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Le bac en poche, j’ai quitté une vie morne et ennuyeuse pour tout recommencer sous le soleil du sud. Il me fallait de nouveaux lieux, de nouvelles têtes, de nouveaux souvenirs, et une foule dans laquelle me fondre. Une chance de réussir ou d’échouer, peu importe, mais l’occasion de faire quelque chose, par moi-même.

J’ai pris ma valise pour la poser dans ma petite chambre de bonne, sous les toits d’un immeuble sans ascenseur. C’est là que ma nouvelle vie allait commencer, entre ces quatre murs. C’était pas fameux, mais pour une case départ, ça faisait l’affaire.

Je me suis forgée une identité pendant ces trois années passées entourée de personnes qui ont toutes trouvé leur place dans mon cœur. Puis, l’heure de l’indépendance a sonné, il était temps de quitter les salles de classe et d’intégrer le « monde du travail ». Mais je n’étais pas prête.

Après dix-huit années d’une vie rythmée par les sonneries, les changements de salles, les devoirs, et entourée de professeurs, je me suis retrouvée tétanisée une fois ces repères perdus. Comme une petite tortue de mer qui, après avoir traversé la plage, arrive enfin dans l'océan. Mais celui-ci est beaucoup trop grand. Je me suis laissée entraîner par le courant, me noyant petit à petit.

Au bout de quelques mois, j’ai tout plaqué, bien décidée à emmener le soleil du sud dans mes bagages et à rejoindre la capitale. J’ai repris ma petite valise pour la poser dans une nouvelle petite chambre de bonne, sous les toits d’un nouvel immeuble sans ascenseur. C’était toujours pas fameux, mais pour un second nouveau départ, ça faisait toujours l’affaire.

J’avais retrouvé des visages familiers, je pouvais m’occuper de moi en toute sérénité, veiller à ne pas réveiller les démons qui m’avaient côtoyée durant les mois écoulés. Je recommençais à sortir, je réapprenais à interagir avec les autres et me nourrissais de la présence rassurante de mes amis. Même si la dépression était toujours présente, sommeillant silencieusement en moi, j'ai toutefois trouvé un rayon de soleil pour égayer mes journées, une raison de sortir de ma zone de confort.

Quelques jours après mon arrivée à Paris, une foule d’étudiants est entrée dans la boutique où je travaillais et au milieu d’eux, je t’ai vue. Tu respirais l’assurance et la folie. S’il fallait choisir un début à notre histoire, ce serait sûrement celui-là. Oui, ce jour où tu es passée à côté de moi sans me voir est celui où Nous sommes nées, même si tu ne le savais pas encore. Je te rassure : je ne le savais pas non plus.

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