Chapitre 17

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À ces mots, la chasseresse redoubla de fureur dans chacun de ses coups. Les combattantes virevoltaient presque l’une autour de l’autre. L’escrimeuse rousse était blessée au flanc droit, et une longue trainée de sang coulait de l’épaule gauche de Fukume, aussi rouge que la fureur dans les yeux de la jeune fille.

— La ferme ! Hurla t-elle encore.

Nas n’avait aucune idée de ce qu’était le règlement ni même la communauté, mais il était sûr d’une chose : cette communauté en avait après lui et Fukume.

En réalité, il avait son idée sur la raison pour laquelle cette organisation en avait après eux : Fukume aurait dû le tuer lors de leur rencontre. Mais elle ne l’avait pas fait. Le jeune garçon aurait préféré avoir une autre explication. Celle-ci impliquait que Fukume l’ait protégé en restant à ses côtés. Et ça rendait encore plus difficile de la détester.

— Ânkoooo !

Le hurlement de Fukume le sortit de ses pensées. Il se surprenait lui même avec sa capacité à se perdre dans son esprit alors qu’il était en danger de mort.

En regardant dans la direction de sa camarade de grotte, il comprit. La jeune fille rousse avait disparue. Alors son nom était Ânko… Aussi sinistre qu’elle.

— Tu sais quoi ?

Le rouquin sursauta. C’était la voix d’Ânko. Il leva la tête, et la vit abordant la même expression mauvaise que depuis le début. En une fraction de seconde, elle avait atteint une branche et s’était assise dessus, les jambes croisées le plus naturellement du monde. Si tout les membre de cette communauté étaient aussi forts que la sabreuse et Fukume, ils étaient foutus. Il tressaillis à cette pensée, mais se calma immédiatement. Il était inutile de se faire un sang d’encre avant de réellement savoir.

— J’ai hâte de savoir comment tout ça va évoluer, poursuivit-elle en sautant au sol alors que Fukume était montée la rejoindre.

Elle s’adressait à Fukume. Depuis un moment, elle agissait comme si Nas n’était même pas là. La jeune rousse esquiva un autre coup rageur.

— Je veux dire, toi et un gamin contre la communauté.

Sur ce, elle fit volte face et disparue dans la végétation avant que Fukume n’ait pu se lancer à sa poursuite.

Nas regarda sa camarade de grotte. Elle ne semblait pas essoufflée par cet affrontement spectaculaire. À vrai dire, le rouquin ne l’avait jamais vue en proie à la fatigue. Malgré cela, elle était couverte d’égratignures et de poussière. Sa tresse était encore plus en bataille que d’ordinaire, et des végétaux en tout genre s’étaient pris dedans. Son épaule non plus n’était pas belle à voir. La blessure semblait profonde, et le sang en coulait abondamment, tâchant ses vêtements. Il faudrait arrêter les saignements pour lui éviter de mourir de l’hémorragie, même si elle ne semblait pas en souffrir.

Cependant, son état physique n’était pas se qui inquiétait le plus le jeune garçon. Depuis le départ d’Ânko, elle n’avais pas bougée d’un pouce. Elle semblait au bord du gouffre, complètement perdue et hébétée. Elle ouvrait et fermait la bouche, mais aucun son n’en sortait. Ses yeux quand à eux étaient toujours aussi ternes mais affichaient un désespoir profonds. Comme si elle voyait sa vie s’écrouler sous son regard impuissant.

Elle tomba à genoux et pleura. Ce fut d’abord des sanglots légers, presque inaudibles qui la secouaient de tremblements. Puis, ses pleurs devinrent plus fort, plus graves. Ce fut bientôt un râle déchirant montant jusqu’à la cime des arbres pour trancher le ciel en deux. Toute sa vie, elle s’était entraînée. Toute sa vie, elle s’était battue. Toute sa vie, elle ne l’avait vécue que pour une raison : gravir les échelons de la communauté un à un jusqu’à se tenir au sommet. Et maintenant que cette raison n’était plus, elle n’avait rien. Elle était vide.

Pour la première fois de sa vie peut être, elle pleurait. Elle pleurait son impuissance, sa haine, sa rage, son désespoir et tout ces sentiments qu’elle ne parvenait même pas à comprendre. Les larmes inondaient son visage, et elle aurait aimé un orage pour les camoufler. Elle aurait aimé tellement de choses et rien à la fois.

D’une main, elle essuya l’eau salée sur son visage et la regarda couler entre ses doigts. Elle ferma les yeux et inspira plusieurs fois, pour calmer ses pleurs. Quand elle les rouvrit, il y avait autre chose que juste du désespoir. De la haine.

C’était une haine naissante, mais elle ne cessait de grandir. Cette lueur était aussi puissance et destructrice que la plus moderne des bombes atomiques. Et elle venait d’exploser.

La jeune fille se leva.

— Rentre chez toi, fit elle d’une voix pleine de colère.

Abasourdi, Nas bredouilla.

— Mais… Je vais me faire tuer.

— Ils ne savent pas où tu habites. Sinon elle m'aurait attaqué avant toi, pour pouvoir te tuer chez toi.

Elle lui tournait le dos à présent. Mais même ainsi, sa fureur était palpable, comme une aura meurtrière flottant autour d’elle. Malgré tout, Nas acquiesça. Il avait choisit de lui faire confiance.

C’était un adieu. Il aurait pu se retourner, la saluer en face, la remercier. Mais ils s’en fichaient tout les deux. Alors, il prit le chemin qui le mènerait à la ville sans un regard en arrière. C’était la deuxième fois qu’il pensait partir pour toujours. Mais cette fois, son cœur était moins léger. Ce n’était plus un monstre qu’il laissait derrière. C’était une amie. Une amie entièrement détruite et consumée par sa propre rage. Mais elle ne voudrait pas de son aide de toute façon.

Fukume n’avais jamais été un monstre. Juste quelqu’un de très ambitieux. Quelqu’un de déterminée à se tenir au sommet. C’est ce que nous voulons tous, d’une façon ou d’une autre. Mais quelque part en chemin, elle s’était perdue. Et elle ne pourrait plus jamais revenir sur ses pas.

Leur histoire s'arrêtait là. Il vivrai la vie à laquelle il était destiné. Elle était ennuyeuse, mais ne le mettrai pas en danger de mort. C'était mieux comme ça. Une part de lui aurait aimé faire demi tour, lui dire qu'il voulait l'accompagner, défier le destin avec elle. Mais elle était un assassin, et lui un collégien ordinaire.

Pour se vider la tête sur le chemin, Nas se mit à fredonner les paroles d’une des musiques qu'il avait téléchargés sur son MP3. Fukume ne lui avait pas rendu. Elle s’intitulait Centuries, de Fall out boys.

Some legends are told
Some turn to dust or to gold
but you will remember me
remember me for centuries
And just one mistake
Is all it will take, we’ll go down on history
Remember me for centuries

~Fin~
© Fall out boys

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