Chapitre 6

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Rumeur 2

• Damon •

Étendu sur mon lit, j'attendais. Quoi ? Je ne sais pas mais j'attendais. J'avais toute la journée, été dans le bruit et la cohue du monde alentour. Le calme me faisait un tel bien que je ne veuille pas le briser.

  • Mon amour ?

Ma mère entra dans ma chambre avec précaution.

  • Maman arrête de m'appeler comme ça.

  • Ton père est rentré.

  • Je sais.

  • Tu viens lui dire bonjour ?

  • J'arrive

Elle referma la porte derrière elle. Voilà une raison de plus de rester sur mon lit. Pourtant, par obligation je me levais. Je vérifiais par la même occasion que je ne sentais pas la cigarette. En ouvrant ma porte je tournais la tête sur ma droite pour découvrir Dean , au fond du couloir, qui sortait lui aussi de sa chambre. Je l'attendis en haut de l'escalier.

  • Tu passes le premier petit frère

  • Tu fais chier Dean

  • Je sais, t'inquiète, je reste derrière toi.

Je descendais précipitamment les escaliers, voulant que cette besogne se termine vite. Il était là, juste à l'entrée, en train de donner son manteau à ma mère. Elle semblait si heureux qu'il soit là. Pourquoi ?

  • Bonjour, père.

Celui-ci se retourna. Le regard froid. Pendant un instant il ne dit rien.

  • Rentre ta chemise, dans ton pantalon mon fils

C'était donc la seule phrase de retour à laquelle j'avais droit après des mois d'absence ? Bien, au moins le ton était donné. Mon père ne regarda même pas Dean quand celui-ci le salua.

  • Venez à table, le repas est bientôt prêt.

Ma mère qui ne quittait pas son sourire, me paraissait soudain suspecte. Faisait-elle semblant pour détendre l'ambiance ? Cela ne servirait à rien. Après tout ce n'est pas avec une allumette qu'on fait fondre un glacier. Bien sûr je dus m'asseoir face à mon père. Cette place anciennement destinée à Dean m'était maintenant réservée. L'ambiance était affreusement pesante. Pas pour mon père, qui trouvait ce silence gênant absolument normale.

  • Alors dis-moi Damon , comment se passent les études ?

  • Bien.

  • J'espère que tu travailles au moins.

  • Père, je n'ai repris les cours que depuis une semaine.

  • Cela ne t'empêche pas de travailler pour autant.

Je m'écrasais. Je ne préférais rien dire. Je connaissais toutes les feintes pour éviter de le décevoir.

  • As-tu commencé à regarder les Facultés ? Harvard a un très bon programme.

  • Eh bien, j'avais plutôt pensé à une fac de langue..

Derrière moi, dans la cuisine j'entendis ma mère faire tomber un couvert.

  • Voilà c'est prêt ! Dit-elle chantante.

Le rôti de veau qu'elle posa sur la table n'adoucit en rien le regard à la fois offusqué et vexé de mon père. Néanmoins, cela me laissait quelques secondes de répit. Dean me mit un léger coup de pied, pour m'avertir d'arrêter tout de suite ma descente sur cette pente glissante.

  • Une fac de langue.... répéta Daryl , mais celle-ci ne te permettra pas d'avoir ton diplôme d'avocat.

  • Ce que ton fils veut dire, Daryl ...

  • Laisse-le parler lui-même, Elly. Interrompit mon paternel.

  • Je dis simplement que mon diplôme d'avocat peut attendre un peu.

  • Non, tu ne peux pas.

Je la fermais. Nous n'avions pas commencé l'entrée qu'il élevait déjà la voix.

  • Alors chéri, raconte-nous se voyage en Calofornie .

  • Oh, les affaires.

  • Et ce contrat ?

  • Eh bien, c'est en bonne voie, l'affaire a été difficile à gagner. Mais avec un coup comme ça le contrat est quasiment dans la poche. Nous avons marqué un très gros point suite à la disponibilité de nos effectifs.

  • Ça dépend pour qui...

  • Je te demande pardon Damon

  • Je n'avais pas pu m'en empêcher. Dean était invisible, ma mère son larbin et moi j'étais énervé.
  • J'ai dit ça dépend pour qui !

  • Depuis quand tu es devenu aussi irrespectueux ? L'influence de ton frère je suppose.

  • Je n'ai pas besoin de Dean pour dire ce que je pense. Et si vous étiez plus souvent là vous le sauriez.

  • Sors de table ! Va dans ta chambre !

  • Je ne suis plus un gosse.

  • Dans ta chambre j'ai dit !

Pourquoi ne voyait-il rien ? Pourquoi il ne voulait rien comprendre ? Je lâchais mes couverts et comme il me le demandait, je partais. Mais ma direction, fut celle de la porte d'entrée. Avec un mélodrame très étudié je claquais la porte pour prévenir de mon absence.


Je prenais le téléphone de ma poche et composais le numéro de mon meilleur ami. Mais au moment d'appuyer sur la touche verte je me ravisais, ayant une autre idée.

Erin

Plusieurs fois mon téléphone avait sonné, mais je n'avais ni l'envie, ni la force de décrocher. J'étais partie du lycée en courant le matin même et je m'étais cloisonnée dans la maison de mes parents où ici personne ne cherchait à me faire du mal. Comment tenir encore deux années ? Ou même deux semaines dans cette foutue école. J'entendis des coups tambouriner sur ma porte d'entrée. Plusieurs coups, puis encore et encore. Un autre coup de téléphone. Je ne voulais pas ouvrir. Je me doutais que c'était un membre de l'Hydra, sinon qui d'autre ? Mais je ne voulais pas les voir. Ni eux, ni personne. J'avais utilisé mon cota de larmes pour la journée, mais mon corps pourtant voulait encore évacuer toute la rancœur et la haine que je pouvais avoir. De léger sanglot sortait faiblement de mes lèvres. Au rez-de-chaussée la porte s'ouvrit. Jamais je ne fermais à clef. J'aurais dû. Je ne voulais pas que quelqu'un me voie dans un tel état de détresse et de larmes. J'entendis quelqu'un crier mon prénom. Je reconnus la voix d'Elijah . Non, surtout pas lui pensais-je. Toutes les portes de la maison s'ouvraient et se fermaient. Il me cherchait. J'espérais juste qu'il ne me trouverait pas. Les pas lourds dans l'escalier se rapprochaient de moi. J'entendais le son étouffé des baskets d'Idan qui petit à petit s'amplifiaient. Ma porte s'ouvrit.

  • Erin ? bordel mais où elle est ?

Mon téléphone portable était à ses pieds, quand celui-ci sonna de nouveau. Je le vis s'accroupir et le prendre tandis qu'il avait le sien contre son oreille. Je fis un mouvement et c'est ce qui dut me trahir, car automatiquement son regard se dirigea vers moi. Ou plutôt vers ma main qui dépassait de sous mon lit. Elijah à son tour se coucha face contre terre et regarda la pauvre chose qui se cachait sous son lit.

  • Tu es là la nouvelle.

Aucune réponse de ma part je préférais ne pas parler. Retenant de nouvelles larmes qui étaient il y a encore quelques secondes, invisibles.

  • Sheldon est venu te chercher après tes cours. Mais tu n'étais pas là. Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?

Je me mordis la lèvre inférieure.

  • Tu veux que je donne la personne qui t'a fait ça en sacrifice à Jashin ?

Malgré-moi un sourire crispé apparut sur mon visage.

  • Allez sort de là je vais t'arranger ça.

  • Ok !

Finalement ce n'était peut-être pas une mauvaise chose que quelqu'un soit venu. En deux phrases ce garçon bizarre, m'avait fait sortir de la cachette d'où je n'avais pas bougé depuis des heures.

  • Donne-moi une paire de ciseaux.

Je prenais celle qui était dans ma trousse. Puis il commença lui aussi à faire tomber des mèches sur le sol de ma chambre.

  • Tu es sûr de ton coup là ?

  • Évidemment !

  • Parce que tu es coiffeur ?

  • Non, parce que mes cheveux sont sacrés, personne ne peut les toucher. Alors j'ai pris le coup de main.

Après quinze bonnes minutes de découpage par-ci par-là je peux enfin voire le résultat. Je fus choquée en voyant un résultat aussi parfait. Mes cheveux étaient courts certes, mais cela m'allait très bien. Cependant, le miroir me renvoyait aussi l'image insipide de mon visage, tracé de maquillage ayant coulé. Les yeux rouges. Je décidais d'aller me nettoyer dans la salle de bain.

  • Je vais faire du café ! Me dit celui-ci en dévalant les marches deux à deux.

Le fait qu'Elijah ait arrangé mes cheveux n'enlevait cependant pas ce goût âcre du dégoût que j'avais toujours dans la bouche. J'étais donc aussi détestée que ça par le monde entier ? Pourquoi devais-je servir de défouloir aux autres ?


Mais je ne pouvais pas leur en vouloir. Je me détestais sûrement autant qu'eux me le montre. La seule différence était que moi, je devais vivre avec moi-même toute l'année. Je n'avais aucune échappatoire face au dégoût, à la haine et à la rancœur que je ressentais envers moi-même. J'étais Erin Summers un drogué, doublé d'une traînée, qui ne savait que faire souffrir les personnes qui s'approchaient un peu trop d'elle.


Je descendis les escaliers d'un pas las. Rejoignant le membre de l'Hydra qui était dans ma cuisine.

  • Du coup tu n'as pas assisté à la réunion de ce soir.

  • Hm, fis-je accouder sur le bar de ma cuisine.

  • Tu as loupé des sacrés trucs.

  • Du genre ? Fallait-il vraiment parler réunion ? Je n'étais pas femme d'affaires.

  • Warren et ses copains tournent un peu trop autour du QG dernièrement.

  • Il faut lui casser la gueule.

  • Nous n'avons pas tellement de raisons pour le moment.

  • Alors il faut les laisser.

  • Ouais. En tout cas fait gaffe, ils s'en prendront forcément aux filles d'abord.

Je ne l'écoutais déjà plus. Ce soir je ne faisais que penser aux paroles de Marlow et à la nouvelle rumeur de partouze qui circulait sur moi. Je me demandais quelle serait la prochaine idiotie qui sortirait à mon sujet. J'avais envie de laisser tout ça derrière moi. Au moins pour cinq minutes que je puisse boire mon café tranquillement.

  • Tu m'écoutes ? Intervint Elijah

  • Oui, oui.

Je tournais mon regard vers l'homme aux cheveux gris.

  • Bon moi je dois partir maintenant.

  • Si tu veux. Et tu diras à Tyron de venir lui-même la prochaine fois.

  • Tu fais erreur. Je suis venu par moi-même. Tu ne donnais plus de nouvelle.

Ah. Je ne m'attendais pas à une telle réponse. Une réponse qui me fis énormément plaisir malgré mon visage impassible. Je le raccompagnais à la porte d'entrée.

  • On se verra demain. Je te mettrais dans mon lit la prochaine fois. Rigola celui-ci

Soudain mon cerveau eut un déclic.

  • Et pourquoi pas ce soir ?

  • Quoi ?

S'il y a une réponse à laquelle il ne s'attendait pas, c'était celle-là. Moi-même je regrettais déjà les mots sortis de ma bouche. Pourtant, je continuais sur ma lancé.

  • Pourquoi ne pas me mettre dans ton lit dès maintenant ?

Je savais quelles seraient les conséquences de mes paroles, Idan me désirait. Bien qu'il en rigole habituellement je voyais clairement son regard intense quand il me parlait. Et je venais sûrement de prononcer les mots qu'il attendait déjà depuis un bon moment. Est-ce que je voulais vraiment faire ça avec lui ? Là n'était pas la question.


J'étais aux yeux de tous une garce, une pute d'après mon livre de langues et bien d'autres adjectifs menant au même résultat. Je ne valais rien, je n'étais qu'un déchet parmi temps d'autres. Alors, pourquoi s'obstiner à refuser la demande d'Elijah sinon pour l'allumer. Il referma la porte derrière lui. Oui, je n'étais rien. Je n'étais absolument rien et pourtant il était venu, par inquiétude, curiosité ou autre chose cela m'était égale. Je n'avais pas spécialement envie de coucher avec lui, mais j'avais besoin, malgré tous les efforts que je faisais pour ne pas y penser, de quelqu'un en ce moment. Les psychologues auraient sûrement appelé cela un manque d'affection. Moi je dirais simplement que je devais me sentir importante même si cela ne durait que très peu de temps.

  • Tu es sérieuse ?

  • Je n'ai jamais été aussi sérieuse.

Ses lèvres frappèrent les miennes avec force, il recula jusqu'aux marches de l'escalier où il s'assied. M'agrippant les hanches pour que je l'accompagne dans sa lancé je lui retirais son t-shirt. À partir de ce moment-là, mon cerveau se déconnecta afin que les regrets de mes actes arrivent plus tard. Oui, je préférais rester seule chez moi, car dehors les autres cherchaient à me faire du mal sans raison. Mais dans cette maison la seule personne qui pouvait me faire souffrir. C'était moi, et cela me convenais parfaitement.

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