Chapitre 14 : Le passé, c'est le passé ...

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JAMIE

— Hannah, ouvres cette porte.

— Va te faire voir James.

Je jure entre mes dents et pose mon front contre le bois de la porte.

— Vas-t’en s'il te plait.

— Hannah ... je grogne, il faudra bien que tu sortes de cette salle de bain, ouvres-moi.

Aucune réponse. Génial. Je fais les cent pas dans le couloir en cherchant une solution à ce merdier. Chase a plutôt intérêt à s'être barré avant que je ne revienne s'il ne veut pas finir six pieds sous terre. Ce crétin a vraiment un don pour foutre le bordel dans ma vie. Je tente une nouvelle fois en m'adossant à la porte.

— Chase peut vraiment être con quand il veut. Il est maladroit, mais il n'avait pas l'intention de te blesser.

J'entends le cliquetis de la serrure et je me redresse de justesse avant que la porte ne s'ouvre brusquement. Quand je me retourne, Hannah me foudroie du regard.

— Ne rejettes pas la faute sur Chase, lâche-t-elle d'un ton glacial.

Elle a l'air furieuse et l'espace d'une demi-seconde, je suis tenté de la renfermer à double tour dans cette salle de bain jusqu'à demain matin, histoire qu'elle s’y calme un peu. Je glisse de justesse mon pied dans l'entrebâillement avant que la porte ne se rabatte sur mon nez.

— Ne sois pas ridicule. Laisses-moi entrer !

J'ignore ses protestations et me faufile dans la pièce en forçant sur la porte, avant de la refermer derrière moi. Je tourne le taquet et me plante en face d'elle, lui barrant le passage vers la sortie.

— Tu vas me dire oui ou non pourquoi tu es cachée dans cette foutue salle de bain ?

— Si tu poses la question, c'est que tu es encore plus stupide que je ne le pensais, crache-t-elle.

Désorienté, je plonge mon regard dans le sien, tentant en vain de décrypter dans ses yeux la raison de son énervement. Elle est clairement blessée. Et furax. La tension est palpable entre nous depuis que nous avons quitté la maison et comme je m'y attendais, la situation a complètement échappée à mon contrôle. De toute façon, quand cette fille est dans les parages, je ne maitrise plus rien.

— Qu'est-ce que Chase t'a dit ? Je finis par lui demander, perplexe.

— La véritable question, c'est qu'est-ce que tu lui as raconté ? Les mains sur les hanches, elle me fusille du regard en plissant les lèvres. Je la fixe, déconcerté, et bredouille.

— Quoi ? Raconté quoi ? Mais de quoi tu parles ?

— Oh je t'en prie, ne joues pas au plus malin avec moi ! On a "accidentellement fricoté" il y a moins de vingt-quatre heures et tu t'es immédiatement empressé d'aller tout lui déballer ! C'est franchement puéril ! Et humiliant !

Je me redresse, surpris.

"Accidentellement fricoté" ... Est-ce qu'elle se fiche de moi ?

Je me reprends et secoue la tête, dépité par sa réponse.

— Je n'aurais jamais fait une chose pareille ! Je ne lui ai rien dit ! Il l'a juste ... deviné ! Je crois que TOUT LE MONDE ici a deviné qu'il se passe quelque chose entre nous deux ! Je lui hurle à moitié dessus et ses yeux s'écarquillent avant de se plisser de nouveau.

— Je te serais reconnaissante de parler au passé s'il te plait. Il n'y a rien entre nous ! Tout ça c'est du passé ! hurle-t-elle à son tour en promenant son doigt entre elle et moi, et en prenant soin d'insister sur son dernier mot.

— Mais bien sûr ... Tu as malencontreusement glissée sur moi. Tes lèvres ont involontairement atterries sur les miennes. Tout ça c'est un accident, fin de l'histoire ? Je lui réplique, ironique.

— Exactement, siffle-t-elle.

Nom de Dieu, cette fille m'énerve !

A chaque réplique, nos corps se rapprochent l'un de l'autre. Tels deux aimants qui s'attirent ou se repoussent, au gré de nos humeurs. Son corps est tellement près du mien que je peux sentir une mèche de ses cheveux chatouiller mon avant-bras. Son parfum fruité et subtil, agit sur moi comme une endorphine. J'approche lentement mon visage en gardant mon regard ancré dans le sien et je réprime un sourire de satisfaction en constatant que la haine dans ses yeux a fait place à la panique. Je m'avance encore lorsqu'elle recule imperceptiblement. Sa respiration est de plus en plus erratique. Je me penche, ma bouche à quelques centimètres de son oreille et lui chuchote lentement.

— Je n’en crois pas un seul mot.

Son haleine chaude dans mon cou réveille instantanément mon désir. Mon rythme cardiaque s’accélère et je fais un effort surhumain pour garder un air neutre.

— Tout ça, c'est terminé, répète-t-elle. C'est de l'histoire ancienne. Fini. Oublié.

Sa voix n'est plus qu'un faible murmure et je souris franchement cette fois, victorieux et la poitrine en feu. Ma bouche frôle le lobe de son oreille et je lui chuchote encore plus bas.

— Vraiment ? Est-ce que tu as oublié ça ?

Son souffle se coupe lorsque mes lèvres effleurent son cou. Je m'éloigne légèrement et d'une main, décale une de ses mèches pour me donner un meilleur accès à sa nuque. La tension dans mon bas-ventre s’intensifie et j’ai subitement l’impression que la température de la pièce a grimpée de plusieurs degrés.

— Oui, oublié, souffle-t-elle. Je souris et continue.

— Et ça, est-ce que tu l'as oublié aussi ?

Je passe lentement mon pouce sur sa joue et je l'entends gémir lorsque mes lèvres se posent juste sous son oreille. J'aspire doucement la peau fine de son cou et descends vers sa clavicule, laissant ma main migrer vers ses reins et savourant au passage son goût parfait.

Totalement et complètement oublié, couine-t-elle.

Je me redresse et reste figé quelques secondes, hypnotisé. Ses yeux sont clos, ses lèvres légèrement entrouvertes et ses joues rosies par l'excitation.

Bon sang, c'est de la torture.

Elle ouvre les yeux de surprise en sentant ma main remonter et resserrer sur sa taille. Elle halète lorsque je l'attire contre moi, mon regard fiévreux cherche le sien, attendant désespérément son approbation. Sa poitrine chaude est serrée contre mon buste. Elle monte et descend au rythme de sa respiration saccadée. Son regard est noir de désir et soudain, s'en est trop pour moi.

Je pose ma main libre sur sa nuque et attire son visage vers le mien, avide. Je l'entends gémir lorsque nos bouches se rencontrent enfin. Je grogne de soulagement et me presse d'avantage contre elle, ma langue s'immisçant entre ses lèvres, à la rechercher de la sienne. Ses mains s'enfoncent dans mes cheveux et ses lèvres s'écartent pour me laisser entrer en elle. J'attrape son visage en coupe et l'embrasse sans ménagement. Transi de désir, je m'avance en titubant, jusqu'à ce qu'elle soit plaquée contre le mur, son corps prisonnier du mien. Je passe mes mains sous ses fesses, attrape fermement ses cuisses qui s'enroulent autour de ma taille lorsque je la soulève.

Notre "malencontreux accident" date seulement d'hier, mais la sensation de manque que je ressens me sert la poitrine. J'ai l'impression d'avoir attendu des semaines.

Impatient, je resserre mon étreinte et déplace nos deux corps enlacés, cherchant à tâtons la commode. Je la pose sur celle-ci et lui arrache une plainte lorsque mes lèvres se détachent des siennes. Ma bouche redescend dans son cou et elle penche la tête sur le côté, s'abandonnant à la morsure de mes baisers. Elle halète tandis que mes lèvres parcourent ses épaules, affamées. J'attrape la bretelle de son top et la fait glisser, en admiration devant cette vision parfaite, avant de revenir gouter sa peau.

Je n'ai jamais rien connu de tel. Mon corps entier est en fusion. Mon cerveau ne répond plus de rien. Ma poitrine est tellement serrée que chaque battement de mon cœur est douloureux. Toutes les cellules de ma peau bouillonnent d'impatience, attendant désespérément les caresses d'Hannah. Quand ses ongles se plantent dans mon dos, une vague de plaisir se propage de mon bas-ventre, remonte le long de ma colonne vertébrale et un râle s'échappe de ma gorge. Je frissonne et saisie ses fesses à pleine main pour la plaquer fermement contre moi.

— Je n'ai rien oublié. Et je ne veux pas que tu oublies.

Elle gémit et tire d'avantage sur mes cheveux lorsque ma main remonte et attrape fermement son sein. Elle étouffe son gémissement dans mon épaule et se redresse soudain, pantelante. Elle baisse les yeux et ses petits doigts s'affairent maladroitement à déboutonner mon pantalon. Je la regarde faire, captivée et engourdi par le plaisir. Elle descend ma braguette et je pose un baiser chaste sur ses lèvres avant de la supplier, haletant.

— Laisses-moi faire. Laisses-moi te donner du plaisir. Tu n'oublieras rien, crois-moi.

Elle me fixe, à bout de souffle et se mord la lèvre avant d'enlever son haut d'un seul geste.

Je prends ça pour un oui.

Je l'embrasse de nouveau, désespérément, laissant mes mains parcourir son dos nu. Le bout de mes doigts glissent sur ses hanches, s'aventurent sur son ventre ferme et contracté de plaisir. Je remonte vers ses seins et les carresse avant de poser ma bouche sur le tissu fin de son soutif. J'attrape son téton entre mes dents et je l'entends gémir.

— James ... Encore ...

Je m'exécute avant de décaler enfin le tissu pour l'aspirer plus fort, la faisant gémir de nouveau. Je suis sur le point de lui dégrafer son soutient-gorge lorsque la voix de Chase résonne derrière la porte.

— Nom de Dieu ! Ne me dites pas que vous êtes en train de vous envoyer en l’air là-dedans ! ?

Hannah sursaute et je me redresse précipitamment, heurtant son menton au passage. Elle grimace avant de poser son front sur mon épaule en jurant. Je la laisse reprendre sa respiration, incapable de me décoller de son corps. Le silence est brisé par les railleries de Chase dans le couloir.

— Allez les enfants, inutile de faire les morts, je vous ai entendu. Emilie m'envoie pour vérifier que vous ne vous êtes pas entretués.

Le front toujours posé sur mon épaule, Hannah grogne avant de relever la tête.

— C'est pas vrai ... chuchote-t-elle. Elle ferme les yeux et secoue la tête, ses paumes de mains toujours posées sur ma poitrine.

— Il faut qu'on sorte d'ici, je lui dis à contrecœur.

C'est officiel, je suis l'homme le plus frustré de la terre. Interrompu en pleins préliminaires, deux jours de suite. Je suis maudit.

— Je sais, dit-elle d'une voix lasse.

— Bon, mes petits choux, je leur dit quoi moi aux autres ?

— Casses-toi Chase, je lui grogne, contrarié.

— D'accord, d'accord, je vous laisse finir. Je vais bien trouver quelque chose à leur dire en attendant votre retour. Amusez-vous bien là-dedans, chantonne-t-il comme un idiot.

J'imagine sans difficulté le sourire de crétin qu'il doit arborer à cet instant. Je vais le tuer.

J'entends ses pas s'éloigner dans le couloir et je me recule pour laisser à Hannah plus d'espace tandis qu'elle enfile son top silencieusement. Je reboutonne mon pantalon sans un mot, déconcerté par ce brusque retour à la réalité.

— Je vais leur dire que tu ne te sens pas bien. Je te ramène à la maison.

— Okay, dis-leur que je suis désolée.

— Attends-moi à la voiture, j'arrive.

Ni Emilie, ni les autres ne font de commentaire lorsque je leur annonce que je dois ramener Hannah. Je menace Chase du regard pour qu'il la ferme lui aussi, et je m'en vais en promettant à Emilie de passer mes amitiés à Hannah. Le retour se fait dans un silence complet. Elle ne dit pas un mot et j'ai beau me creuser les méninges, je ne sais pas quoi dire pour apaiser ce malaise pesant. Bon sang. J'étais à deux doigts de coucher avec elle dans cette salle de bain. Au beau milieu d'une soirée entre amis. Et je n'avais même pas de préservatif ! J'étais dans un tel état de transe et d'excitation, que je suis sûr que j'aurais pu la prendre comme ça, sans même penser à ce détail. Je grimace en y repensant. Je ne suis même pas sûr qu'elle m'aurait arrêté. C'est n'importe quoi. Je lui fais faire n'importe quoi. Ça ne m’était jamais arrivé auparavant, même avec Kate. Perdu dans mes pensées, je jette un œil vers Hannah et reste figé. Une larme roule sur sa joue et je me sens soudain impuissant.

Non mais tu t'attendais à quoi, sombre idiot ?

Une boule se forme dans ma gorge et j'avale plusieurs fois ma salive avant de lui murmurer.

— Hannah ... je suis désolé, je n'aurais pas dû t'amener à cette soirée.

— On est au moins d'accord sur un point, répond-t-elle en tournant la tête pour éviter mon regard. J'ai le réflexe de lever la main vers son visage pour essuyer ses larmes, mais me ravise et repose mon poing sur ma cuisse.

— Ecoutes, on n’est pas obligé de s'ignorer. On n’est pas obligé de faire comme si rien ne s'était passé...

— Stop. Arrête. Me coupe-t-elle sèchement. Tu ne comprends pas ! Je suis ... je suis perdue ! J'étais à deux doigts de m'envoyer en l'air avec toi dans cette maison, entourée d'inconnus, alors que tu venais de me cracher au visage que tu n'en avais rien à faire de moi ! Je suis incapable de raisonner quand tu es là et je déteste ça ! Tout ça, nous deux, ça ne rime à rien ! Je ne sais même pas qui tu es ! Je ne sais même pas pourquoi tu vis dans ma maison !

Ses mots sont remplis de souffrance. Elle finit sa phrase, à bout de souffle et de nouvelles larmes se déversent sur son visage. Elle est belle. Même ainsi, les traits déformés par la peine.

— Je suis désolé, je… je ne sais pas quoi te dire…je lui réponds simplement. Je me sens minable et je fixe la route, muet, comme le pauvre crétin que je suis.

— Annie aurait su quoi dire, elle, murmure-t-elle tout bas.

Je ne relève pas. Je crois que cette dernière pensée ne m’était pas destinée de toute façon. Elle est perdue. Et elle souffre, c'est évident. Est-ce que je dois lui dire ? Annie m'avait demandé de le faire lorsqu'elle serait prête. Si elle était prête un jour. Est-elle prête ? Je n'en sais foutrement rien. Nous restons silencieux pendant le reste du trajet; et lorsque je coupe enfin le moteur de la voiture et qu'elle ouvre la porte, je prends mon courage à deux mains et lui dit.

— Hannah, attends ! Elle se tourne pour me faire face et me fixe, le regard vide. Rejoins-moi demain matin sur le ponton d'Urangan Pier. J'y serais à 8h. Je te raconterais tout. Je te dirais tout ce que tu veux savoir...

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