Chapitre 9

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C’était le moment que Fukume attendait. Les deux adversaires s’avancèrent sur le ring, impassibles. Ânko refaisait sa queue de cheval. Le blondinet frémit. C’était un geste que la peste rousse ne faisait que quand elle avait une idée en tête. Et ses idées n’étaient jamais de bonne augure.

Akim n’aimait pas Ânko. Elle était fourbe, arrogante, manipulatrice et simplement mauvaise. Il espérait que Fukume gagne, mais il espérait avant tout qu’Ânko connaisse la défaite. La voir blessée dans son propre orgueil serait magnifique…

Ânko se saisit de ses deux sabres, les sortis de leur fourreaux qu’elle jeta dans les gradins. Un des enfants les récupèreraient forcément pour s’attirer ses bonnes grâces.

Fukume quand à elle sortis ses lames sans lâcher son adversaire du regard. La fillette avait une rangée de trois lames implantée dans chaque avant bras. C’est pourquoi, aucune arme ne l’attendais sur le sol sablonneux du ring.

Mais la capacité de la fillette à la tresse ne se résumait pas à quelques grotesques lames. Cela ne lui aurait jamais permis de se retrouver en tête du classement. Elle pouvait sortir ses six lames, qui transperçaient sa chaire pour se frayer un chemin jusqu’à la surface sa broncher. La raison était simple : Fukume ne ressentais ni la fatigue ni la douleur.

Elle était parfaite pour la communauté. Une guerrière qui se battait jusqu’à ce qu’elle ressorte victorieuse où qu’elle ne meure, et qui ne pouvais pas céder à la torture. Une machine de combat.

Ânko quand à elle avait une capacité peu spectaculaire mais tout aussi redoutable : ses réflexes étaient aussi développés qu’une mouche. On ajoutait à cela un esprit d’analyse à double tranchant qui lui permettait de prédire les mouvements de son adversaire en l'observant. Elle était quasiment intouchable.

L’arbitre lâcha le foulard. Le morceau de tissu virevolta un instant dans les airs, le temps semblait figé autour de sa lente course vers le sol. Un coin blanc immaculé effleura le sol.

Les deux adversaires semblèrent se téléporter l’une vers l’autre. Tout était rapide. On avais à peine le temps de suivre des yeux la danse folle des combattantes. Déjà le sang giclait sur le sol. Impossible de dire d’où il provenait. On entendait le crissement strident du métal, les cris de rage, les halètements. Tout s’accélérait encore et encore, le sable volait autour de la valse mortelle des têtes de classement. Dans l’espace limité du ring, plus rien ne comptais. Plus rien n’existai à part une chose : Gagner.

Gagner pour monter, monter toujours plus haut dans la communauté. La maison elle même semblai tourner autour de ce combat. L'adrénaline montait en flèche sans jamais s'arrêter. La détermination de Fukume emplissait la salle, presque palpable. Plus vite, plus fort, plus haut.

L’une intouchable, l’autre infatiguable. Elles se complétaient comme deux parties d’une même pièce, si bien que le temps lui même semblait s’être arrêté pour les regarder. Puis, il avait repris sa course plus rapide que jamais.Trop rapide...

Un coup de sifflet retentis. Le temps était écoulé. Les adversaires se figèrent et s’écartèrent lentement.

C'était la fin du bal des coups, de la musique du métal. L'instant n'était plus de mise. C'était le futur que l'on regardait à présent.

Aucune n’avait cédée. Aucune n’était vainqueur. Cette égalité avait pour Fukume le goût amer de la défaite.

La fillette écarquilla les yeux et tomba à genoux. Akim aurait aimé monter sur le ring, et lui dire que ça n’étais pas définitif. Qu’elle retenterait sa chance et qu’elle gagnerai. Que tout ne reposais pas sur ce moment précis. Mais de toute façon, elle lui dirais sûrement d’aller se faire voir.

L’ombre d’un sourire passa sur le visage d’Ânko.

-Et alors ? Commença la rouquine, Tu te laisse abattre comme ça ?

La colère fit surface sur le visage de Fukume. Akim se crispa. Ne voyais t’elle pas ? Elle était entrain d’entrer dans le jeu de sa rivale.

- La ferme ! Aboya la fillette.

- Et pourquoi ? Pour que tu ne puisse pas entendre l’évidence ? De toute façon, si le combat c’était poursuivis, on sait toutes les deux très bien qui aurait gagné.

- LA FERME ! Hurla Fukume de rage.

Ânko tira une révérence provocatrice.

- Mais je t’en prie, viens donc me faire taire.

Akim frémis. Il voyais clair dans le jeu d’Ânko à présent. Elle cherchait à faire sortir Fukume de ses gonds, pour montrer ses capacités de manipulatrice, mais aussi pour disqualifier la petite fille à la tresse. Si la fillette lançait une attaque contre son adversaire après la fin du combat, elle serais disqualifiée.

Aveuglée par la rage, Fukume fonça droit dans le panneau, étirant le sourire arrogant qui figurait déjà sur le visage d’Ânko. Elle se jeta sur sa rivale avec fureur. L’arbitre la stoppa dans son élan. Mais c’était trop tard.

Réalisant ce qui venais de se passer, Fukume écarquilla les yeux pour la deuxième fois, dans une expression déstabilisée. Elle recula de quelques pas chancelants. Son regard passa de l’arbitre à Ânko et de Ânko à l’arbitre.

Son visage redevînt interdit, et elle sauta par dessus la barrière du ring avant de prendre la porte.

Akim s’élança derrière elle. Il avait déjà combattu, il n’avais donc aucune raison de rester. Il allait probablement se faire punir, mais il ne voulais pas laisser Fukume dans ce pétrin.

Il pouvaient encore arranger ça. Pour un enfant lambda, cela aurait été peine perdue, mais Fukume était une tête de liste. Être disqualifié à l’examen signifiait devenir un oublié. Hors, la tête noire pourrais peut être faire une exception pour ne pas perdre son meilleur élément.

Il fallait juste qu’il arrive à convaincre Fukume d’aller discuter avec lui au plus vite. C’était faisable.

Le petit garçon monta les marches qui menaient à la salle d’entraînement à toute vitesse. Elle s’y trouvais à coup sûr. Son intuition se confirma lorsqu’il entendis des cris de rage derrière la porte de la salle.

Il entra à la volée.

- Fukume ! Cria t’il à la fillette.

La petite fille était en train de frapper rageusement dans le sac de sable de la veille. Ses mains étaient rougies par les impacts de ses poings, et sa longue tresse noire se balançait au rythme de ses coups.

Elle ne pris pas la peine de se retourner en entendant la voix d’Akim. Le petit blond repris son souffle et poursuivit.

- On peut encore arranger ça, il faut juste qu’on aille négocier avec la tête noire ! Tu es une tête de liste alors…

- LA FERME ! Le coupa t’elle avec colère.

Il n’écoutas pas et poursuivit.

- Écoute, je sais que tu penses que tout es perdu, mais laisse moi t’aider ! Il faut juste que…

Il s’arrêta net. Son amie venais de le plaquer au mur. Un filet de sang coulait de l’avant bras de la fillette, provoqué par la sortie de ses lames. Akim sentais le contact du métal froids contre sa gorge.

- J’ai dit, la ferme.

Akim dégluti. Il savais qu’elle ne le blesserai pas, mais c’était la première fois qu’elle le menaçait.

- Tu ne comprends vraiment pas ? Si on arrange pas tout de suite la situation, tu sera une oubliée ! Tu ne pourras jamais grimper les échelons, et tu ne sera jamais au sommet, s'emporta Akim.

Ses yeux s’humidifièrent. Elle le pris violemment par le bras, le tira jusqu’à la porte et le poussa sans ménagement hors de la salle. Elle claqua la porte dans son dos.

Akim donna un coup de pied dans le mur. Il savait très bien ce qu’elle voulais faire : elle essayait de le laisser hors de ses problèmes. Elle comptait se débrouiller seule. Le problème, c’est qu’elle était atrocement mauvaise pour se débrouiller seule. Elle avais beau prétendre le contraire, si le professeur Copenhage ne l’avais pas poussé vers le sommet, elle n’y serais jamais parvenue seule. Et c’était au tour du petit blond de l’aider.

Il se leva, résolu. Elle ne voulait pas de son aide, soit. Il l’aiderait dans son dos. Il dévala les marches et s’arrêta devant une porte grises aux allures strictes. Elle donnait à la loge de la tête noire. Si il voulait négocier pour son amie., c’était ici qu’il fallait aller. Mais une part de lui hésitait. Il n’avais jamais vu la tête noire que de loin, et il s’apprêtait à avoir une conversation avec lui. Avec l’homme le plus puissant de la communauté, celui qui contrôlait tout. Celui qui œuvrait pour le bien de la communauté en tant qu’entité.

Il s’apprêtait à frapper, lorsqu’il entendis des bribes de conversation. Il approcha son oreille pour écouter. Si on le voyais comme ça, il était bon pour la chambre froide. Il reconnu la voix du professeur Copenhage.

- Non, non et non. Vous ne pouvez pas déclencher un nouvel incendie de la troisième !

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