Ainsi furent créés le monde, les hommes et la mort

de Image de profil de Sandrine ManineSandrine Manine

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Au commencement étaient trois divinités majeures : Nabathys, déesse du règne végétal, Sourka, déesse du monde minéral, et Hayvan le dieu du règne animal. Ensemble, ils décidèrent de concevoir une œuvre magistrale. Sourka offrit d’en dessiner le support : elle créa une toile nue qu’elle habilla de roche, de sable et de pierre. Elle étala ainsi une palette de couleurs allant de l’ocre au brun, traça des rainures et creusa des fossés jusqu’à obtenir un décor dont elle fut satisfaite.

La déesse Nabathys s’appuya sur ce sol pour faire pousser les premières plantes, et déploya quant à elle toute une gamme de vert dont elle agrémenta généreusement le tableau.

Le dieu Hayvan saupoudra l’œuvre commune d’êtres doués de mouvements, et usa de son imagination foisonnante pour former des créatures de toutes formes et toutes couleurs.

Ainsi fut engendré le monde.

 

Les dieux furent d’abord très satisfaits de leur travail, mais Nabathys et Hayvan déchantèrent vite : leurs créations semblaient péricliter, ne croissaient pas. Il manquait des éléments pour que le monde soit durable. Sourka, elle, se montrait très fière de sa participation : son support était beau et immuable, elle ne souhaitait rien changer.

Nabathys et Hayvan firent appel à des dieux secondaires : le dieu de l’air, la déesse de l’eau, et le dieu de la terre. Le dieu de la lumière, et la déesse de l’obscurité ne furent pas conviés en raison de leurs disputes incessantes.

Le dieu de la terre entreprit de fertiliser le sol dur de Sourka pour permettre la prolifération des plantes. La déesse de l’eau étendit ses nappes bleues dans les fosses creusées par Sourka et apporta l’essence de vie indispensable à toutes les créatures. Le dieu de l’air, quant à lui, fit souffler les vents qui permirent l’alternance du temps nécessaire aux cycles de vie. Plantes et animaux se mirent à croître, évoluer et se diversifier pour la grande joie de Nabathys et Hayvan, mais au grand désarroi de Sourka, contrariée que son travail ait été modifié. Elle exprima son ressentiment en générant des mouvements du sol, afin de chahuter le tableau. Des tremblements se produisirent, mais les soulèvements de roche qui en résultèrent agrémentèrent joliment le décor, plutôt que de l’abîmer. Sourka finit par s’apaiser, même si son courroux secouait encore par moments le support.

 

Heureux de leur collaboration avec les dieux inférieurs, Nabathys et Hayvan décidèrent de les honorer en s’associant à eux pour agrémenter encore leur œuvre. Sourka préférait que le tableau reste l’œuvre exclusive des dieux majeurs, mais fut ignorée par les autres.

Avec l’aide d’Hayvan, le dieu de l’air façonna les oiseaux, la déesse de l’eau les poissons, et le dieu de la terre put donner vie aux insectes.

Nabathys collabora avec la déesse de l’eau pour créer les algues, et avec le dieu de la terre pour imaginer les champignons. Mais quand vint le tour du dieu de l’air de participer, Sourka, qui fulminait toujours, entra dans une colère noire. Elle se fit aider du dieu de la lumière pour échauffer tant le sol que la roche se mit à fondre et jaillit par des cratères. Les arbres brûlèrent et la toile pris les couleurs du feu et le noir du charbon. Hayvan, Nabathys et le dieu de l’air unirent leur force pour empêcher le feu d’endommager le monde de manière irrémédiable. Ils réussirent à dompter les flammes, en leur donnant la forme de dragons et de pierre-de-feu. Sourka, vaincue, ravala sa bile et remit sa vengeance à plus tard.

 

Nabathys et Hayvan connurent une période de paix et firent prospérer leurs protégés. En quête de perfection, ils joignirent leurs facultés et de leur amour naquirent les elfes, des êtres capables de les seconder dans l’harmonisation du monde. Cette naissance réveilla la jalousie de Sourka, dont la rage ne connut plus de limite. Elle coopéra cette fois avec la déesse de l’obscurité pour déverser sa haine en instillant la maladie dans le monde et en instaurant la mort. Les elfes, créatures bénies des dieux, perdirent leurs ailes et leurs pouvoirs pour devenir de simples humains, mortels. Rien de ce qu’essayèrent Nabathys et Hayvan, même aidés des dieux mineurs, ne put inverser le sort jeté par Sourka. Ils ne réussirent qu’à restaurer une ombre de conscience à leurs filles et fils, pour qu’ils conservent un vague souvenir de leurs origines, mais ne réussirent plus jamais à communiquer avec eux.

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