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Je passais le temps sur les réseaux sociaux en attendant ton retour lorsque les premières informations sont tombées.

Deux explosions près du stade. Peu de temps après, une fusillade a été annoncée au cœur de Paris, rapidement suivie d’une autre. Puis une troisième. J’ai fini par ne plus compter.

Paris se transformait en champ de bataille, l’ennemi était inconnu, il frappait vite, fort.

Je retenais les adresses, la Mort se rapprochait de toi. Je priais pour qu’elle passe sans s’arrêter. Je faisais défiler les articles jusqu’à ce que mes yeux se posent sur un mot. Un nom. Un lieu.

Bataclan.

La mort avait frappé à la porte, elle s’invitait à la fête.

J’ai vomi encore une fois. Il n’y avait plus rien dans mon estomac, seulement de la peur.

Pitié, pas toi.

Mais tu es rentrée. Tu étais déboussolée, choquée, mais rentrée. Saine et sauve. Je t’ai laissé mon lit et me suis assise à même le sol pour te regarder, m’assurer que tu étais bien là. Depuis, je ne sais pas combien de temps s’est écoulé. Tu n’as pas quitté ma chambre depuis ton retour. Et moi, je n’ose pas te laisser. Je reste là, à tes côtés, ignorant tout du désespoir qui a envahi Paris. Il est impossible de ne pas avoir connaissance des événements qui ont plongé la ville dans la terreur.

Attentats. Bataclan. Blessés. Morts.

Ces mots apparaissent sur chaque écran, sont sur toutes les lèvres. Mais je fais barrière pour ne pas qu’ils t’atteignent. Je te préserve, comme j’aurais dû le faire cette nuit-là.

Tu ne dors pas. Tu ne manges pas. Tu ne parles pas. Et je ne te force pas. Je suis ton rythme, je cale ma respiration sur la tienne et je t’accompagne. Quand tu seras prête, quand tu voudras parler, je serai là. Et quand tu seras prête à affronter le monde extérieur, à marcher dans les rues de la ville, à te mêler à la foule, je te tiendrai la main jusqu’à ce que tu puisses marcher seule.

En attendant, je replonge dans mes souvenirs, dans ces images qui peuplent ma tête. Je me remémore ces instants qui, mit bout à bout, nous amènent à aujourd’hui. Il me semble si facile de plonger dans le passé pour ne pas affronter ce présent figé dans l’angoisse.

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