Chapitre 8

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Un grésillement retentit dans la salle de repos. Un haut-parleur, de la taille d’une mouche mais aussi puissant qu’une grosse enceinte, était placé dans un coin de la pièce. Le son désagréable du grésillement se répercutait sur les murs créant un résonnement. Puis une annonce survînt.

« En approche de Theìo. Arrivée prévue dans une heure et trente-deux minutes. »

Encore une fois, cette destination serait un nouveau mystère et l’inconnu total. Le futur de May était aussi clair que l’eau d’un lac dont la terre avait été remuée. Elle ne préférait même ne pas y penser. Elle essayait plutôt d’imaginer ce qu’elle pourrait faire pendant une heure et… trente-deux minutes. Il ne manquait plus que les secondes. Elle vérifia que personne n’arrivait avant de se pencher vers sa montre.

- Chase si tu m’entends, commença-t-elle. Si tu as l'intention de venir me chercher pour me vendre une seconde fois. Ne prends pas cette peine s’il te plaît. Ma joue se souvient encore de la première fois. Mais si ma vie t'importe, vient me sauver, fit-elle sur un ton doux, un peu timide.

Quelques minutes plus tard, Lith reviens avec un air plus sérieux et obéissant que précédemment.

- Le Général souhaite que vous changiez de tenue et adoptiez une tenue plus adaptée à l’image de notre communauté et celle du vaisseau, annonça-t-elle. Veuillez me suivre.

May observa l’expression de la Felidaenne. Elle semblait légèrement exaspérée et désolée. Pourtant la jeune femme n’était pas mécontente de changer de vêtement si ceux-là étaient propres, même si cela devait être une de leurs robes. Elle suivit Lyth jusqu’à une petite pièce toute aussi blanche et claire que les autres. Ce vaisseau était d’un ennui glaçant.

La sœur du Général lui tendit une tenue quelque peu différente de celle qu’elle a pu voir dans le cockpit. Certes c’était une robe mais ce n’était pas comme leurs tenues de moines. C’était une robe blanche assez raffinée. Elle prit le vêtement et alla se changer derrières un petit muret.

Il lui arrivait jusqu’au-dessus des genoux, laissant apparaitre ses jambes dont les poils commençaient à repousser, misère. En haut la robe se terminait avec de courtes manches, un mini décolleté et arborait des motifs brodés en fil d’argent sur tout son long. Le vêtement ne la serrait pas et elle ne nageait pas dedans, le tissu épousait même parfaitement sa petite poitrine. Elle était contente d’avoir la chance de porter une robe aussi belle. May se surprit à se demander ce que Chase dirait s’il la voyait comme ça. Serait-il impressionné ? ou se moquerait-il encore d’elle ? Elle n’eut pas le temps d’imaginer sa réaction qu’elle se demanda s’il allait même venir la chercher. Lith partit tandis que deux gardes tenaient l’entrée de la pièce.

Ne sachant pas si elle devait rester ici ou retourner dans la salle de pause, elle remit la couverture sur ses épaules. Sans son sweat elle avait encore plus froids. Ce qui était normal. Son sweat… Ses vêtements étaient ses derniers souvenirs physiques de la Terre. Elle remarqua soudainement que Lith ne lui avait pas amené de chaussures. Devait-elle garder les siennes ? Une chose est sûre il était hors de question qu’elle se promène pieds nus. Elle remit alors ses chaussures qui ne vont, par ailleurs, pas du tout avec sa tenue. Mais au diable les critères de beauté et de mode, elle n’était pas là pour plaire. Loin de là.

En pensant à sa planète, la jeune femme regarda sa montre que Chase lui avait offerte. Il était 2h40 de l’après-midi et on était désormais mercredi. Comment ce duo venu de nulle part avait pu autant changer sa vie, et lui manquer autant, en si peu de temps ? Sa mère s’inquièterai-t-elle pour elle si elle apprenait que sa fille a mystérieusement disparu ? Sans doute pas.

Lith apparu de nouveau face à la jeune femme. Elle l’observa de haut en bas et son regard resta poser sur ses chaussures. Elle avait l’air de les examiner. Elle regarda ensuite May dans les yeux.

- Le Général ne sera pas ravi de vous voir chaussé de la sorte. Je vais vous apporter autres choses. À votre façon de vous tenir et au vu de ce que vous portez j’imagine que vous n’êtes pas à l’aise en talons. J’essaierai de vous en trouver de petits à votre taille, annonça-t-elle.

- Ah, merci. Excusez-moi je m’imposer de la sorte mais auriez-vous une veste ou autre chose ? quémanda timidement May, frigorifiée.

- Je vais voir ce que je peux faire, répondit Lith sur un ton un peu plus doux et compréhensif.

May passa quelques minutes à fixer le plafond aussi lisse et clair que le reste du vaisseau. Du moins, de ce qu’elle en avait vu. La Felidaenne revînt avec de longues bottes en cuir blanches et une cape blanche, elle aussi. Décidemment ils aimaient vraiment le blanc ici. La jeune femme ne tarda pas à enlever ses baskets pour enfiler les longues bottes qui lui arrivèrent jusqu’en-dessous des genoux et la cape qui lui arrivait jusqu’aux chevilles. Quand elle l'enfila elle sentit le tissu se déposer délicatement sur ses bras. Il était doux, frais et léger. L’instant d’après il était un peu plus lourd mais la réchauffait tout juste comme il fallait. Ce long manteau avait une grande capuche, comme celle de Lith, et une attache en forme de Dame d’Onze-heures, une fleur dont le nom latin est Ornithogalum umbellatum. May avait lu un article là-dessus. Ce sont des fleurs blanches dont les pétales s’ouvrent et se referment en fonction du soleil.

- Suivez-moi, nous allons bientôt arriver, le Général aimerait vous dire deux mots, annonça la Felidaenne.

La jeune femme acquiesça de la tête sans dire un mot et la suivit jusque dans le cockpit. Le Général était en train de contempler la planète orange au loin. C’était une grande planète, peut-être un peu moins que Jupiter. Mais, elle était sans nulle doute plus grande que la Terre.

- Mon Général, l’humaine est là, fit Lith en baissant la tête en signe de respect hiérarchique.

- Bien, répondit le Général. May, c’est bien cela ? commença-t-elle.

La jeune femme n’eu pas le temps de répondre que la Felidaenne en uniforme continua :

- Cette planète est Theìo, celle de la légende. Nous allons aller sur les lieux où ton père est mort. Juste devant la porte qu’il a brillement protégé de sa vie.

À cet instant, les émotions de May se mélangèrent, tout devenait flou, était triste, en colère, déçu, fière ? Elle ne savait quoi ressentir, ni ce qu’elle ressentait. Le Général s’interrompit et tourna la tête vers la jeune femme.

- Que tu ais un quelconque pouvoir ou non, nous serons fixés. Avant de descendre tu mettras ta capuche, nous ne souhaitons pas que qui que ce soit te reconnaisse. Même si tu ne connais personne, une photo de toi parcours l’univers avec un avis de recherche pour les mercenaires. Crois-moi, tu es connue. Bien, nous descendons dans vingt minutes, veuillez rester à mes côtés, conclut-elle en fixant de nouveau Theìo.

Pourtant, May n’avait rien demandé. Et surtout pas être populaire dans ce sens-là. Les vingt minutes se passèrent incroyablement vite, mais elles étaient emplies de questionnements. Le vaisseau n’atterrit pas sur Theìo, la jeune femme dû passer de nouveau par un téléporteur.

Une fois au sol, la jeune femme ne put découvrir les horizons, la capuche ne lui permettait que de voir où elle mettait ses pieds. Mais elle sentit un vent chaud soulever sa cape blanche qui ne tarda pas à se teinter d’orangé-rouge. Une bourrasque fit même son apparition soulevant les fins grains de sable orange foncé jusqu’au visage légèrement baissé de la jeune femme. Elle ferma les yeux à leur contact en tentant de suivre le Général et deux combattants tant bien que mal. Elle était suivie par Lith et deux autres soldats.

Arrivée sur les lieux après environ une heure de marche et quelques hauteurs de prises, May n’eu toujours pas l’autorisation de retirer sa capuche. Ne voyant que ses pieds et quelques dizaines de mètres devant elle se sentait très restreinte.

- Avance droit devant toi jusqu’à atteindre la paroi puis touche-la, lui dicta le Général.

May s’exécuta. Elle avança aussi droit que possible. Aussitôt qu’un obstacle apparu dans son petit champ de vision elle s’appuya contre la paroi. Mais rien ne se passa. Quelques minutes plus tard, elle n’avait toujours pas bougé. La tête collée contre le mur froid et humide, May essayait de comprendre la situation tout en espérant un signe.

Cependant, elle aurait espéré un autre signe. Elle entendit soudainement une voix lointaine provenant du mur disant : « Sauve-toi. ». C’est deux mots résonnèrent comme un écho se faisant de plus en plus fort. La jeune femme surprise et désormais effrayée ouvrit quand les yeux et tourna son attention vers les Felidaens.

- Il faut parfois être en situation de danger avant qu’un quelconque miracle se produise, voyons si c’est vrai, prononça le Général.

May n’eut le temps de faire qu’un pas en arrière avant qu’une ombre ne survienne dans son champ de vision. Une douleur intense s’empara d’elle. Elle venait de recevoir un coup dans le ventre. Le choc fut si violent que la jeune femme s’était courbée en avant. Une larme de douleur coula. Elle n’eut le temps de couler et tomber qu’un autre coup survînt sous son menton. May laissa s’échapper un son coupé par le claquement de sa mâchoire avant d’être renversée en arrière. La jeune femme pleura de souffrance. Personne ne l’avait jamais frappé comme ça auparavant.

La capuche retombée en arrière, May pu enfin voir le regard du Général empli de rage et de désir. La cupidité, voilà ce qu’il l’avait menée ici. La cupidité des autres avait fait d’elle un pion nécessaire sur l’échiquier. Qui se soucierai de l’état de ce pion s’il ne remplit pas son rôle ? May n’arrivait plus à penser à autre chose qu’à sa douleur. Elle tenta de recevoir de l’aide en regardant Lith mais celle-ci ne faisait que regarder. Impuissante.

- Toujours rien ? demanda le Général. Peut-être que plus de coups feront surgir tes pouvoirs endormis ajouta-t-il avant de brandir son poing.

May ferma les yeux.

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