Somewhere Only We Know

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C’est un peu comme le thème d’une des chansons sur la liste Spotify de maman, Killing Me Softly des Fugees.

Sur la mienne, il n’y a que trois morceaux, dont deux que j’écoute rarement, puis celui-ci, où la voix de Tom Chaplin gratte ma douleur sur les cordes, chante ma vie de ses mots, me tue lentement de sa chanson

Je ne peux pas m’en empêcher, elle me rappelle tellement Louis, mais les souvenirs, désormais, c’est tout ce qu’il me reste, quelques images, des sons ou des odeurs, lentement obscurcis par le désespoir qui s’étend.

I walked across an empty land, I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, Sat by the river and it made me complete

Je suis revenu au dernier endroit où j’ai été heureux, au bout du petit chemin envahi d’herbe. Pour les derniers mètres sur le ponton, je me suis mis pieds nus, au risque de m’en griffer la plante sur une tête de clou qui dépasse, histoire d’encore ressentir quelque chose. la douleur physique distraie celle dans mon esprit, avec la promesse que la fraîcheur de l’eau me fasse crisper les orteils…

Sauf que c’était plus apaisant dans mon souvenir, ici, la température à dix centimètres sous la surface me ramène seulement au froid qui baigne mon cœur.

Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old and I need something to rely on. So, tell me when you're gonna let me in, I'm getting tired and I need somewhere to begin

Je le sais, Tom, n’insistez pas, tes potes et toi, je sais très bien où il est parti, n’importe où qui soit loin de moi, après avoir ébranlé tout ce que j’avais patiemment tenté de stabiliser autour de lui, et avoir sapé le fragile appareil de certitudes que je m’étais créé…

J’aurais dû m’en douter, tout le monde m’avait prévenu, "Il n’est pas comme ça, Louis, pas vraiment… comme toi". Je n’ai tout simplement pas voulu voir, voulu comprendre, son jeu cruel de séduction, la gamme de sentiments qu’il a lentement instillés, d’abord la curiosité, qui s’est muée en fascination, l’envie, sinon le besoin d’entrer dans son orbite, me réchauffer à son soleil et finir par m’y brûler, pour en être alors éjecté, petit satellite calciné et aride, inutile à l’équilibre de sa galaxie.

Alors, recommencer ailleurs, Tom, comment le pourrais-je ?

I came across a fallen tree, I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of?

C’est en tout cas l’endroit où moi, j’ai rêvé ! Trop, sans doute, à un avenir impossible, irréalisable, où lui et moi… Sauf qu’il n’y a jamais eu de lui et moi, pas dans son esprit. Et qu’il n’a pas trop aimé mon bout de rivière, déjà qu’il n’avait jamais relevé ma référence au cresson d’eau, et au Dormeur du Val de Rimbaud… Louis, si pragmatique, si terre-à-terre, si calculateur et destructeur de rêves.

Tom Chaplin, je me dis qu’il comprendrait, lui. On ne peut pas écrire ce genre de chanson sans être un minimum romantique et sensible. Puis c’est un mec étrangement mignon, physiquement l’opposé total de Louis.

Inaccessible, aussi, de plusieurs points de vue, mais si ce n’est lui…

Un moment de rage dépitée m’a pris, j’ai agité les pieds dans l’eau et j’ai projeté des gouttelettes, qu’inspiré par la féérie légère du clip, j’ai probablement juste imaginées un instant en suspension, avant qu’elles retombent, retour à leur élément…

Et le retour au mien ?

And if you have a minute, why don't we go? Talk about it somewhere only we know, This could be the end of everything, So, why don't we go, Somewhere only we know, Somewhere only we know…

Ce n’est pas la fin de tout, on ne meurt pas d’amour, et certainement pas à vingt-trois ans ! Là, dehors, dans le monde, il y a un Tom Chaplin, inverse absolu de Louis, qui me dira 'Why don’t we go, somewhere only we know', et ça pourrait être ici, les pieds dans l’eau, à décider au même moment d’envoyer des gouttelettes en l’air, croiser nos regards, sourire timidement…

Puis à nouveau ressentir le sol sous mes pieds, trouver une base où m’accrocher et me reconstruire. Et recommencer à rêver.

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