trouvaient dans la même situation désespérée face aux cas d'incivilités qui ne faisaient que croître. Les régions les plus gravement touchées par les météores étaient en train de faire face à des émeutes, ainsi qu'à des violents coups de sang. Les images qui accompagnaient les paroles du présentateur montraient des hommes et des femmes en train de briser des vitrines de magasins, d'autres encore se battaient avec la police et leurs envoyaient des cocktails Molotov ou des projectiles de toutes sortes. Dans l'un, comme dans l'autre camp, des corps étaient étendus à terre, sans vie. Certains brûlés, d'autres remplis de sang. Cette vision me retourna l'estomac et je détournais le regard écœuré. Je jetai un œil à maman qui était en train de cacher les yeux d'Élise pour ne pas qu'elle voie cela et cette dernière tentait vainement de la repousser en ronchonnant qu'on la prenne à ce point pour un bébé. Elle martelait qu'elle avait 12 ans, quand même et qu'elle avait déjà vu des morts dans des films. Maman lui rétorqua d'un ton sec que ce n'était pas un film qui se déroulait devant nos yeux et que c'était bel et bien la réalité ! En râlant Élise se renfonça dans le divan et croisa les bras en pestellant. Maman décida de l'ignorer et elle reporta son attention sur la télévision.

Pendant cette interruption, le reportage sur les pillages avait touché à sa fin et le reportage suivant portait sur les désastres occasionnés par l'impact des météorites. Il était ponctué par le témoignage de plusieurs survivants. Ils avaient tous le même regard légèrement hagard, saupoudré d'une dose de peur et de désespoir. Lorsqu'une jeune fille d'environ mon âge apparut à l'écran, mon cœur se serra. Elle était noire de suie et était vêtue de haillons. Elle portait un petit garçon dans ses bras. Sur le visage du petit, les larmes avaient laissé un sillon plus clair sur sa peau sale. Il tenait un petit ourson entre ses doigts crispés. Il fixait l'écran d'un air las et malheureux, tandis que la jeune fille expliquait d'une voix vacillante que son petit frère et elle avaient dû fuir leur maison en proie des flammes. Sa voix se brisa un peu plus quand elle avoua qu'elle n'était pas parvenue à sauver ses parents et qu'ils étaient morts asphyxiés. Sur ces mots le petit garçon enlaça sa grande sœur dans ses bras et enfouis son visage dans son cou. En voyant cela, je ne pus empêcher une larme de rouler sur ma joue.

Maman soupira et essuya ses joues, peinée par ce qu'elle venait de voir elle aussi, tandis qu'Élise bouleversée s'approcha d'elle et vint lover son visage larmoyant dans son cou en quête de consolation.

Le présentateur allait passer au sujet suivant quand il se tût un instant en se tenant l'oreille d'un air concentré. Un message était parvenu par oreillette Il resta silencieux pendant une minute entière, puis il reprit la parole en bégayant légèrement.

« Dé... désolé pour cette interruption momentanée, mais un nouvel élément vient de m'être transmis. Nous venons d'apprendre que l'armée a été dépêchée sur les différents lieux de tension afin d'aider la police à faire régner l'ordre. Le gouvernement instaure dès à présent la loi martiale. Nous sommes donc en état d'urgence.

— La loi martiale ! s'exclama maman en s'étouffant presque. Oh là là, cela ne me dit rien qui vaille...

À ces mots, je me figeais un instant, puis, lâchais d'un ton las que - "Non, ce n'était pas du tout bon signe". Pour ce que j'en savais, du moins !

Élise se grattait le crâne en nous regardant d'un air perplexe, les yeux embués.

— "Et c'est quoi la loi martiale, au juste ?"

Maman lui répondit d'un ton grave.

— C'est quand l'armée assure le maintien de l'ordre à la place de la , ou en collaboration avec celle-ci. Ça signifie que le général de l'armée prend le pouvoir pendant un temps délimité. En gros c'est une manière de nous faire comprendre que nous sommes en guerre.

— En guerre ! Mais en guerre contre qui ? S'exclama Élise paniquée. Alors que des grosses larmes jaillissaient désormais de ses yeux, comme une fontaine.

Maman la serra plus fort contre son cœur.

— Dans ce cas-ci, contre personne en particulier, ma puce. Il s'agit plutôt d'une guerre civile. C'est à cause de la peur, les gens deviennent fous.

Elle pleurait de plus belle et répétait entre deux sanglots, que c'était la fin du monde et que nous allions tous mourir.

Je décidai d'agir afin d'alléger l'atmosphère qui était devenue tellement anxiogène que s'en était presque palpable et je me levai d'un bond pour éteindre la TV, ce qui les fit sursauter. Avant qu'elles ne puissent dire quoi que ce soit, je lançais à la cantonade.

— Bon ! Arrêtons de nous apitoyer sur notre sort et faisons quelque chose pour nous changer les idées ! Une petite partie de Monopoly, ça vous dit ? Remettons la fin du monde à demain. Qu'en pensez-vous ?

Je vis l'étonnement poindre sur leur visage, à l'une comme à l'autre. Les larmes d'Élise se tarirent et un petit sourire, triste, mais un sourire quand même vint finalement ourler ses lèvres.

Elle s'exclama, en reniflant bruyamment.

— D'accord, mais c'est moi qui tiens la banque !

— Okay, à condition que tu ne triches pas comme la dernière fois !

Ce à quoi elle me répondit par un petit gloussement, suivi d'un haussement d'épaules qui se voulait innocent. Et nous nous nous installâmes toutes trois à la table de la salle à manger. 

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