Chapitre 20

18 minutes de lecture

Ambre 2

12 janvier

Après les cours, je devais comme tous les jours rendre visite aux deux frères. Mais hier soir l'ambiance avait été bien plus tendu que d'habitude à la maison. Les hurlements avaient laissé place à la vaisselle cassée. Dean et Damon n'étaient pas du genre à se mêler des choses dont je ne voulais pas parler ; j'avais seulement expliqué que l'ambiance était tendue entre mes parents. En vérité, j'avais également subi la mauvaise humeur de ma mère qui s'était enfin rendu compte de mon existence. Combinée à celle de mon frère. Il me faudrait une bonne nuit de sommeil pour retrouver un semblant de sourire. Je m'étais donc enfermée à clef dans ma chambre. Pianotant sur mon téléphone, je discutais avec Jade de vêtements. J'étais épuisée. Je n'avais qu'une envie, c'était de voir Dean . Mais sachant que je ne viendrais pas, il s'était éclipsé avec des amis et il ne répondait plus à mes SMS. J'avais sommeil, mais je ne pouvais dormir les cris étaient bien trop présents. Comme je rêvais du calme de la maison des Atkins, leurs présences apaisantes et rassurantes. J'en avais assez de vivre dans cette maison pleine de conflit et de haine. Non seulement resté ici détruisait mon moral, mais j'étais en perpétuel danger. Il me suffit d'ailleurs de penser au grand méchant loup pour qu'il montre le bout de sa queue. Derrière la porte, mon frangin essaya d'ouvrir, mais c'était fermé à clef.

  • Ouvre-moi Ambre .

En une seule seconde, j'étais debout adossée contre la porte espérant qu'elle ne cède pas sous les coups.

  • Ouvre-moi. Renchérit celui-ci, avec violence.

Cette fois, ce fut les coups de pied qui se firent entendre. Je n'en pouvais plus que ça cesse .Pitié! Je me bouchai les oreilles, atténuant le bruit, mais ne le faisant pas taire.

Je vous en supplie, pitié. Je vous en supplie... Soufflais-je entre des larmes silencieuses.

Bizarrement, le bruit cessa. Plus personne ne martelait la seule barrière entre moi et le monde. Je le croyais parti, je voulais vérifier. Mais au moment où j'allais déverrouiller, j'entendis la respiration du Monstre de l'autre côté.

  • J'entrerais salope !

Puis plus rien, il était définitivement parti. Néanmoins, j'étais plus effrayée que jamais. Il était encore plus en colère et vicieux que d'habitude. Je ne pouvais pas rester.

Je pris la décision d'ouvrir mon sac à dos de mettre uniquement mon ours en peluche dedans, mon téléphone et de m'éloigner du danger au moins pour la nuit. Lorsque je sortie, l'air froid me claqua au visage, comme je le présageais, personne ne s'était rendu compte que je n'étais plus là. Mon frère allait s'en rendre compte à un moment, mais je ne préférais pas penser à la rage inhumaine dans laquelle il allait se mettre. Je n'eus pas à aller bien loin. Seulement à quelques maisons. Je m'assis sur le trottoir et pleurais.

Un bon moment, les larmes coulèrent. Puis je me calmais. Je remarquai qu'il m'était de plus en plus difficile de retrouver ma bonne humeur et ma joie de vivre. Elle revenait bien sûr, comme à chaque fois. Mais le temps devenait à chaque fois un peu plus long. Finalement, je prenais mon téléphone en main. J'avais déjà honte, car je savais que quelqu'un allait voir ma faiblesse.

  • Allô , dis une voix à l'autre bout du fil.

  • Damon? Dis-je adoptant une voix des plus normales.

  • Ambre ? Pourquoi tu me téléphones ?

  • Euh... C'est peut-être idiot, mais... Tu pourrais venir me voir ?

  • Demande à Dean . Dit-il.

  • Il ne répond pas.

  • Écoute, je ne peux pas, je vais bientôt dîner avec mes parents.

J'entendais le ton glacial de sa voix depuis qu'il avait décroché. Habituellement, cela ne me dérangeait pas, puisque c'était dans sa nature. Mais cela m'affectait en ce moment.

  • Je vois. Dis-je me raclant la gorge pour ne pas laisser sortir un nouveau sanglot.

  • Je dirais à Dean de t'appeler d'accord ?

De nouveau, les larmes me défiaient, brûlant mes yeux. Mon corps tremblait en pensant au scénario-catastrophique qui se déroulait dans ma tête si je revenais sur mes pas.

  • D'accord ? Demanda-t-il encore.

  • D'accord. Dis-je alors qu'un sanglot enrouait ma gorge.

  • Ambre ? Me demanda mon interlocuteur soudain légèrement inquiet.

Je ne pouvais plus parler, les larmes coulaient à flots.

  • Ambre ? Est-ce que tout va bien ?

  • Oui......J'ai juste...Besoin de voir quelqu'un.

  • Bon, donne-moi ton adresse, j'arrive.

  • 42, PrestView.

  • Ok.

Il raccrocha alors. Il fallait que je me reprenne. Je devais être misérable, assise à pleurnicher sur le bord de la route. Mais je n'en revenais pas mes oreilles, au loin je pouvais encore entendre la dispute conjugale. Ils avaient encore oublié de fermer la fenêtre de la cuisine. Je me bouchais les oreilles. Bordel, qu'ils ferment tous leurs grandes gueules. J'étais trop paniquée pour pouvoir me déplacer et maintenant que j'avais donné l'adresse à Damon , je n'allais pas m'enfuir. Alors je restais, supportant temps bien que mal ces sons désagréables pour mes oreilles. Je les bouchais, tête dans les genoux et j'essayais de faire abstraction du monde alentour. Un peu plus loin, une voiture ce gara devant chez moi. Je ne la vis même pas. Ce n'est que quand je sentis une pression sur mon épaule que je relevais lentement la tête. Mon regard tomba dans celui de Damon . Plus profond, plus abyssale que le mien. Automatiquement me rendant compte à quel point j'étais pitoyable, je me raclais la gorge et me grattais le nez.

  • Tu vas bien ?

  • Oui, oui. Dis-je comme si ce mensonge ne se voyait pas.

  • Tu veux aller quelque part en particulier ? Me demanda-t-il.

Un nouveau bruit de verre brisé se fit entendre. Je ne savais pas ce qui venait de casser, mais ce n'était pas qu'une simple assiette. Je fermais les yeux. L'envie de vomir se faisant sentir. Damon qui avait lui aussi été surpris par ce boucan, me regarda comprenant qu'il s'agissait de ma maison.

  • Je veux juste aller loin. Dis-je dans un souffle à peine audible.

Par instinct, je remis mes mains sur mes oreilles. Comme si cela allait atténuer le bourdonnement. Les hurlements de haines réussissaient encore à parvenir jusqu'à moi, et cela brisait toutes mes capacités à pouvoir faire semblant.

Damon vint s'accroupir en face de moi, il me regarda d'une façon si douce et la fois si douloureuse comme s'il ressentait ce que je ressentais. Il releva mon menton, pour que nos yeux se croisent. Son regard charbon était si perçant, je ne l'avais jamais remarqué. Je sentis ses mains agrippées mes poignets, me forçant à déboucher mes tympans.

  • Arrête de paniquer. Tu vas te lever et me suivre dans la voiture. Regarde-moi, tu ne regardes que moi tant que tu n'es pas dans la bagnole compris ?

Sa voix était à la fois calme et sévère. Comme il me le demandait, je ne fis attention qu'à lui et uniquement à lui. Ses yeux onyx étaient si envoûtants si profonds. Aussi profond que ceux de son frère. Non, bien plus que lui. Même si son visage était semblable à celui de Dean , il était totalement différend également. Ses traits étaient plus fins, plus gracieux. Il avait encore des lignes de son visage qui montraient qu'il n'était qu'un adolescent. Mais son corps lui, s'était bien plus développé. Depuis quand Damon faisait une tête de plus que moi ? Depuis quand sa main était si grande dans la mienne ? Depuis quand il paraissait aussi adulte ?

Mes jambes m'étaient lourdes, je ne savais même pas comment je réussissais à marcher. Comme il me l'avait demandé, je ne le quittais pas du regard. M'offrant son profil, son regard s'était durci alors que nous entendions de nouveaux hurlements. Mes sourcils se froncèrent et pendant une seconde, j'eus l'idée de tourner mon visage vers chez moi, mais Damon me reprit.

  • Ne regarde que moi.

Oui, je ne regardais que lui. Il me subjuguait tellement que je montais dans la voiture complètement calmée de tout sanglot. Le chemin, ce fut en silence. Ma tête posée sur la vitre de la voiture, je me maudissais d'avoir été si faible, d'avoir plié devant mon frère. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Cela faisait bien trop longtemps qu'il avait le dessus sur moi, je n'étais pas de taille. Me rappelant la rage de l'autre côté de la porte que j'avais tenté de contenir quelques minutes plus tôt, les larmes silencieuses coulèrent gentiment. Du coin de l'œil, Damon m'observait. Sa main avait pris la mienne et n'avait apparemment pas l'intention de la lâcher. Finalement, le chauffeur nous posa devant la maison des Atkins .

  • Je suis désolée soufflais-je, voyant le désagrément que je causais.

  • On réglera ça plus tard ; dit-il dur.

Nous entrâmes dans la demeure comme à l'habitué. Il avait de nouveau emprisonné ma main. Une odeur délicieuse flottait dans tout l'espace. Puis, je me souvins que Damon m'avait parlé de ses parents. Une boule se forma dans mon estomac. Mince, un détail qui n'en était finalement pas un. Je n'étais pas présentable, mon maquillage avait sûrement coulé mes yeux rougit, je devais avoir l'air horrible. Mon Dieu. J'étais presque là à regretter mon frère. Je voulus retirer ma main, mais il n'était pas fou ce garçon. Je ne pouvais pas.

  • Damon , tu es revenu ? Avait chantonné une voix sortant de la cuisine.

Oh non-pitié tuez-moi ! Du bout de la maison, je vis une femme absolument magnifique, un tablier autour de la taille, arriver vers nous. Mon réflexe, fut de faire un pas en arrière. Une jolie brune, mince et élancée. Des yeux noisette brillants de malice. Je savais enfin de qui les deux frères tenaient ce regard. Une jolie brune, mince et élancée. Moi, pauvre chose qui faisait tache dans le décor, elle eut un sourire radieux qui me giffla littéralement ; pourquoi souriait-elle ainsi ? Moi à sa place, j'aurais eu peur.

  • Maman s'est Ambre .

  • C'est toi la fameuse Ambre ? Depuis le temps que je voulais te voir. Aller va te débarbouiller, nous passons à table.

J'obéis complètement perdue d'incompréhension. Ma tête devait être drôle, car Damon me sourit avant de libérer ma main. Je grimpais les marches de la maison deux par deux courants dans la salle de bains.

Woh, les repas étaient toujours aussi tendus dans cette famille ? Me demandais-je alors qu'on entendait uniquement le bruit des couverts. La mère Atkins était une femme souriante, toujours joyeuse et s'émerveillant de tout. Elle avait l'air heureux, un peu trop même. Après tout, je m'y connaissais dans le mensonge pour faire croire que tout allait bien. En revanche, le père Atkins lui, ne prenait visiblement pas la peine de mentir. Je le sentais glacial, cœur de pierre et de plus, il me faisait bien comprendre par ses regards assassins que je n'étais pas la bienvenue. Je comprenais soudainement d'où venait le côté petit con de Damon . Je comprenais également, pourquoi mon copain avait été si joyeux quand il avait appris que ses géniteurs seraient absents.

  • Alors Dites- moi Ambre ,fie la voix grave de Daryl. Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

  • Je ...Je suis au lycée.

  • Et vous vous en sortez ?

Je sentis sous la table le pied de Damon prêt à écraser le mien. J'avais bien compris que Monsieur Atkins était le genre d'homme à vouloir toujours plus de prestige sur son nom. Je ne devais pas donc pas faire de bêtise.

  • Oui, oui. J'ai des notes excellentes.

Le pied de Damon s'éloigna.

  • C'est bien. Il faut bien travailler pour avoir un train de vie confortable.

  • Où vendre de la drogue... Dis-je alors que les couverts de mes hôtes tombaient dans leurs assiettes.

Oups, je crois que j'avais fait une connerie. Damon me regardait avec choc et haine,Elly avait cessé de manger, arrêtant son geste soudainement. Oui, une grosse connerie... Mais néanmoins un petit rire sortit de sa bouche. Ouf, j'avais fait rire Monsieur Atkins .

  • Dean nous avait prévenus de ton caractère très... spécial. Dit enfin l'homme.

  • Et nous ne sommes pas déçus. Renchéris, sa femme. Nous avions tellement envie de rencontrer la petite protégée de nos deux garçons.

  • Petit protégé ?

  • Bon ok, on a compris Ambre , tu es fatigué je crois, je t'accompagne.

  • Quoi ? Mais non je ne suis pas fatigué.

  • Oh que si tu l'es. Menaça Damon .

  • Oui..oui...euhm..

Les parents de Damon s'échangèrent un regard complice comprenant la gêne de leur fils. Il sortit de table et me somma de faire la même chose. Je me laissai donc tomber sur le lit de mon petit copain me demandant ce qu'il pouvait bien faire. Damon me suivit? fermant la porte avec ardeur.

  • Je suis fatigué je te rappelle. Dis-je en riant à Damon .

  • Tu es le genre de nana suicidaire non ?

  • Hein pourquoi ?

  • Vendre de la drogue ? Dit-il s'énervant légèrement.

  • Je rigolais

  • Pas lui.

  • Je sais de qui tu tiens ton sens de l'humour en tout cas. Riais-je.

Il vint s'asseoir sur le lit à côté de moi.

  • Je trouvais que tu souriais un peu trop aussi. Me dit-il.

Je savais très bien où il voulait en venir, il m'avait percée à jour sûrement depuis un moment déjà. Ses yeux de lynx lisaient en moi comme dans un livre ouvert. Quelle sensation bizarre.

  • Je vais mieux maintenant ! Je vais rentrer à la maison.

  • Non, non, tu dors ici. Ma mère ne te laissera pas passer le pas de la porte.

  • Ah!

  • Pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Aussitôt, mon visage s'assombrit.

  • Justement pour ne pas avoir cette discussion.

  • Ambre , que tu ne me dises rien d'accord. Mais pourquoi tu as caché ta situation à Dean ?

  • Tu sais, quand je vous vois ton frère et toi, je suis jalouse. Mon frère à moi me déteste depuis que je suis venu au monde, tu as eu un vague aperçu de mes parents.....Pour moi, vous êtes un peu la famille parfaite....

  • On ne l'est pas. Crois-moi.

Je me relevais pour regarder l'horizon à travers la fenêtre.

  • C'est toujours mieux que chez moi. Tu ne peux même pas imaginer ce que je subis. Mais, petit à petit, à force de venir ici, je me suis prise à imaginer faire partie d'une famille comme celle-là. Il semblerait que j'oublie un peu la réalité.

  • Tu aurais dû nous en parler..... au moins pour que j'évite d'être pris au dépourvu dans ce genre de situation.

  • Oui....Je sais. Soufflais-je.

  • Bon maintenant qu'on est dans les confidences. Il y a autre chose dont tu voudrais me parler ?

Aussitôt, la vision de mon frère s'imposa. Douloureusement. Son regard si animal, si pervers et meurtrier. Son emprise sur moi, j'étais son jouet, son petit pantin brisé...Mais devais-je vraiment le dire à ce pauvre garçon de quinze ans ? Il ne pourrait ni comprendre, ni faire quoi que ce soit.

  • Non, rien.

  • 30 janvier

Depuis un moment, j'avais du mal à rire. J'avais la sensation de me forcer quoi que je fasse. Les deux frères étaient toujours aussi amusants à regarder, mais mon esprit ne cessait de divaguer sans cesse. J'essayais de trouver une solution à un problème qui était apparu quelques jours plus tôt En rentrant à la maison j'avais pu voir que tous les verroux de ma chambre avaient été soigneusement enlevés pendant mon absence. Ma surprise avait beaucoup satisfait mon frère qui m'attendait sur mon lit, un tourne-vice dans la main, me faisant comprendre que c'était son œuvre. Encore une fois, j'avais pu lui échapper. Uniquement parce que ce qui me servait de frère, était de bonne humeur. J'avais essayé de bloquer ma porte avec une planche en bois. Mauvaise idée qui était tombée à l'eau et qui m'avait valu une claque magistrale. Ce n'était pas non plus ma petite force qui pouvait l'empêcher de me faire du mal. Je cherchaistant bien que mal, mais l'ingéniosité n'était pas une de mes qualités. De plus, voyant que je lui résistais, le Monstre m'avait carrément retiré la poignée.

Chaque jour je pouvais admirer le diable qui avait pris les traits d'un grand blond à tête d'ange. Il se faisait de plus en plus insistant à mon égard. Je savais qu'il n'allait pas résister éternellement, que tôt ou tard, j'allais subir sa frustration et sa perversité. Néanmoins, me faire attendre cet horrible moment semblait l'amuser beaucoup. Jusqu'au jour où il n'aurait plus envie de rire.

  • Ambre ?

La voix de Dean me sortit de mes pensées. Il se doutait de quelque chose, je pouvais de temps en temps sentir le regard de mon copain fixé mon dos. Il se doutait de quelque chose. Il m'avait retrouvé en rentrant dans son lit après ma crise de larmes, j'avais bien dû lui donner quelques explications, mais j'avais fait en sorte de rester la plus évasive possible. Lui expliquant que c'était exceptionnel, que mes parents s'aimaient... Blablabla. Non, de toute façon ce n'était pas eu le problème. Ils n'étaient que la partie visible de l'iceberg. Personne ne pouvait se douter du Monstre qui vivait sous le même toit que moi.

  • Pardon, je ne t'écoutais pas.

  • Dean . Moi qui ne voulais pas d'une relation sérieuse, il fallait bien avouer que j'avais les deux pieds dedans.

  • J'ai vu, merci. Dit plutôt que ce que je raconte ne t'intéresse pas.

Et aller, c'était reparti. J'avais encore droit à une scène. Comme si je n'en avais pas suffisamment chez moi. Mais je devais le comprendre, il était frustré de ne pas savoir ce que je lui cachais, de ne pas pouvoir déchiffrer mon comportement. Comment le pouvait-il ?

  • Non. Je n'ai pas dit ça.

  • Dans ce cas répète.

  • Tu me fais chier, j'ai d'autre chose à penser.

  • Comme ?

Je le regardai un instant.

  • Comment tu ferais toi, pour bloquer une porte qui n'a pas de serrure ?

  • Qu... Quoi ? Dit-il ne comprenant pas où je voulais en venir.

  • Laisse tomber.

  • Tu es vraiment de plus en plus bizarre.

  • Si tu savais à quel point. Dis-je en souriant.

Bizarre ? Quel mot faible.

  • Ambre ?

  • Hm ? Dis-je en me tournant de nouveau vers lui.

  • J'ai quelque chose à te dire.

Allez savoir pourquoi, mais je détestais cette phrase. Je sentais vraiment que la suite de l'histoire, je n'allais pas l'aimer. Le visage de Dean me confirma ma pensé.

  • Quoi ?

  • Je t'ai trompé.

Aie ! Effectivement, ça faisait mal. Très mal même. Que répondre à une telle chose. Pleurer ? Hurler ? Pardonner... étrangement, je n'avais pas envie de lui demander avec qui, ou, quand comment..

  • Je vois... Dis-je simplement.

Au fond, je ne lui en voulais pas. C'était simplement mon orgueil qui en avait pris un coup. Même s'il était tout petit, il était quand même là.

  • Je suis désolé. Mais tu ne me parlais plus, tu n'avais plus envie de me voir...

  • Et donc, parce qu'il m'a fallu quelques jours pour moi, tu es allé voir ailleurs.

Normale. J'avais passé les dix derniers jours à me creuser les méninges pour trouver une solution à cette fichue porte

  • Tu pouvais simplement venir m'en parler. soufflais-je

  • t'en parler ? Tu ne m'écoutes pas, tu passes tout ton temps dans ton coin. Je ne peux même plus te toucher.

  • Et donc parce qu'on baise plus, tu ne te gênes pas.

Je préférais ne pas envenimer les choses et sortir de cette pièce.

  • Ambre attend.

En ouvrant la porte, je tombais nez à nez avec Damon . Il avait tout entendu. Lui aussi commença à ouvrir la bouche, mais je continuais mon chemin pour sortir d'ici. Le plus vite possible. J'étais enragée, furieuse. Furieuse d'avoir été aussi idiote, furieuse de ne pas avoir découvert le pot aux roses moi-même. Mes jambes se mirent à accélérer, encore et encore, me faisant courir à vive allure à travers les quartiers chics de Scranton .

Dans le fond, je savais pourquoi j'étais aussi furieuse, j'étais aussi triste. Il n'en fallut pas plus pour que mes larmes se met en marche. Il m'avait trompé. Eh bien, soit. Ce qui me faisait mal était que maintenant qu'il avait fait ça, plus jamais je ne pourrais retourner dans cette demeure où je me sentais si bien. Sa tromperie était juste le signale qui m'indiquait que je ne faisais plus partie de la famille Atkins . La seule et unique bonne chose que j'avais, qui m'était si précieuse venait de mettre arracher de façon brutale et pitoyable. J'adorais ces moments avec Dean , encore plus ceux avec son petit frère. Même les parents des deux frangins étaient formidables. Et maintenant que Dean venait de me planter un couteau dans le dos, je savais que ce serait autour d'une autre de prendre ma place. Damon avait raison. Je n'avais pas fait long feu. Mais malgré-moi j'étais déjà habitué à ce havre de paix, à ces deux hommes qui me permettaient de mettre ma vie en stand bye pendant quelques heures.

Finalement à bout de souffle, je m'arrêtais dans une aire de jeux vide. À cette époque les parents laissaient leurs enfants au chaud. Je m'assis donc sur une des balançoires qui se trouvaient là. Fermant les yeux, laissant la brise fraîche caresser mon visage, je me calmai en écoutant le bruit de la rivière qui passait non loin. Mon enfance, je ne l'avais pas passée ici. Dans les parcs, à rire de bon cœur avec d'autres marmots.

Si seulement j'avais eu des parents qui m'aimaient pour ce que je suis, plutôt qu'une famille de monstres qui s'acharnait à me détruire à petit feu. Au lieu de ça, j'étais une pitoyable fille qui allait récolter l'amour qui ne m'était pas dû chez les autres. En l'occurrence, les Atkins.

  • Ambre....

Je tournais la tête pour découvrir le visage familier de ce que je pouvais qualifier comme ex-copain.

  • Comment tu as su que j'étais là ?

  • Tu ne répondais pas au téléphone et un copain de Damon hyperintelligent est très doué pour retracer les téléphones.

Il ne pouvait pas simplement rester dans sa maison comme un garçon bien élevé. Au lieu de ça, il prit place sur la balançoire à côté de la mienne.

  • On est grand maintenant. Il est temps qu'on parle d'adulte à adulte, tu ne crois pas ?

  • Pour dire quoi ?

  • J'aurais voulu que ça fût autrement.

  • À qui le dis-tu.

  • Je t'aime Ambre , profondément, mais pas de cette façon.

Je tournai enfin mon visage vers lui. Il me regardait d'une façon toujours aussi espiègle quoi qu'il fasse. Mais maintenant qu'il le disait, je comprenais mieux ce regard indéchiffrable que je pouvais croiser de temps à autre. Ce n'était pas de l'amour, c'était autre chose de plus subtile, plus cacher. L'affection. L'affection, l'envie de me protéger dans ses yeux, son inquiétude à mon égard parfois. Oui, maintenant qu'il le disait cela était logique. Je n'aimais pas Dean , je ne le pourrais jamais.

  • Je crois que c'est la même chose pour moi.

  • Si j'avais su qu'un jour, je considérerais une fille comme ma sœur, je ne l'aurais pas cru.

  • Ça va quand même me manquer de ne plus être avec toi.

  • Moi aussi...

  • Alors ......Maintenant qu'est-ce qu'il se passe ?

  • À toi de choisir.

Mon choix était fait. Depuis la minute où je les avais rencontrés, mon choix était fait.

  • Tu peux t'éloigner. Oublier tout ça si c'est trop douloureux. Mais je pense que Damon en serait vraiment furax.

  • Ou alors nous serons amis...

  • C'est toi qui vois.

  • J'aurais tellement aimé que rien ne change.

  • Mais rien n'a changé...

  • Hein ?

  • La seule différence. On ne baise plus. Il rit. Je pense que si tu ne viens plus à la maison en revenant des cours, Damon et mes parents vont faire une syncope.

Je ris. Cette idée était à la fois amusante et réconfortante. Mais une autre idée traversa mon esprit, moins heureuse, plus morbide. Que ferait mon frère s'il apprenait que je n'étais plus avec Dean ? Qu'est-ce qui allait l'arrêter maintenant ? Je sentis soudain un contact chaud sur ma main froide.

  • Je sais que chez toi, tu n'as pas la vie facile. Mais tu veux que je te dise un truc ?

  • Quoi ?

  • Mon lit sera toujours le tien. En tout bien tout honneur. Dit-il en levant les mains en l'air.

Mon cœur s'allégea alors. Comme c'était bon de le sentir battre calmement, sereinement dans ma poitrine.

  • C'est bon, je peux venir ? Cria une voix au loin.

Je tournais la tête pour voir un Damon les mains dans les poches. Visiblement impatient. Dean lui fit signe. Il s'approcha alors, d'un pas rapide. Il avait un air à la fois boudeur et énervé collé sur le visage. Alors lui aussi était venu ? Je ne comprenais pas comment deux personnes comme Dean et Damon pouvaient s'inquiéter pour une chose comme moi, Ambre .

  • C'est bon t'as fini de bouder ? On peut rentrer à la maison ? Dit Damon d'une façon qui se voulait froide et distante.

À la maison....J'aurais aimée qu'il le répète encore, encore et encore. Indéfiniment comme une berceuse qui aurait apaisé mes maux.

  • Merde les mecs, je viens de me rendre compte d'un truc..Dis-je en souriant.

  • Quoi ? Firent-ils en chœur...

  • Je crois bien qu'on est inséparables...

Alors le sourire de Damon et celui de Dean vinrent se joindre au mien. Encore une fois, pour mon plus grand bonheur je pus prendre la main de mes deux frères et les suivre dans ce qu'ils appelaient notre maison.

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