Chapitre 22

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Ambre 4

3 juillet

Hier avait été riche en émotion après la venue de Damon . Mais j'avais supporté tous les coups que mon frère m'avait donnés, car je savais que Damon n'allait pas lâcher le morceau. Aussi, je ne fus pas étonnée de le voir devant mon lycée. Tout le monde autour de moi faisait la fête, car nous étions enfin en vacances d'été, moi, j'étais simplement heureuse, car il y avait ce magnifique brun qui n'était là que pour moi. Quand il me vit, un sourire sincère s'afficha sur ses lèvres.

Comment ce garçon pouvait me connaître aussi bien alors qu'il ne cessait de m'étonner. Mais dans ses yeux, je pus lire de la joie, de l'apaisement de pouvoir enfin me voir, de la prétention bien sûr. Mais en aucun cas de l'animosité où un tout autre ressentiment... Alors ainsi, il ne m'en voulait pas d'avoir coupé les ponts avec sa famille. Il ne m'en voulait pas que je ne l'aie jamais rappelé, jamais revue.

Par instinct, encore une fois, mon corps, ce mis à marcher dans sa direction, de plus en plus vite, si bien que je me mis à courir. Je ne ralentis pas en arrivant à sa hauteur bien au contraire. Je voulais le prendre dans mes bras. Je voulais me rendre compte qu'il était bien réel. Je voulais savoir ce que ça faisait de toucher sa peau après si longtemps, de passer mes doigts dans ses cheveux, de pouvoir sentir son odeur de nouveau. D'entendre sa respiration. Pourtant quand nos deux corps se rencontrèrent les sensations furent différentes de ce à quoi je m'attendais.

Bien que je touche sa peau, je sentais uniquement sa main dans le creux de mon dos. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux, mais je n'y fis même pas attention. Trop obnubilé par le contact de son nez dans le creux de mon cou. Son odeur m'avait tant manqué et pourtant, je ne la reconnaissais pas. Ce ne fut pas sa respiration qui fit vibrer tout mon être, mais le tambourinement infernal de mon cœur dans ma poitrine.

  • Tu m'as tellement manqué !! Chuchota-t-il.

  • Je suis désolé...

Il se décrocha de moi enfin.

  • Mais... c'est les vacances d'été...Et tu sais ce que ça signifie..

  • Euh... l'ennui...

  • Non, la plage idiote.

  • Quelle plage ?

  • Si tu veux mon avis, je trouve ça absolument choquant que tu habites Erié et que tu ne sois jamais allé à la plage..

  • Quoi... Mais je ne peux pas... Je dois rentrer... et je n'ai pas de maillot de bain. Bégayais-je paniqué.

  • La ferme ! Ordonna-t-il. Cela fait quatre mois que je ne t'ai pas vu. Ta maison peut attendre. Grimpe dans la voiture !

Je ne posais pas plus de questions, voyant que Damon adoptait un ton volontairement autoritaire. Le chemin se déroula dans un silence délicieux. Même après des mois sans nouvelles, Damon restait Damon . Il pouvait avoir sauvé le monde des centaines de fois, il restait taciturne et peu bavard.

  • Tu sais... Tu devrais t'ouvrir un peu plus aux autres. Dis-je à mon ami alors que nous arrivions à destination.

  • C'est toi qui dis ça ? Lança-t-il dans un rictus à peine caché.

Oui, c'est moi. C'était quelque peu paradoxal. Mais j'adorais tellement entendre sa voix que je pourrais l'écouter parler pendant des heures.

Le sable était brûlant, une brise fraîche me caressait le visage à chaque fois que les vagues venaient lécher les rochers. Que je tourne la tête à gauche où à droite, la plage s'étendait au-delà de l'horizon. Je me sentais tellement insignifiante et pourtant si libre dans cet horizon calme et paisible. Il n'y avait que Sasuke, moi et enfin la liberté. Je le suivis dans le sable chaud, pendant un long moment. Je trimbalais mon sac d'affaires quand soudain, il se stoppa.

Il sortit une couverture gigantesque qu'il étendit par terre. Il s'installa dessus enlevant son haut et mettant ses lunettes de soleil sur son nez. Sa peau laiteuse ressortait au soleil, c'était indéniable. Ses cheveux de jais juraient dans le sable jaune... Mais ce qui attira mon attention fut sa poitrine. Celle-ci se soulevait de manière profonde et régulière... Calme, sereine. Il dormait !! QUOI !! Il dormait déjà... Je me posai soudain la question pourquoi ? Qu'est-ce qu'il pouvait le fatiguer à ce point, avait-il des problèmes ?

Je fus tirée de mes pensées, car la chaleur sous la plante de mes pieds commençait à devenir douloureuse. Je courus sur une des vagues qui s'écrasa sur mes chevilles pour mon plus grand bien. J'avançais doucement dans l'eau qui cette fois-ci remontait jusqu'à mes mollets, elle était tiède, chaleureuse et accueillante. L'air marin qui me chatouillait les narines me tira un éternuement. Je me sentais si libre, si apaisé dans cet endroit que ma vie tout entière qui n'était qu'un échec monumental, me laissait un goût amer dans la bouche.

J'avais menti, j'étais déjà venue dans ce décor paradisiaque. Une fois. Une seule et unique fois dans toute ma vie. Enfant, j'avais déjà ressenti cette merveilleuse chaleur de bonheur s'insuffler en moi comme aujourd'hui. Mais à cette époque, mon innocence et ma vision candide de la vie ne pouvaient pas me préparer à ce que j'allais vivre. Aujourd'hui, même les souvenirs les plus heureux avec mon frère devenaient des épines dans mon cœur qui diffusaient un poison douloureux et destructeur. Il m'avait brisé, m'avait un peu plus rabaissé chaque jour de mon existence par sa simple présence en ce monde. Rien ne pouvait réparer les fissures de mon âme qui se creusaient un peu plus chaque jour. Est-ce qu'un jour, je serais aimée pour ce que je suis ? Et nom pour ce que je laissais paraître ? Pas sûr

  • Ambre ?

Une douce glissade se fit sentir dans ma main avant que les doigts de Damon se referment sur les miens.

  • Tout va bien ? Me dit-il, la mine inquiète.

  • Oui. Le rassurai-je. J'étais simplement dans mes pensées.

Son visage s'adoucit. En si peu de temps les traits de son corps avaient changés. Je remarquais notamment une ride au milieu de son front. Était-elle là à cause de moi ? Pensais-je. Ses cheveux étaient un peu plus longs, les lignes de son corps montraient un peu plus ses muscles fins et dessinés. J'avais l'impression que le temps jouait avec Damon , tandis que moi, quoi que je fasse, je restais figée dans une vie cauchemardesque.

  • Je te sens préoccupée. Me souffla-t-il.

  • Préoccupée ? Répétais-je.

  • Oui, tu es distante.... Étrangement distante...

  • Je ris.

  • Je l'ai toujours été. Je ne change pas mes habitudes.

  • À son tour, un léger sourire apparut.

  • Qu'est-ce qu'il y a ?

  • Rien. Je suis simplement heureux de te voir.

  • Tu sais......Je m'étais faite à l'idée qu'on ne se verrait plus.

  • Vraiment ?

Oui, je croyais que j'avais enfin réussi à l'éloigner de moi, à le protéger de moi, mais étonnamment...à me protéger de lui aussi. Au fond, je savais que ce garçon me rendait à la fois faible et malheureuse, car quoi que je fasse, il ne cessa d'entailler le mur que j'avais mis entre lui et moi.

  • Tu as de la chance. Moi, je n'ai jamais réussi....

  • C'est pour ça que tu es aussi fatigué ?

  • De quoi ?

  • Tu as des cernes monstrueux sous les yeux. Tu as l'air épuisé.

  • Ah çà. Ce n'est rien, je suis juste un peu préoccupé moi.

  • C'est à cause de moi ?

  • Non. Il sourit. Plus maintenant en tout cas.

Je sentis ses doigts lâcher les miens. Il fit demi-tour sortant ses pieds de l'eau pour retourner sur la serviette de bain. Cette fois-ci, je le suivis. Après tout, moi aussi, j'étais épuisée. Pourquoi ne pas dormir une petite heure ? Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi en sécurité. Je pourrais peut-être fermer les deux yeux pour une fois. Je m'allongeais donc sur le ventre, relevant la chemise de mon uniforme pour sentir le soleil la peau de mon dos...J'étais si bien.

  • Damon ..... Dis-je.

  • Hm ? Demanda-t-il alors qu'il partait déjà dans les songes.

  • Qu'est-ce qui ne va pas ?

  • Tout baigne.

  • Tu mens, tu aurais pu venir me voir chez moi beaucoup plus tôt. Pourquoi maintenant ?

Il soupira légèrement. Puis, il retira ses lunettes de soleil pour que son regard charbonneux puisse sonder le mien.

  • C'est à cause de mon père. En ce moment, ça ne va pas fort à la maison. Dean est de moins en moins avec nous. Ma mère fait semblant que tout va bien et moi, je subis tout ça...

  • C'est quoi le problème avec ton père ?

  • En fait, ce n'est pas vraiment mon père. C'est à cause de Dean , l'autre jour, il s'est ramené à table en fanfaronnant et à déclaré qu'il ne deviendrait pas avocat et qu'il ne reprendrait pas l'affaire familiale.

  • Aie ! Dis-je comprenant alors la mauvaise ambiance qu'il me décrivait.

  • Ouaip... Ils se sont engueulés, et après ça a été au tour de mes parents de s'engueuler...

  • Ta mère à pris la défense de Dean je suppose.

  • Tout juste... Et c'est comme ça depuis trois semaines...

Il soupira de nouveau, j'étais déstabilisée. Damon Atkins était un gars, arrogant, fier, sûr de lui, réservé aussi... Mais soudain, il m'apparaissait sous un autre jour. Plus faible, épuisé, moins pudique... Un garçon que je ne connaissais vraiment pas.

  • Le comble de toute cette histoire, c'est que maintenant mon père compte sur moi pour devenir un putain d'avocat de merde.

  • Quoi ? Et tes études de littérature ?

  • Je peux m'asseoir dessus. Il rit jaune.

  • Mais Damon ! Ton rêve !

Du calme. J'ai gagné du temps et réussi à le convaincre de me laisser aller dans un lycée public. Le même que le tien.

  • C'est déjà ça... Mais tu n'as pas répondu à ma question.

  • Tu ne perds pas le nord toi. Rigola-t-il. Je te l'ai dit, je suis sous pression depuis quelque temps, j'ai cru que j'allais craquer, devenir fou. Et puis j'ai repensé à toi, et je me suis souvenu, que toi, tu étais toujours souriante même quand les choses n'allaient pas...

  • Hm..

Je ne saurais dire si par la suite Damon m'a encore adressé la parole ou non. Je n'en ai aucun souvenir. Me rendant compte de l'épuisement qui s'était emparé de moi, je m'étais endormie. Profondément. Je laissais simplement le soleil me bercé par sa chaleur , le bruit des vagues rythmés mon sommeil et me semblent-ils, quelques caresses le long de ma colonne vertébrale.

Je ne m'attendais pas à un tel accueil. Je n'étais pourtant pas porté disparu, j'allais bien. C'était à cause de Damon si je ne pénétrais plus la demeure des Atkins . Pourtant, j'étais visiblement la bonne surprise de la journée. Quand il m'avait proposé de retourner chez lui, j'avais sauté sur l'occasion. Oui, je voulais revoir Daryl et Elly . Oui, je voulais revoir Dean plus que tout au monde, mais cela me faisait surtout une occasion de fuir mon cauchemar.

  • Regardez qui je ramène. Avait lancé Damon , alors que la porte était à peine fermée.

Je ne me souvenais plus, de cette ambiance à la fois si légère et affreusement gênante de cette maison. Il y avait un fond de musique qui résonnait dans tout l'habitacle. Queen, si je pense juste. Tout était beau, lumineux, chaque chose à sa place comme si cette maison s'était figée dans le temps. Je n'étais pas habituée à une telle organisation, un ménage aussi méticuleux dans ma propre vie. Ce n'était pas moi, ce n'était ma façon de vivre. J'avais juste l'impression d'être une tâche dans ce tableau parfait, de la famille parfaite où toutes les apparences étaient trompeuses. Pourtant, une masse de cheveux noirs se jeta sur moi.

  • Je ... fus la seule chose que je pus dire avant de me faire enlacer durement.

  • Que se passait-il exactement ? Dois-je rappeler que je suis simplement la petite Ambre ? Et non le messager de Dieu.

  • Dean , tu vas la tuer. Lâche là. Rigola son petit frère.

Pourtant, il ne me lâcha pas ; au contraire, ses doigts s'enfoncèrent un peu plus dans ma peau. Peu importe ; je pouvais comprendre sa surprise après tout. Quelques heures plus tôt, ce fut moi qui ne pouvais lâcher Damon . Oui, j'étais bel et bien là. Même si je n'en revenais pas.... enfin, je pus respirer. Pour autant, Dean ne coupa pas le contact physique saisissant mes épaules avec force.

  • Espèce de débile ,quand mon petit frère t'embête, tu viens me le dire !! Tu ne disparais pas dans la nature sans raison !!

  • Euh... Oui. Fus ma seule réponse.

  • Te voilà enfin jeune fille !! Gronda le père Atkins.

Je fis alors face aux deux parents de la famille. Un regard réprobateur sur le visage de Monsieur Atkins , je me sentis soudain encore plus mal à l'aise qu'à l'accoutumer. Daryl , ne cessait de me fixer d'un regard supérieur. Le torse bombé, les bras croisés, les sourcils froncés. J'ai l'impression d'être une petite fille qui allait passer un sale quart d'heure après une bêtise.

  • Mes fils se languissaient que tu reviennes un jour.

  • Tu peux parler Daryl . Enchaîna Elly . Tu es la seule à rire à ses blagues ici ! Me lança-t-elle. Je suis contente de te revoir, tu restes dîner avec nous, j'espère.

J'étais comblée, personne ne m'avait oublié, personne ne m'en voulait de quoi que ce soit... Ils me considéraient encore et toujours comme un membre à part entière de leur famille. Et cette idée me pesa étrangement lourd sur les épaules. Tout simplement parce que j'avais ma propre famille. Et je devais les protéger de celle-ci. Je me rappelais du regard meurtrier que Damon avait lancé à mon frère, de la pression sur mon épaule, de son visage à la fois neutre et pourtant assez expressif pour que je comprenne que j'étais dans la merde.

Le problème était mon frère, les cachotteries, c'était mon frère, mon isolement, c'était mon frère. Il était la cause de tout, et Damon l'avait parfaitement compris. Est-ce qu'encore une fois le plus perspicace des Atkins allait fermer les yeux ? Je ne le savais pas, mais je l'espérais.

  • Bon, le repas sera bientôt prêt

Le repas. Cela faisait longtemps que je n'avais pas mangé de la vraie nourriture autour d'une table. Habituellement, j'attendais que tout le monde dorme pour ouvrir le frigo et me servir. Même si tout était silencieux, que personne ne parlait vraiment, je me sentais néanmoins apaiser d'être là. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pu échapper au Monstre.

  • Suis-nous ! Me dit Dean avant que je n'aie fini mon dessert.

Dans la plus grande joie, j'obéissais. Je me mis à courir derrière les deux garçons dans l'escalier. Comme cela était bon de voir leur silhouette devant moi. Instinctivement, nous rentrâmes dans la chambre de Damon où je me jetais sur le lit avec Dean .

  • Alors on fait quoi ? Dis-je.

  • Quelle question, me dit Damon en me montrant les manettes de jeux.

Je ris. Une soirée jeux vidéo. Ils auraient pu trouver mieux tout de même. Néanmoins, je n'allais pas me gêner pour leur montrer toute l'étendue de mes talents.

  • J'abandonne ! S'énerva Dean deux heures plus tard.

Je levais les bras en guise de victoire. J'avais encore une fois battu Dean au jeu FIFA sur la console de son frère. Je ne pouvais m'empêcher de jubiler en voyant L'aîné Atkins s'énerver.

  • Je vais me couché vous me gonflez, Ambre , tu viens ?

  • Non, elle va encore faire une partie ou deux contre moi. Répondit Damon à ma place.

  • Je ne bronchais pas, j'adorais ce jeu, j'adorais énerver les garçons et j'avais la possibilité de faire les deux.

  • Comme vous voulez. Dit Dean en fermant la porte.

Mais quand nous nous retrouvâmes tous les deux dans la chambre, il n'y eut pas l'effet escompté. Je me sentais soudainement mal à l'aise. Damon était beaucoup plus silencieux que son frère en général. Et malgré-moi, je ne pouvais m'empêcher de me sentir bête si je ne lui faisais pas la conversation. Pourtant, entre nous, le silence n'était jamais gênant, ennuyeux ou déplaisant. Il nous arrivait de passer des heures ensemble sans nous adresser un mot ou à l'inverse de discuter d'un sujet précis sans ne jamais être d'accord.

Cette fois, c'était différent. Ce malaise ambiant ne venait pas de moi, pour une fois. Mais bel et bien de mon ami. Il restait là sans dire un mot. À contempler l'écran. Ne supportant pas vraiment ce genre de situation, j'ouvrais mon sac à dos pour y sortir mon paquet de cigarettes et mon briquet. J'ouvrais la fenêtre de la chambre et me penchais sur le balcon. La première bouffée de tabac me piqua la gorge. La deuxième fut salvatrice. La nuit tombait sur Erié, déjà les lumières des maisons et des immeubles commençaient à s'allumer de part et d'autre de la ville. Les lampadaires du quartier éclairaient déjà les trottoirs.

Je me retournai de nouveau vers Damon . Mon cœur loupa un battement quand je vis que ce n'était plus l'écran qu'il fixait, mais moi. Son regard si transperçant était à la fois enivrant et dérangeant.

  • Quoi ? Dis-je agressive.

  • Tu es différente.

Certes avec Damon , nous n'avions pas beaucoup de conversation, mais il avait une telle façon de me balancer les choses à la figure, que j'en étais presque à regretter qu'il reste muet.

  • Je... Tu... quoi ?

  • Tu es différente des autres fois.

  • Toi aussi, tu as un peu changé. C'est normal non ?

  • C'est comme si tu cachais un truc. Continua-t-il. J'ai l'impression que tout ce que tu fais est calculé, que tu mesures chacune de tes paroles, il y a quelque chose que je n'arrive pas à comprendre...

Merde, que je détestais ce pouvoir si surnaturel en lui. Il réussissait à déchiffrer le moindre de mes mouvements, de mes gestes et de les interpréter de la bonne façon.

  • Tu racontes des bêtises Damon .

  • Ou pas...

  • Je ne suis pas si différente d'il y a quatre mois.

Il se leva lentement dans un soupir exaspéré.

  • Tu mens...... tu le sais... je le sais aussi... tu as un secret... un gros secret. Il te suffirait de m'en parler pour aller mieux.

  • Je vais très bien Damon .

  • Tu mens encore.

Il s'approcha de moi, et s'accouda à son tour contre la rambarde de son balcon.

  • J'ai l'impression qu'il y avait quelque chose de naturel, innocent en toi qui est parti.

  • Tu te fais des films.

  • Encore un mensonge... Si tu allais bien, tu ne t'acharnerais pas à faire semblant de l'être.

J'en avais soudainement assez qu'il puisse lire en moi comme il le voulait. Je faisais semblant d'être heureuse, d'accord. Mais je ne voulais pas qu'il le sache. Je rassemblai tout le courage que j'avais en moi et avec beaucoup d'aplomb, je soutins le regard onyx de Damon .

  • Je suis toujours moi Damon . Je te le promets...

Il esquissa un léger sourire. Enfin, il semblait convaincu par mes paroles. J'étais fière de moi, car même Damon Atkins pouvait être berné par les mensonges. Soudain, un rire mélodieux et franc sorti d'entre ses dents.

  • Qu'est-ce qu'il y a ? Dis-je.

  • C'est juste... Il finit de rire. J'ai cherché pendant des mois comment j'allais pouvoir, me faire, excuser et je me rends compte que je ne sais toujours pas.

  • Tu n'as pas besoin de le faire Damon .

Je me suis demandé... Son sourire s'estompa... Comment j'allais faire pour te dire que tu m'as manqué. Que ce fût trop difficile... J'arrivais plus à trouver le sommeil. Je me demandais toujours ce que tu faisais, comment tu allais, si tu avais besoin de moi...... Je... Je me suis imaginé nos retrouvailles des millions de fois dans ma tête. M'imaginant ce que je pourrais formuler ce que j'ai à dire... et aujourd'hui, je suis aussi bien avancé que le premier jour.

Les mots de Damon formaient des sous-entendus que je comprenais, que moi-même, je connaissais. Mais je ne savais pas comment réagir à mon tour. Moi aussi, il m'avait manqué, c'était indéniable. Évidemment que j'avais besoin de lui, chaque jour mes pensées allaient vers lui. Pas vers Dean , ni vers ses parents, mais lui........

Bien qu'il me comprenne mieux que personne, il n'arrivât toujours pas à comprendre ça ? Ses propres sentiments l'empêchaient de voir les miens ? Mais moi non plus je ne pouvais rien dire, l'avouer serait trop dangereux, j'avais bien trop peur que tout ce que je ressentais en ce moment parte en fumée.

  • Si tu ne sais pas quoi dire....... ne dit rien...

Cette phrase, sortie presque comme un soupir, s'envola dans les airs alors que Damon me regardait encore crédule. Oui, j'avais peur moi aussi de parler, alors pourquoi parler ? Je m'approchai de lui posant ma main sur sa joue, il comprit enfin. Puis, mes lèvres s'approchèrent des siennes. Comme c'était délicieux, comme c'était reposant d'avoir cette chose que je désirais temps. Ses mains s'agrippèrent à mes hanches afin de me coller à lui. Avait-il déjà été aussi proche de moi qu'à cet instant ? Je m'agrippais à son cou comme à ma propre vie tandis que je laissais tomber ma cigarette sur le sol. Ses lèvres étaient douces, expertes. Cette sensation humide me gonflait le cœur d'une joie intense. Alors que ses mains glissaient sous mes fesses, je sentis mes pieds décoller du sol. Son baiser était plus profond, nos gestes plus agressifs. Quand ma main glissa dans ses cheveux, je m'agrippais à ceux-ci quitte à lui faire mal. Un gémissement rauque retentit dans ses lèvres. Je lui avais sûrement fait un peu mal, effectivement. Mais ce n'en était que plus fiévreux. Nous bougeâmes, il me sembla. J'en eus la confirmation quand je sentis mon corps basculer en arrière et se poser sur le matelas.

Était-ce bien ou mal ? Et Dean ? Et les parents de Damon ? Et mon frère ? Temps de questions que j'aurais dû me poser et pourtant, je ne le fis pas. Car je savais quoi qu'il arrive que pour la première fois, j'allais ressentir du bonheur. J'allais ressentir de l'amour. J'étais égoïste de ne pas penser aux conséquences de mes actes, j'étais naïve de croire que tout allait être parfait. Damon avait raison, j'étais fausse, une véritable menteuse ; alors je voulais lui montrer la seule chose de vrai que je pouvais lui montrer. Mon amour. Nos corps allaient bientôt se fondre l'un dans l'autre malgré les affreuses conséquences qui allaient suivre et pourtant, tout cela me parut futile comparer à ma cigarette qui continuait de se consumer sur le bord de la fenêtre.

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