Abandon sans mention

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« Dépose la sur le trottoir avec un peu de chances elle se fera baiser. »

« Toute façon tous les plus gros abrutis sont réunis dans cette filière. »

« Ah cette gueule, t'as besoin d'aide ? »

« P'tre qu'elle dort mais c'est pas une raison pour se poser sur moi, elle est en chaleur ou quoi ? »

« T'es une tapette t'es une tapette c'est tout. »

« Sentir les coups de mes poings sur ta peau me détend. »


Que des phrases et pourtant la raison de ce mal-être profondément enfoui en moi. Comment les enfants peuvent-ils être aussi méchants entre eux ? J'ai 2 frères et 1 sœur mais si tu étais l'une de mes connaissances je te dirais que je n'ai qu'un frère. Pourquoi vas-tu me dire ? Et bien pour des tas de raisons, plus ou moins importantes et traumatisantes. Mon frère me pourrit la vie, tu sais ce que c'est de te lever et de pleurer dès les premières secondes de ton retour à la réalité, pleurer sans même avoir pensé à quoi que ce soit, juste le fait de constater que tu n'es malheureusement pas parti en douceur pendant la nuit ?


J'ai tellement mal mais je dois y faire face, car je viens de réaliser, à ce jour précis, que t'es seul dans ta merde, les amis, la famille ne sont que des artifices, des excuses afin te venter auprès d'inconnus de cette « popularité » superficielle et ça je peux en témoigner au nom de nous ; nous consciencieux de savoir dans quel monde nos enfants évolueront, intrigués de savoir ce que demain nous réservera...


Les dernières heures de ma vie semblent sortir tout droit d'une série dramatique dans laquelle les visionnaires s'identifient, je suis partie de chez moi de force sans avoir mangé afin de rentrer au lycée en stop, pensant depuis bien trop longtemps que celui-ci était une échappatoire, sans téléphone bien sûr, histoire de bien inquiéter ma procréatrice. M'enfin ça c'est ce que j'aurai aimé écrire, la vérité c'est que je ne suis rien à ses yeux. Quel genre de mère aimante laisserait quelqu'un insulter sa fille de prostitué ? Si tu as la réponse je serai ravie que tu m'en fasses part. J'ai vécu toute mon enfance dans la maltraitance, la violence psychologique et l'ignorance. J'ai déjà songé au suicide mais comme les premières phrases de ce rapport l'indiquent j'suis une tapette alors j'ai jamais sauté le pas, j'ai jamais osé me libérer de toutes ces chaînes qu'on cadenasse à mon corps.

Si la suite contient des fautes, je m'en excuse mais les larmes m'empêchent de voir, tout comme les coups m'empêche d'avancer, triste comparaison, inutile de le préciser.


Je ne saurai dire ce que je fais exactement, et non, je ne parle pas de ma vie même si inconsciemment ça l'est probablement. Je suis juste assise ici à cet endroit magnifique pourtant au bord de la route, au bord de cette hiérarchie qui n'hésite pas à réduire ses acteurs les moins influençables, ses dangers pour le futur de la société. C'est fou comme les plus belles choses sont situées ici, à la portée de nos yeux. Nous avons tous la possibilité de voir cette nature si pure mais combien oseront ouvrir les yeux afin d'élargir la visibilité corrompue de leurs cœurs ?


Je marchais perdue, seule sans savoir où aller et je me suis arrêtée juste ici, pour laisser échapper toute cette rage, ce flot de vagues dans le creux de mes yeux puis le simple fait d'écrire m'a calmé. En voyant tout ce courant, toute cette eau poussée par la puissance des marées je me suis reconnue, emportée par cette vaste étendue d'eau déchaînée, cherchant désespérément à ne pas sombrer à travers cette haine et au risque d'en décevoir certains, je ne me noierai pas aujourd'hui. La vie m'a appris à me battre et à surmonter ses épreuves et je compte bien lui prouver une fois de plus. Je surmonterai ce poison coulant dans mes veines. Le paradoxe est flagrant mais malgré ce que je tente d'affirmer j'ai préféré fuir les problèmes plutôt que de les affronter. Je suis censée être en cours de français à cette heure précise. Il est 14h05 et pourtant je suis ici à penser, réfléchir, écrire... Je ne retournerai pas en cours, ni aujourd'hui, ni demain, ni vendredi. J'aime ce sentiment d'inquiétude à mon égard, malheureusement ce n'est et ce ne restera qu'un sentiment jusqu'au jour où ils me feront tomber pour de bon. Personne n'a cherché à me retenir lorsque j'étais affaibli, dans ce cas pourquoi je reviendrai si on m'a laissé partir? La déception se fait sentir à mon écart. Les amis ne sont là l'espace d'un moment, à profiter des soirée, à se bourrer la gueule, à se droguer et rire du malheur des autres car avouons le nous, nous l'avons tous fait ; seulement lorsque les choses empirent la magie opère et tel un chirurgien s'occupant de ses patients, celle-ci s'occupe de faire disparaître ces ordures lorsque notre âme les réclament le plus.


Je ne regrette pas de m'être renfermée sur moi avec le temps et les expériences. Elles m'ont apprit à me méfier et à choisir avec précaution qui porter dans mon cœur, il m'arrive de faire des erreurs et ce, encore aujourd'hui; cependant je tente avec succès de tirer des leçons de mes mauvais jours. Sur la route j'ai songé à changer de lycée, une fraction de seconde cette idée m'a plût, et celle de rejoindre le lycée de Barcelone encore plus. La réalité m'a néanmoins rattrapée tandis que je m'éloignais : je ne peux pas faire ça à mes parents se serait tellement égoïste.


Je vais mal, très mal, le questionnement de mon bonheur ou mal-être est si redondant que le simple fait de l'entendre retentir dans ma tête laisse suggérer la réponse. J'irai probablement mal ce soir, et probablement mal la semaine suivante mais je ne me laisse pas abattre pour le moment et je compte bien laisser cette berceuse aquatique m'apaiser le temps d'un instant.

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