Chapitre 9

18 minutes de lecture

                                                               Quand l'espoir s'effondre

Épuisante. Voilà ce qui résumait ma journée, ma nuit passée et Erin . J'étais gagné par l'incompréhension. Erin Summers était la fille la plus compliquée et mystérieuse que j'avais rencontrée depuis le début de ma courte existence. Maintenant que j'étais dans ma chambre, je pouvais enfin réfléchir calmement. Je ne comprenais même pas ce qui s'était passé. Une simple phrase avait tout fait foirer. Je m'étais retrouvé dehors sans que je sache comment ni pourquoi je m'étais retrouvé là. Le pire dans cette histoire était que la seule chose que je ne voulais pas faire, était arrivée. Je l'avais vexé. Même si je dois l'avouer, elle m'avait cherché, je l'avais vexé voir blesser dans mes propos. Mais au final, j'étais tout de même assez fière de moi. J'avais appris beaucoup plus sur Erin en une nuit, qu'en un an. Des choses dérangeantes, amusantes, parfois intrigantes. Mais cependant je savais que toutes ses paroles étaient mesurées, vérifier afin que je n'en sache pas trop, mais tout de même assez pour que je lâche l'affaire. Elle était secrète. Beaucoup trop secrète pour que j'en reste là. Et pourtant il allait bien falloir. Je savais que je ne pourrais plus jamais l'approcher, plus d'aussi prêt en tout cas. J'avais été trop loin dans mes paroles et elle n'allait pas oublier de sitôt.

Je m'étendis sur mon lit, les questions fusant dans mon esprit. Pourquoi avait-elle accepté que je vienne chez elle ? Pourquoi ne pas s'être éloignée de moi après l'avertissement fulgurant de Marlow? Pourquoi me comprenait-elle si bien alors qu'à l'inverse j'étais encore plus perdu ? Pourquoi avoir couché avec Elijah? Et surtout pourquoi avait-elle tenté de se suicider ?

Elle ne me l'avait bien sûr pas dit explicitement qu'elle avait essayé de se tuer, mais elle n'avait pas nié quand je lui en avais parlé. La réponse à ma dernière question aurait pu être simple. Le chagrin. Ses parents venaient de mourir, elle ne le supportait pas et voilà. Mais je ne pouvais pas m'arrêter à cette théorie. Je ne savais rien de cette fille, je ne comprenais rien et je n'avais pas eu envie de comprendre. Pourtant, quand nous sortions encore ensemble je lui avais remarqué deux qualités. La première, était sa force de caractère incontestable et la deuxième sa perspicacité. C'est deux traits de caractère n'allait pas avec une éventuelle envie de mourir. Un simple chagrin aussi difficile soit-il n'était pas suffisant pour que cette fille baisse les bras et elle avait bien trop conscience des conséquences de son acte pour le faire sur un coup de tête. Non, il y avait quelque chose. Quelque chose de plus violent, plus traumatisant derrière tout ça.

Je ne comprenais rien certes. Mais je savais qu'elle avait besoin d'aide et pas simplement de pilules et d'autres drogues. Pas simplement, de personnes vérifiant qu'elle n'a pas fait une overdose de temps à autre. Non je parlais d'une aide véritable. Elle en avait besoin, et Erin le savait très bien, même si elle le niait. Seulement est-ce que moi j'avais envie de l'aider ? Est-ce que j'en avais seulement la possibilité ? Je ne savais même pas pourquoi elle m'intéressait autant. Il y avait au moins une chose clair. Elle se détestait, elle me détestait et essayer d'en savoir plus n'allait pas être chose facile.

• Erin •

Si je résumais ma vie je dirais que je n'aime pas les champignons, mais que j'adore les croissants. Devant moi on m'avait mis deux assiettes. Une de croissant et l'autre de champignons. Mais je n'aime pas les champignons. Pour tout dire je les déteste. L'odeur, la forme, la texture, le goût. Tout me dégoûte. Alors, j'ai commencé à manger les croissants. Il y en avait tellement. J'en ai mangé, mangé, mangé..... et sans m'en rendre compte je les ai tous dévorés, les uns après les autres. Maintenant, je n'avais plus que les champignons. Mais je n'aime pas les champignons. Alors, j'ai essayé de cacher ma faim, de l'oublier. Mais pour ne pas mourir il faut se nourrir. Alors j'ai commencé à manger les champignons. Mais je ne les aime pas. Ils me dégoûtent, mais je les mange, encore et encore. Et cette assiette est tellement pleine. Voilà un résumé de ma vie.

Autrefois ma vie n'était que croissant, croissant et encore croissant. Aujourd'hui elle ressemble simplement à des champignons. J'ai usé tout mon bonheur sans m'en rendre compte. Et maintenant que la douleur est arrivée. Le temps passe si lentement.

Une vie lente. Indéfiniment lente et ennuyeuse. Quoi que je fasse je suis seule. Que je sois dans ma chambre, dans le salon où assise sur cette chaise je suis seule. Je suis seule chez moi, je suis seule dehors. Je suis seule partout. Il n'y a que le tintement des gouttes d'eau du robinet mal fermé qui rythme ma vie. Ma vie. Est-ce une vie ? J'en avais eu une autre fois. Maintenant ce n'est plus que de la survie. Je suis trop jeune pour tout ça. Trop jeune pour avoir un compte en banque avec six chiffres, pour être sans amis, pour ne pas aimer les clips à la mode, pour ne pas m'inscrire dans le club de théâtre. Je suis trop jeune pour ne pas avoir des rêves plein la tête, pour simplement vivre. Mais je n'arrive pas à vivre, j'ai tout fait pour essayer de vivre comme les autres. Pourtant, c'est tellement difficile. Je suis spectateur de ma propre existence. Et c'est un spectacle bien monotone. Pourquoi essayer de calmer la douleur dans ma poitrine alors que je sais très bien que rien ne le pourra. Les médicaments, l'alcool tout ça ne sert à rien. Ce n'est qu'un simple exutoire éphémère qui me permet de voir à quel point j'ai tout perdu. Je ne suis rien. Tout au plus une vide couille pour les hommes séduisants et qui me le demandent poliment.

J'ai beau tout faire je n'ai plus de solution pour retrouver cette chose qui me manque temps, alors je vais continuer à faire semblant. Sachant pertinemment que je ne retrouvais plus jamais ce que j'ai perdu. Sachant que je ne retrouverais plus jamais Erin Summers , car elle a été enterrée en même temps qu'eux.

• Damon •

Ce jour-là, j'ai vainement tenté d'oublier cette soirée horrible. J'ai vainement tenté d'oublier Erin . Mais je n'ai rien pu faire. Même les représailles et hurlements de mon père ne m'ont rien fait. Même pas émoustiller. Alors que j'aurais dû lui mettre mon poing dans la figure. Je ne pensais qu'à elle. Qu'à moi. Qu'à nous. Je voyais en Erin un mélange de moi et d'elle. Elle lui ressemblait tellement.

Le lendemain en retournant à l'école, j'étais comme vidé de mon énergie. Les cris féminins habituels me semblaient seulement être un écho si lointain. Tout se déroulait au ralenti autour de moi. Et bien que Logan me tire déjà vers un autre endroit, mon regard balaya la foule. Espérant voir une couleur rose parmi eux.

  • Tu vas bien Damon ? Me demanda Candice .

  • Oui, oui. Je suis juste encore un peu malade.

  • Tu aurais dû rester chez toi. Renchérit-elle.

Pour faire quoi ? Je préférais autant être avec Logan au moins je savais que lui au moins il allait me changer les idées. J'avais cours d'histoire en première heure je n'eus pas besoin de dire quoi que ce soit à Kenneth qui comprit tout de suite que je voulais partir.

  • Je te rejoins. Me fit-il alors que je partais déjà.

Je partis en direction de la salle de classe; ça n'avait pas encore sonné, aussi je n'eus pas droit à l'éternelle bousculade des élèves entrant en cours. J'étais dans mes pensées. Et pourtant quelque chose m'interpella. Une masse rouge et noir. Je tournais la tête sur ma droite. Marlow . Et ce n'est pas par altruisme pour Erin que je suis allé dans la direction de cette garce. J'avais un petit compte à régler avec elle.

  • Salut beau gosse !

Instinctivement mon côté séducteur refit surface.

  • Salut.

  • Alors tu as passé un bon week-end ? Me demanda-t-elle

Derrière son air aguicheur je décelai une pointe d'ironie. Maintenant j'étais certain qu'elle m'avait espionné ce week-end, seulement j'étais au courant. Je m'approchai si près d'elle qu'elle en rougit. Je me penchai et approchais mes lèvres vers son oreille.

  • Si tu tiens vraiment à le savoir rejoint moi dans les toilettes des garçons après la sonnerie. Je te dirais tout.

Le ton mielleux et suave de ma voix allait la faire venir. Mais pour en être sûr je lui embrassais le creux du cou. Fière de moi je changeais de direction pour me rendre dans les toilettes hommes. Justement la sonnerie retentit. Une marée humaine se forma devant les portes du lycée. J'entrais dans la pièce carrelée. L'odeur de l'urine et de la javelle se mélangeait. Il n'y avait quasiment personne tant mieux Un garçon était tout de même en train de se laver les mains. Petit, plutôt obèse, j'avais entendu parler de lui. Une première année qui faisait les frais de la cruauté adolescente. Je m'approchai de lui.

  • Dégage.

Aussitôt il baissa les yeux et se pressa de s'essuyer les mains. C'est fou comme un regard assassin pouvait faire fuir les gens. Je m'adossais tranquillement contre le mur du fond, les mains dans les poches et j'attendis. Une minute, puis deux quand la porte s'ouvrit. Les cheveux rouges et la paire de lunettes de Marlow firent leur apparition. Je souris. Elle dût prendre ça comme de la joie mais c'était juste de la satisfaction. Mon attraction sexuelle était sans faille. Je remarquai qu'elle avait déboutonné sa chemise de façon à mettre en valeur sa poitrine. Quelle fille manipulable. Je la pensais plus joueuse que ça. Au final, elle voulait simplement que je l'aide à écarter les cuisses comme toutes les autres. Quelle déception.

  • Damon ... tu en as mis du temps pour venir jusqu'à moi.

Venir jusqu'à elle . Pauvre fille. Elle ne savait pas que c'était toujours les filles qui venaient jusqu'à moi ? J'allais de déception en déception. Et dire que j'envisageais de la baiser...

  • Et pourtant je suis là. Fis-je la voix grave. Ferme la porte à clef.

Elle se mordit la lèvre inférieure. L'excitation la gagnait. Elle ferma.

  • Alors ? Tu préfères dans les toilettes ou sur le sol ? Dit-elle en déboutonnant son chemisier. Je ne dirais rien à personne t'inquiète .

  • J'ai une meilleure idée. Je la pris par la taille et l'emmenai dans l'une des cabines où je fermai précautionneusement derrière moi. On ne fait rien et on va raconter partout notre partie de jambe en l'air. Après tout, tu adores ça toi, raconter des choses qui n'ont jamais eu lieu.

  • Quoi ?

Je la forçai à s'asseoir sur la cuvette !

  • Il est temps qu'on ait une petite conversation tous les deux.

  • Mais de quoi tu parles Damon ?

  • Tu sais très bien de quoi je parle Marlow . Je m'accroupis en face d'elle. Alors comme ça tu me fais suivre ?

  • Quoi ? Mais non je...

  • Ferme ta gueule !

Elle se tut devant le ton autoritaire que j'employais.

  • Je peux être très gentil Marlow . Mais je sais être aussi très méchant. Tu crois être la reine dans ce lycée ? Peut-être bien. Mais moi j'en suis le roi. Il me faudrait une heure au plus pour te faire la plus belle des réputations.

  • Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles.

  • Et je suppose que cette histoire d'orgie vient de toi.

  • Quoi Erin ? Cette pauvre fille se fait une réputation toute seule. Paniqua-t-elle

  • Je suis d'accord avec toi. Mais admet que c'est toi qui as inventé cette histoire. Il n'y a que toi pour faire ce genre de coup tordu.

  • Je l'admets, mais elle l'avait bien mérité. Cette pute le méritait.

Je me relevais. Et par la même occasion je lui attrapai les cheveux la forçant à se lever à son tour. Je l'obligeai à me regarder droit dans les yeux.

  • Aie ! arrête Damon !

  • Maintenant écoute-moi bien. Je ne suis pas ta chose, et pour moi tu n'es personne. Tu vas tout de suite arrêter ton petit manège avant que je m'occupe de ton cas.

Je la rejetais en arrière et j'ouvris la porte. Quittant les toilettes.

  • Et tu vas me faire quoi ? Hein ?

Je me retournais intrigué. Le son de sa voix avait totalement changé, plus sûr, plus serein. Je voyais enfin le vrai visage de Marlow . Derrière ses lunettes, son regard était devenu froid. Un regard presque aussi perçant que le mien. Son sourire n'était plus celui du petit ange parfait. Il était simplement et uniquement malsain.

  • Mon pauvre Damon, tu me sous-estimes terriblement.

  • Quel changement soudain de comportement. Intéressant.

  • J'ai essayé la manière douce avec toi. Mais tu ne veux rien comprendre. Alors, je vais te convaincre autrement.

  • Je t'écoute. Convint-moi.

Je souris. Enfin la situation prenait une tournure qui me plaisait. Le chantage. J'étais passé maître en la matière. Elle n'allait pas gagner.

  • Comme tu l'as dit-il n'y a que moi pour faire des coups tordus. Et si tu ne me fais pas l'amour comme je l'entends, tu auras des problèmes. Et des gros.

  • Du genre ?

Son expression changea soudainement. Les yeux brillants de larmes, le visage apeuré.

  • Je ne comprends pas...Il m'a enfermé dans les toilettes avec lui, je lui ai dit que je ne voulais pas...mais il...il m'a enlevé ma jupe, je n'ai rien osé dire...

Elle reprit une expression normale.

  • Je m'arrête là où tu préfères que je continue ?

  • La technique du viol ? Il faudrait déjà que je te viol pour que ça marche.

  • Tu m'as touché, je t'ai touché. Tu as mon ADN sur toi. Pour le reste il suffit de quelques larmes et d'un argumentaire en béton.

  • On dirait que tu l'as déjà fait plein de fois ton petit numéro.

  • Tu n'imagines même pas.

Je m'approchais d'elle et mis mon bras gauche sur le mur derrière elle tandis que je gardais ma main gauche dans ma poche. Le poing serré.

  • J'ai une meilleure idée. Il y a un entrepôt désaffecté tout près du lycée, j'ai juste à appeler quelque copain et crois-moi ils te feront passer le pire moment de ta vie. Rien de mieux qu'un vrai viol. Tu ne crois pas ?

  • Tu bluff.

Je soupirais et prenais mon téléphone en main. Je composai un numéro en vitesse et au bout de trois sonneries, j'entendis une voix.

  • Ouais ?

  • Austin ? c'est Damon .

  • Ouais.

  • Dis-moi, tu me dois toujours un service et j'ai besoin de toi.

  • Je t'écoute.

  • Il y a une fille, qui est du genre psychopathe mythomane. Que dirais-tu si je te l'amenais ?

  • Une fille ? Elle est bonne ?

  • Hyper bonne.

Au fur et à mesure de la conversation je vis le visage de Marlow blêmir.

  • Amène-la-moi, et j'appelle les copains.

  • Ne quitte pas.

Je mis le téléphone contre ma poitrine.

  • Tu veux aller le voir ou pas ?

Elle me fit non de la tête.

  • Finalement c'est réglé. Salut Austin .

Je raccrochais aussitôt.

  • Crois-moi je ne bluffe pas. Maintenant je te le répète une dernière fois, fiche moi la paix.

Je décidais que c'était le moment de partir.

  • A..attend ! Je peux quand même dire qu'on a couché ensemble ça ne changera rien.

  • Tu peux oui. Mais je ne suis pas Erin . Si tu m'attaques sur ce terrain-là tu vas perdre. Je peux moi aussi raconter que tu es le pire coup que je n'ai jamais eu. Et je pense qu'entre toi et moi ce n'est pas toi que les gens vont croire.

J'ouvris la porte et commençai à partir.

  • Qu'est-ce que tu lui trouves à cette Erin à la fin. Elle est pitoyable et même pour toi imbaisable.

  • hm...tu as raison, ça doit être sa nouvelle coupe de cheveux qui me rend toute chose.

Je souris encore une fois j'étais victorieux.

  • Une dernière chose. Ne joue plus jamais avec moi, tu n'es pas dans la cour des grands.

J'avais à cause d'elle un retard énorme pour le cours d'histoire. "Entrez" ! Heureusement pour moi que j'étais le chouchou de la plupart des profs.

  • Installez-vous Monsieur Atkins.

Mon cœur s'arrêta. Au fond de la classe je vis une touffe rose affalée sur sa table. Elle était venue en cours. Elle était là. En entendant mon nom elle avait relevé la tête. Nos regards se sont croisés et pourtant je n'en revenais toujours pas. J'étais tellement persuadé qu'elle serait encore absente pour la semaine. Elle ne dit rien à peine m'avait-elle regardé qu'elle ait déjà de nouveau reposé sa tête dans ses bras.

Je m'installais à côté de Kenneth.

  • T'étais où ?

  • Je réglais un truc.

Aussitôt ma phrase finie, Marlow entra dans la classe.

  • Bordel mais vous ne savez pas être à l'heure dans cette classe ! va t'asseoir.

  • Oui monsieur.

Tous la regardèrent, non pas parce que sa jupe était très très courte, mais parce que sa place qui était normalement celle à côté de Brett, venait soudainement de changer. Sans demander la permission elle s'installa à côté d'Erin qui la regarda à la fois choqué et surprise. Je crus devenir fou. Ma mise en garde avait pourtant été claire, mais visiblement elle voulait jouer.

  • Bon Damon il y a un truc qui cloche là !

Je regardais Kenneth qui commençais passablement à être agacé de mon comportement étrange. Je décidais finalement de tout lui raconter depuis la rentrée jusqu'à aujourd'hui.

Erin

Je devais sûrement avoir loupé un épisode. J'étais arrivée à l'école ce matin. Ayant décidé qu'il fallait que je me reprenne en main. Mais cela avait l'air de choquer tout le monde. Pour une fois que je n'avais pas été en retard aujourd'hui j'avais été surprise de voir le siège de Damon vide. Je me fichais un peu de savoir ce qu'il faisait et où il était, mais venant de sa part cela m'étonnait. Bref, peu importe les raisons de son absence cela m'allaient très bien. Je n'avais pas bien dormi cette nuit. Et donc comme à mon habitude je profitais de la première heure de cour pour me reposer. Tout était calme. Je ne voyais rien, les yeux fermés j'entendais simplement les conversations alentour. Plusieurs parlaient des cours, d'autres de mode. Mais tous s'arrêtèrent quand le prof entra. Monsieur Davis était ce qu'on peut appeler un professeur cool. Tu venais en cours pour faire acte de présence ou pour apprendre, il s'en fichait son boulot était simplement de mettre des notes. Je savais donc que je n'aurais aucun problème.

  • Installez-vous monsieur Atkins !

En entendant ce nom, je me redressais immédiatement. Il était là debout. Il me regardait. Bizarrement il avait l'air....essoufflé. Avait-il couru ? cela ne m'étonnerait pas. Arrivé en retard pour Damon était comme se jeter d'un arbre sans protection. Autrement quelque chose à la fois d'inimaginable et stupide. Je ne fis pas plus gaffe à lui et recommençais mon activité principale. Dormir. J'aurais pu trouver le sommeil. Mais quelqu'un tira la chaise à côté de la mienne.

  • Salut. Me fit Marlow .

  • Sa..lut. Fis-je décontenancer. Euh je peux savoir pourquoi tu t'assieds à côté de moi ?

J'avais étrangement peur. Angoissée exactement. Marlow qui m'approchait ce n'était jamais par courtoisie. Elle attrapa une de mes mèches de cheveux et la fit glisser entre ses doigts.

  • Et pourquoi pas. Sourit-elle. J'adore tes cheveux.

  • Je l'avais compris merci.

Je ne comprenais rien, en réalité .Mis à part l'ironie flagrante dont elle faisait preuve j'étais paumé. Mais moins je lui parlais, et mieux je me portais.

  • Alors tu as passé une bonne soirée hier ?

Je déglutis. Elle savait ? Alors elle savait qu'il était venu ?

  • Merdique. Dis-je simplement.

  • Moi aussi. Mais je sens que ça va être une bonne journée.

  • Ah bon.

  • Tu veux savoir ?

  • Non pas vraiment .

  • Dommage.

Son attention se porta sur le tableau où le professeur était en train d'écrire. Puis elle me regarda de nouveau. Elle était souriante, étrangement souriante.

  • Allez demande-moi.

Contrairement aux autres jours, elle n'avait rien de bien menaçant. On aurait simplement dit une copine excitée voulant me confier un secret.

  • Bon d'accord soupirais-je. Pourquoi ça va être une bonne journée ?

Elle se pencha.

  • Je te donne un indice. Damon arrive en retard en cours et moi aussi.

L'idée s'imposa à moi immédiatement. Elle voulait donc dire qu'elle s'était fait sauter ? Mon regard glissa sur son chemisier qu'elle avait mal reboutonné. Aussitôt, je regardais celui-ci qui était en pleine discussion avec son collègue. Je comprenais mieux pourquoi il était essoufflé maintenant.

" Je n'ai pas couché avec elle, c'est ça le pire. Je me suis vite rendu compte des emmerdes que ça m'apporterait."

Eh bien, il n'avait pas perdu de temps pour se rattraper. Encore une fois, croire les paroles de Damon Atkins était chose idiote et encore une fois j'en faisais les frais.

  • Tu es sûr que tu vas bien ? tu es toute pâle.

  • Oui, je suis contente pour toi.

- Tu peux, c'est un putain de bon coup en plus.

Je commençais à en avoir marre d'entre ça. Moi aussi j'avais rencontré des bons coups, mais pourtant je ne le criais pas sur tous les toits. Il n'y avait donc que le sexe qui intéressait ces foutus adolescents en pleine puberté ?

Étrangement cela me dérangeait. Me fit mal. Ce n'était pas de la jalousie non. J'étais simplement blessée de me rendre compte qu'encore une fois je lui avais parlé de façon honnête, dévoilant certaines choses difficiles. Tandis que lui m'avait une fois de plus mené en bateau. Après tout comparé à mes petites confidences je n'avais rien appris sur Damon . Il m'avait dit qu'il ne pouvait pas voir Marlow en peinture. Ce qui, jusque-là était notre seul point commun et le jour d'après il lui sautait dessus. S'il m'avait aussi parlé de son père, mais je commençais à douter de son excuse pour être venu chez moi. Autrement dit, j'étais revenue au point de départ. Damon Atkins restait un connard fini et un mystère à mes yeux.

Marlow jubilait à côté de moi. Elle m'avait blessé, elle le savait et elle en était particulièrement fière. Je me doutais, qu'elle avait des soupçons sur ma soirée d'hier à moins qu'elle me croit jalouse. J'optais pour la première théorie, la seconde n'étant pas envisageable ni pour moi, ni pour elle.

Le restant de la journée fut morne et sans intérêt. Tyron avait essayé de m'appeler plusieurs fois pour une histoire de règlement de comptes mais j'avais évité la conversation en lui disant que j'avais des choses à faire. Ce qui était assurément faux, mais je préférais ne pas recroiser Elijah pour le moment. La journée fut longue. Les cours plus ennuyeux les uns que les autres sans parler des devoirs que j'avais à rattraper. Comment pouvait-on assommer une personne de dix-sept ans avec autant de travail ? Le système scolaire était tellement cruel. Je n'avais plus entendu parler de Damon et cela me fit le plus grand bien. Mais je trouvais soudainement le regard de Kenneth très insistant à mon égard. Du moins plus que d'habitude. Pour donner une idée j'aurais multiplié ses regards assassins par deux.

Les jours passèrent. Jeudi, Vendredi, samedi ou les souvenirs de ma soirée mouvementée sont très flous. Dimanche, lundi.

Lundi. Ce jour maudit ou toute personne aimerait rester couché. Pourtant, il fallait que je me lève. Même si je n'en avais pas envie. Je me demandais quelle rumeur j'allais découvrir à mon sujet aujourd'hui. Lundi était pour moi comme le loto. J'avais chaque semaine la surprise de savoir ce que j'allais gagner. J'arrivais devant le lycée plus communément appelé centre d'otage pour élèves incultes. Ce matin je m'étais levée tôt pour prendre le premier bus et ainsi ne pas me retrouver comme une sardine pendant tout le trajet. Il n'y avait pas beaucoup de monde. Seulement quelque personne aussi matinales que moi. Je me permis de fumer une cigarette de plus avant ma journée. Journée qui s'annonçait calme. L'air était frais, mais les rayons du soleil me chauffaient tout de même les joues en ce mois de septembre. Cela était si rare que je profite du soleil, pour ne pas dire jamais. Adossée contre un bâtiment proche de l'établissement je m'amusais à regarder les personnes passantes. Plusieurs ne firent même pas attention à moi. Je pensais donc qu'aujourd'hui la journée serait réellement des plus calmes. Puis au loin je vis arriver quelques silhouettes que je connaissais très bien. Je détournais automatiquement le regard pour ne pas croiser ceux D'Hailey d'Alexis, Candice et Logan.

Les minutes passèrent. L'ennui me gagna et je ne pus m'empêcher d'allumer une autre cigarette. Encore une fois au loin j'aperçus deux silhouettes. Grande élancée. Les cheveux corbeau . Instinctivement je reconnus Damon et Kenneth . Les deux garçons me regardèrent à leur tour. Puis, je crus me maudire en voyant Damon changer de trottoir.

  • Merde! fais chier ! dis-je entre mes dents.

Je n'aurais donc jamais la paix.

  • Faut qu'on parle ! Me dit-il de bute en blanc.

  • Bonjour à toi aussi.

  • Je suis sérieux.

Je tournai mon regard vers le lycée où la plupart des élèves nous observaient.

  • Tout le monde nous regarde putain. Dégage.

  • Je m'en fous.

Sans rien dire de plus je partis. Pour une fois que dans ce bahut les conversations ne tournaient pas autour de moi je ne voulais pas que ça commence parce-que monsieur Atkins avait décidé qu'il s'en foutait. Je préférai partir à l'intérieur du lycée où je pourrais me réfugier.

Pour une fois Damon fit enfin ce que j'attendais de lui.

Il m'oublia.

Annotations

Vous aimez lire Sitraka Tiavina ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0