Le message.

4 minutes de lecture

Alice regarde l’heure sur son portable, 08:18. Il restait 12 minutes avant le mystérieux rendez-vous qu’elle a au Subway. Si je ne m’arrête pas j’y serai dans 2 minutes, se dit-elle, trop tôt ! Elle s’arrête brusquement au milieu du trottoir de l’Avenue de la Gare. La rue est déjà bien fréquentée et les passants doivent la contourner, certains avec des regards qui semblent dire : « Hé, reste pas plantée là ! ». Elle se déplace vers la vitrine d’un magasin de matériel électronique et fait semblant de contempler la vitrine. Elle est stressée et elle ressent de l’appréhension. Son cœur tape fort dans sa poitrine. Elle est nerveuse mais en même temps excitée et curieuse. C’est la première fois que je ressens ça de manière si intense, pense-t-elle et, malgré son stress, elle n’arrive pas à éviter d’ajouter : sauf peut-être la fois ou Erwan… Elle se reprend. Elle regarde l’heure encore une fois, 08 :20. Elle doit attendre encore un peu. Elle est très impatiente d’y être mais en même temps elle a envie de fuir en courant. « Jusqu’à 70% de rabais ! » clame sous son nez une affiche criarde jaune fluo et rouge dans la vitrine. Elle n’y prête pas attention. Les pensées se bousculent dans sa tête. Se met-elle en danger ? Que risque-t-elle ? Peut-elle avoir confiance ? Et, surtout, qui est cet étrange inconnu qui lui a envoyé un message énigmatique sur son téléphone il y a trois jours… C’est ce qu’elle allait savoir dans… Elle regarde l’heure juste au moment où elle passe de 08 :21 à 08 :22, ...8 minutes pile !

C’était vendredi passé en fin de journée. Alice était dans sa chambre et bouquinait, comme toujours. Elle était couchée sur son lit et lisait le roman « Les Yeux du Dragon » de Stephen King. Son chat Dinah était couché en rond contre elle et ronronnait bruyamment. Elle adorait entendre ce bruit. Elle le trouvait apaisant, relaxant. Ça la détendait. « Ding ! » Zzzzzzzzzzz ! C’était l’alarme et la vibration signalant un message sur son portable. Dinah ouvrit les yeux, leva la tête et bloqua son ronron. Le téléphone était posé à côté d’Alice sur la table nuit. En continuant à lire (elle voulait finir la page), elle tâtonna de la main gauche pour attraper le téléphone. Elle leva le nez de son bouquin et regarda l’écran. La fenêtre de prévisualisation des SMS indiquait un numéro de téléphone inconnu et en dessous : « Alice, je veux te faire vivre une avent… » Elle fronça les sourcils, une aventure ! Pensa-t-elle immédiatement en voyant le mot qui n’était pas terminé. Elle s’assit brusquement (ça ne plut pas à Dinah), entra son code d’accès sur l’écran et ouvrit le message suivant :

Alice, je veux te faire vivre une aventure comme tu n’en as jamais vécu, même dans les livres. Elle commencera lundi matin à 8h30 au Subway. Si tu acceptes cette invitation, tu deviendras l’héroïne de la plus belle des histoires, la seule qui mérite toute ton intention : l’histoire de ta vie. Nous l’écrirons ensemble… Si tu ne viens pas, tu pourras continuer de rêver sur les aventures de papier que des chimères vivent pour toi. Et moi je disparaîtrais et ne reviendrai plus...

Vient seule et ce serait mieux de n’en parler à personne.

Cheshire.

Elle savait qui était Cheshire. Cette signature faisait référence à un des personnages de son livre préféré, un des premiers livres que sa mère lui avait lu : « Alice au pays des Merveilles » de Lewis Carol. Cheshire était le nom de ce chat délirant qui apparaissait et disparaissait en ne laissant parfois entrevoir que son sourire. Dans le livre, Alice, perdue au pays des merveilles, lui demande son chemin. Quand le chat lui demande à quel endroit elle veut aller, elle lui répond « Peu m’importe l’endroit... » Cheshire lui réplique alors : « En ce cas, peu importe la route que tu prendras. »

Le numéro ne faisait pas partie de son répertoire, impossible de savoir qui ça pouvait être. Alice s’est tout de suite sentie énervée par ce message. Il la sortait de sa zone de confort pour la plonger dans l’inconnu, hors de son train-train et elle n’aimait pas ça. Elle n’avait rien demandé ! De quel droit quelqu’un lui faisait subir cela ? Sa première réaction a été de vouloir effacer le SMS et d’oublier cette affaire. Repartir dans ses livres, tranquille, comme lui proposait le message, lui paraissait la meilleures chose à faire. Et puis c’est certainement une mauvaise blague, pensa-t-elle. Quand elle arriva sur son portable à : « Ce message sera supprimé. ANNULER. SUPPRIMER», elle hésita et son doigt resta en suspens au-dessus de la touche « SUPPRIMER ». Sa curiosité était piquée à vif et Alice a toujours été très curieuse. C’est comme si « Cheshire » savait qu’elle n’allait pas pouvoir résister à aller au rendez-vous. Ce qui voudrait dire qu’il la connaissait bien. Elle resta un moment comme ça, son doit au-dessus de la touche « SUPPRIMER », à réfléchir. Les instructions reçues ne l’engageaient à rien. C’était une proposition. Elle n’était pas obligée d’y aller. C’était dans 3 jours, elle avait du temps pour y réfléchir. Et puis elle pensa aussi à une chose : elle avait le numéro de celui qui avait envoyé le message. Elle ne savait pas à qui il appartenait, certes, mais rien ne lui empêchait de l’appeler ou de lui envoyer une réponse. Cette dernière réflexion lui fit appuyer sur « ANNULER » en pensant : Voyons-voir un peu à qui on a affaire…

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Henri Robert Rivers ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0