Chapitre 2-4 (Tempête acte 2)

7 minutes de lecture

Après plusieurs heures, un courant d’eau se déversa de la pente derrière le troisième rocher. Il ne cessa alors de charrier des pierres et de la boue. La clairière se remplit en partit, mais laissa l’eau creuser sa route. Ce ruisseau devint rapidement un torrent.

A dix mètres de leur position, l’eau emportait la terre dans un léger val. Des pierres d’un la taille d’un mouton se mettaient à descendre la pente dans un roulement et un bruit de raclement évocateur de la force du courant.

Plus un bruit animal, plus un seul cri. Juste le vent, l’eau et le son de ce qui fut emporté par les flots.

Au bout d’un moment la plus faiblit un peu. Mais le vent écorchait toujours les arbres. La nuit vint changeant le gris en une sinistre obscurité.

L’homme avait du mal à voir les arbres à quelques mètres. Le peu de lumière qui restait permettait à peine de se voir. La fraicheur de la nuit arrivait, rendant encore moins agréable l’humidité des vêtements sur la peau.

Des petits mouvements des mains, bras, jambes, orteils offraient une sensation de chaleur, tout en délivrant les membres d’une posture trop fixe. La sorcière mettait quelques petits coups de dos pour que cela cesse quand il bougeait trop et longtemps.

Il entendait parfois quelques grosses branches cassées et tombées dans la forêt, certains arbres devaient surement en faire de même.

La fatigue et la monotonie s’installa, il sombra un moment pendant la nuit.

Il fut réveillé brusquement par un couinement accompagné de craquements. Un arbre au bord de la clairière tirait sa révérence en un son lugubre. Les racines lâchèrent et il s’abattit de tout son long, emportant avec lui toutes les branches des autres feuillus sur sa course. Il tressautât en se brisant sur le sol et des éclats jaillir, éclaboussant les environ de bouts de branches, de feuilles et lambeau de son tronc.

L’ensommeillé tergiversa un moment, mais se rendormit devant l’absence de nouveau danger.

A un moment la pluie cessa. Puis le puissant vent fit place à une brise légère qui continua jusqu’au matin. Le torrent ne renonça pas et charria de la boue et des débris jusqu’au réveil du jeune homme.

Il regarda autour de lui en se relevant. La sorcière tourna sa tête vers lui, toujours assise.

Groggy par une nuit peu satisfaisante, il déploya ses membres raidis et engourdis par l’humidité. Bizarrement, ses étirements matinaux ne lui rendirent pas la souplesse qu’il attendait. Des courbatures voilà ce qu’il l’attendait. Il avait beau se démener, son corps était douloureux.

A l’image, de son corps, la forêt tout entière était endolorie.

Des arbres décharnés, des branches pendouillant, se balançant au gré d’une brise. L’arbre couché par la tempête n’avait pas été le seul, on voyait çà et là des arbres cassés, étêtés, à demi renversés ou à terre. Une foule de brindilles et de branchettes avaient couvert le sol de la forêt.

La clairière imbibée d’eau avait revêtu un habillage de feuilles, d’épines, de boue. Noyée par les débris et la saleté déposée par la tempête, rares étaient les touffes d’herbes à profiter des maigres rayons de soleil matinaux.

Un rocher de la taille d’une vache s’était planté dans ce qui restait du torrent de boue.

Des nappes d’eau avaient cachés le sol près des petits amoncellements de pierres derrière lesquels se trouvaient les sacs. Sans doute surélever les sacs avaient été une bonne idée, mais la pluie avait surement dût avoir raison de l’abri.

« Prend ton sac, manges, changes toi et reprends des forces. Gardes tes chaussettes sèches pour ce soir. » Dit amicalement la sorcière en se levant, détrempée mais plutôt heureuse de l’issue de cette tempête.

« On va repartir dans combien de temps ? » Lança nonchalamment le voyageur.

« Nous ne sommes pas pressés, les arbres et les branches vont continuer de tomber toute la journée. Il serait bon de trouver un endroit plus confortable pour ce soir. » Répondit tranquillement la jeune femme.

L’humidité ambiante créa une nappe de brouillard, le son de l’eau ruisselante s’ajoutait aux aléatoires craquements et bruits étouffés de chutes de bois. La fraicheur et les timides rayons n’empêchèrent pas les deux voyageurs de disposer d’un bon moral à l’heure du petit déjeuner. L’astuce de la débrouillarde avait permis une sauvegarde des denrées, et des habiles secs firent le bonheur du dubitatif jeune homme.

La sorcière traça un petit cercle au sol, avec en son centre plusieurs sigles arrondis. On aurait dit qu’elle dessinait un ensemble de bulles d’eau. Elle brisa la branche qui avait failli frapper son guide en plusieurs morceaux, attrapa brindilles et branchettes pour garnir de fond du cercle. Elle appliqua la paume de sa main sur le bord extérieur du cercle tracé.

Une sorte d’impulsion fit frémir la terre dans le dessin, bientôt les branches, brindilles et feuilles frémir à leur tour. La main de la sorcière se crispa, un léger souffle se produisit. De l’eau perla alors des végétaux, attirée par une force inexplicable et invisible vers la paume de la jeune femme. Des filets d’eau descendirent de tout le tas de bois et des bulles d’eau montèrent du sol. Toutes se rejoignirent pour ne former plus une sorte de sphère d’eau. Celle-ci sembla coller à la main de la sorcière en ondoyant doucement. La sorcière déposa la sphère d’eau à quelques mètres du cercle. Un léger souffle et la bulle d’eau s’écoula en instant sur le sol. Elle revint près du tas de bois, pausa sa main à proximité. La main se crispa de nouveau et une flammèche jaillit à l’intérieur des brindilles.

Le feu prit.

Le guide désigné avait déjà vu la sorcière utiliser une telle chose pour allumer un feu. Le cercle et la sphère d’eau était une découverte. Il essayait de cacher sa stupéfaction ou son entrain pour pareille magie, il savait que la sorcière ne supportait pas ce genre d’admiration béate. C’était d’une simplicité telle, qu’elle ne souhaitait jamais s’exprimer dessus.

De plus, le guide désigné ne voulait pas trop s’attacher à cette facilité. Il craignait cette curiosité et cette admiration pour la magie, en de nombreux lieux s’était une hérésie que d’avoir pareille fascination.

La faim prit le dessus, il laissa ses pensées et ses émotions de côté. Le petit déjeuner fait d’un lapin, de racines au goût de carottes ou de navets cuit à même une énorme écorce de bois réchauffa les deux voyageurs. Les restes de ce plat furent mélangés avec de l’eau dans un récipient en bronze rappelant une casserole. La chasseuse filtra le bouillon et jeta les petits os et servit la soupe dans des petits godets en bois.

Un doux fumet s’éleva. L’homme saisit sa boisson et l’entoura de tout son être pour profiter un maximum de la chaleur qui irradiait. Après une telle nuit, ce bouillon était un vrai cadeau. Il but petite gorgée par petite gorgée se délectant lentement. Les courbatures semblèrent soudain moins rudes. Il plissa les yeux, un air satisfait s’inscrivait peu à peu sur son visage.

La matinée s’écoula calmement entre la recherche de nourritures, le compte des vivres, l’essorage des habits détrempés. Vers midi, ils avalèrent une légère collation avant d’explorer un peu les alentours.

La forêt déjà peu avenante avec le promeneur, c’était transformé en guêpier. L’eau avait nivelé les espaces presque plats en autant de mares momentanées. Une simple randonnée dans ces petites étendues d’eau boueuse offrait de douloureuses surprises. Une zone alors apparemment lisse cachait des écarts importants, d’une semelle à peine mouillée à des trous noyant jusqu’au haut des cuisses.

Evitant soigneusement ces bandes d’eau, la sorcière proposait une route elle aussi encombrée. Le problèmes des buissons et des ronces étaient un luxe comparé au cheminement dans des sous-bois après cette tempête.

Des arbres déracinés jonchaient le sol, écrasant leurs plus frêles frères. Brisés, cassés, éclatés sur le parterre de feuilles. Pour dix arbres debout trois ou quatre étaient tombés. Un constat de la violence de l’assaut du vent et ils n’étaient qu’à mi- pente dans des lieux vallonnées.

Très vite, la petite brise devint une ennemie. Elle arrachait ce qui avait tenue jusque-là. Elle poussait les enchevêtrements de bois les faisant s’effondrer. Elle finissait d’emporter les arbres restés trop longtemps dans un fragile équilibre. Les chutes d’objets se poursuivaient, alourdis par la pluie, ils menaçaient toute vie en dessous. Chaque craquement, chaque bruit sourd mettait en alerte toute la zone. Une vicieuse et inquiétante impression naissait de ce post-évènement climatique.

Les deux marcheurs ne purent continuer leur périple, car une rivière bouillonnante leur barra le passage. N’étant pas sûr de la sécurité de l’endroit, la jeune femme poussa son compagnon d’infortune à suivre la rivière, vers l’amont. Ce fut difficile, mais après une heure d’efforts, ils trouvèrent un replat en pierre, le bas d’un renfoncement dans la falaise. La rivière vrombissait non loin. Une cascade d’une trentaine de mètre de haut jetait son bouillon sur du granite dur en un bruit clair et continu. Le tumulte accru par les trompes d’eau de la veille. Une large vasque de pierre renait une partie du liquide marronnasse. L’endroit aurait pu être magnifique si le temps ne s’était pas mêlé de la couleur du flot. Des arbres cassés tapissaient le pourtour de la cascade, jetés du haut de la falaise dans au maximum de l’inondation.

Cependant la sorcière sembla ravie du lieu, pas de trace d’éboulement, une rivière en décrue, un endroit abrité, une dalle de roc sèche. Les voyageurs n’étaient pas allés très loin, quelques kilomètres au mieux. La jeune femme brune détecta un chemin pour traverser derrière la cascade, il n’en fallu pas plus pour animer en elle une joie perceptible. Ceci résolvait de ce fait, le passage de la rivière vigoureuse, car la falaise et l’eau tumultueuse semblaient infranchissables.

« Il sera agréable de dormir ici, gardons la traversée pour demain. Si tu te mouilles on aura qu’à attendre sur l’autre berge. » Sourit la sorcière. Cette bonne humeur communicative eut tôt fait d’interpeler le jeune homme. Il tâcha d’en savoir plus.

« Pourquoi autant de joie ? » questionna-t-il.

« Tu devrais voir le potentiel de ce lieu. Surtout après la tempête. Un point stable. » Se réjouit la jeune femme.

« Un point stable ? Protégé, sûr, vous voulez dire. » Proposa-t-il.

« Un point stable, idéal pour un camp de base ou une installation à plus long terme. L’important c’est le facteur temps. » Déclara l’incomprise.

Il lui sembla avoir saisi l’importance du terme. Un endroit où on peut se fixer, où on peut revenir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire GoM ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0