Chapitre 1 : Rêves d'artiste (1/2) (Corrigé)

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« Une épée et un pinceau se ressemblent bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer. Chacun nécessite des années de pratique pour une maîtrise décente. Mais tandis que le premier est confié à quiconque possède deux bras valides, le deuxième ne semble réservé qu’à une caste réduite. Quels progrès auraient accompli nos civilisations si les outils de création avaient supplanté ceux de destruction ? »

Owen Dolim, peintre Vauvordien (937 AU – 991 AU)


Un doigt délicat pour une figure unique. Sur les poils du pinceau glissaient les substances colorées qui représentaient l’imagination humaine. Précision et rigueur étaient requises pour un rendu fidèle et de qualité mais… cela suffisait-il ? Certainement pas. Une œuvre d’art n’existait pour de vrai que lorsqu’on y insufflait notre âme.

Devant moi se tenait un indescriptible tableau. Impossible de condenser en quelques mots le message qu’il délivrait, même en s’engouffrant dans un fatras de descriptions abstruses. Une toile en lin sur un châssis mordoré portait la matière et l’esprit du panorama. Du liant véhiculait le moindre relief, reliait chaque immense pin entre les ondulations de la rivière à l’écume laiteuse, conférait aux nuages leur aspect si cotonneux. Dans ce statisme ne respirait que la nature placide et imperturbable.

Bon sang ! J’aurais dû parvenir à ce résultat moi-même ! Je m’en croyais capable après toutes ces années d’entraînement…

Un sourire étincelait pourtant dans la clarté de ma demeure. Trempant son pinceau sur la palette, ma mère alliait prestesse et minutie pour un rendu du plus bel effet. Elle était prête à s’opiniâtrer des jours sur une même peinture, fût-ce pour renforcer des traits déjà bien soulignés. À partir de quand l’œuvre transcendait son créateur ? Pour certains, cela ne se produisait jamais.

— Nous y sommes ! s’écria ma mère. Les proportions sont excellentes, les couleurs s’accordent, il y a une bonne symétrie entre ombres et lumières et les perspectives sont esthétiques ! Le tableau est achevé !

Ce devait être une exception. Ma mère, satisfaite par une première version ? Nulle hésitation ne déparait son visage satiné. Comment ne pas la prendre comme modèle du haut de mes dix-neuf printemps ? J’avais beau la dépasser de taille, une carrière entière ne m’aurait pas permis de surpasser sa grandeur. Aucune tache de peinture ne maculait son tablier en soie de teinte ambrée ! De son bonnet céruléen noué sur sa tête saillaient des mèches dorées qui reflétaient la pureté de son corps. Impossible de soutenir la comparaison !

Pourtant elle m’enlaça avec tendresse après avoir posé sa palette. Ses bras de virtuose frottèrent amplement mes habits, comme si le mérite me revenait aussi. De mère à fille était censé se transmettre le savoir et l’habileté, mais personne ne les acquérait en un claquement de doigts. Au moins, jusqu’à ce jour-là, la sensation de progression m’avait exhortée. Cette accolade en constituait peut-être la meilleure preuve.

— Alors, Denna ? m’interpella-t-elle, ses mains enroulées autour de mes épaules. Quel nom pourrions-nous attribuer à ce tableau ? L’appellation doit faire rêver sans mentir sur le contenu.

— Euh…, hésitai-je. Je n’ai jamais été très douée pour les noms !

— Nous avons encore le temps d’y réfléchir. Peut-être faudra-t-il le peaufiner avant de le présenter au public. Je suis certaine que tu pourras apporter ta dernière contribution.

— Ai-je vraiment aidé ? J’ai l’impression que tu as réalisé tout le travail…

Avais-je déclenché un silence de malaise ? Je me pinçai les lèvres dans l’attente d’une réponse. Se dérobant de mon contact, ma mère m’appréhenda d’un pas de recul, poings sur les hanches. Un sourire germa sur sa figure.

— Ne dis pas de bêtises ! s’exclama-t-elle. La moitié des coups de pinceaux a été réalisé par ta main ! Un artiste doit conserver une certaine modestie, mais ne te dévalorise jamais ! N’oublie pas : quelle que soit sa forme, l’art est le message que nous léguons aux futures générations. Nous devons œuvrer pour que chaque peinture, chaque sculpture, chaque ouvrage traverse les époques.

— Je te crois ! acquiesçai-je, convaincue à défaut de le paraître. Voilà pourquoi j’ai voulu suivre ta voie, mais j’ai encore beaucoup à apprendre. Et j’ai peur d’être considérée comme pistonnée si jamais…

— Pas de cela avec moi, jeune fille ! Que t’ai-je répété à de maintes reprises ? On ne fonde pas son avenir sur les opinions d’autrui. Crois-moi, même si j’ai commencé en autodidacte, il m’a fallu des modèles pour atteindre mon niveau d’aujourd’hui, et je commets encore beaucoup d’erreurs… Alors à ton âge, tu n’imagines même pas ! Admire donc notre peinture !

Elle me prit par la main, me désigna le tableau et déclara :

— Nous pourrons le clamer fièrement : ceci est la peinture de Denna et Caprilla Vilagui ! Pas de maîtresse à élève… Mais de partenaire à partenaire.

Dans ses prunelles dansait un désir inassouvi. Celui de l’œuvre personnelle et partagée, le résultat d’une collaboration de longue durée. Jamais je n’oublierais ses cris d’exultation devant notre tableau, à bondir comme une enfant. Tant de sincérité et de simplicité. Où s’étaient-elles envolées ?

Nous n’allions pas nous arrêter en si bon chemin ! Ma mère m’entraîna par le bras et nous descendîmes les escaliers à la rambarde lustrée afin d’atteindre le salon. Il était ardu de se perdre dans notre demeure. Nos murs pignons à faîtages écarlates s’harmonisaient certes avec l’architecture du quartier noble, mais elle occupait moins d’espace que ses homologues. Pourquoi en serait-il autrement ? Nul besoin de s’étendre outre mesure pour une résidence de trois personnes.

Ainsi nous rejoignîmes mon père au rez-de-chaussée. Oh, la chaleur de cette pièce ravivait les flammes d’une existence révolue… Dans l’âtre ronflait un feu à la lueur éclatante. Des traits vifs piquaient mes yeux tandis que je balayais chaque composante du regard. Aucun meuble particulier n’ornait les murs laqués, hormis un précieux coffret calé à côté d’une commode. Une dizaine des tableaux les garnissait et assurait de garder nos repères en des temps difficiles. Se contenter du nécessaire mais ne pas omettre le suffisant. Chacun avait droit à un brin de confort, non ? Sinon se perdre dans ce décor perdait en valeur !

Mon père répondait présent, fidèle à lui-même. Nous badinions toujours quand nous le trouvions endormi sur un fauteuil rembourré en cuir, affaissé de fatigue, un épais ouvrage sur ses genoux. Peut-être que ses ronflements plaidaient peu en sa faveur, nous n’en avions cure ! Certes, ses longs cheveux noirs et gris s’amalgamaient sans grâce, son bouc pointu était mal taillé, et sa bave s’écoulait jusqu’à son pourpoint sombre strié de lignes blanches. Quelle importance ? Il était Hyré Nalei, l’astronome le plus réputé de Virmillion ! Travailler de nuit nuisait à la qualité de son sommeil, mais cela en valait la peine.

Ma mère me coula un regard complice avant de se rapprocher à tâtons de son bien-aimé. Doucement, elle effleura ses joues du revers de sa main puis, quand mon père ouvrit les yeux, ils s’abandonnèrent à un baiser prolongé. Un amour partagé pour un métier complémentaire, que rêver de mieux pour eux ?

— Merci de m’avoir réveillé, mon cœur ! s’enthousiasma mon père, les orbites entourées de cernes. Je me suis encore assoupi alors que je souhaitais me distraire… Ça m’apprendra !

— Tu mérites bien un peu de repos, concéda ma mère. Déjà que tu dors moins de cinq heures par nuit… Tes recherches ne s’envoleront pas si tu te blottis un peu plus longtemps avec moi, sais-tu !

— J’ignore si ton cynisme est de circonstance. Mais tu m’as l’air ravie, dis-moi ! Quelle en est la raison ? Ai-je raté quelque chose ?

Chaque fois que ma mère se détachait du contact d’une personne, c’était pour revenir vers une autre. Elle me tenait par la taille avec une telle aise ! Étais-je sa fierté, sa moitié, peut-être les deux ?

— Après des jours de travail acharné, affirma-t-elle, nous avons achevé notre première fresque en partenariat !

— Vraiment ? fit mon père. Oh, c’est formidable ! Je… Hum, j’avais omis que vous aviez entamé un tableau à deux. C’est une manière d’apprendre pour toi, Denna, mais je pense que peu de peintres pratiquent cette méthode.

— Les styles doivent être assez similaires. Denna était un peu effrayée à ce niveau : elle craignait que la cohérence de l’ensemble implique qu’elle me recopie. Sois rassurée, ma fille, tu possèdes ton propre talent, n’en doute jamais !

Mon père se malaxa le front pendant que ma mère continuait de me fixer, l’un avait les paupières lourdes, l’autre trop légères. Une certaine pression familiale reposait sur mes frêles épaules, même s’ils ne l’admettaient pas !

Hyré déposa son livre sur notre table basse en marbre avant de le refermer.

— J’en deviens égoïste ! s’excusa Caprilla. Comment se déroulent tes observations, mon cœur ?

— Eh bien…, hésita son époux. J’ai besoin de confirmation de mes collègues. Mes résultats me paraissent trop optimistes pour être vrais.

— Mais dans le cas le plus optimiste, vous pourriez bâtir un immense catalogue d’étoiles. Voire le plus grand jamais conçu dans nos pays si je ne me trompe pas !

— Ne t’emballe pas trop, ma chérie. Des années sont nécessaires pour confirmer une observation. Souvent des prétendues étoiles n’étaient que des erreurs de calcul ou des défauts instrumentaux. Voilà pourquoi j’encourage la collaboration dans la communauté de chercheurs. Tant de paramètres rentrent en considération…

Cet instant aurait dû s’étirer durant des heures. Nous nous serions figés vers la contemplation infinie, mus par la seule volonté de progresser, résolus à enrichir notre société du mieux possible. Nous dépasser pour ne décevoir personne. Encore fallait-il saisir chaque opportunité d’exprimer notre créativité. Parfois l’avenir en décidait autrement.

On frappa à la porte.

Qui pouvait nous importuner en cette fin de matinée ? Père, mère et moi voulûmes en avoir le cœur net, aussi nous allâmes vers l’entrée à brûle-pourpoint. Une silhouette rassurante se découpait au-delà du seuil de la porte. Un garde ! Emmitouflé dans une broigne en cuir, coiffé d’un heaume conique, une moue étrange distendait ses lèvres. Engager des protecteurs nous était inutile, donc… Pas de doute possible. Il avait une annonce à nous communiquer.

— La troupe de Jalode Nalei est revenue à la capitale, informa-t-il d’une voix solennelle quoique bourrue. Elle est accueillie comme il se doit, malgré le contexte. Mieux vaut que vous alliez voir par vous-mêmes. Ils vous attendent à l’entrée ouest de la ville. Madame, monsieur.

Une révérence maladroite, un sourire gêné, et il s’effaça dans l’immensité du dédale urbain. Ni son nom ni sa fonction ne l’inscriraient dans l’histoire trop inégale de notre royaume. Ainsi fonctionnait la vie. Néanmoins, avant de se retirer vers sa routine, il avait insinué que la nôtre s’apprêtait à changer à jamais.

— J’avais aussi oublié ! déplora mon père. Six mois depuis qu’elle a levé une patrouille au sud-est. Le temps passe vite.

— Partons sans plus attendre ! encouragea ma mère. Je crois que nous n’avons pas le temps de nous changer. Ce que ce garde a dit…. Pourvu que Kelast et elle soient en bonne santé…

— Tu te tracasses pour ma sœur, maintenant ? Avec tout ce qu’elle a affronté dans sa vie, je crois qu’elle est immortelle ! Et notre neveu a hérité de sa solidité. Allons-y donc le cœur léger, l’inquiétude ne fera que nous ralentir.

Et mon paternel nous emboîta le pas à une cadence célère. Des dizaines de minutes de marche furent nécessaires pour l’explorer. Nous nous aventurâmes au cœur de la capitale, dans une trame aux nuances infinies, où les murailles en pierre clivées formaient le cadre, où le fond azuré surplombait des bâtiments confondus dans la richesse de l’architecture humaine.

Virmillion, capitale de Vauvord, plus grand royaume du pays de Carône. Ville millénaire, convergence de multiples axes, foyer d’une société en mouvement permanent. D’aucuns la louangeaient comme un centre culturel, genèse d’art et de fondation ! Facile de s’adonner à de tels compliments lorsque la ville avait été conçue dans ce sens. Chaque parcelle obéissait à des règles de construction rigoureuses, parmi lesquelles géométrie et symétries gouvernaient la moindre structure, la moindre maçonnerie. Où était la liberté esthétique ? La beauté ne se résumait pas à un ensemble de règles réarrangées !

Demeures en pans de bois et maisons en brique carminée s’étendaient à perte de vue, et larges ruelles au pavage carré laissaient circuler la population. Géraniums, lierres, hortensias, jonquilles et autres fleurs agrémentaient les frontons derrière lesquels de modestes vitres se fondaient. En parallèle triomphaient des édifices dont les pilastres et les arcs surbaissés happaient les âmes en quête de contemplation. Par-dessus tout, pas un toit n’était privé du drapeau Vauvordien, l’épée croisée au poing, l’illustre bannière du plus puissant royaume occidental. Nos ennemis pouvaient se terrer car nul ne pouvait l’ébranler ! Telles étaient les mots que clamaient les partisans.

On me bouscula. Heureusement que ma mère me retint, sinon, j’aurais été renversée sur le dallage !

— Regarde un peu où tu marches ! se gaussa-t-elle. Ah, fidèle à toi-même, Denna ! C’est bien beau de contempler les rues mais nous n’avons pas trop le temps maintenant…

— Et les citoyens ? m’inquiétai-je. Est-ce qu’ils me regardent ?

— Tu t’en fiches, comme je te l’ai souvent répété. Poursuivons, maintenant. Ta tante et ton cousin vont s’impatienter.

C’était ainsi qu’elle me guidait, un sourire permanent suspendu à ses lèvres, sa langue prolongeant ses aptitudes au pinceau. Peut-être aurais-je dû me plier à la fiabilité de son conseil. Mais je ne pouvais guère éviter le dynamisme du tableau !

Une cité ne consistait pas juste en un empilement de pierres et de briques : ses habitants constituaient son âme. Dispersée dans chaque quartier, nichée dans le cœur des héros inconnus du quotidien. Elle vivait chez les groupes d’enfants folâtrant au détriment de nos oreilles. Elle sillonnait chez les nobles et bourgeois aux pourpoints, robes, jupes et hongrelines aussi bariolées qu’extravagantes. Elle se renouvelait chez les artisans et forgerons à la motivation soutenue. Elle naviguait chez les citadins du commun, ceux qui se baguenaudaient de tavernes en boutiques. Par dizaine de milliers ils se croisaient, se dévisageaient et s’oubliaient, poussières d’un monde vaste.

Mais l’âme se reflétait aussi dans l’individualité. Chez ce mendiant au coin de la rue, implorant pour que quelques piécettes garnissent son bol. Chez cette marchande itinérante qui conduisait sa charrette, achalandant de précieuses denrées. Chez cette femme encapuchonnée dérobant quelques bourses sans que personne ne s’en aperçût. Chez ces deux hommes obligés de se lâcher la main quand une garde passa à proximité. Chez ce vieux contadin qui s’éloignait de toute venelle sombre.

Des rumeurs s’amplifiaient sur le retour des militaires. C’était obligé tant de citoyens convergeaient vers l’entrée, toutefois il fallait distinguer le vrai du faux. Difficile de percevoir des paroles distinctes au sein de ce tintamarre, mais de ce que j’en comprenais… Des frissons commencèrent à me parcourir. Même le sourire de ma mère commençait à s’effacer.

De l’unité à la dizaine, puis à la centaine, je percevais le rassemblement collectif. Nous y étions ! Le retour tant attendu de ma tante qui, jusqu’à ce jour, était secondaire dans ma vie… Tant de personnes s’étaient conglomérées pour l’événement. Deux rangées de soldats s’alignaient de part et d’autre de la rue principale : les uns brandissaient les bannières, les autres restaient raides. Sur leur surcot doublé de maille luisait l’emblème de Vauvord. Ils étaient les protecteurs de notre patrie, hommes et femmes à la tâche ardue et pourtant honorable. Ils méritaient amplement de récolter les louanges après avoir rempli leur devoir ! Du moins était-ce ma pensée de l’époque…

Pourquoi le mutisme s’était abattu ? Oh, facile à deviner… À la tête de la troupe marchait la seule, l’unique, la célèbre générale Jalode Nalei ! Personne ne croisait son regard ni ne s’avisait de murmurer quoi que ce fût. Ses bottes ferrées, que des jambières en acier soutenaient, résonnaient sur l’ensemble de l’allée. Quelques motifs frappaient ses mains gantées et ses brassards ainsi que sa ceinture argentée sur laquelle une lame à poignée allongée était accrochée. De solides épaulières soutenaient sa cape vermeille sans obscurcir la brillance de sa tenue cannelée de rayures dorées. Et son visage… Des traits durs et profonds le sillonnaient, et en perspective pointaient son nez aquilin et sa bouche fine. Des iris sombres peignaient ses yeux. Mais elle était dépourvue de rides. Seule une cicatrice courbe entourait son œil gauche. Une marque de guerre à n’en point douter. Une queue de cheval nouait sa chevelure noire qu’une paire de mèches blanches étoffait. Elle était si costaude nonobstant sa taille moyenne ! Qui était-elle ? Quelqu’un de trop important, hélas.

Jalode se mouvait avec promptitude, droit devant, sans détour. Elle ne fixait personne. Elle ne s’exprimait pas. Tout juste accordait-elle un regard au corps derrière elle, transporté sur un chariot. Un jeune homme au teint pâle, au torse lacéré, main et épée superposées sur sa poitrine…

Le corps de mon cousin.

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