Le bruit du silence

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Aujourd’hui l’immeuble est calme, silencieux. J’entends les bruits de moteurs dans la rue. Je n’entends qu’eux. Aujourd’hui l’immeuble est calme, silencieux. Je suis le dernier locataire du palier. Ce palier sans aucun bruit, sans aucune vibration. J’étais au courant. Tout l’immeuble était au courant. Et aujourd’hui l’immeuble est calme, silencieux. Un nuage de regrets, de remords plane sur chaque occupant de ce bâtiment. Nous nous croisons dans l’ascenseur, sans aucun bruit, sans aucun regard. Aujourd’hui son regard me manque. Son sourire, quand elle me disait que tout allait bien, me manque. Le bruit des enfants du troisième quand j’étais arrivé ne me dérange plus. Je voudrais tellement plus de bruit, et que ce soit tellement moins ceux de ces derniers mois. Mais que devais-je faire ? J’aurais dû agir. J’étais le plus près. Son seul contact avec le monde extérieur, quand elle allait chercher son courrier. Elle était si belle, mais cette beauté était entachée par sa profonde tristesse. Elle était jeune, mais avais les traits abimés d’une personne âgée. Le silence est dorénavant assourdissant. Il nous rappelle à tous notre ignorance, notre rejet de la réalité. Notre aveuglement sur une situation bien réelle et que nous avions tous parfaitement conscience. Son sourire, quand elle me disait que tout allait bien, me manque. Il tourne en rond dans ma tête, de locataire esseulé et égoïste. Tout n’allait pas bien. Mais je me contentais de cette réponse. Ça ne me regarde pas, que je me disais. Mais bien sûr que si. Dès qu’il s’agit d’une vie humaine, ça regarde quiconque peut la sauver.

Lui. Je ne l’ai vu que deux fois. Il rentrait tard. Mais il était bruyant, lui. On l’entendait rentrer, et on savait qu’elle l’entendait aussi. Elle l’attendait, le regard surement plein de peur et de tristesse, sachant, et pouvant prédire les évènements des deux prochaines heures. S’attendait-elle à cette fin tragique ? Ce jour-là il est rentré, bruyamment. Il lui a parlé bruyamment. Il l’a frappé bruyamment. Mais le bruit s’est arrêté plus vite qu’à l’habitude. Et pour le moment le bruit n’est pas revenu. Nous aurions dû réagir avant. J’aurais dû réagir avant. Mais maintenant il est trop tard. Et je ne peux rien. Et ce silence me pèse, comme me pesait auparavant ce bruit.

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