Gallimard ? Grasset ? Non moi je suis chez SCRIBAY !

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On n‘est pas prêt de me voir trôner derrière une table de dédicaces dans un salon littéraire classieux. Et pour cause, Je ne suis pas l’auteur à particule « de chez Gallimard » ou « de chez Grasset » pour me restreindre à ces deux piliers de l’édition intellectuelle en France. Pas que je refuse, je ne suis pas assez fier, assez « poète maudit » pour négliger leurs éventuelles demandes. Ils ne m’ont tout simplement rien demandé. D’ailleurs savent-ils que j’existe ?

Une anecdote (c’est mon dada). C’était en 1960 ou 61 je ne me souviens plus très exactement, un représentant des éditions Grasset passe dans la librairie de mes parents (j’en ai eu une plus tard avec mon épouse qui, elle, s’est révélée une libraire très expérimentée) pour demander à mon père d’être le correspondant sur place d’un de leur poulain. Le garçon de mon âge (vingt ans) s’est retrouvé logé (aux frais de l’édition) dans un hôtel pour y écrire un « roman ». Il est resté tout un hiver dans un petit hameau au bout de l’île d’Oléron. Quand son bouquin est paru (Le Pêcheur de Michel Alves éditions Grasset) mon père m’a raconté la colère des autochtones. « Il n’a pas intérêt à revenir. Ils se sont tous reconnus. Ils sont furax. » Le garçon, candide, a dédicacé son roman à mon père : « À Mr *** avec mes remerciements pour votre gentillesse, mon plus amical et respectueux souvenir ». J’ai retrouvé l’ouvrage que je me suis promis, il n’est pas trop tard, de lire dès que l’odeur d’humidité qui l’enveloppe aura disparu (il était dans un coin de garage, dans une boîte pleine de livres, je l’ai retrouvé au décès de mon père). Je ne sais pas si ces pratiques perdurent, si les éditeurs « intellos » chouchoutent encore leurs auteurs.

Michel Alves existe toujours sur le Web. Sur Terre je l’ignore ! Il n’a pas eu, à ma connaissance, une renommée littéraire importante. De celles qui vont jusque dans les foyers de lecteurs lambda. Comme beaucoup si l’on compare les ventes et que l’on comptabilise les retours… Parce que, comme l’a si bien dit le vieux Léo, les poètes « ce sont de drôles de types qui vivent de leur plume, ou qui ne vivent pas, c’est selon la saison… » Qui n’en vivent pas ! Ils sont la presque totalité. Dans le lot un petit nombre est édité, un nombre un peu plus grand s’édite (au diable les économies) et les autres bourrent leurs tiroirs…

Et puis vint le Web ! Ouf ! On peut lancer sa bouteille à la mer. C’est mieux que le tiroir-prison ! On peut se rêver « je m’voyais déjà… » Alors quand je suis chez des copains qui me charrient : « toujours pas de réponse de Gallimard, ou de Grasset ? » Je réponds fièrement : « Non, plus la peine, je suis chez SCRIBAY ». Évidemment ça ne rapporte rien, mais ça ne coûte rien non plus (pour le moment). Mes textes voguent, ils descendent doucement le fleuve vers la haute mer. En attendant qu’un pêcheur les ramène dans ses filets et les présente au public pour ma plus grande gloire !

Alors tous les matins je scrute le compteur. Il y en a qui coulent. Quelques-uns surnagent. La mer est encore loin… Vivrai-je assez longtemps pour que l’un d’entre eux voient la grande lumière, celle des projecteurs. La seule qui compte…

Bon, c’est pas tout ça, il faut que je me remette à pisser de la copie. On ne se refait pas… Vous avez été bien patients… Merci encore… Jab, mai 2016.

       

 

 

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