Patounet.

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Jade ne fut pas du tout surprise par l’attaque de Pat. Son maître lui avait appris à ne jamais lâcher l'intention, à toujours "rester en éveil" comme il disait. Elle était habituée aux combats en compétition de haut niveau mais aussi à des rencontres dangereuses non officielles et en huis clos, sur lesquels étaient parfois engagés des paris clandestins. Certaines de ces rencontres n'avaient qu'une règle : le combat s'arrêtait au ko ou à l'abandon d'un des combattants. Pour le reste tout était permis. Ce genre de combat était très dangereux et son maître n'aimait pas ça mais elle avait insisté pour y participer. Elle voulait tester son art en situations réelles, c’était important pour elle. Et quand Jade voulait quelque chose…

Quand Pat se rua sur elle, ses trois amies furent surprises et eurent un léger mouvement de recul. Mais pour elle c’était comme si les mouvements de la brute étaient au ralenti et les siens en accéléré. Elle avait déjà compris qu’il allait l’attaquer au moment où il avait pris sa grande inspiration juste avant de s’élancer. C’était un signe qui trompait rarement. Elle n'eut pas besoin de réfléchir pour savoir comment agir. Depuis le temps qu’elle s’entraînait, le kung-fu s’était ancré en elle comme un instinct animal. Au lieu de reculer comme Pat s'y attendait, elle se projeta en avant. Il n’eut même pas le temps d’amorcer une frappe. A une vitesse fulgurante, elle plaça un coup très sec du bas de la paume de sa main droite ouverte juste au-dessus de l'estomac du « caillera ». Le coup était très précis et elle savait d'avance l'effet qu'il allait produire : Pat eut le souffle violemment coupé et une douleur fulgurante dans sa poitrine le paralysa et le fit se pencher en avant. Avant même qu’il comprenne ce qui lui arrivait, Jade lui plaça un coup de genou sous le menton, juste assez dosé pour ne pas lui briser la mâchoire mais suffisamment pour le projeter en arrière et le sonner un peu. Immédiatement après elle termina par un coup du dessus du pied au bas ventre. Là aussi elle dosa sa force, le but était que Pat aille s'excuser, pas qu'il se retrouve à l'hôpital. En moins de deux secondes, il était à terre, plié en deux de douleur. Pendant qu'il essayait de reprendre son souffle en se tenant les couilles, Chloé, Mila et Léa s'approchèrent... Jade prit la parole :

- Je t’ai servi l’entrée, Patounet, j’espère que t’as encore faim parce qu’y a le plat principale qui arrive !

Elles ne le rouèrent pas de coups comme il s’y attendait (ou comme lui l’aurait fait), mais quand elles en ont eu fini avec lui, environ vingt-cinq minutes plus tard, il était à terre, en position du fœtus et il pleurait comme un enfant qui sort d’un horrible cauchemar. Il avait accepté sa mission (il avait même supplié de pouvoir l’accepter, comme elles le lui avaient prédit). Elles lui ont expliqué en détail ce qu’elles attendaient de lui pour le lendemain et bien fait comprendre aussi qu’après ça, il ne devrait plus jamais s’approcher d’Alice.

- Ah, encore une dernière chose Pat, lui susurra Léa à l’oreille (il leva son bras au-dessus de sa tête, le regard affolé, pour se protéger d’un coup éventuel), on a d’autres amis dans cette école, filles et garçons, évite aussi de t’en prendre à l’un d’eux, sinon on te retombe dessus, t’as compris ?

- Ou… oui, répondit Pat, de manière saccadée en reniflant de chagrin. De douleur aussi, certainement.

- Maintenant, entre dans une cabine ! lui ordonna-t-elle.

Il tenta de se lever pour obéir mais il n’y arriva pas et retomba. Pour l’instant ses jambes ne le portaient plus. Il rampa jusqu’au cabinet le plus proche. Il y avait de la pisse parterre (les mecs ne savent pas pisser droit) mais c’est comme s’il ne s’en apercevait pas. Lui, tout ce qu’il voulait c’était que ces quatre folles de l’enfer disparaissent de sa vie et le laisse tranquille.

- Assied-toi et ferme la porte à clef !

Il se hissa tant bien que mal pour s’assoir sur les toilettes et s’enferma.

- Ecoute-bien yo à deux balles, continua Léa à travers la porte, on va partir et te laisser ! On ne te fera plus d’histoires si tu nous en fais plus à nous et nos amis et que tu exécutes ta mission demain. Compris ?

- Ou-oui, oui ! sanglota Pat

- Alice ne doit rien savoir de ce qui s’est passé ici, c’est clair ?

- Ou-oui !

- J’ai aussi une demande personnelle à te faire, tu écoutes ?

- Oui, il renifla.

- A partir de maintenant, ne dit plus jamais les mots « suce » ni « pute » à qui que ce soit, c’est bien compris ? Si j’apprends que tu as prononcé un de ces deux mot ou un de leurs dérivés, ne serait-ce qu’une seule fois on te retombe dessus. T’as saisi ?

- Ou-oui !

- Quels mots tu ne dois plus jamais prononcer Patounet ?

- Su..., il faillit tomber dans le piège, il se reprit de justesse et se mit les de mains devant la bouche comme un petit enfant qui aurait dit un vilain gros mot. Il resta silencieux.

- Bien ! Je vois que t’as compris ! Et si jamais on te pose la question, dis que t’es tombé dans les escaliers, ok ?

- Oui !

- Hé Patounet ?

Elle donna un coup de poing sur la porte, elle entendit un petit cri effrayé. Elle est certaine que ça le fit sursauter.

- Qu-Quoi ?

- Passe un bon après-midi.

- …

- Bhen alors, Patounet, on dit pas merci ?

- Me-merci. Il renifla.

Avant de sortir elles frappèrent à la porte principale pour prévenir Ben qu’elles en avaient fini. Le « vigil » leur ouvrit quand la voie était plus ou moins libre. Il reçut un « Merci Ben ! » et un bisou de chacune des filles qui durent se lever sur la pointe des pieds pour le lui donner (pour Jade il se baissa).

Pat n’alla pas aux cours cet après-midi là. Il se fit porter malade. Personne n’a jamais su ce qu’il avait enduré dans ces toilettes, c’était leur secret à elles quatre et elles décidèrent de ne rien dire à Alice. Les amies voulaient lui épargner de se sentir redevable. Et, connaissant Alice, elles étaient persuadées qu’elle pouvait même se sentir coupable et de leur en vouloir un peu de s’en être pris à Pat. Elle est comme ça Alice, elle pardonne toujours.

Personne non plus n’a été témoin de la scène, elles sont malignes les copines. Le lendemain, Pat exécuta sa mission, comme exigé…

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