De quelques lignes

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De quelques lignes qui traversent ‘Les Encrés’

   Ces personnages levés me font inévitablement penser aux énigmatiques Moaïs de l’Île de Pâques qui interrogent le ciel vide de leurs yeux vides. Mais ces stèles métaphysiques qui toisent  les espaces infinis, le temps en sa dimension insaisissable, l’univers en son abyssal vertige, ces formes donc traversent nombre de mes écrits à la manière d’une obsession existentielle. Ces ‘Encrés’ se donnent encore sous le visage du paradoxe : beauté et gravité de vivre en même temps. Malgré leur grégarité, ou peut-être à cause d’elle qui met les ressentis en perspective, ils sont seuls au milieu des autres, assumant leur condition au terme d’un inévitable éloignement. Chacun, sur Terre, vit séparé. Le sentiment d’appartenance n’est qu’une illusion ou bien le non renoncement à vouloir se différencier de la crypte primitive que constituait, à l’origine, la conque amniotique, le refuge aquatique maternel, l’océan d’incroyable douceur. Personne, jamais, ne fait le deuil de cette félicité-là. On l’oublie. On en nie l’existence et la survivance pour des raisons de simple pudeur ou bien d’orgueil car l’on se veut entièrement réalisé, cette utopie !

    Mais alors que voudraient donc dire ces étranges formes en abyme, sinon le retour du Soi dans la graine germinative, sinon la puissance totalement poétique et cosmique de la projection ombilicale au sein même de sa propre parution ? Jeu infini de poupées gigognes voulant se posséder du sein même de leur intériorité, percer et mettre à jour le mystère d’être. Tels les saumons, nous ne faisons jamais que remonter à la source, au lieu du frai, au lieu de la ponte, de l’œuf qui nous portait, dont nous étions la promesse d’avenir. Mais il n’y a nul futur qui s’enlève de soi. Tout temps se conjugue d’abord au passé, transite vers le présent, se dirige vers son possible. Il n’y a de césure du temps que dans nos imaginations d’hommes pressés, consuméristes, aliénés par la matérialité et la possession.

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