L'eau coulait sur le sol pierreux, pleine de puissance. Elle tombait sur les passants qui s'enfuyaient dans cette rue entre Paradis et Enfers, et bientôt il n'y eut plus personne...

Plus que l'étranger qui se penchait pour mieux voir dans cette eau trouble qui atterrissait sur le monde.

Il approcha ses mains du liquide, à la fois curieux et apeuré. Celui-ci lui lécha doucement la peau, un petit chien qui accueillait joyeusement son maître.

Une odeur monta lentement de ses mains, une odeur douceâtre qu'il reconnaissait mais lui échappait, un mot sordide sur le bout de la langue.

Il goûta ce liquide sombre, cette eau tombée du ciel comme un miracle. Ce liquide avait un goût âcre, qui lui rappelait le fracas des armes et le choc des cuirasses...

L'étranger comprit. Il se redressa brusquement, piqué au vif. Il regarda autour de lui, cherchant une infime preuve pour réfuter sa certitude morbide.

Les yeux argent de l'étranger se posèrent sur le ciel nuageux qui se déchirait. De ce trou béant coulait le liquide rubis, directement sur la nuque de l'étranger...

Le liquide rouge continua de suinter du ciel aux rebords blancs alors que l'étranger courait, affolé par le sang sur ses mains.