Essence d'homme

Une minute de lecture

   Ceci veut-il signifier que nous retrouvions davantage notre essence d’homme dans le bois plutôt que dans l’encre ? Sans doute est-ce possible car nos projections sur le monde sont formelles en première instance, ontologiques en un second temps. Il est de la nature interne de toute représentation de faire en sorte qu’il y va toujours de notre être en sa présence au réel. La sensibilité du Voyeur des œuvres peut indifféremment se porter en direction de la sculpture ou du dessin. Sans doute s’agit-il d’une question d’affinités. Cependant il est aisé de comprendre une possible identification plus immédiate à la sculpture au motif que cette dernière surgit dans l’espace, y dépose son empreinte en volume, nous appelle en tant que forme tendanciellement homologue.

   Le dessin, lui, en sa planéité, en sa linéarité sans épaisseur, crée une distance, fait se lever une manière d’abstraction que la concrétude du bois, elle, effaçait du simple fait de son coefficient de présence. Si le bois est palpable, ne serait-ce qu’intuitivement ou intellectuellement, le papier est toujours en fuite de soi comme s’il voulait se fondre dans un étrange anonymat, annulant en quelque sorte les formes qu’il a accueillies dans sa trame, dans sa réalité affirmée en mode de silence. La blancheur de la feuille la reconduit, au moins symboliquement, dans un espace d’indétermination, une parenté avec le rien, une similitude avec le néant. La confrontation des deux œuvres ci-dessus joue certainement en faveur des ‘Boisés’ pour la simple question d’une dimension ludique qui, en sa signification la plus évidente, nous fait signe vers le ‘principe de plaisir’, alors que l’ascétisme du dessin nous orienterait bien plutôt en direction du ‘principe de réalité’. Or, le plus souvent, il est dans ‘l’intérêt’ de l’homme de privilégier celui-là au détriment de celui-ci. Une question d’opportunisme, si l’on veut, et de satisfaction prochaine. Tout est de cette façon qui privilégie le sans-distance, le désir aussitôt comblé.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire jean-paul vialard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0