à ma mère

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J'écris pour toi cette lettre aujourd'hui, un peu comme un remerciement de m'avoir donné la vie.
Chose que je ne voulais pas faire de base, car pour moi vivre a été un calvaire la plupart du temps. Ce n'est donc pas vraiment un merci, mais plutôt un tu n'aurais pas dû.
Ça peut paraître extrêmement cru mais tu devrais comprendre suite au récit que je vais te rappeler.
Oui te rappeler, sens-tu ma rage dans mes mots ? Car je le sais ça, que tu savais très bien ce qui se passait en moi. Tu sais tout. Car une mère sait toujours tout de son enfant, de l'échine aux orteils, de sa pensée à son vécu. Tout.
Tu voyais très bien qu'à l'école on me harcelait, je rentrais toujours docilement. J'étais la meilleure élève au CP, cela n'a pas duré le CE1 m'a bien dit '' va te faire foutre''.
J'ai même eue des problèmes orthophoniques ou du moins c'est ce que l'on croyait.

Pendant ce temps toi tu ne prenais pas tes médicaments, tu faisais des crises, partais à l'hôpital psychiatrique longtemps. Me laissant seule avec les deux hommes. Tu as un jour faillit louper mon anniversaire, et tu m'as à ce moment-là laissé seule pour le sapin de noël. Qu'on faisait toujours ensemble.
Je te le dis aujourd'hui, la 6ème a été mon année 26.
Pourquoi 26 ?

C'est idiotement simple, c'est l'année où je me suis tâtée 26 fois à la volonté de la mort. Autrement dit le suicide.
Je n'avais pas réussi, sûrement trop jeune trop fébrile. Tu sais à presque 10 ans on est encore un peu crédule. Je faisais de l'équitation à cette période. J'en ai fait jusqu'à mes 16 ans. Mais à mes 16 ans je n'ai plus trop eue l'occasion. Tu savais aussi que c'était mon dernier pilier stable.

Et il y a ce jour... ce jour où tu m'as dit que je n'étais pas attendue, pas désirée. Une erreur tel était le sous-entendu que tu m'as laissé entendre. Depuis ce jour le pilier "famille pas facile mais famille quand même'' s'est écroulé également.
Le jour où j'ai dû allé en cours en apprenant que tu étais à l'hôpital, encore mais pour une tentative... Ça m'a fait bizarre, mais j'ai pas cillé.
Je suis allé en cours comme tous les jours avec mon sourire de façade. J'ai rejoint mes amis de l'époque, dont j'ai perdu la moitié ou plus à ce jour. Puis je suis rentrée et j'ai continué le lendemain, le surlendemain. C'était les années cool tel que je les appels.

Tu vois ? Au lycée je ne me sentais pas à ma place, dans cette salle de maths il y avait toujours deux ou trois élèves pour faire les gamins. J'aurais aimé être comme eux, pour me faufiler une place parmi les moutons de la société.
Mais je n'ai pas pu, je ne pouvais pas non plus car il me manquait un élément crucial : Être soi-même.
On se dit jamais assez qu'il est important d'être nous. Je n'étais ni un mouton ni moi. J'étais un mouton-moi. C'est pas français, mais comment désigner ces gens qui ne savent pas ce qu'ils sont ?

Au plus profond de moi-même je savais qui j'étais. Tu veux savoir ? Tu le sauras si tu oses lire mon journal.

J'ai tellement de choses à dire que cela prendrait des lustres. Je n'en ai pas le temps. Tu te contenteras donc, de cette lettre comme moi je me suis contentée du faux moi toute ma vie.

Ton erreur Heika.

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